15 juin 2013 - L'Ardéchoise, le vélo en fête
222kms, D+ 4087m, coef 1,84
10h31 pédalées, 11h09 sur le parcours chrono
Météo: ciel nuageux, air chaud et humide
C'est le grand jour ! Celui de la fête du vélo, ma preums' Ardéchoise ! J'en entends parler depuis un bail mais cette fois-ci je suis présent sur place à St Felicien, noyé dans la foule des cyclos qui attendent que le sas des "non prioritaires" laisse se déverser un flot d’éberlués à deux roues pour aller visiter les villages du coin sur un parcours plus ou moins long, de manière sportive ou plutôt cyclotouriste.
Pour ma "preums", j'ai choisi le parcours "classique" de l'Ardéchoise, et de le faire en mode 'non classé' - à savoir que la puce de ma plaque de cadre me donnera mon temps, mais je ne serai pas classé.
On patiente, on discute... on piaffe d'impatience surtout ! Moi j'en peux vraiment plus là, faut lâcher les chevaux !
Je ferai la quasi totalité de ce parcours avec Brigitte, mais comme elle part avec les semi-prioritaires, il faut déjà que je la rattrape. Résultat, lorsque le départ est donné j'ai envie de partir comme une balle.
Les premières secondes sont un peu magiques pour moi, qui rêvait de participer à l'Ardéchoise depuis un moment déjà. A commencer les 'clics' des pédales automatiques qu'on enclenche devant, derrière,... tout autour de moi. Puis ensuite on fait du vélo-trottinette bien malgré nous, pour atteindre le 'portail' qui nous laisse partir au compte-goutte, un à un. Et enfin, je franchis la barrière noire, celle du chrono, celle que je repasserai dans le sens contraire dans une demi journée environ !
Ca y est c'est parti ! Il fait doux, on n'a pas froid une seconde même en maillot court. C'est la première fois que je suis dans un vrai peloton... et quel peloton en plus ! Je m'accorde deux premières minutes d'observation en roulant sans prise de tête, au milieu de la route. Puis après avoir vu la théorie, j'enclenche la pratique; je commence à me porter sur la gauche et double des cyclos par dizaines. Par centaines même, sur toute cette montée du col du Buisson par laquelle on commence. Des dizaines, probablement cinquantaines de cyclos me doublent également. Finalement ce n'est pas du tout stressant comme je le craignais. Même les vrais coursiers, ne gênent pas vraiment, tant qu'on fais attention à ce qu'on fait en les laissant nous donner un courant d'air sur la gauche !
Des habitants du coin nous encouragent sur le côté de la route. J'observe en passant une grande montgolfière sur ma gauche... et les décorations qui vont bien. Je prends mes marques dans cette grande course cycliste surtout réputée pour son ambiance festive ! Ca commence bien...
Je fais tomber quelques dents, j'ai envie de rattraper Brigitte au plus vite... sans avoir la moindre idée de l'avance qu'elle peut avoir à ce moment là, puisque je n'ai pas vraiment vu son départ, étant noyé dans la foule du "départ de masse". Je guette donc les maillots que je double, pour être sur de ne pas la rater.... elle porte comme moi le rouge et blanc du Team Mont Ventoux. Tiens, en voilà un devant justement... ni plus ni moins que Cricri qui discute avec son copain au maillot de l'ASSE. Je m'arrête à leur niveau discuter une minute... mais j'ai trop envie de rouler, après une photo prise à la hâte j'ai envie de poursuivre ma remontée. 'A ce soir' me lance Cricri... pas de doute, j'y vais !
Et puis finalement après peut être 6-7kms d'ascension, je reconnais facilement Brigitte devant moi, en train de discuter avec Cisou. Me voilà rassuré (avec probablement un départ massif de 8000/9000 cyclos ce matin, sur un total de 13800... c'était pas gagné d'avance) j'ai retrouvé mon équipière de choc. Je prends une petite photo en tout anonymat, avant d'aller lui signaler ma présence.
La fin de la montée au col du Buisson se fait tranquillement... puis ensuite après un faux plat, nous pouvons remettre quelques dents pour suivre le rythme moyen des concurrents avant de redescendre sur la route en balcons, puis le vrai gros de la descente, sur Lamastre. Sur le chemin, nous passons en trombe dans Nozières, où j'étais passé il n'y a pas si longtemps que ça.
Prudence dans la descente. Il y a ceux qui font la course, ceux qui choisissent leurs trajectoires... et puis il y a les plus 'tranquilles' donc je fais partie aujourd'hui... descente à la cool jusque Lamastre, où je lève le pied pour attendre Brigitte qui a fait une descente très prudente. Traversée de Lamastre sous les applaudissements des villageois... quelle ambiance !
