3&4 mai 2014 - BRM400, la Drôme provençale
403kms, D+ 3914m, coef 0,97
- 17h10 pédalées + 1h15 de pauses cumulées
- Vitesse moyenne: 23,5kmh (roulée) / 21,6kmh (totale)
- Météo: froid, et fort vent de nord
Ohlalalala ça y est c'est la date du BRM400.
Une date qui me trotte dans la tête depuis si longtemps... une épreuve à laquelle je me prépare depuis si longtemps... un parcours qui me fait autant baver d'envie qu'il me fout les chocottes vu la distance à parcourir... je sais que je m'y suis préparé au mieux, et que, ayant franchi la barre des 300km puis des 400km l'année passée, et ayant largement progressé sur le vélo depuis, je suis capable d'aller au bout. Mais... on ne finit pas un 400 indemne... je sais à l'avance qu'il va y avoir des moments de doutes, des kilomètres où je vais souffrir, voir regretter de m'être inscrit... mais qu'au bout il y aura autant de fatigue que de BONHEUR.
C'est ça, le BRM400 pour moi. Dejà, oser l'envisager, puis se rendre sur place le jour J. Avec tout l'attirail, de quoi manger pour un régiment, de quoi s'habiller (surtout qu'on annonce du froid) et s'éclairer la nuit. Et dans la tête, assez de place pour emmagaziner déconnades avec les copains et autres souvenirs inoubliables.
Ben justement, m'y voilà. Place de Sfax, Grenoble. Ahhhh... j'avais raté le BRM300 et BRM200 grimpant courant avril, mais 'çui là, le 400, j'y suis. Je retrouve toute la bande avec plaisir ! David, Yann, Brigitte, Cricri, Thomas, Robert, Florian, Alain... et les autres. Même Franco, qui a hésité suite à des douleurs, se joint à nous ! Même Valex, annoncé non partant, s'est en fait ajouté au lot en nous faisant la surprise !
Comme l'année dernière, je pars chargé comme une mule. Mais contrairement à l'année dernière, je suis organisé et j'ai une sacoche de selle qui me permet de transporter ça correctement !
J'ai prévu de rouler avec Thomas de A à Z. C'est un "plus". Autant, l'année dernière Franco et moi nous étions engagés à traverser la nuit noire 'groupir', autant cette année c'est avec Thomas que je me suis mis d'accord. Déjà parce qu'on a un peu roulé ensemble cette saison, puisqu'on habite dans le même coin. Mais aussi parce que lui dit manquer de 'watts' et moi je sais que je manque de distance, on bénéficiera tous les deux de la présence de l'autre... on sera complémentaires.
Après, bon, on verra bien qui sont les autres qui roulent au même rythme... car bien sur plus on est de fous, plus on rit !
Et hop c'est parti. On nous avait annoncé un départ groupé, à rythme tranquille, pour lancer le BRM en toute prudence, jusqu'à Vif où chacun peut adopter son propre rythme.
Je pars doucement, comme prévu... la route est longue, on finira bien par trouver le rythme le plus efficace pour rallier l'arrivée. Surtout qu'on est tous plus ou moins chargés lourdement avec pour les uns sacs à dos, pour les autres sacoches devant ou derrière. Pour moi c'est une lourde sacoche fixée sur la tige de selle, pleine de bouffe et matos de réparation, et petit sac à dos pour les vêtements qui seront utiles pour combattre le froid cette nuit.
Partie 1: Grenoble-Sisteron (km 0 à 143) en TGV avec vent dans le dos
Le départ est groupé, derrière JP, ce qui nous permet de sortir de l’agglomération grenobloise sans risques, et tout le monde pourra ensuite partir à son rythme, une fois aiguillé sur l’ascension du col du Fau.
Dans Varces, Yann me prévient qu’il fait une pause. Je ne le reverrais plus du week end… même si à ce moment-là, je ne le sais pas encore.
