24-25-26 juin 2022: BRM 600km du Cyclo-Club Kingersheim (CCK)

607km en 27h47 (plus 4h49 de pauses cumulées), 7766m D+, coef 1.27

Météo: très belle météo globalement. Première nuit fraiche mais pas froide, claire. Samedi après midi trop chaud à mon gout, gros orage d'1h le samedi soir/dimanche matin, lever de soleil magique le dimanche

22>24/06/22 - BRM 600km CCK, retour à la longue distance - Baptiste Fontaine's 607.0 km bike ride

Comme consacré par l'expression "je suis allé la chercher, celle-là". La longue distance ça se paye à coup de nombreuses heures de 'moins bien', mais ça gratifie de paysages, d'aventures et ...

https://www.strava.com/activities/7373365875

Vendredi aprem, je dois terminer le boulot SUPER tôt. Ca tombe bien, j'ai beaucoup bossé ces deux dernières semaines. Mais ça tombe aussi mal, y'a un gros dossier et j'ai du mal à m'en dépêtrer.

Bref, à 14h je suis chez Tom, je rencontre enfin Murielle dont j'entendais parler depuis longtemps, et à trois et deux vélo, on grimpe dans le camion, et on file sur Mulhouse par la Suisse.

Grosse météo, gros bouchons sur l'autoroute. J'essaie de rentabiliser ce temps libre pour fermer les yeux, mais dormir en voiture c'est pas trop mon truc, et la pression qui monte...

Arrivés au club CCK qui organise ce BRM 600, on se gare, on harnache les vélos, lourds de probablement 5kgs de bagagerie en plus. Le sur-sac de couchage est au fond de la housse de selle, avec des fringues de pluie, des batteries de rechange pour l'éclairage avant, de la connectique en plus et un peu de bouffe. Dans la sacoche de guidon, des crèmes de marron, les manchons pour la nuit, un énorme banana bread aux fruits secs coupés en parts gargantuesques, et ma botte secrète (enfin, plus secrète, je l'avais fait sur le Trirhena 2018 sur conseil de Yann), des bonbons de la célèbre marque allemande. Pendant ce temps, Thomas sort le réchaud et fait griller du lard pour ses célébrissimes fajitas sportives. On se marre, on déconne... et la pression monte. Yann arrive, les retrouvailles, les déconnades, les sourires... je me retrouve dans cet élément qui me plait tant, et que je connais pourtant si peu: la communauté de l'ultra distance.

Photo Jennifer Nguyen

Repas à 19h45, de la bouffe solide et des sucres lents. Je m'allonge dans l'herbe à 15min du briefing avant le départ, pour essayer de gérer la pression. Cardio à 80 au 'repos', je crois que je n'ai jamais été tant stressé avant de pédaler. C'est con mais ça fait partie du 'truc'. Partir sur cette distance, c'est affronter ses démons, ses peurs (de ne pas réussir, de craquer mentalement, de se retrouver seul la nuit dans la pampa sous un orage et face à une meute de loups affamés).

Photo Jennifer Nguyen

Briefing du Bridou (sur les règles de sécurité, les points de contrôle, etc) et là, toute la pression qui retombe d'un coup ! Déconnades en bonne et due forme avec les deux (Yann & Thomas) le 'groupe des relous' (un qui s'inscrit, se désinscrit à une semaine, et se ré-inscrit, et l'autre, moi, qui se pré-inscrit à 6j du départ, et ne valide son inscription que l'avant-veille... merci Bridou pour ta flexibilité). Et je retrouve le sourire, l'envie, et je suis prêt à y aller.

Ca tombe bien, c'est le moment d'y aller. 22h, on s'élance dans la semi-inconnue, en peloton qui étire ses lumières blanches et rouges dans la nuit, un cordon d'aventuriers partis pour en apprendre un peu plus sur la cartographie de l'est français, le Jura suisse, et sur eux-même. Au bout de 15 minutes de pédalage, la voiture ouvreuse s'est arrêtée, Bridou nous fait coucou en bord de route et c'est parti ! Je reste dans les roues, je remonte un premier groupe histoire de bénéficier de compagnie (d'inspiration et d'aspiration).

