25 octobre 2020 - Découverte des Gorges du Verdon
109km en 5h08, D+ 2548m, coef 2.3
Météo: froid, vent, grisaille avec quelques éclaircies et 2-3 mini gouttes de pluie
Avec le changement horaire, et le passage à l'heure d'hiver, on a gagné une heure de sommeil... et ce n'était pas de trop ! J'ai 'écrasé' cette nuit, et ça me permet de me lever encore relativement tôt pour rallier Moustiers Sainte Marie depuis Venasque. Petit dej pris en route, puis le temps de me garer sur les hauteurs du village, dans une ruelle particulièrement pentue, il est guère plus de 10h quand je monte en selle.
Aujourd'hui, je vais me payer une tranche d'aventure à vélo dans des panoramas qui m'attirent depuis des années ; les gorges du Verdon.
Avec les jambes lourdes d'hier, moi qui ait toujours du mal à "enchainer" les sorties d'un jour à l'autre, je me doute bien que cette sortie sera physiquement difficile. On verra bien ! La route descend d'abord au niveau du lac de Sainte Croix, dont les eaux turquoises reflètent la lumière du soleil. Impeccable jusque là, mais lorsque je tourne à gauche, pour suivre la direction d'Aiguines, je vois bien que c'est la grisaille, et un bas plafond de nuages, qui dominent sur les montagnes au-devant de moi.
Cette première montée se fait malgré tout sous un beau soleil, avec une vue sur le lac derrière moi, et sur les falaises au-devant. Elle se fait en pente douce, et je double quelques cyclistes... ce sera les seuls aujourd'hui ; au vu des conditions dans les hauteurs, je ne croiserais que 2 autres cyclistes sur toute la journée ! Mais la couleur est annoncée, avec la grisaille au-devant, vers laquelle j'avance à grands pas, et un bon vent de côté.
C'est à Aiguines que la difficulté de cette longue ascension va réellement débuter. La pente se corse un peu, le vent ne se calme pas, et surtout, au fur et à mesure que je gagne de l'altitude, le froid devient bien présent.
Le col d'Illoire (alt. 964m) est le premier que je franchis aujourd'hui, suite à l'enchainement de deux lacets. Les touristes qui font la route des gorges en voiture et s'arrêtent aux belvédères et autres points de vue sont en anorak & bonnet, c'est dire comme je suis 'juste' en cuissard court et 2 maillots manches longues en haut. Je transpire beaucoup, et rate le panneau du col, couché en bord de route à l'extérieur d'un lacet... tant pis pour la photo. Encore quelques lacets puis la route s'accroche aux falaises, de manière plus pentue, et plus rectiligne aussi.
L'effort fait mal, je ne suis pas 'dans le coup' aujourd'hui.
Ca ne m'empêchera pas de passer le col de Vaumale (alt. 1201m), et de basculer sans pause dans la grisaille et l'humidité. Cette descente ne restera pas dans les annales... j'ai décidé de ne pas m'arrêter mettre le coupe vent, et ça caille grave. Je commence même à me demander dans quoi je me suis embarqué...
Après 7km de descente, la route repart sur des petites bosses peu pentues, au niveau de la falaise des Cavaliers. Panorama super sympa sur ma gauche. De l'autre côté des gorges, on aperçoit une route accrochée à la montagne... j'imagine à ce moment (à raison) que je passerais là bas, au retour.
Encore une bosse et c'est le tunnel du Fayetteville, une galerie percée dans la roche qui annonce une petite descente. Celle-ci me mène au pont de l'Artuby... au milieu duquel un attroupement est massé... une plateforme et des gens qui font du saut à l'élastique... brrr très peu pour moi, je poursuis ma route.
Encore une montée qui débute ici, pour une pente relativement douce, mais assez longue. Suffisamment pour me faire pester contre ces jambes qui ne tournent pas comme je veux aujourd'hui.
Il fait réellement froid ici, avec le vent et la transpiration, y'a eu mieux. Et voilà quelques mini gouttes de pluie qui commencent à tomber. Argh. Et je me sais à un peu moins de la mi-distance du parcours. Dans la tête, ça cogite un peu, je ne vais pas vous le cacher.
Heureusement, après un faux plat descendant, voilà une vraie bonne descente rapide, coupée d'une courte bosse, avant d'atteindre Trigance. Très joli village qui vaut le détour. Sauf qu'à aller voir le centre du village, je m'éloigne de la route, et moi qui n'aime pas les demi-tours, me voilà à descendre une route à peine goudronnée, à 17-18% de pente... debout sur les freins !
Puis, de retour sur l'itinéraire prévu, je prends un moment la direction du Nord, sur une route plus passante, mais au bitume très rugueux. Franchissement du collet d'Ampon (alt. 725m). La pluie a cessé.
Je franchis le village de Soleils (la bonne blague) et son pont, où je prends à gauche pour reprendre la route des gorges. C'est ici le 'demi-tour' pour commencer à rentrer vers Moustiers Sainte Marie. Autrement dit, j'ai passé la moitié du parcours (à peu près). Ici, la route suit un moment le fil du Verdon. Il s'écoule juste là, sur ma gauche. Ce sera le seul moment de la journée où j'aurais pédalé à la même hauteur (altitude) que la rivière.