Plus loin, avant Vif, c’est moi qui fait la pause, pour tomber la veste thermique. Le peloton est parti devant, groupé, mais nous revenons rapidement par l’arrière avec Thomas. Une fois dans le groupe, on profite de l’occase pour aller se placer tout devant, en compagnie de Robert, qui semble mener le peloton. Je discute deux minutes avec Brigitte. Plus loin, on manque de rater un embranchement à droite. Je sors de la ruelle en tête du groupe avec Thomas et David… qui nous indique qu’il y a déjà le groupe des costauds qui est parti devant. Les habitués des BRM, notamment Pascal & Patrick, partent dès les premières rampes du col du Fau. David les suit un moment avant de se laisser retomber avec nous, qui montons à rythme doux, en moulinant. Rythme doux, mais finalement à vitesse correcte, vu le vent qui nous souffle dans le dos. Rarement j’ai été « poussé » comme ça à vélo ! La route zig-zague le long de l’autoroute, la franchit à deux reprises via un pont, puis s’en éloigne. En s’en éloignant, elle nous porte le long de la montagne, sur la gauche. Ici, la pente me semble moins forte. Chouette. Ca roule bien, je peux même retomber quelques dents à l’occasion, tout en continuant à mouliner.
Mouliner, c’est le ‘secret’ (qui n’en est pas un) que Thomas m’a imposé, comme fil rouge sur ce BRM400. Et ça paiera ! Autant tirer régulièrement sur le cœur, plutôt que les jambes qui ont des réserves beaucoup plus limitée sur une vingtaine d’heures d’effort.
Nous roulons un petit moment avec Patricia, de la TMV, que je suis content d’enfin rencontrer, après avoir échangé via son blog récemment ! Nous reprendrons ainsi quelques cyclos ; certains ralentiront le rythme, certains resteront avec nous, certains nous laisseront dans leur sillage plus loin…. Mais peu à peu, l’esprit d’un « groupe » commence à se mettre en place.
Le Vercors, de l’autre côté de la vallée, est pris dans un épais brouillard. Je n’ai jamais fait de vélo ici, je suis bien content de pédaler en direction d’un nouveau col pour moi ! Après avoir traversé Monestier de Clermont via un bon coup de cul, nous y voilà justement, au col du Fau (altitude 899m). C’est ici que nous doublons Jean Philippe, qui s’arrête momentanément.
Nous, on est chauds, on n’a pas froid, alors on pédale. Et on roule fort en descente ! Les quelques bornes de descente après le col sont avalées en mode TGV. J’ai une inertie incroyable avec la sacoche de selle et le poids cumulé de ma monture et du bonhomme dessus. Youhou ça file vite.
Puis nous continuons sur ce qui se révèlera être une très longue montée, bien qu’irrégulière et pas forcément trop exigeante, vers le second col du jour. Nous reprenons un cyclo tout d’orange vêtu, qui est très peu chargé… en le doublant, je me demande comment il pourra se couvrir, s’éclairer, et s’alimenter, en autonomie, sur les quelques 350km qu’il reste ! Plus loin, il me reprend et se présente… comme Jean Claude, le père d’une copine de lycée !! Le monde est petit. Et c’est une chouette rencontre puisqu’on roulera de concert sur la majorité du parcours, et terminerons quasi ensemble.
On continue à jouer au yoyo (comme David le dit si bien !) Avec Pascal qui monte vite et descend lentement. Il nous redouble dans une section à pourcentage, alors que je vois David s’arrêter sur la gauche de la route un instant. Thomas, lui, fait la pause rapide aussi… moi je continue tout doux en levant le pied, en compagnie d’Alain, avec qui j’avais déjà roulé sur le BRM400 de l’an passé ainsi que sur le BRA. Un sacré cyclo, et surtout une compagnie de choix pour discuter… super.
Regroupement plus haut. David, Thomas, Alain, Jean Claude et moi arrivons dans les derniers kilomètres du col e la Croix Haute… la pente en prend un coup. Nous entrons surtout dans une zone de brume, il fait froid, et il y a beaucoup de vent. Zut, y'a VRAIMENT beaucoup de trafic automobile ici... vivement qu'on trouve une route moins fréquentée.
Je mouline, je tombe les vitesses… je suis déjà tout à gauche en 34x30, sur le compact du Specialized (passé en révision la veille), mais ne m’affole pas… c’est parce que je mouline vraiment. La souplesse plutôt que la puissance.