Devant, 2-3 loupiottes rouges partent en éclaireuses... je suis 100% certain que Tom en fait partie... au-revoir l'ami, on se revoit à l'arrivée. C'est qu'il a faim, le bonhomme !

Je comble un trou de 20m devant pour recoller au second groupe, et dans la roue de Yann, j'arrive au premier contrôle (km 37). Je repars un peu avant le gros du groupe, et ils me reprennent peu après.

Il fait nuit noire, il fait super bon. Je retrouve ces sensations de pédalage de nuit, entre concentration et plénitude. Je fais la rencontre de Jérémy, on discute 5 minutes, bien sympa le cyclo, on se recroisera au petit matin et d'ailleurs il jouera un rôle de bon samaritain.

Une belle descente qui file dans la forêt, sans avoir eu l'impression de devoir monter pour descendre. Les odeurs de nature ont été réveillées par les pluies de la journée. Une bosse encore, et j'arrive au sommet avec Dominique (rencontré sur maints BRM et le Trirhena), et 3 autres personnes: Thomas, Jonas et Florian. Ce seront les cyclistes que je croiserais le plus sur les heures à venir. On prend en photo cette croix dans la nuit, contrôle numéro deux, en riant en pensant à ce que doit se dire ce conducteur qui passe en voiture... à voir des mecs qui prennent des photos de Jésus la nuit... bref.

Descente prudente, c'est cabossé, et les orages ont fait raviner la terre, qui se retrouve sur la chaussée.

Profil de faux-plats grimpants sur les kilomètres à venir. Je finis par reconnaitre ce passage au col du Blochmont, dejà fait il y a quelques années. S'ensuit une descente à 5. Gros freinage devant, il y avait une biche sur le bord de route, mais je ne l'ai pas vue. On tourne à gauche dans la brume, on entre en Suisse pour le passage montagneux que l'on ne quittera qu'en fin de matinée prochaine. La montée qui suit, on l'avait faite sur un BRM 300 (2018), ça grimpe bien, je me laisse décrocher avec Florian. On discute peu, mais 'ça passe bien', il est sympa, dans l'esprit un peu comme moi, il n'a aucune idée du temps qu'il va mettre à boucler ce parcours, et est prêt à dormir à droite ou à gauche s'il en ressent le besoin, mais sans idée arrêtée sur la question non plus. Il disparait d'un coup derrière moi en montée, je suis donc intercalé. Au contrôle n°3 (km 115), j'ai besoin d'une pause pipi, ça repart devant et Florian nous rattrape et ne s'arrête pas.

Je suis seul, c'était prévu ainsi, ici commence le voyage intérieur.

Longue descente rectiligne et assez 'rapide' (de nuit ce n'est jamais trop rapide), puis virage à 180° et on remonte illico. Arrivé au village de Mettembert, je ne vois plus les feux à diodes rouges, je prends à droite pour me taper une montée au sévère pourcentage, qui part dans la forêt, et redescend très fort, avec des branches grosses comme le poignet en travers de la route. Je rejoins ensuite une départementale (une 'route' digne de ce nom) et voilà un cycliste qui arrive à contresens du parcours ! Je l'arrête et commence à sentir que... c'est moi qui suis paumé.

C'est Jérémy... il m'aide à me dépatouiller à coup de GPS respectifs, et je réalise que j'ai fait une boucle en plus sur le circuit, j'ai donc perdu environ 6km et une sacrée montée... 30min de perdues pile dans l'affaire. Je repars vite, et me refait cette montée dejà faite il y a 30min.. argh. Ce Geispass (alt 730m), je m'en rappellerais !