Après Lamastre nous levons le pied et roulons tranquillement sur la D578, Puis nous commençons tout doucement la montée vers le col des Nonières, un col pas très difficile mais assez long quand même; on roule tranquillement et nous retrouvons avec Bruno, un copain (parisien... il vient de loin pour faire l'Ardéchoise !) de Brigitte et de toute la troupe avec qui on se croisera toute la journée... pour finalement même arriver ensemble !
Il y a un premier vrai gros ravito au col des Nonières (altitude 670m), auquel nous ne nous arrêtons pas... pas encore besoin, on vient à peine de commencer (km 40 à ce stade).
C'est encore une belle descente qui nous attend maintenant, et j'arrive à Le Cheylard avec plus de 26km/h de moyenne... voilà un bon départ canon... inhabituel pour moi! On va lever le pied pour de bon, maintenant.
Le village de Mariac (?), transformé pour l'occasion en 'village anglais', tout y est: le Union Jack, les cabines téléphoniques rouges (en carton !) et les habitants déguisés en bobbies
Nous voilà maintenant dans un très grand faux plat montant... on ne double plus grand monde, par contre on se fait doubler par des vrais petits pelotons de 10-20 coureurs... ça roule costaud... mais de nombreux s'arrêtent puis nous redoublent, et ainsi de suite. Le beau frère de Brigitte nous double à fond, en prenant le temps de s'arrêter à notre niveau 30 secondes le temps de nous expliquer sa dynamique de course, puis repart devant... on ne le reverra bien sur plus ! Cette longue montée en faux plat devient vraie montée... l'ascension vers le col de Mézilhac. Après avoir traversé un hameau où la chorale locale, ayant vu le prénom de Brigitte sur son dossard, se met à chanter au micro 'allez Brigitte, allez', cette dernière me fait signe de partir au devant et qu'on se retrouvera en haut.
Je grimpe à mon rythme, tranquillement, sans pousser la machine pour en garder sous la pédale... le parcours est encore très long ! Mais il fait chaud quand même. Je rattrape Cisou, qui en vélo couché était encore devant nous à ce stade... regroupement au sommet, au niveau du col de Mézilhac (altitude 1119m) où se situe un ravito absolument gargantuesque... il y a ici des centaines de cyclos amassés autour de tables où saucisson, eau gazeuse et plate, fromage, pain et crème de marrons partent à tour de bras ! C'est la cohue, et les cyclos qui souhaitent passer sans s'arrêter sont obligés de mettre le pied à terre.
Ici, notre itinéraire sur le parcours 'classique' 220kms de l'Ardéchoise, se sépare de certains autres. Résultat, en reprenant notre route, il n'y a plus un chat sur le circuit ! Ca fait drôle. Nous avons pas loin de 20kms à descendre après ce ravito... les jambes sont bonnes, je me suis bien ravitaillé, moi qui commençait à avoir faim, et il fait bon... y'a plus qu'à pédaler.
En descendant, nous traversons le joli village de Laviolle en faisant un petit signe de la main aux habitants qui agitent leurs fanions... sympa l'ambiance vraiment ! Puis après avoir laissé Antraigues sur notre gauche, non sans avoir traversé ses jolies gorges (!), nous commençons une grosse montée pentue...
...ici ça remonte illico à 9% sur un bon mur qui nous "réchauffe"... nous sommes sur le col d'Aizac. La montée n'est pas longue, mais nous constatons qu'il fait maintenant très lourd. Sur de telles pentes, la vitesse est trop faible pour profiter de la petite brise que nous amène notre déplacement. Bref, on étouffe un peu. Quelle humidité dans l'atmosphère !
Heureusement l'arrivée au niveau du col d'Aizac (altitude 642m) est un vrai petit paradis ! Nous sommes accueillis par des habitants déguisés en anges, nous servant des verres d'eau fraiche. La grande classe.
Ensuite c'est un bel enchaînement de petits virages sur une route à l'ombre des arbres qui nous attend. Ca roule tout seul jusqu'à Labastide sur Bézorgues, puis ça remonte un coup jusqu'au col de Moucheyres (altitude 858m).
Une des voitures de l'organisation qui joue la musique de l'Ardéchoise, nous double en klaxonnant...
Après avoir passé le col de Moucheyre (altitude 858m), nous avons une belle descente technique qui nous attend. Il y a finalement assez peu de cyclos qui nous doublent, ou que nous doublons sur cette section là. C'est le calme plat. Il y a bien un cyclo en rade par si (avec moto de dépannage) et un autre par là qui fait sa pause... mais sinon finalement on est assez seuls.