Et c’est ainsi que nous arrivons au col de la Croix Haute (altitude 1176m), dans des conditions presque hivernales. Je me cache derrière le resto du haut pour m’abriter du vent, mettre bonnet, gants longs, surchaussures et veste thermique, manger un flapjack (une recette testée et validée pour la longue distance à l’occasion de ce BRM !). Puis les sobriquets fusent de nouveau entre Thomas et moi… Thomas est ‘anti-pauses’, moi je suis pour en prendre si besoin… alors on va se vanner sur tout le circuit !
Col de la Croix Haute: point culminant de la journée ! Mais pas le col le plus exigeant du parcours ceci dit
Et c’est parti pour (selon mes collègues) ’40 bornes de descente’. Et effectivement, ça file vite ! Nous essuyons un peu de grésil avec Thomas, en attendant que David revienne de derrière. Puis c’est Rémy qui nous rejoint… un sacré cyclo, celui-là. Je le rencontre pour la première fois, et il fera partie du ‘noyau dur’ de notre groupe. Et c’est parti en mode relais. En mode ‘relais souples et tranquilles’… comme David le dit, ce sont des ‘kilomètres gratuits’ ceux-là. Ca roule vite, ça roule bien, ça roule facile. Mais comme on a des gros gabarits dans le groupe, on avance bien… et on reprend du monde.
La D1075 nous emmène à Aspres sur Buech, où nous retrouvons un soleil éclatant ! Alors que nous avions l’impression que la nuit se couchait déjà au sommet de la Croix Haute. Quel pied de retrouver de la luminosité et un peu de douceur. Nous allons suivre la rivière Buech pendant un moment sur cette D1075. Et ça continue à bien rouler, souvent en faux plat descendant. Juste à la sortie d’Aspres sur Buech, on lève un peu le pied. Vers Serre, nous perdons le vent de Nord de notre dos… le coquin se déplace sur notre épaule droite… il nous déséquilibre même par moments, surtout qu’avec ma sacoche arrière j’ai une énorme prise au vent. Prudence et souplesse, donc.
Nous entrons en Provence Côte d’Azur… Hautes Alpes puis Alpes de Haute Provence vont nous accueillir tour à tour pour quelques kilomètres. Dans un groupe qui semble se fixer à 6, nous sommes trois à prendre des relais… mais les grimpeurs s’en donnent à cœur joie à l’occasion du col des Hostes (altitude 611m). Un col très court et peu grimpant…
Courte alternance de mini bosses, le groupe se désorganise en descendant plein sud. Pas bien grave, me dis-je, avec le vent dans le dos, on ne se fatigue de toutes façons que très peu ! Suivre la direction Nice/Marseille.. j'en ai entendu dire qu'ils iraient même peut être jusqu'à Marrakech !
Pas de doute, nous sommes dans le ‘PACA’ ! Les paysages sont à couper le souffle… montagnes aux couleurs orangées avec début de coucher de soleil, à 360°. Nous nous rappelons les uns-les autres la question ‘mystère’ à laquelle il nous faudra répondre sur notre carton ‘BRM’ pour valider notre passage à ce premier ‘checkpoint’. Puis, comme je m’en rappelais pour y être passé en voiture en 2011, c’est une loooongue ligne droite qui nous mène à Sisteron. Nous faisons une pause sous la citadelle de la ville. C’est beauuuu. Chacun gère ces 12 minutes de pause (pas une de plus, pas une de moins) à sa manière, SMS aux conjointes, réponse à la question du point de contrôle, photos, pause technique, sandwich… et on repart. Zut, on n’a pas trouvé d’eau… avant la sortie de la ville, où on reperd 15 minutes à remplir successivement nos gourdes à une fontaine pas du tout pratique devant la Poste.
Pascal & Patrick sont là, Jean Philippe s’arrête manger au resto (semble-t-il… je ne reverrais plus à partir de là), et Yann, on le sait, est arrivé 10-15 minutes avant nous, mais pour y faire une pause d’une heure ! On repart à 6 : Thomas, David, Rémy, Jean Claude, un cyclo du 69 et moi. Le voilà, le noyau dur.