Une belle erreur de parcours

Ca continue à monter un bout derrière, puis descente, remontée (x2) avant d'atteindre le col des Rangiers (alt 856m), où je tourne à gauche. Cette mini route m'amène direct au col de la Caquerelle (alt 832m), et son hotel (lumières éteintes).

Longue descente sur Boécourt, la seconde moitié dans une brume épaisse, prudence.

Le jour commence à pointer. Hourra, une fontaine sur la gauche de la route, je refais le niveau des bidons, alors qu'une voiture se gare à côté de moi et en sort... Jennifer, la photographe officielle du BRM. On discute 2 minutes et je repars.

Partie en 'transition', plutôt plate, plutôt pas-grand-chose-à-raconter avant d'atteindre de belles gorges (du Pichoux), très sympa ce coin. Ca commence à remonter, de plus en plus fort, surtout après Underviller. Les gorges sont magnifiques, mais j'en bave physiquement, c'est là que je réalise que j'en ai plein les pattes. On entre en mode 'longue distance', c'est à dire, accepter de rouler 'petit'.

Super coin après le virage à 180° sur la droite en haut, des champs verts, un petit hameau encaissé contre les collines. Le col du Fuet (alt 935m) n'est plus loin. J'ai passé la nuit sans encombre, j'ai dejà bien mangé pour maintenir la chaudière en route, je n'ai déraillé qu'une fois, bref je roule ma bosse.

En parlant de bosse, en voilà une belle, qui va faire mal aux papattes, celle qui monte sur Tramelan, et continue jusqu'au Mont Crozin, en sens inverse par rapport au Trirhena 2018. Des souvenirs plein la tête, j'ai même vu tout à l'heure un panneau indicateur du village 'les Genevez' où je m'étais préparé à passer la première nuit en selle. Cette bosse me fait mal, malgré le replat après Tramelan. Je fais une pause pour reprendre mon souffle... encouragé par Thomas, qui me double et m'indique que je suis (effectivement) à 200m du sommet !

Grosse descente, et voilà Saint Imier, au pied du Mont Chasseral, l'épouvantail de ce BRM.

13km de grimpée, avec 5 premiers kilomètres à 9.5% de moyenne... lourd de mes parts de cake, je n'espère ni envolée lyrique, ni pédalage énergique... juste me hisser à mi-ascension, où je fais une pause pour reprendre mon souffle. Puis je repars, à gauche, en aller-retour depuis le col des Pontins jusqu'au sommet. A peine engagé dans la seconde moitié de la montée, voilà le groupe de tête qui redescend dejà... 1h d'avance sur moi à ce stade... Thomas me crie en passant... youhou ! Pas surpris de le voir en tête avec Sven, un habitué des ultra-distances, et Michel A. pas loin derrière. Je croiserais encore 2 cyclos seuls avant d'arriver au col du Mont Chasseral... encore 2km de faux plat montant jusqu'à l'antenne. J'y croiserais Yann qui vient de faire la pause petit-dej, et le groupe de trois (Dominique, Thomas & Jonas) à quelques encablures du sommet.

Jennifer est là avec son appareil photo... j'essaie de ne pas faire trop mauvaise impression... mais si le sourire et le plaisir sont là, le physique lui, a pris cher dans cette montée et je ne fais pas le malin. Photo à l'antenne sommitale, et demi-tour.

Descente prudente en sens inverse, je profite du paysage. En croisant quelques participants du BRM je réponds aux signes de la main et leur envoie quelques encouragements au passage... sympa l'ambiance des brevets ! Puis au col des Pontins, je tourne à gauche pour reprendre ma progression vers le sud-ouest. Col de Derrière Pertuis (alt 1153m), puis peu après, le col de Gautraine (alt 1205m), passé sans même m'en rendre compte. Ca roule bien maintenant, et encore plus une fois le Creux Rossel (alt 1137m) dépassé.