En bas de la descente - nous voilà à Burzet. Nous avons franchi les 100 bornes, là mi-parcours est déjà en vue. J'avais passé ici une semaine de vacances au camping en 2005... les souvenirs reviennent et m'occupent l'esprit alors qu'on s'élance dans la plus grosse ascension de la journée, vers le 'faux' col de la Barricaude. Compter une quinzaine de kilomètres de montée exigeante, sous le soleil, à commencer par un gros mur à 10% à la sortie de Burzet !
Finalement, cette ascension va très bien se passer. Déjà, on a la chance d'avoir un ciel légèrement couvert, qui 'voile' le soleil. Donc la température est plus 'lourde' (humide) que chaude. Ensuite, nous avons un bon petit rythme en mode 'diesel' au long cours... on avance bien, mais sans avoir l'impression de se dépenser trop.
Puis de fil en aiguille nous arrivons au sommet de cette côte, non sans une pause expresse à un 'ravito eau' pas loin du col. Brigitte vient d'apprendre que Valex, qui tentait l'AVM (parcours le plus long de l'Ardéchoise) s'est chopé des crampes et nous attend donc un peu plus loin, en se ravisant et choisissant le même parcours que nous. Dans une demi heure, on sera donc trois !
La route est un peu humide ici... il a du pleuvoir rapidement il y a quelques minutes. Mais toujours pas une goutte pour nous, malgré le ciel aux nuages bien gris.
Et voilà, après avoir traversé un mini plateau, nous arrivons en montée à Sagnes et Goudoulet... où Valex nous attend devant le ravito. Ca joue de l'accordéon, ça discute, ça mange du saucisson... encore un beau ravito. Je glisse un petit sachet de 2 pancakes dans la poche du maillot, et on repart tout doux... à 3 !
On se fait ensuite doubler par un mec qui transpire tout ce qu'il peut, qui a le regard hagard et roule en zig-zags... pas net le mec. Mais il continue... on le redouble plus loin, mais il nous redoublera encore... il est peut être moins mal qu'il n'en donne l'impression ?!
Nous arrivons plus ou moins groupés au point culminant de la journée, le Mont Gerbier de Jonc. Je n'étais venu ici qu'une fois auparavant... et pas en vélo !
C'est une belle descente rapide et longue, sur une belle chaussée lisse qui nous attend. A mi-distance, je m'arrête profiter du paysage, et prendre en photos certains de mes compagnons d'équipée qui descendent à leur rythme...
... puis Brigitte tout de rose vêtue ! Pratique pour la reconnaitre lorsqu'il y a beaucoup de cyclos et cyclottes sur la chaussée !
Plus loin, je rejoins Valex, mais vais refaire une pause à Saint Martial... rapidement pour prendre son lac en photo. Dommage, le ciel n'est pas bleu... mais les reflets sur l'eau sont superbes !
Ca va encore descendre un bon moment. Puis ça replate avant St martin de Valamas. Nous sommes maintenant plus souvent doublés que le contraire ! Mais on papote, on profite du paysage... pendant 30min on va aussi se marrer avec Valex parce que Brigitte, qui souhaite faire un podium au classement dans sa catégorie, vient de repérer une dame qui au 'look' semble avoir son âge... et donc c'est quelqu'un qu'il faut pouvoir lâcher ! Elle ne se décramponne pas facilement en plus ! Surtout que sans le vouloir, je lui donne un petit relais tranquille à cette concurrente qui s'accroche à ma roue... je lève le pied, reviens avec Valex & Brigitte... et c'est l'affaire de 20 minutes pour décramponner cette concurrente. On ne la reverra pas et Brigitte fera son podium !
Nous passons ensuite le col de Besses (altitude 993m) sans trop s'en rendre compte...
St Julien de Boutières: ici commence un très très très long faux plat montant. Ce sera l'un de mes deux endroits de la journée qui me réussiront le moins bien. je n'ai plus la force d'enrouler et de passer en force.. donc je monte doucement. Mais je ne monte pas assez bien à mon goût. Je suis un peu dans ma bulle, j'entends mes compagnons de route discuter derrière moi... moi je n'ai pas trop envie de partager la discussion... j'ai besoin de me concentrer, de gérer mon effort. je m'arrête boire un coup à un ravito. Puis de nouveau à un autre, un peu plus loin. Je sens la fatigue qui commence à faire son travail de sape.