Sur notre gauche, la montagne de Lure. En face, coucher de soleil aux belles couleurs chaudes dans le ciel, pourtant ça caille !
Ouh la la, ça repart en montée sèche !! Vite vite sur le 34x30. La nuit va tomber dans 30 minutes ; nous, on amorce notre virage vers l’ouest sur la carte. On roule vers le soleil, on roule dans le froid, on roule vers les cols aussi ! Et… on roule vers la nuit, qui est bien tombée désormais. Je profite 15-20 minutes des éclairages des copains du groupe avant de devoir moi aussi allumer ça en roulant, devant et derrière. La nuit de vélo, c’est maintenant qu’elle commence !
Partie 2: Sisteron-Crest (km 143 à 300): nuit glaciale, cols en pagaille
Il fait noir et nous sommes au calme sur cette superbe D946 qui nous fait remonter la vallée du Jabron. Bevons, Noyers sur Jabron, Saint Vincent sur Jabron… les traversées de villages s’enchainent, et on tombe doucement dans notre environnement et rythme nocturnes. A savoir, rouler tout doux, discuter de moins en moins, entrer dans sa bulle… et dans mon cas, laisser à l’occasion les copains, meilleurs grimpeurs que moi, prendre quelques dizaines de mètres d’avance.
Je déraille un ptit coup, mais le mec du 69, puis Rémy, m'attendent tour à tour. Une fois recollé au groupe, on poursuit l'effort à... 5, puisque JC part au-devant. Dès que ça grimpe, lui et Rémy font la différence. Thomas joue avec nos nerfs, David et moi, en faisant semblant de nous donner le kilométrage parcouru jusqu'à présent, alors qu'on a été très clairs: comme l'année dernière, pas QUESTION de savoir où on en est. Je n'ai pas de compteur, simplement le GPS dans la sacoche de selle, et je ne veux pas savoir à où on en est... pour ne pas jouer avec mon moral... imaginez seulement, apprendre par exemple qu'on n'a parcouru que 200 bornes alors qu'on atteint le milieu de la nuit, et pire, à un moment où je serais fatigué... ça serait trop dur à entendre. Donc pour ne pas me mettre le moral dans les chaussettes, je pédale, sans avoir la moindre idée du parcours derrière et devant nous. C'est pas compliqué quand même !
Le col de la Pigière (altitude 968m) est atteint sans encombre, il n'est vraiment pas difficile. La remontée de cette vallée du 'jambon', toute en pentes douces, me convient parfaitement. Par contre, au niveau de l'intersection D546/D542, en tournant à gauche, ça remonte plus fort. Je laisse les grimpeurs partir devant, de toutes façons mon rythme naturel semble assez proche de celui de Thomas, donc on roule souvent à quelques mètres, ou au pire, dizaines de mètres d'écart. Et c'est ainsi que le col de Macuègne (altitude 1068m) cède à nos coups de pédales. Sauf que Thomas et moi espérions que le reste du groupe nous attende au panneau du sommet, et ce n'est point le cas... Du coup... point le temps de gamberger, point le temps de s'arrêter pour remettre une couche; je ferai la dizaine de bornes de descente sur Montbrun les Bains à tombeaux ouverts (mais prudemment.... c'est une évidence) avec simplement le maillot de corps + maillot court, et SANS gants... tout ça par 2°. J'arrive en bas super méga caillé.
Montbrun les Bains, second point de contrôle: 22h58. Réponse écrite à la hâte sur le carton du BRM, devant un resto d'où les clients sortent. On retrouve Patrick & Pascal, ainsi qu'un groupe de trois cyclos vus au départ. Pour eux c'est la pause café au resto. Pour nous c'est simplement le sandwich qu'on avale dehors avant de repartir. J'ai remis la veste thermique, les gants longs et compagnie, mais les enlèverais une dizaine de minutes plus tard, en commençant l'ascension du col d'Aulan (altitude 845m).