Une courte remontée au col de Joux (alt 1171m), où je me fais doubler allègrement par Dominique, Thomas & Jonas, que j'avais doublé lors de leur pause boulangerie en bas. Dominique, toujours le sourire et un mot sympa en passant - l'esprit BRM, j'adore ! Moi je rame un peu dans cette courte montée, mais je roule ma bosse tranquillement, j'ai récupéré des instants les plus difficiles au pied du Chasseral. 240km dans la besace, je commence à penser au km 300 et à la mi-parcours 'déjà'.

Vallée de la Brévine, je l'avais descendue dans le même sens avec Yann en 2016. C'est verdoyant et il fait bon. Ca file vite, et j'ai pu remplir mes bidons, impec. A droite toutes au niveau du lac des Taillères, c'est le col France (alt 1121m). Ne pas s'affoler, il est très court (et encore plus que dans mes souvenirs). Doublé là encore par la team 'DTJ', je retombe ensuite sur les Gras, ayant basculé en France; la pause s'impose !

Une bonne pause assis sur la mini terrasse de la petite épicerie du village, sur la place centrale. Je sais qu'un oncle, côté paternel, habite dans ce patelin... mais je ne sais pas où. Alors je 'dévisage' un peu les quelques locaux qui passent par là, mais non, pas de rencontre par hasard, dommage ! J'apprendrais après coup que cet oncle habite dans une maison attenante à cette place centrale, incroyable.

Boisson sucrée, gros sandwich au saucisson, et une barre chocolatée mise dans les sacoches. Puis il faut repartir... en montée bien sur. Celle-là m'a encore paru pentue... elle m'a fait penser comme deux gouttes d'eau à la grimpée Mijoux>Lajoux, pour les jurassiens qui connaitraient ce coin...

Ensuite, c'est descente longue et très douce jusque Pontarlier. Je me laisse glisser sans pédaler, plus la force de rien... en roue libre ça ira bien. Je reconnais la grande 'porte' (monument) centrale dans Pontarlier, et poursuis ma route sous le soleil qui commence à bien chauffer.

Km 288, contrôle suivant au niveau de Sainte Colombe.

La Rivière Drugeon, tiens mais je suis déjà passé en vélo ici avec Yann y'a une paye. C'est là que je réalise que géographiquement, on n'est pas si loin des premiers côteaux du Jura. Après Dompierre les Tilleuls, le parcours emprunte une route fléchée comme étant un itinéraire cycliste. Route perdue dans les champs et quelques bois éparses, mais surtout... un revêtement de mauvaise qualité, qui ne 'rend' pas du tout.

Je fatigue, j'ai sommeil. Je commence à penser à m'arrêter pour une sieste. Je roulotte, relance dans les montées, j'ai très mal aux fesses déjà. Je finis par jeter mon dévolu sur un champ avec un petit arbre isolé qui fait de l'ombre. Je m'écarte de 50m de la route, me met un peu derrière l'arbre, allonge mon vélo, étale mon maillot réfléchissant pour poser ma tête dessus.

Un 'rêve' me réveille.... je me suis donc endormi. Impression d'avoir dormi 5-10 minutes... en fait j'ai bien dormi 35 min, c'est le GPS qui me l'indiquera après-coup 😁 Preuve de l'état de fatigue. N'empêche, cette mini sieste m'a requinqué à mort, et dans les heures qui suivront je me sentirais complètement alerte.

Un spot de sieste que je recommande chaudement !

Je descends les gorges de Nouailles, sans complètement profiter du panorama car il y a pas mal de pierres tombées des falaises sur la route, prudence maximale bien sur. arrivé en bas, c'est le contrôle du km 330, à Mouthier Haute Pierre.

La route va suivre la rivière Loue, pendant un moment. Ca roulotte tranquillement, sans forcer. Je double Yann, arrêté et endormi sur une table de pique nique en bord de route. Quelques hésitations de parcours ici, puis j'entre dans Ornans... la place centrale est bondée de touristes qui boivent des coups en terrasse... je m'autorise une pause double espresso + coca à l'ombre, puis profite du bar pour faire remplir mes bidons d'eau fraiche. Je me rince la tête d'eau fraiche, et pense (enfin) à me mettre de la crème solaire, car je commence à devenir rouge... le stick de crème solaire qu'Amandine m'a filé est idéal, pas du tout volumineux, ça fait le job. Bref, une belle pause efficace, utile et requinquante.

