7 juin 2014 - A l'assaut du massif des Bauges
168km en 9h03, D+ 3956m, coef 2,35
Météo: soleil, canicule
Le massif des Bauges, coincé entre Savoie, Haute Savoie et Isère, ressemble sur la carte à un losange, dont les angles peuvent être schématiquement matérialisés par Albertville, Annecy, Aix les Bains, et Montmélian au sud. Il est bordé au nord du lac d'Annecy, et à l'ouest du lac du Bourget.
Voilà un massif que je ne connais que peu: je n'y ait guère fait que 2 passages à vélo, les deux en 2012, en mode chasse aux cols dans le 74 avec Franco & David (lire ici) et via le Col de Tamié sur un beau parcours reliant mon domcile du pays de Gex aux premières pentes du col du Glandon, où j'avais litérallement explosé, sous la chaleur et la fatigue extrême (lire ici)... A chaque fois, à l'est de ce massif donc. Aujourd'hui, on l'attaque par l'ouest, et on ira en voir les extrêmités sud et nord... bref, on va voir le reste.
Aujourd'hui, c'est en compagnie de Vincent, plus vu depuis le BRM200 de début mars, que je m'attaque à une belle boucle dans ce massif, en mode découverte / chasse aux cols.
Le RDV est donné à 7h du matin sur l'esplanade du lac du Bourget, à Aix les Bains. Nous arrivons chacun avec le vélo dans le coffre. Ni une, ni deux, les vélos et les bonhommes sont prêts et c'est parti; on suit la trace qui nous mène droit dans les premières pentes acérées du Mont Revard.
Faut partir doucement et en garder sous le pied, car le plat servi aujourd'hui est gargatuesque. Mais globalement, les ascensions n'étant que rarement pentues, et les montées, rarement trop longues, c'est vraiment une étape à rouler en endurance en moyenne montagne... théoriquement, les exercices récent dans le Jura et sur le Grand Colombier doivent m'y avoir bien préparé.

Il faut un peu 'naviguer' dans Aix les Bains pour s'en extraire, puisque ni Vincent, ni moi, ne connaissons le coin. Puis rapidement, nous en sortons, pour attaquer l'ascension du Mont Revard via Trévegnin, c'est à dire 21,2km d'ascension pour 1282m de dénivelé en tout... certes, une très longue montée, mais pas trop exigeante puisqu'elle ne fait "que" 6% de moyenne.
Mais bien sur, nous avons prévu de rouler à vitesse 'cyclotouriste' aujourd'hui, pour être surs de pouvoir aller jusqu'au bout de notre boucle, ce surtout qu'il risque de faire très chaud.
En discutant, on se fait doubler par un cyclo qui nous salue en passant à fond... en fait, il plafonnera à 500m devant, et on arrivera peu après lui au sommet, où il nous prendra en photo... c'est un peu notre photographe attitré quoi.
La pente est, de fait vraiment gentille. Autant, à la base on a eu un bout à 9%, autant après, une fois qu'on a pris le rythme, tout se passe pour le mieux. Bientôt nous voilà au niveau du col de la Clusaz (altitude 1184m), juste avant que la route n'émerge de la forêt, donnant sur de jolis alpages.
Encore quelques bornes d'effort, et nous voilà à l'embranchement vers le sommet du Revard, où nous partons en aller-retour. Tant pis pour les gravillons qui recouvrent la route et collent aux pneus, on profite du moment.
Et voilà, 2h02 de pédalage depuis l'esplanade du lac du Bourget; nous sommes sur le toit du monde, au Mont Revard. Et le panorama est à couper le souffle !
Puisqu'on est là, on va aller faire les deux petites boucles sur le sommet, dont la bien-nommée boucle de Bellevue, qui nous emmènent respectivement au Golet de la Pierre (altitude 1508m) puis au Golet du Taisson (altitude 1487m).
Puis il est temps de redescendre sur la D913 en contrebas, pour amorcer notre descente sur la station de la Feclaz... sur une route au revêtement vraiment exécrable. La descente est vraiment soûlante dans ces conditions... une fois le Pas du Rébollion (altitude 1420m) franchi, nous voilà la Feclaz.
Vincent m'indique qu'il va chercher à remplir ses bidons pendant que je ferais l'aller-retour pour aller chercher le col suivant, qui se trouve un kilomètre plus loin environ, sur une mini route forestière en 'impasse'. Une fois arrivé au Passage du Croc (altitude 1413m), demi-tour et de retrouve Vincent, remplis mes bidons vite fait, et nous poursuivons notre descente.
Pas bien longue, la descente, puisque nous allons rapidement tourner à gauche sur la D912 pour aller prendre la pancarte du col de Plainpalais (altitude 1173m) en photo. Pause technique, bout à manger, et hop se coup-là on va s'avaler des kilomètres et des kilomètres de descente très roulante, pour retomber sur St Jean d'Arvey, dans la vallée.