Explosion de couleurs sur ce passage encaissé qui devient plus 'aérien' après un bon bout de montée. Les arbres ont pris leurs teintes orangées, et contrastent avec ceux qui ont gardé un feuillage plus vert. Ca vaut la pause photo - ce qui me permet également de mordre à pleines dents dans le sandwich tiré du sac. Après un petit tunnel, la route va descendre un peu et tourner doucement vers la gauche... et là, j'aperçois le monstre à venir...
Dans quelques kilomètres, j'ai prévu d'ajouter un gros détour par la route des Crêtes. Mais cela ajoute une sacrée montée... la plus dure du jour à vrai dire. Mais bon, il serait dommage d'avoir fait tout ce chemin et de ne pas voir 100% de la route des gorges, alors à Valdenay, je tourne à 180° à gauche, ou presque, pour aller à l'abordage de la dernière grosse difficulté du jour.
D'abord un peu de descente, puis un court passage de faux plat montant, puis rapidement on part dans le 'dur'. Je n'ai plus de jambes, et peut être un peu d'hypo pour couronner le tout.
Cette montée se fait en une succession de courtes rampes vers l'est, au bout desquelles on trouve à chaque fois un belvédère avec vue vertigineuse et verticale sur le Verdon et ses falaises, alternées avec de plus longues rampes rectilignes vers le sud-ouest. Qui paraissent plus pentues que les rampes vers l'est. Et c'est ainsi que se poursuit ma lente montée, et mon lent retour vers mon point de départ initial, à Moustiers Sainte Marie.
A deux reprises, je m'arrête à un belvédère. Pour souffler, prendre des photos. J'aimerais ajouter 'profiter du moment', mais là non, je suis trop cuit et frigorifié pour vraiment vouloir sortir le reste de mon sandwich en admirant la vue.
Des vautours volent en rond sur les hauteurs de ces falaises, d'où s'élancent des groupes d'escalade. Ouah, mais quel vide... c'est 'à pic' sur des centaines de mètres. Je dois avoir les traits crispés, à en croire les encouragements d'un mec à pied, qui fait comme si c'était le peloton du Tour de France qui passait à ma place, faisant mine d'hurler des encouragements...
Cette montée restera dans les annales de mes grands moments de difficulté sur la saison 2020... il me tarde d'en voir la fin. La route grimpe jusqu'à entrer dans la couche de nuages gris qui prennent le haut de la montagne... et enfiiiiin voilà le Pas de l'Abauc (alt. 1280m), qui annonce la fin de cette montée abominable.
Prudence en descente, c'est bouché, je suis entre nuages et brumes. Mais rapidement, tout ça se dissipe pour laisser place à une descente pentue, tournante et technique, mais aussi et surtout à des vues incroyables sur le Verdon et ses gorges. C'est le passage le plus haut en altitude de la journée, et peut être le plus aérien. Tout bonnement incroyable.
J'ai mis le coupe vent et ça va bien mieux comme ça. Plusieurs micro-pauses photos, et je continue à boire mon second bidon d'eau de manière économe... je n'ai toujours pas trouver à les remplir depuis le départ.
Quelques cyclistes viennent ici en sens inverse. Pas mal de randonneurs, pour la plupart bien emmitoufflés.
Puis après une longue descente, la route va devenir plate, avec quelques faux-plats montants, et tourner à droite.. une courte bosse et voici la Palud sur Verdon, où je tourne à gauche. C'est ici la fin de la boucle de la route des Crêtes.
Une courte remontée au col d'Ayen (alt. 1032m) - maintenant j'ai trop chaud, à avoir gardé mon k-way... je suis trempé, alors je finirais par l'enlever, ce qui occasionne une pause en plus !
Puis une longues descente qui me rapproche rapidement des premières vues sur le lac de Sainte Croix. Et le soleil qui refait son apparition ! Lui n'a pas du quitter le lac de la journée... par contre il n'a pas non plus daigné m'accompagner dans les montagnes. Et d'un seul coup, le moral remonte... je me sais bientôt arrivé, et je suis réchauffé, enfin. Le col de l'Olivier (alt. 713m) est bientôt franchi, avec je crois un petit parking à gauche.
Puis la route continue en descente douce en approchant de ce passage féérique entre roches, lac et soleil. Un coin vraiment admirable. J'avais vu des photos avant de venir ici, mais je ne suis pas déçu. Je laisse les gorges et le Verdon derrière moi en retombant sur la route d'en bas.
Il ne me reste que 3km dont un peu de remontée pour atteindre Moustiers Sainte Marie, puis le mur de la mort pour atteindre la voiture. Voilà qui clot un beau week end au grand air, pour se changer les idées de cette morosité ambiante liée au covid, et aussi pour profiter une dernière fois de panoramas nouveaux, et loins de la maison, avant de laisser place à l'hiver...