Petite anecdote ici. Une voiture bleue me double de très très près, grosse frayeur, je crie 'ooooh' très fort... la voiture disparait au loin. Pfff quel enfoiré. Puis 500m plus loin, la voiture est arrêtée sur la route... et commence à faire marche arrière vers moi. Aie, ça sent le mec qui veut chercher la bagarre, pas content que je lui ai crié dessus... du coup je le double par la droite, sans le regarder pour éviter la confrontation. Il baisse sa vitre, je m'attends à ce qu'il m'insulte... mais non, il s'excuse ! Je n'entend pas bien ses explications (et peu importe: il était en tort c'est tout), mais au moins il a la gentillesse de s'excuser)... le genre de petite chose qui redonne foi en l'humanité ! Il s'excuse encore platement et repart aux devants.

D'ailleurs la suite va être mon renouveau sur cette longue journée. Plusieurs heures où je me sentirais bien mieux, roulerais bien mieux, et retrouverais un max de plaisir. La montée depuis le chateau de Cléron (fort joli) à l'ombre me plaira beaucoup. Je vide un bidon entier dans cette montée, c'est dire comme j'ai chaud. Au sommet, Amondans, un petit village choupinou avec une fontaine d'eau potable... what else?!

Re-remplissage de bidon, re-vidage d'eau fraiche sur la tête, et re repars en descente. Après Lizine, encore une belle descente qui tourne bien, technique à souhait, pour retrouver la Loue, en bas. Pause pour transférer la bouffe de ma sacoche de selle, vers la sacoche de guidon, plus accessible. Je refais un 'mix' de boisson pour l'effort dans ma gourde, fait coucou en riant au groupe DTJ qui me redouble, me crème l'arrière-train, et repars. Une courte remontée, une longue redescente, et me voilà à Quingey.

Portion de route passante niveau trafic auto, ça fait tout drôle après des heures de routes super calmes. Mais ça ne durera pas. Arc et Senans, km 391, contrôle suivant, c'est le point le plus au sud du parcours. A partir d'ici, on commence notre longue remontée vers Mulhouse (après m'être dépatouillé dans le village à cause d'une route en travaux pleine de graviers).

S'ensuit une terrible piste cyclable 100% rectiligne sur 11km. Pas intéressante pour un sou. Je me fais une pause pour changer la batterie d'éclairage avant, ça sera fait pour ce soir. Je change aussi l'éclairage arrière, mange un gros morceau de banana bread, et repars.

Bizarrement, il fait bon en roulant, mais ETOUFFANT en s'arrêtant. Bon, alors faut rouler !

A côté de Dampierre, le parcours rejoint le fleuve Doux. Quelques longues portions de piste cyclable 'Euro Vélo 6', très bien indiquée et plaisante... on en fera une très longue section demain matin. Après environ 440km, on entre dans la banlieue de Besançon. J'essuie quelques gouttes de pluie, pas méchantes. J'hésite à m'arrêter à cette machine à pizza 24/7 en bord de route... jamais testé et ça aurait été idéal en mode BRM, mais il y a deux personnes qui attendent devant, pas envie de faire la queue.

Virage à gauche, et pente à 15% dans un lotissement anonyme de Besançon. Et moi qui croyais que c'était dejà la montée à la citadelle de Besançon dont Bridou nous avait parlé ! Que nenni, on retombe dans la ville en bas, et on doit même traverser la ville par une rue piétonne avec beaucoup de badauds. Grosse averse, je me jette à l'abri d'un batiment historique (voir photo) et mange un bout de gateau. La pluie ne durera pas, je peux monter à la citadelle. Comme indiqué au briefing hier soir, montée de 900m à 15% de pente, ça pique un peu, surtout chargé comme on est. Surpris, je retrouve Jennifer au sommet.