Pfiou, qu'il fait chaud en vallée. On est dejà bien au-delà des 25°. Vincent crois à une courte bosse à passer en force, il accélère et fait monter mon cardio dans les tours... 170BPM, ce sera le max enregistré aujourd'hui... à vouloir m'accrocher à lui... C'est vrai que ça faisait plus d'un an que je roulais sans données cardio, et aujourd'hui j'y ai vraiment (re)trouvé l'intérêt... on en reparlera plus tard dans le col du Frêne ou le Semnoz !
Nous sommes dans la longue ascension, très irrégulière, à coup de montées-descentes, vers le col du Marocaz. Nous délaissons le col des Prés sur notre gauche, pour filer un moment vers le lac de la Thuile. La D11 qui nous mène sur les contreforts des Bauges est très calme. On profite de la vue: vallée sur la droite, montagne et sommets sur la gauche.
La montée est en pente douce. malheureusement en plein cagnard... il commence à faire vraiment chaud. En fond de combe, la route prend un virage à 180°, monte un peu plus fort, mais entre dans la forêt... c'est donc à l'ombre que nous atteignons le col du Marocaz (altitude 958m).
Le sandwich avalé, c'est la descente qu'il nous reste à avaler. Prudemment... ça descend fort. Voilà une montée qui doit être superbe dans le sens contraire... car c'est bien irrégulier, bien exigeant, avec beaucoup de lacets et une vue superbe sur la vallée. Seulement... pas à grimper sous le cagnard qui tape actuellement. Tout ce que Vincent & moi avons en tête, là, c'est la grimpée suivante, réputée exigeante, et à laquelle nous allons nous confronter sous le soleil de midi. Attention, ça va chauffer sous la cocotte.
Après avoir rempli les bidons d'eau fraiche à une fontaine à Cruet, au pied de la descente du Marocaz, les 9km en vallée qui nous séparent de St Pierre d'Albigny, où débutera le début de l'ascension du col du Frêne, sont avalés facilement. Non pas que l'on roule vite - il fait trop chaud pour ça - mais c'est principalement en faux plat descendant. Ceci dit... le compteur du vélo indique 32°... je me fais du souci pour la montée. Et justement, là voilà. Col du Frêne, 12km de montée. Il n'y a pas un brin d'air, ça sent fort le bitume, qui ne doit pas être loin de fondre par endroits... le soleil écrase tout sous son passage.
Vincent me donnant l'impression d'avoir un coup de mou, je pense faire la montée à mon rythme. Voyants au vert: les jambes tournent sans souci, la pente est facile, et le cardio tourne bas, entre 150 et 160BPM... dire qu'il y a 2 ans, je tournais à 163BPM sur 100km et j'étais cuit ! Là, c'est tout confort... en dehors de cette chaleur pas possible. Vincent décroche tout doucement, moi je mouline en mode longue distance, pour ne pas me faire sauter le carafon.
Le raisonnement est simple: si je roule en attaquant la pente, le cardio va monter et la chaleur du corps va monter en flèche; je vais me déshydrater et je paierais très cher cet effort. Donc je privilégie une montée assis en selle, en moulinant, en ajoutant une ou deux dents dès que le pourcentage prend du grade. Vincent me rattrape assez vite, puis nous ferons les 3/4 de la montée ensemble jusqu'au col du Frêne (altitude 950m).
On REVE d'une fontaine pour nous abreuver d'eau fraiche de montagne... mais rien au niveau du col, nid du patelin d'en-dessous... il nous faudra encore poursuivre notre descente plein nord, avant de trouver de quoi nous rafraichir
Un petit coup de crème solaire plus loin, et c'est reparti; on cherche un coin à l'ombre pour manger, mais on ne trouvera aucun coin sympa... avant longtemps. D'abord de traverser le village au nom terrible de "Ecole", puis la montée sur le Chatelard, la descente sur Lescheraines... on finit par s'arrêter, de lassitude de chercher un coin 'sympa', entre les deux premiers lacets du tout début de l'ascension du col de Leschaux.
Miam, un bout de sandwich saucisson-fromage, ça remettrait même un mort sur pied. J'avale un snickers, qui m'assurera une bonne glycémie immédiatement... je bois et re-bois... il ne faut pas plaisanter aujourd'hui, la déshydratation nous guette au tournant.
Vincent ne semble avoir aucune hésitation; il fait une croix sur son 'raccourci' qui lui aurait épargné le Semnoz en cas de gros coup de bambou... il est donc chaud pour un dessert en terrasse avec moi. Chouette.
La montée vers Leschaux est facile... très roulante. Alors OK il n'y a que peu d'ombre... mais au bout d'un moment je peux même remettre le plateau du milieu... c'est dire si c'est roulant.
Vincent monte derrière à son rythme... je fais la pause à une fontaine à l'entrée de Leschaux. Dernier remplissage de bidons avant de se mettre à table pour un Semnoz à la chantilly. Non sans passer au col de Leschaux (altitude 897m).
