24 mai 2014 - Montées exigeantes des contreforts du Jura
117,85km en 5h40, D+ 3302m, coef 2,8
Météo: soleil, fraicheur: temps idéal
Après une nuit un peu difficile et écourtée, je suis debout à 6h20. A 7h je pars de la maison, direction les grosses bosses du coin. Objectif du jour, tester ce que j'ai dans le coffre sur un enchaînement de grosses montées. Seule restriction: être rentré avant 13h. Je n'ai pas spécialement envie de grimper vite, mais plutôt de monter à mon rythme et de voir comment tout ça réagit. A noter que j'ai un espèce de rhume bizarre avec sinus bouchés et gorge irritée. Pas le top du point de vue santé, mais au moins, suite à ma chute à vélo d'il y a 12 jours, je suis bien remis. Le coude est encore douloureux, surtout en position de sur-extension. Mais les plaies sont bien refermées, au coude et au genou. Pas de séquelles au dos ou au cou. Bref, "ça va".
Je n'ai donc que l'équivalent de 6h dispo pour pédaler, et je sais que tenir même 19-20kmh de moyenne totale sur des bosses où ma grosse carcasse, et mon manque de forme relatif, ne m'avantagent guère, ce n'est pas acquis. Tant pis, je vise au moins deux belles montées, et la troisième, on verra en fonction du timing:
- Commencer par la montée de la Baudichonne, située au-dessus de la Rippe/Divonne les Bains, juste après la frontière en franchissant la douane de Crassier en Suisse. Le départ de cette ascension se situe justement exactement au même emplacement que la seconde prévue:
- La Barillette. Celle-ci, je la connais par coeur (et vous aussi, si vous avez suivi un peu le blog !), puisque ça sera déjà ma 5è ascension cette année,
- Le col de la Combe Blanche, dont la base se situe à quelques encablure (2km?) du bas de la Barillette et de la Baudichonne. Si la route est dégagée (elle est utilisée l'hiver pour le ski de fond, et puisque la piste est damée, souvent la neige peut rester figée tard dans le printemps), je retomberais derrière sur la route de la Faucille, pour retomber ensuite sur Gex.
Donc voilà, en gros la feuille de route. Le départ est ultra classique, j'évite la grosse route entre St Genis et Gex, donc je grimpe via Crozet, Avouzon, Naz Dessus, et retombe sur Gex, puis file sur Vesancy, où je retombe au-dessus de Divonne les Bains, en prenant à droite au niveau du camping pour arriver direct à la douane de Crassier, après laquelle je tourne illico à gauche. Voilà où débute le premier des trois chapitres.
Voilà les 3 ascensions du jour, côte à côte sur la carte ! En noir, la Baudichonne, en bleu la Barillette, et en rouge la Combe Blanche.
1ère montée: la Baudichonne
Celle-là, elle me tient à cœur, puisque c'est la seule qui soit 'nouvelle' pour moi. Je ne suis jamais monté là-haut, et pourtant, Didier m'en a parlé à de nombreuses reprises. Y parait que la route est de très bonne qualité, et niveau exigence, finalement ça ressemble assez à la Barillette... quelque chose de costaud, quand même.
Et puis récemment, je suis tombé sur un mini article sur le blog de Will 'Cycling Challenge' (un blog que je recommande fortement, les photos sont superbes, et les détails variés... avec de belles idées de 'sujets' aussi). Celui-ci m'a décidé, il faut que j'aille m'y frotter.
C'est parti !
Juste au-dessus de la Rippe, voici l'embranchement en Y où se séparent les itinéraires vers mes deux premiers sommets aujourd'hui. A gauche en premier, vers la Baudichonne, puis ensuite retour ici pour prendre à droite et aller 'taper la Barillette' (photo prise entre mes deux ascensions)
Oooops, un panneau indique une voie sans issue, sur cette montée de la Baudichonne. Veut-il dire que la route se termine bientôt, ou cela signifie-t-il au contraire que c'est simplement une très longue impasse? Heureusement... je découvrirais qu'il s'agit de la seconde solution, pas de souci, on peut monter jusqu'au sommet. Et même plus !
En bout de parking, à côté d'une colonie de vacances / camping, la route s'enfourne dans la forêt, directement plantée dans la pente. Ça grimpe costaud dès le début, on est prévenus !
J'ai remarqué sur la carte, en repérant ça avant de partir, que la montée a lieu en trois parties.
- Tout d'abord, de longs lacets (4), intercalés par de longues lignes droites à flanc de montagne. Ici, ça grimpe costaud (10% de moyenne).
- Ensuite, à deux tiers de la montée, une partie plus rectiligne, moins exigeante, qui doit tourner plus dans les 9% de moyenne, avec des replats à 4-5%, et même 100m plats.
- Et pour finir, quelques mini lacets très resserrés, qui grimpent très très fort, avec passages à plus de 15%, avant de déboucher sur un champs et terminer la ligne droite qui mène à un chalet/ferme.