Une longue ascension, celle-là ! On s'est fait décrocher avec Thomas en faisant la pause pour enlever une couche. Le cyclo du 69 est derrière nous, David, Rémy et JC prennent tellement d'avance... qu'on ne les voit plus. Le groupe est scindé en deux, mais je suis avec le coach, tout roule.
Personne en haut. Une nouvelle fois, petite pause technique, on remet la veste, et on descend fort fort ! C'est notre force à Tom et moi, les descentes, le plat... les sections roulantes quoi ! Autant, on se fait larguer par les grimpeurs en montée, autant on les reprend vite fait après en retombant vite sur les sections en vallées.
Sauf que.. pas ce coup-là ! David, Rémy et JC doivent être loin devant. Ce n'est pas un souci, mais dans ma tête à ce moment là, on ne les reverra pas. Car je sais qu'ils grimpent bien, et la longue distance, ils la maîtrisent mieux que moi.
On reprend le cyclo du 69 dans le faux plat descendant sur Saint Auban sur l'Ouvèze... mais il repart devant au tout début du col de Peyruergue (altitude 794m). Celui-là, c'est le seul que j'ai déjà grimpé (en 2012:lire ici)... avec David, justement, dont je distingue la lumière rouge arrière, loin loin au-dessus de moi... ils doivent avoir 15min d'avance.
Ce col, je le pensais court et facile... mais je passe un moment difficile. Nez dans le vent, je commence à peiner. Je reprends un ptit truc à manger, on sait jamais, faut garder la glycémie correcte. Puis je monte tout doux, en moulinant. C'est looooong quand même. Mais je finis par y arriver !
Et une nouvelle fois, micro-pause au sommet avec Thomas pour remettre la veste, le mec du 69 part au loin. Mais nous allons rouler très fort ici, et le rattraper avant Ste Jalle. D'un commun accord, nous faisons une petite pause pour remplir les bidons d'eau à une fontaine difficilement localisée.
Allez hop c'est reparti, à trois. Passage par Curnier, ça roule bien... on prend quelques relais avec Tom, c'est agréable de se sentir avancer à belle vitesse. Et sur plat, les jambes sont encore très bonnes. En tournant à droite direction le Défilé de Trente Pas, on ne sait pas trop à quoi s'attendre. Moi je m'attendais à un petit col, derrière lequel s’enchaînerait un autre col rapidement.
Mais que nenni. Ça monte bien. Et longtemps. Le cyclo du 69 part au devant, progressivement, irrémédiablement même. Même Thomas commence à me larguer. L'effort devient difficile. Pourtant les jambes tournent. Mais j'ai chaud ! J'aurais du enlever la veste thermique, je ne l'ai pas fait. Résultat, je fais 'cocotte minute', ça bout à l'intérieur, je suis en surchauffe. Tant pis. Ici on entend les oiseaux et le torrent qui coule au fond de ce défilé... niveau audio c'est top pour grimper ! Quel calme, et pourtant, quelle tempête e bas. Et quel vent ! Oh la la il se lève 'çui là. Surtout après Condorcet, où nous a attendu le mec du 69, qui joue au yoyo devant/avec nous.
Je suis un peu dans le dur, là, surtout parce que je ne m'attendais pas à une telle montée ! Clairement, la plus dure de ce parcours réparti sur deux jours.
Flou artistique... au coeur de la nuit sur les routes perdues de la Drôme
Nous arrivons vers le sommet ! Et... ô surprise, nous distinguons des feux rouges devant. Ils me semblent TRES LOIN car sensiblement au-dessus de nos têtes, en termes d'altitude. Je ne sais pas tellement de qui il peut s'agir, étant au cœur de l'effort. Sur la fin de l'ascension, la pente devient moins forte. En remettant une dent, j'arrive à doubler le mec du 69, et à revenir en partie sur Thomas. Si bien que nous arrivons ensemble au col de la Sausse (altitude 791m)... non sans pousser ensemble un cri de joie en apercevant le panneau du col... on a eu du mal à se hisser ici tout les deux je pense.
Et surtout, je réfléchis deux secondes, et réalise que je me suis trompé sur mes prévisions du parcours restant; il ne reste que le col Lunel, très facile... il n'y a plus d'ascension entre les deux, comme je m'y attendais. Ça commence à sentir bon tout ça.