Photo Jennifer Nguyen

Rapidement rejoint par la team DTJ, je décide de me joindre à eux pour aller manger un panini en ville. Quelque chose de chaud dans le ventre m'aidera à passer la nuit, qui s'annonce fraiche, possiblement pluvieuse.

J'en profite pour faire remplir mes bidons d'eau et boire un coca. Je garde un second coca dans la poche arrière, ça sera mon joker pour cette nuit.

On repart sur la piste cyclable le long du Doubs, la nuit tombe et les routes sont mouillées. J'ai hésité à rejoindre la team DTJ, pour le moment je pense avoir eu raison. Seulement, comme observé depuis le début de la journée, ils roulent un ton en-dessus du mien, mais font beaucoup plus de pauses que moi, ce qui est frustrant. Résultat, dès la première montée ils seront obligés de lever le pied pour m'attendre, et moi je devrais m'accommoder des pauses à répétition.

Chacun y trouve son compte, chacun roule sa bosse et personne n'est obligé à rien, mais je sens que ça ne durera pas.

A Chalèze, il commence à pleuvoir. Première pause pour mettre un kway. 2km plus loin, il tombe des cordes, on s'abrite sous le petit préau d'une vieille maison qui ne semble pas occupée.

Perso, je préfère continuer à rouler quitte à être détrempé. Les autres préfèrent (à juste titre, probablement) laisser passer l'orage. Celui-ci est poussé par le vent dans la même direction que la notre, donc une fois devant nous, on sera au sec. Seulement, je suis froid, et j'ai horreur d'arrêter la machine quand elle tourne, peur de ne pas réussir à la rallumer. Un peu contraint par les éléments, je me laisse convaincre de m'allonger sur la pierre au sol, et d'attendre un bout. Deux des trois co-équipiers s'endorment immédiatement, moi pas. Je fais un petit check-up avec Thomas par whatsapp interposé... il a environ 3h d'avance sur nous, et lui aussi est coincé par l'orage. BRM immobilisé un moment, mais on pourra reprendre notre route après environ 40min de pause.

On repart doucement... le rythme me convient, mais les pauses répétées, de moins en moins. Je sens poindre l'impatience liée à la fatigue physique... je la connais bien celle-là. Dans les côtes qui suivent, je commence à trainer au fond... de plus en plus au fond du groupe. Dominique insiste pour m'attendre, Thomas aussi m'a dit qu'à ce stade on m'attendra. Mais dans ces bosses qui montent pas longtemps, mais au gradient destructeur-de-cuissots, je peine vraiment.

Jonas crève à l'arrière, pas de bol. Dominique glisse sur la peinture de la piste cyclable et se retrouve au sol, avec un beau steak sur la jambe droite. De pause en pause, je perds patience, et n'arrive plus à suivre en côte. Je serre encore un peu les dents. Finalement, je ne trouve plus ma place dans ce groupe, et leur dit de ne plus m'attendre.

Chaux les Clerval, contrôle 9 après 7km de montée, au niveau du col de Ferrière (alt 593m). Ils m'ont attendu en haut, sympa. Je bois mon coca et note mon heure de passage sur ce dernier point de contrôle.. le prochain sera à l'arrivée à Kingersheim ! 

La partie qui suit sera un enchainement de montées courtes mais piquantes. Incapable de les compter, tout se mélange un peu au coeur de la nuit. Mais j'ai les cuisses détruites et je rame en montée. Des ruissellements des pluies récentes ont apporté des rivières de gravier et cailloux, feuilles et brindilles sur la chaussée. Un cauchemar dans les descentes, une difficulté supplémentaire dans les montées. Thomas a un coup de mieux, il repart devant avec Dominique, qui ne faiblit jamais. Je discute un moment avec Jonas, un peu derrière, m'arrête remplir un bidon... pas de bol, fontaine 'non potable', je ne prends pas le risque d'en boire. Je retrouve le groupe plus loin, Jonas regonfle un coup sa roue arrière surement pas suffisamment regonflée après sa crevaison.