Et de fait, ça monte réellement fort. Je me dis que ça monte plus fort que la Barillette... et après petit coup d'oeil au retour, de fait, la Baudichonne grimpe plus régulièrement, et plus fort, que la Barillette... mais au lieu de +12km sur la Barillette, il n'y a que 8km à monter pour la Baudichonne.
Hop, les premiers lacets passent. A noter que les deux lacets qui 'tournent à droite' proposent selon moi du 20% à la corde ! Et guère moins à l'extérieur, peut être 18% ?
C'est après ce premier virage à 20% que je tombe sur le 30x28. He oui... c'est aujourd'hui la première 'vraie' sortie du Scott carbone, après plusieurs mois de repos ! Et il est en triple. Et oh la la que c'est confortable, et que ça grimpe bien ! Légèreté, et fluidité en relançant, je me régale. Il faut aussi dire que je suis en position bien plus 'ramassée' sur lui que sur le Specialized alu, c'est idéal pour la montagne.
Donc je confirme, la chaussée est de très bonne qualité. Mais pouah, quelle humidité sur la route ! Et pleins de saletés, tombées avec les orages récents; brindilles, feuilles... faudra être prudent à la descente.
Puis après encore de longues minutes de pédalage, en enroulant aussi bien que je le peux, voilà que j'arrive à un endroit assez magique: "le P'titbard" / Le Lombard (altitude 1060m).
C'est un lieu vraiment spécial; loti juste en-dessous d'un lacet coriace qui grimpe fort fort à gauche, un mini bar a été installé; simplement une table et des bancs, installés sur une plateforme en bois où trônent les drapeaux suisse et du canton de Vaud, qui surplombe le lac Léman, le bassin du pays de Gex, et fait face au Mont Blanc, au Mont Salève, et plus loin à droite, à Genève. C'est mignon tout plein, et l'inscription sur le panneau indique "Ernest Luthi, 2003"... un p'tit coin de paradis érigé en souvenir d'un disparu ? Je ne sais pas, mais c'est un vrai coin spécial. A voir !
Les portions rares que je grimpe en danseuse me font plaisir... je trouve le vélo vraiment réactif, confortable... le top pour grimper du costaud comme aujourd'hui. Pas trop de danseuse quand même, car avec le pourcentage, l'humidité et les feuilles, la roue arrière a tendance à déraper un peu.
Pfiou qu'est-ce que je transpire quand même ! Faut dire que ça continue de grimper sérieusement. Puis voilà enfin la longue section plus rectiligne, et son pseudo "replat"... mon oeil, ouais !
Et la route sort enfin de la forêt ! Un champ défile sur ma gauche, avec une petite ferme au loin.le mini coup de replat.
Oh et... voilà un cyclo qui grimpe devant moi... il roule pas trop vite, faut dire qu'il a un vélo un peu vieillot... je le double vite fait et vais m'empaler direct sur les mini lacets qui suivent, une fois la route entrée de nouveau dans la forêt. Pouah que ça grimpe ici.
Il y a des volutes de vapeur, là où la lumière filtre à travers les feuillages... opposition fraîcheur/chaleur du soleil qui tape sur la route mouillée.
Barrières canadiennes à franchir à deux reprises (de mémoire), puis la route émerge des bois, pour de bon. C'est la ligne finale, vers le sommet, où trône une petite ferme avec vue IMPRENABLE sur le Mont Blanc et le Léman, dans le "V" formé par un vallon et des arbres. Que c'est beau par ce ciel bleu. Mais surtout... que ça grimpe fort ! Je pioche un peu, là.
Mais la route continue ensuite, je le savais. Ca redescend, puis ça remonte sec à plus de 15%. Puis ça redescend à nouveau, et ça remonte... des montagnes russes suisses qui cassent les jambes et le cardio. Cette route suit litéralement la frontière franco-suisse, marquée par de vieilles bornes en pierre, tout les 200m. Je ne suis en Suisse que pour 10 mètres, la route est alignée sur la frontière.
Puis j'arrive en descente (pentue) sur un plateau très isolé, c'est vraiment paisible, vert, et superbe.
Le Jura défini en trois mots.
Je franchis encore plusieurs barrières canadiennes, en tirant toujours tout droit lorsqu'il y a une petite intersection. Puis sur ma gauche, je note mentalement un chemin qui part dans les bois; je crois, sauf erreur de ma part, que c'est celui-ci qui mène à la route de la Faucille, pour qui aurait envie de porter le vélo sur 1km. Pas moi aujourd'hui.
Et rapidement, j'arrive au bout de la route, un peu le bout du monde, voilà encore une petite fermette.
Allez hop, une petite barre chocolatée pour reprendre des forces, et je fais demi-tour, pour me renquiller la grosse remontée, en plusieurs paliers, jusqu'à la Baudichonne. Sur ma gauche, on distingue bien la Dôle, je n'en ai jamais été aussi proche, de cette montagne, juchée de la 'boule blanche', les radars de l'aéroport de Genève.
Et en arrivant au sommet, je suis surpris de voir tout ce que j'avais raté jusqu'à présent; en montant, je ne m'étais ni retourné, ni rendu compte que le Mont Blanc me regardait comme ça, dans les yeux, de toute sa blancheur qui ressort fort contre le bleu du ciel. A couper le souffle.