Et comme dirait Thomas, 'BIM' on en remet un coup en descente et sur le faux plat qui suit. Super partie de relais en souplesse, pas des relais de bourrins, mais des relais qui nous font bien avancer. Tant et si bien qu'on rattrape JC, David & Rémy JUSTE à l'entrée de Bourdeaux !
C'est l'avant dernier point de contrôle avant Grenoble, d'un commun accord, on fait la pause. Rapide. Le clan des 6 est reformé !
Un petit flapjack et une crème de marrons plus loin, on sait jamais, (faut toujours manger quand on est fatigué (ma devise !)), et on repart. D'abord, pédaler en direction de Saou. On est ici sur les terres de Brigitte, une petite pensée pour elle en arrivant à Saou justement. Ouah que ça souffle fort ici. La montée du col de Lunel n'est pas difficile du tout... je monte un peu debout sur les pédales, pour relâcher le dos et le postérieur... et laisse le trio des grimpeurs partir devant. Je crie à Thomas "c'était le dernier col !!!" en passant devant le panneau du Lunel (altitude 409m).
Derrière, je sais que c'est hyper roulant. J'en parlais justement avec la renarde au niveau de Varces. Sauf que là... ça passe pas du tout comme ça ! Je traîne au fond du groupe, j'ai du mal à coller aux roues... je fatigue ! Et je suis aussi probablement dans le coltard, besoin de sommeil ! Thomas m'a vu, et m'attend.
Hésitation sur le parcours à suivre à l'entrée de Crest, on perd du temps pour rien. Le regroupement se fait devant la gare. Je suis juste au niveau de mes bidons d'eau, il est grand temps que je fasse un plein. M'énervant devant les toilettes squattées par les trois mecs qu'on n'a vus qu'à Montbrun, qui font les idiots à se marrer et à me faire perdre du temps, je renonce à remplir les bidons. Mais je profite de la pause pour prendre ma topette de gel cafféiné... car énervement + mal à coller aux roues = j'ai sommeil. J'avais eu cette même impression sur le BRM400 l'année dernière en redescendant du Jura.
Partie 3: Crest-Grenoble (km 300 à 403): un gros coup de mou pour finir à fond !
Cette fois, plein nord ! On a un vent affreux de face, c'est hard; surtout que désormais, on le sait tous, on va bouffer de la ligne droite, route pas intéressante du tout jusqu'à Chabeuil, et pas du tout protégée des éléments.
Et comme ça part en LONG faut plat montant, c'est là que je coule ma bielle ! Incapable de prendre un relais face au vent, je vais me faire remorquer par Rémy & Thomas, impassibles face à ces élements et à la fatigue... sur peut être 45min d'effort. Du moins, ça m'a paru extrêmement long. En même temps, quand j'y repense, c'était aussi bien une fatigue (sommeil) qu'une lassitude générale. Mais jamais je n'ai eu les jambes cramées comme ça a été le cas sur le BRA en 2013 ou sur d'autres longs parcours. Chabeuil... oh punaise que je suis content d'être là. On a repris David à l'entrée du village, et tout le monde semble content de faire la pause. Il est 5h07 au pointage sur la carte. Je branche un nouvel éclairage AR, le premier m'a lâché. J'installe aussi un second à l'avant, ma Magic Shine AV semble prête à rendre l'âme (en réalité, elle tiendra le coup jusqu'au petit jour). Je me goinfre et je pose le derche sur le trottoir... ça fait du bien d'être autre part qu'en selle.
Allez, il faut repartir. Zut, on a du mal à trouver une fontaine. On perd encore du temps en A/R dans le centre de Chabeuil, ça gave. Surtout qu'à la sortie de Chabeuil, c'est encore un long faux plat montant qui me scie les jambes. Pourtant on s'est rapprochés des premiers contreforts du Vercors, et il y a donc plus de protection face au vent. Mais là, je suis vraiment usé, alors je monte tout doux. David, Rémy et compagnie partent devant, Thomas reste avec moi. Le cyclo du 69, on ne l'a plus vu depuis un bail et on ne le reverra plus jusqu'à l'arrivée.