Tourner à gauche, remettre sur le 'petit (plateau de 30), puis hop on mouline jusqu'à environ 1660m d'altitude où culmine la route du Semnoz !
Je pense qu'on a un accord tacite avec Vincent que chacun montera à sa vitesse... pour se revoir en haut... il faut dire que 13 bornes de montée, sous un cagnard comme ça, à ce stade de la sortie, ça peut être dur... mieux vaut que chacun gère son effort à sa manière. Je pars au devant dès le pied, de toutes façons je sais que le profil 'grimpeur' de Vincent lui permettra de bien gérer son affaire.
En attendant, je gère moi mon affaire à ma manière. Et ma manière, surtout quand il fait si chaud, et après plus de 120 bornes de routes de moyenne montagne, c'est le moulinage. J'ai la mouline-attitude, et ça me convient bien. Un coup de bidon dans le gosier, un autre sur la tête pour faire retomber la température. Un ptit coup d'oeil en arrière... je peux plus voir Vincent... même sur une longue ligne droite... zut, il a du exploser le pauvre.
Au bout de peut être 9km, la route perd du gradient... sur du 4-5%, je peux même favoriser le 39x25 plutôt que le 30x23. Les jambes tournent bien... tout roule... en dehors de ce gros nuage de mouches dégueu qui me suivent comme mon ombre. Puis au panneau 'sommet à 4km', la route grimpe plus fort, et ce jusqu'au sommet, ou presque, et l'effort s'en ressent... là, je sens que je rame un peu. Je ne suis pas explosé, les jambes et le cardio tiennent bien, mais... seulement en roulant à faible vitesse. Je continue donc comme ça en mode gestion, à un p'tit rythme cyclotouriste... un peu comme au cours de toute la journée finalement.
Puis la route se rétrécit... grimpe encore un peu plus fort, replate... irrégulière la coquine. Puis sort des bois; en face de moi, la dernière taupinière qu'il me faudra grimper pour me hisser au sommet. Le Mont Semnoz, mesdames et messieurs.
Sauf que... ahah... le long lacet au milieu duquel se trouve le panneau 'sommet 1km'... me semble bien long ! Ouh la la que je rame !!! Et tiens, d'ailleurs... l'ami Vincent a bien mené sa barque, il est là, en dessous... pas loin.
Nickel. Je l'attends 4 petites minutes au sommet, soit des broutilles... bon alors comme d'hab' il me dit qu'il a la gerbe et tout et tout... mais c'est du foin ça, on s'en fout, on est sur le toit du monde pour la seconde fois aujourd'hui ! Bravo "Velocipède38"... chapea, gars ! ...maintenant... c'est comme si on était arrivés puisqu'il nous reste environ 40 bornes, mais principalement de la descente ou du faux plat très roulant...
On commence par la descente rapide, technique, du Semnoz. Pwouah, ça descend fort... y'a beaucoup de 9-10%.... ça explique que les coureurs du Tour de France 2013 soient montés par là... A Quintal, on tourne à gauche. Filons sur "Viuz la Chiésaz" pour y faire la dernière pause du jour, au cimetière pour remplir les gourdes, partager un bout de sandwich...
...oh et voilà-t-y-pas le Vélogessien, groupe de 8-9 costauds à l'oeil, qui filent bon train en faux plat montant !!! Je leur crie allez hop hop hop en les voyant passer... mais je n'attends pas qu'ils s'arrêtent me saluer... à leur vitesse, il leur faut 500m pour s'arrêter ahah :) Et j'apprendrais via le blog qu'ils ont fait une boucle vaguement similaire à nous... en sens inverse. Quant à nous... il n'y a plus qu'à passer sur le pont de l'Abîme, remonter à Cusy, et guetter la route qui part à gauche vers le dernier col du jour... un mini col-ounet ç'ui là.
Une petite colline abordée à la cool, pas la peine de se cramer alors qu'on se sait quasi arrivés. Et de fait, le col du Goléron (altitude 643m) est fastoche... sauf qu'après, j'ai réservé à Vincent la surprise d'une p'tit mur à 10% qui casse bien, sur une route de campagne après le hameau du Goléron :)
Retour à la civilisation, et ses hordes de motards enragés, à l'entrée d'Aix les Bains. On double les voitures qui s'empilent à proximité de l'esplanade du lac... faut dire qu'ils sont empotés ces baigneurs ! Puis voilà, c'est fini.
Conclusions:
- Cette première longue découverte de Bauges m'a beaucoup parlé... pourcentages abordables, mais grosse chaleur et routes en mauvais état global.
- Bravo à Vincent... tu as super bien récupéré de ta blessure cet hiver !
- 10 nouveaux cols franchis, je porte mon total auprès du Club des Cent Cols à 383 cols.
- Prudence à vous tous, cyclos qui roulez dans ces conditions de canicule... il faut VRAIMENT se protéger, et boire tout ce qu'on peut.
- Vincent raconte sa version des événements... ici.