30 mars 2019 - L'échappée belle
227km en 9h19 (+16min de pauses cumulées), D+ 4155m, coef 1.83
Météo: fraicheur le matin, douceur l'après midi, soleil toute la journée ! Conditions idéales
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8h30, départ sous le soleil: axe plein sud, pour rallier l'Albenc (Isère) depuis Collonges (Ain). Ce qui me fera passer par, dans l'ordre, Haute Savoie, Savoie, et Isère. C'est une 'itinérance' que j'ai faite à de nombreuses reprises, aux beaux jours, un peu comme on emmène les brebis aux paturages. La différence, c'est que je vais me payer une bonne tranche de montagne par la même occasion.
Mais les meilleures choses, ce sont celles qui sont imprévues ! Pour ça, pas besoin de grand chose: un vélo, de la bouffe et des bouteilles d'eau. J'ai pris le GPS mais je sais que je n'en aurais pas besoin. Je n'ai littéralement aucune idée de mon parcours à venir, hormis le fait de rejoindre l'Albenc, et donc avec en tête une journée entière de pédalage et quelque part entre 180 et 220km de vélo. Et c'est ça qui fait la beauté de la chose: 'miss inconnue'.
Je file direction Bellegarde sans trop réléchir. Puis c'est la montée de Billiat. J'hésite à grimper au col de Richemond. L'envie me fait y bifurquer à droite et amorçer cette belle petite bosse... le seul truc qui m'a fait hésiter c'est la peur de me dire que j'allais ajouter une belle côte à une journée qui n'en manquerait pas. Mais le plaisir est incroyable de pédaler en extérieur après ces nombreuses sessions de home trainer, assidues et hautes en intensité, mais pas en couleurs.
La montée me fait bien transpirer, et je ne suis pas mécontent d'arriver au sommet, pour basculer sur le Valromey.
A coup de longs faux plats descendants, ça avance bien et ça me permet de reprendre un peu de mon retard accumulé sur la vitesse croisière moyenne de 28km/h, totalement théorique, mais qui permet de se faire une idée de l'avancée de la journée.
J'oublie de bifurquer au niveau de Brenaz, ce qui me fait atteindre Champagne en Valromey... que je traverse pour la toute première fois ! Puis belle descente qui me fait rejoindre la route du bas, au niveau d'Artemare. Je prends à gauche pour retrouver des routes vues et revues... à droite quelques bornes plus loin, courte bosse, et arrêt classique à l'une de mes bornes-fontaines préférées, j'ai nommé la bourgade de Ceyzerieu.
Encore une courte alternance de faux-plats, et je longe le lac de Berterand... anonyme et pourtant si joli. La descente me fait rejoindre la très circulante route de Belley, que je prends à rebours, pour traverser le fleuve au niveau du lac du Lit au Roi. Courte montée sur Massignieu de Rives, où je prends à gauche. Ca y est, j'ai fixé en tête un bout d'itinéraire et je m'y tiendrais: d'abord le col du Chat, puis la bascule sur Chambéry, et enfin à moi la Chartreuse !
La montée dans les vignes de Jonzieu, et sa chaussée recouverte de peintures aux noms de Bardet, Latour et consorts, traces visiblement indélébiles du Tour de France d'il y a deux ans... tout ça me fait tourner la tête... ou est-ce la chaleur ? Le rythme n'est pas encore trop mauvais, mais j'ai dejà chaud. J'ai bien fait de retirer les genouillères et le buff sur la tête à Ceyzerieu.
Le col du Chat, j'y suis passé trois fois, ça sera la quatrième... Mais seulement la seconde de ce versant. Je le sais irrégulier, et très pentu par moment. Ca fait du bien au moral de reprendre deux trois cyclistes, même si je sais que ce sont de baladeurs plus que des sportifs... bref. On fait ce qu'on peut pour se changer les idées lorsqu'on pédale solo.
Gros passage pentu, je me fixe à mettre beaucoup de vélocité dans le pédalage plutôt que de la force, et ça marche bien. Les heures de HT paient enfin !
Franchissement du col et bascule sur le lac du Bourget. La vue est magnifique et me force à un arrêt photo. Que c'est beau... du bleu, du bleu, du soleil et encore un peu de bleu. Je file sur Chambéry via le Bourget du Lac et quelques petites pistes cyclables en partie connues, en partie découvertes. Ca me permet de rallier le centre de Chambéry sans le moindre problème d'orientation, ni même un regard sur le GPS. A ceux qui ont réfléchi les panneaux du réseau de pistes cyclables de Chambéry: MERCI, et BRAVO !! Que d'autres s'en inspirent...
Je suis finalement la direction de Cognin, en visant entre les montagnes, où je sais que je trouve la longue ascension du col de Couz. Sauf que rapidement, je me décide à aller tater du Granier. Ca fait de nombreuses années que je n'y suis plus allé, c'est l'occasion. Me lancer là-dessus c'est aussi une bascule mentale: l'acceptation de faire de la difficulté et pas que de la distance. Passage sous Saint Cassin, redescente puis remontée sur Montagnole... tiens ce n'est pas par là que je passe d'habitude ? Ou bien ? Je ne reconnais pas tout. Toujours est-il que Chambéry s'éloigne derrière et dessous moi... ou est-ce le contraire ?