Ça mérite la pause photo !
Bon allez, c'est pas tout ça, mais j'ai une longue descente et encore deux montées à m'enquiller, alors faut pas trop trainer, si je veux rentrer dans les temps.
Descente prudente car route vraiment pas très propre. Puis me voilà au 'Y' tout en bas, c'est parti pour la seconde grimpée.
2ème montée: la Barillette
Bon, celle-là reste la plus costaude de la journée. Les pourcentages moyens sont très légèrement en-dessous de ceux de la première montée, mais c'est quand même 4km plus long ! 12km a priori indigestes qui vont pas mal de passer finalement. Je suis vraiment content du Scott (vélo carbone) qui me rappelle ce que c'est que d'avoir un bon vélo typé 'sportif' plutôt que mon mulet un peu lourd, un peu mou (mais qui m'a rendu de fiers services depuis novembre !).
Je ne vous ferais pas l'injure de détailler cette montée. Si vous l'avez raté, le profil est disponible ici, j'en avais parlé avec précision très récemment.
Dégustez donc quelques photos en ma compagnie, plutôt !
Tiens, il y a deux cyclos en haut. C'est assez rare de voir du monde ici, surtout qu'en plus de ces deux-là, il y en a deux autres qui redescendaient alors que j'approchais du sommet.
Globalement, l'ascension s'est bien passée. La route n'est pas du tout humide, ce qui me surprend un peu, car on se trouve à même pas 1km de la Baudichonne, à vol d'oiseau ! Bon, j'ai mis a priori 7-8min de plus qu'il y a deux semaines lorsqu'on s'était un peu tirés la bourre avec Thomas.... mais les jambes sont bonnes, ça tourne comme il faut en montant à vitesse raisonnable.
Au sommet... c'est toujours aussi beau ! Point culminant de la journée, au-desssus des 1500m d'altitude.
Hop, je remets le kway pour la descente, et les lunettes de soleil pour protéger les yeux. Puis c'est parti !!! Descente prudente, mais sans pour autant mordre des freins à chaque virage... mon appréhension d'avoir des frayeurs en descente suite à ma chute d'il y a 12 jours n'est pas justifiée... je le 'sens' bien... aucun souci pour "rentrer l'épaule" dans chaque virage. Bref... la descente est belle, chouette, et vivement avalée.
Arrivé en bas, je prends la route de la vie de l'Etraz, passe devant le camping, et bientôt, me retrouve au pied de la dernière ascension du jour.
Là je me pose une question: il est environ 11h20... ai-je le temps de grimper, de retomber derrière, franchir la Faucille, descendre sur Gex et me rentrer à St Genis, tout ça en 1h40 max ? Je vais garder un oeil sur le cadran, on sait jamais... mais ça devrait le faire.
3ème montée: le col de la Combe Blanche ('col de la Vattay')
Celui-là, c'était mon col fétiche après le boulot, en soirée l'été dernier. Ca donne une belle boucle depuis la maison, une chouette grimpée exigeante et au calme, et en plus c'est 100% en forêt, le top quand il fait trop chaud.
Là, je vais partir tranquillou, car les jambes sont entamées.
Oh la la, l'état du bitume est vraiment déplorable ici. Et les jambes ne répondent clairement plus aussi bien !
Ici aussi, c'est une grimpette en trois parties. Ca grimpe fort pendant longtemps, puis plus haut il y aura une sorte de replat, pas très long ceci dit, avant un final pas trop méchant, à coup de petites montagnes russes.
Montée difficile, mais je ne souffre pas à proprement parler. Car le 30x28 me permet d'encore mouliner un peu, et de grimper à la vitesse où mon cardio se fixe 'naturellement'. Puis de fil en aiguille, voilà enfin le col de la Combe Blanche. Pas de pause ici, ni nulle-part d'ailleurs... j'ai peur d'arriver en retard à la maison... ça soulerait. Donc je file dans la descente.
La descente vers la route de la Faucille est rapidement avalée. La route n'est pas dans l'état déplorable que je craignais... et il n'y a plus de neige du tout. Top !
Une fois de retour sur la route de la Faucille, il me reste environ 4km pour arriver au col de la Faucille. Je mets les mains en bas du guidon... et je pousse fort sur les jambes. Le cardio s'affole un peu, mais je ne veux pas lâcher le morceau si facilement. Et enfin, voilà la Faucille et le Mont Blanc pile en face.
J'ai remis le k-way en roulant sur la section plate avant le col, pour pouvoir embrancher dans la belle descente. Je profite un peu du point de vue sur le Léman en contrebas... mais la descente est avalée rapidos.
Puis le retour se fera dans le même état d'esprit: A FOND. Via la longue ligne droite reliant directement Gex à St Genis Pouilly, via Chévry.
A la maison, j'arrive 25min en avance avant ma 'deadline'. Ouf. Et surtout... je ne suis pas cramé du tout ! Je suis fatigué, bien sur... mais les jambes reviennent. Je suis encore "dans les clous", en ce qui concerne ma préparation à l'Ardéchoise Vélo Marathon le 21 juin à venir.