Nous sommes accueillis à Saint Agrève, sommet de cette côte, par une belle averse bien drue. Ca trempe rapidement ! Valex s'est arrêté acheter de grands sacs poubelles pour se les mettre en guise de k-way. Moi je me précipite au ravito à l'abris. Valex me rattrape, ainsi que Bruno. Brigitte a continué. A ce stade, chacun gère cette phase mouilléé à sa manière, et à son rythme. Valex me croyait devant, il roule fort, je mettrai 4-5km à lui revenir dessus. Puis plus loin on reforme notre trio de choc.
Les 'faux' cols de Clavière et de Freydaparet derrière nous, on a un gros bout de descente à enquiller. Il fait bon à nouveau, grâce à cet épisode pluvieux... mais rapidement le mercure remontera encore.
Encore un arrêt ravito, encore un petit pancake en passant. Le col de la montée de Rochepaule est derrière nous - nous avons plus de 190kms dans les jambes et nous trouvons à la base de la dernière montée, coriace, de la journée. On profite d'une petite chorale sur le bord de la route, puis d'une chanteuse à la Edith Piaf qui tourne de la main son orgue de barbarie... le pied.
Mais au niveau de l'effort, je commence à coincer. Pas autant que sur la dernière montée du Ventoux le week end dernier, mais j'ai l'impression de ramer. Je transpire beaucoup, j'ai chaud... le maillot grand ouvert ne me permet pas assez de prendre le frais. Dur dur. Pourtant les jambes ne sont pas cramées... c'est plutôt une lassitude générale. En plus, la montée précédant le col de Rochepaule, jusqu'à St Agrève, m'a un peu soulé... elle n'est pas super intéressante.
Je discute un peu avec Valex, mais globalement je suis seul 'dans ma tête'. Puis de fil en aiguille, nous voilà enfin à Lalouvesc ! Depuis ici, nous n'avons plus du tout de montée à faire, yesssss.
Nous avons maintenant la superbe descente en faux plat direction le col du Buisson à parcourir. Cette route, nous l'avions prise sur le BRM300 en mars dernier. Absolument superbe... et en plus aujourd'hui il n'y a pas de vent, et il fait bon.
Un peu chaud quand même ! A quelques bornes au-dessus du Buisson, je dis à haute voix que j'ai chaud et que quelques gouttes de pluie pour rafraîchir l'atmosphère ne seraient pas pour me déplaire...
... aussitôt dit, aussitôt fait ! C'est le déluge en l'espace de 2 petites minutes ! Une pluie qui ruisselle sur la route, qui forme des flaques énormes... c'est l'apocalypse que j'ai prise sur la Barillette avant-hier avec Tom, moins le vent et le froid. Mais ça reste quelque chose de monstrueux. Je protège mon appareil photo au mieux, mais je suis détrempé.
Le Buisson est derrière nous, mais la descente est un calvaire, tellement il pleut. On roule tout doucement, groupés. Bruno nous dépasse... mais nous attend plus bas pour finir à 4, groupés !
A 6kms de l'arrivée, un mec est par terre sur le côté de la route, dans le fossé... enroulé dans une couverture de survie, avec un pompier à côté... il est conscient, tout va bien... je lui fait un petit signe de la main en passant, signe qu'il me rend... vraiment dommage que ça se termine comme ça pour certains... après (je ne sais pas pour lui) j'ai aussi vu des tarés qui descendaient à fond sur une route détrempée et parfaitement lisse... il ne faut pas pousser les risques au-delà du raisonnable !
Physiquement c'est dur car il fait un peu froid même si c'est une pluie chaude. Mais mentalement... c'est un moment super, un moment spécial. OK il pleut et je suis trempé et ça fait bientôt 11h qu'on est partis... mais quel pied quand même. On est presque là, à St Félicien ! C'est une descente en forme de 'tour d'honneur' que je vis à fond... il y a un double arc en ciel superbe en fond de vallée... puis le soleil perce et la pluie s'arrête, pour me permettre de prendre la photo 'finish'. Ma preums' Ardéchoise est déjà derrière moi !
Profil altimétrique:
Conclusions:
- Plus de 4000m de dénivelé... mon second plus gros dénivelé cumulé à la journée de ma vie. Et avec les pentes 'roulantes' ardéchoises, ça passe très bien ! A refaire...
- Lire l'article de Brigitte ici.
- A l'occasion de cette ballade, je franchis la barre des 5000kms cumulés cette saison, ainsi que celle des 70,000m de D+
- Quelle belle aventure, l'Ardéchoise ! Je reviendrai... et pas impossible que ce soit en mode sportif ce coup-ci !