Descente dans une partie 'gravel', où le bitume disparait presque complètement ! De la boue, des pierres... on en revient à descendre de vélo pour pousser un moment. Agaçé par ces conditions et cette route (Bridou reconnaitra son erreur de tracé... ce qui n'est pas un souci en soi, mais à je-sais-pas-quelle-heure du matin, et avec la fatigue accumulée, j'étais juste SOULE), on continue doucement... ça n'avance pas, car l'état des chaussées et l'obscurité font qu'on ne peut jamais profiter de l'élan en descente pour relancer en montée.

Bref, quel plaisir de retrouver l'Euro-Vélo 6 et les bord du Doubs ! Une section plate qui s'étirera jusqu'à l'arrivée ! Jonas et Thomas font la pause. On a repris Michel, qui a du mal à gérer le manque de sommeil. Je pense partir solo avec Dominique, qui est aussi motivé que moi pour poursuivre coute que coute et limiter les pauses, mais finalement je laisse filer devant, lui conseillant de poursuivre avec Michel, qui est plus de son niveau. Moi je vais rouler à ma main et ça ira comme ça. Jonas & Thomas partent au loin, je décide donc la pause salvatrice, la dernière.

Changement de batterie AV pour être sur que ça dure jusqu'au bout. Crémage à nouveau. J'enlève le kway qui me gardait en état perpétuel d'humidité sur le torse, alors OK ça fait froid 10min, mais après ça respire bien et tout ira mieux. Me voilà prêt à finir le job, jusque Kingersheim. Je suis à Montbéliard et je reprends mon chemin, seul à nouveau, et commence par un aller-retour de 200m, la piste cyclable a disparu ! Bon OK, en fait la trace m'emmène sur un bout de route, c'est bon j'ai retrouvé les petits cailloux que Thomas a du semer pour moi.

A l'occasion d'une mini pause pour ranger quelque chose dans ma poche de maillot, ma roue avant fait 'pchit-pchit' par petits à-coups. Ohhhhh mince la crevaison... j'observe le pneu et n'y trouve rien de particulier... à ce moment là, de ma sacoche de guidon s'envole, juste devant mon éclairage sur le casque, une petite chauve-souris ! Elle n'avait pas peur, elle !

Encore 64km solo donc, et un mal aux fesses ravageur. Je fais comme je peux, mais finalement ça n'avance pas si mal. Les niveaux de sucre ont été refaits, et je commence à sentir l'écurie (au sens propre comme au sens figuré). Cette piste euro vélo 6, quelle belle re-découverte. De nombreuses écluses à 'descendre', qui me relancent tous les kilomètres. Les bruits de la faune, quelques bateaux éparses. Puis le jour qui se lève au loin. Je suis sous un couvercle de nuages, mais au loin, un trait jaunâtre fend l'horizon. Puis rose, orangé, et le jour qui se lève doucement, quel beau moment. Le petit jour à vélo, au retour d'un 600, ça vaut son pesant d'or !

Je finis mes bonbons et mange ma dernière part de gateau raisins secs/noix de macadamia/amandes/noisettes, prends quelques photos en roulant. Les hérons s'envolent à mon passage. Puis voici la sortie de la piste cyclable en tournant à gauche à Eglingen, après Dannemarie. Je retrouve des routes ouvertes à la circulation, mais autour de 6h un dimanche matin, elles sont bien sur vides. Je retrouve les derniers kilomètres à travers les champs de maïs du Trirhéna 2018, les villages aux maisons à colombages. Puis la trace rejoint celle de l'aller, du départ vendredi 22h... sur quelques kilomètres. Voici la rue de l'Oranger et le club house du CCK. M'y attendent Jonas & Dominique, arrivés 20min avant moi, Bridou et son sourire, l'équipe de bénévoles et leur boeuf bourguignon servi à toute heure (miam). Mais avant tout une douche chaude bien réparatrice.