Puis la montage, paf dans les yeux. Et les falaises, aux loin. Je les vise du regard, je sais qu'il faut que je m'en rapproche. Quelques coups de culs me ralentissent, mais le moral est au beau fixe. Toujours en moulinant, j'ai l'impression que rien ne pourra m'arrêter. Le kiff total :)
La suite est globalement roulante, pas trop méchante, et vraiment agréable au vu du trafic auto 'zéro' dans le coin. Puis enfin, le passage au fond du vallon, l'épingle à droite et le passage sur le route des falaises. Le tunnel et ensuite ça replate, je peux même remettre quelques dents et du rythme... ouah que j'aime ce col. Bon il y a bien un ou deux passages qui remontent plus sec, mais globalement ce Granier m'aura été gentil. L'arrivée au milieu de quelques plaques de neige donnent du cachet à ce joli col, où je m'arrête une minute remettre la bache avant la descente.
Cette descente est magnifique... mais courte. Surtout quand je réalise que les jambes sont trop bonnes pour ne pas me tenter l’enchaînement des cols de la Cluse, des Egaux, et de Couz sur ma droite. Alors hop j'enquille à droite et ça remonte bien.
Ce col de la Cluse par le Désert d'Entremont, je le pensais très difficile... mais en le bouffant comme ça, haché menu à coup de pédalage yaourt, ça passe bien. Surtout que la vue est... ben regardez les photos quoi. C'est juste magnifique. La montagne n'est que pour moi !
Prudence dans la descente, il y a des murs de 2m de neige sur le resserrement de la montagne, et je pense forcément à Vincent qui avait chuté ici il y a quelques années et s'était fait le fémur... Mais là c'est bon, la route est propre, alors je file sur Corbel... quand je dis file ce n'est pas une figure de style... ça descend fort et les kilomètres défilent gratuitement... tout en profitant du paysage.
Corbel, ça remonte un petit coup jusqu'au col des Egaux où je reprends un cyclo qui par son 'bonjour' et son sourire me fait me dire qu'on fait le meilleur des sports dans le meilleur des environnements !
Decente au col de Couz, là aussi la forêt est belle, la route tournicote et ça demande de la précision dans le pilotage... encore une manière fun de se faire plaisir derrière un guidon. Col de Couz, je prends la grosse route quelques kilomètres via le tunnel et jusqu'aux Echelles. De la, je prends tout droit et à gauche plus loin, pour - comme il y a deux semaines - aller me faire le col des 1000 Martyrs par le Mas.
Pas croisé une seule voiture sur cette ascension jusqu'à Miribel les Echelles; simplement un beau groupe de cyclotouristes grenoblois en pause au sommet du mur par lequel débute cette grimpée. Et c'est LA que je réalise que je suis faaaaaatigué ! Le petit grain de sable, et le mental qui prend un coup. Va falloir me rentrer à petit rythme désormais. Et cela confirme toutes mes espérances, et toutes mes craintes à la fois. Le HT à très haute intensité, et très régulièrement comme j'en fais depuis 3 mois, c'est top, mais ça ne comble pas le manque d'heures de selle. Jusqu'à 150km j'aurais eu des jambes de feu, mais au-delà... ça s'est un peu affaissé comme un soufflé au fromage qui a pris un coup de rhume.
Alors bon, je monte à Miribel comme je peux, petit rythme, mais plaisir encore top. C'est tellement beau. Et je remarque en passant les bacs d'eau où on se baignait lors d'une colo étant adolescent.
A Miribel, pause au lavoir pour remplir les bidons d'eau et faire la pause. J'aurais fait assez peu de pauses aujourd'hui... c'est bien. Reboire un bon coup c'est aussi ça l'expérience de sorties à la journée... il faut savoir ménager sa monture. Et même quand on se croit au fond du trou, on peut toujours en ressortir... tant bien que mal.
Les deux cyclistes qui m'ont doublé pendant ma pause me servent de lièvre pour grimper jusqu'au col. Je ne grimpe pas bien, mais je leur revient dessus et ça me permet de caler un rythme. J'insiste encore et toujours sur la moulinette... sauf que là c'est de manière forcée, la lassitude physique a pris le dessus sur la fraicheur du matin. Je double les deux d'un coup à 2km du sommet. Le mec en jaune m'a sourit en passant, le mec en rouge veut jouer et revient dans ma roue à grand coups de râles et sprint, pour arriver ensemble au sommet... puis il file en pédalant dans la descente et disparaitra devant moi au niveau de St Sixte. Il était pressé le monsieur. Moi pas, ou du moins, je fais ce que je peux !
Quelques kilomètres en roue libre, je n'ai plus la force de pédaler quand ça descend. Alors je mange une barre et bois un peu. En bas, je rallie Chirens, puis la Ravignouse et le haut de Rives. J'avais envisagé d'aller passer faire un coucou aux parents en surprise-éclair, mais suis trop fatigué pour le faire, et je préfère encore voir les enfants à mon arrivée... c'est que l'heure tourne. J'ai bien fait, ils n'étaient pas à la maison de toutes façons, apprendrais-je plus tard.
Beaucroissant, Izeaux. Ici débute la courte traversée des Chambarans, par la grimpée sur la Forteresse, puis le col Lachard qui fera office de pousse-café. Heureusement, il n'est pas trop pentu... je suis fatigué et pas mécontent d'arriver.
Ce sont les lumières de fin de journée qui m'attendent au sommet de mon col favori de tout les Chambarans. Descente par Quincieu. Pour arrondir le dénivelé positif et franchir la belle barre des 4000m à la journée, je m'en vais grimper à Varacieux. Ici il y a de la pente et il faut que je m'accroche pour franchir la bosse qui mène au village perché... la route en balcons donne une vue incroyable sur le Vercors en toile de fond, voilà pour le générique de fin. Reste à me rentrer à travers les champs de noyers, via Chantesse.
Une douche, un apéro, un gros repas, et dodo. La fatigue était réelle, à 20h30 j'étais couché.
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