Ahhhhh le jour se lève enfin !!! Pfiou que ce fût long, cette nuit. On approche de Rochefort Samson, ça y est, sur des routes que je connais par coeur. Yesss... ça commence doucement à sentir l'écurie. J'ai un regain d'énergie, même si chaque bosse est passée vraiment tout doux. David et JC sont désormais loin devant. Rémy traîne la patte, à lui d'avoir un gros coup de bambou. Il m'indique qu'on peut partir sans lui... pas question, après qu'il se soit démené contre le vent pour moi ! Alors on roule groupir.
Et la dernière petite bosse est franchie: nous laissons Beauregard-Baret sur notre droite. Et en laissant ce village derrière moi, c'est aussi mon dernier coup de fatigue que je laisse derrière moi. A partir d'ici et jusqu'à Grenoble, j'aurais un gros regain de pêche.
On attend Rémy quelques minutes après Hostun. De nouveau à trois, on franchis St Nazaire en Royans et les villages suivants à vitesse honorable... et je prends de nouveau "ma part" devant.
La longue départementale via Izeron me faisait peur, mais les jambes vont tellement mieux qu'il n'y a aucun souci. Vers Izeron et Cognin les gorges, ont voit David à nouveau, et on le reprend juste après le pont de St Gervais, au début de la voie verte des berges de l'Isère.
On repart groupés, ayant rattrapé JC juste plus loin. Nous sommes donc de nouveau 5 ! On discute et on roule à belle vitesse constante, il faut dire qu'on est pressés d'en terminer. Dans un premier temps, Thomas me demande de lever le pied, Rémy à décroché... puis de fil en aiguille, après avoir pris la photo ci-dessous, on se retrouve seuls à trois, puis seulement à deux... avec Thomas. Who else?!
Thomas relance à fond, les mains en bas du guidon... s'en suit une belle portion de voie verte à 33kmh, à coup de relais... je donne ce qu'il me reste, mais la moindre accélération me fait dépasser le seuil d'effort acceptable. Je me relève au bout de quelques minutes, et on terminera ensemble tout doux, le sourire aux lèvres, via le pont d'Oxford, et sur la rue P.Esclangon, où nous attend la boite aux lettres BRM...
Mission accomplie !
Profil altimétrique:
Conclusions:
- 403 bornes, voilà le second parcours le plus long de ma vie... après les 417km de l'année dernière ! Le dénivelé est moins important que le parcours 'jurassien' de l'année dernière, mais globalement, je l'ai trouvé plus exigeant. Une succession de plusieurs cols plutôt qu'une grosse montée, comme ça avait été le cas la saison passée, mais surtout, le D+ est à engranger surtout en seconde moitié de parcours, ce qui n'était pas le cas en 2013.
- Environ 3h de moins pour boucler ce parcours par rapport au parcours de l'année dernière. Incroyable. J'en reviens toujours pas. Et les jambes sont en bien meilleur état qu'après celui de 2013. Douleur au tendon rotulien, disparue après un peu de glace le soir. J'ai eu quelques courbatures le lendemain, mais rien de trop méchant.
- Superbe parcours; je dois encore remercier JP Battu qui fait un boulot phénoménal : merci JP !
- Merci à Tom pour son coaching, et bravo à tous ceux du clan des 6.
- Un ptit coucou à la TMV et tous les copains qui sont allés au bout de cette aventure. On s'est ratés, car chacun devait choper le train en cours de route et rouler à son propre rythme, selon les sensations du moment... mais il faudra s'organiser une sortie plus facile prochainement, pour papotter !
- Bravo à Yann pour avoir terminé ce parcours dans un jour 'sans'... tu t'es mis minable, mais t'as été au bout !!! Respect.
- Une nouvelle flopée de cols franchis !
- 17ème parcours 'dodecaudax'... voilà 17 mois de suite que je fais 'au moins un parcours de 200 bornes minimum' chaque mois.
- Lire ici les compte-rendus de cette aventure sur les blogs de Thomas, David, Brigitte, Franco, Cricri, Patricia...