Conclusions:

• - Une superbe aventure, menée à bien. Je n'ai pas la forme que j'avais en 2017>2019, mais j'ai suffisamment travaillé sur le HT cet hiver et dans les bosses sur mes sorties courtes mais pêchues en semaine pour garder le minimum syndical. Surtout l'expérience à joué en ma faveur.
• - De grands moments, des sourires avec les autres participants. Le petit-dej après avoir dormi 1h30 a été un beau moment de partage, d'histoires et d'anecdotes à n'en plus finir.
• - Merci à Pascal et à tous les bénévoles ! On a été choyés au départ et à l'arrivée. Deux crêpes englouties au petit matin, confiture maison, c'était quelque chose !
• - Thomas termine premier de ce BRM en duo, grand respect. Je t'ai vu progresser à travers les années, mais là c'est quand même quelque chose ! Yann qui arrive en fin de matinée avec la banane, en déconnant, après avoir fait une longue pause à l'hotel à Besançon... voilà aussi une belle manière de boucler ça. J'ai des potes sportifs incroyables ! Très content d'avoir pu rencontrer Murielle aussi, et d'avoir pu faire partie du microcosme 'famille Vérin' pendant 48h, avec leurs histoires de fajitas, de watts économisés, et de camion-camping !
• - Deux jours après, j'ai encore les tendons d'achille douloureux, qui 'grincent' quand je marche. Les cuisses en feu, dur de descendre les escaliers. L'auriculaire gauche, et de nombreux doigts de pied 'insensibles' comme je l'avais vu eu en 2018. Ca reviendra vite j'espère. Mais des souvenirs plein la tête, et l'envie dejà de retenter, à défaut de 600, au moins des 300 et 400 l'année prochaine !

Comments

[Joris Lesueur]

Salut Baptiste,
Effectivement, ça faisait longtemps que tu n'avais pas eu une sortie aussi épique à nous raconter ! Et bien sûr, c'est un régal avec en plus photos et vidéos à l'appui ! 600 km / 7700 m de D+ "à froid", c'est quand même fou, total respect ! Quand je pense que je vais faire une RGA de 700 km en… 8 jours et en couchant à l'hôtel tous les soirs… ha ha ha !

[cestdurlevelo]

Salut Joris. Merci, oui ça faisait longtemps que je n'avais pas eu qqch de 'gros' à raconter ici, et ce BRM 600 sera à coup sur ma sortie la plus épique de la saison... la seule en fait. Je roule très régulièrement, mais jamais long, je n'en ai plus du tout le temps. Mais ce type de randonnée ça reste très spécial et on vit vraiment quelque chose de fort, les émotions sont réelles. Bonne chance pour ton RGA, ça m'intéresse, j'ai vu ton commentaire sur strava comme quoi le départ est tout proche... je te souhaites une belle aventure ! Je suivrais ça avec intérêt sur strava. ciao l'ami

[Fontaine Hélène]

Chapeau fiston pour ce superbe parcours, et bravo de le raconter de cette manière vivante et passionnante. L'euro vélo 6, j'en avais fait une toute petite partie il y a quelques années, de Dôle à Montbéliard, dont la montée à la Citadelle sans mettre le pied à terre !
Toi tu es content quand c'est fini avec d'immenses souvenirs...moi je suis contente quand je sais après coup que tu fais des choses pareilles !

[cestdurlevelo]

oui, je me rappellais bien que tu avais fait un voyage itinérant en vélo le long du Doubs, par contre je ne savais pas que c'était en partie sur cette belle euro vélo 6. Je l'ai beaucoup aimée cette piste, très calme, superbe avec les canaux, les écluses, et le paquet d'animaux qu'on y voit et entend, surtout au petit matin. Et bien sur en plus moi qui y ait pas mal roulé de nuit, c'est une sécurité en plus.