16 novembre 2014 - La Combe des Amburnex
143km en 5h45, D+ 1864m, coef 1,3 (moyenne roulée: 24,9km/h)
Météo: grisaille, froid, gros vent de sud-ouest
La Combe des Amburnex est au pied du Mont Tendre, plus haut sommet du Jura Suisse. C’est un lieu très froid puisque les températures tombent souvent à -40°C l’hiver au fond de la combe. Il s’agit d’un phénomène connu et qui a ses passionnés qui scrutent les meilleurs trous à froid.
Suite à mon raid solo dans le Jura il y a deux semaines, Bastien m'avait parlé (en commentant sur l'article) de la Combe des Amburnex, un lieu extrêmement isolé, et superbe, à le lire, qui se situe à proximité directe du col du Marchairuz, dans le Jura suisse (canton de Vaud). Didier avait aussi ajouté "il te suffit de suivre l'itinéraire vélo flêché numéro 7".
Je m'étais dit, tiens, voilà un coin à découvrir absolument en 2015. Et puis est arrivé ce dimanche. Pas de parcours vélo réellement réfléchi à l'avance, mais malgré la météo qui annonce du froid et surtout, de la pluie dans l'après-midi, j'ai une grosse envie de rouler, et l'occasion aussi. Alors go, on y va et je vais tenter de me hisser là-haut.
Le seul truc que je n'avais pas vu niveau météo, c'est le gros vent de sud-ouest qui est annoncé pendant toute la journée.
Mais ça, c'est pour plus tard...
Départ tardif, après 9h. Le début du parcours c'est du super classique: Prégnin, bosse de Viry, Cessy, Tutegny, Grilly, Divonne les Bains, Crassier. Me voilà en Suisse. A gauche, un bout de montée sous la Rippe, puis j'enchaine à travers champs sur Gingins, Chéserex, Trélex, un coup de montée encore et voilà Genolier. Tout ça ressemble comme deux gouttes d'eau au début du parcours du week end dernier. Sauf que je ne fais pas de boucle à gauche; je reste sur la route principale qui part sur la gauche, la route de St George. Des gouttes d'eau, parlons-en ; la plupart des routes empruntées, surtout à partir de maintenant, seront quelque part entre mouillées et détrempées...
Là, ça monte dejà bien. Longues boucles en montée à travers champs, et voilà Bassins.
Je suis bluffé par la clarté/pureté de l'air aujourd'hui; on voit réellement très loin... jusqu'à l'autre bout du Léman, et les sommets enneigés !
Je pensais devoir continuer sur Marchissy pour trouver l'embranchement de la route forestière qui m'emmènera à la Combe des Amburnex, mais que nenni; le parcours fléché n°7 pour les vélos est ici, indiqué au centre de Bassins. Il faut prendre tout droit dans la pente. Je repense à ce que m'avait dit Didier, et je décide de suivre cet itinéraire plutôt que de sortir le GPS de la poche et de comparer ça avec la trace que j'ai entrée dedans.
Rapidement, la pente devient plus coriace. Laissons d'abord cette ferme et ballots de foin sur la droite, et poursuivons jusqu'au cœur d'un petit lotissement. La route se rétrécit; un panneau sur le bord indique qu'elle n'est pas déneigée l'hiver, et qu'elle est interdite en dehors de la période avril-décembre.
Voilà une très jolie route forestière ! Quel pied. Me voilà après une première épingle à gauche au cœur du Bois au Ministre. Ça monte assez régulièrement, probablement aux alentours des 8%. Il y a beaucoup d'humidité dans l'air, et sur la route. La forêt a clairement passé l'étape de la chute des feuilles; les couleurs sont magnifiques. Voilà bientôt une clairière sur ma gauche - la route entre de nouveau dans les arbres avant de ressortir sur une nouvelle très grande clairière. La route replate 200m, toute droite. Sur ma gauche, un très grand chalet d'altitude au loin.
Puis la route s'oriente de nouveau sur la droite pour repartir en pourcentage, dans la forêt, avec un nouveau grand chalet sur la droite immédiatement à proximité de la route.
Un coin magique, cette clairière !
Encore une belle portion dans la forêt, avec des gros tas de billes de bois à droite de la chaussée. De nouveau, une clairière à droite. Puis de retour dans le Bois du Ministre, la route va se cabrer subitement, avec 700m de pentes sévères, dont un passage de 200m bien au-delà des 13%.
Puis d'un seul coup, encore une barrière canadienne (avec un BBQ semble-t-il public sur la gauche, avec une grille pour la viande (only in Switzerland...), à côté d'un petit parking où l'on ne pourrait guère garer plus de 2 voitures). t ça y est, la route replate vraiment. Je suis arrivé sur le plateau, à l'une des extrémités de la Combe des Amburnex. Ça souffle fort depuis l'ouest, mais en tournant à 90° sur ma droite, j'ai maintenant ce vent soutenu dans le dos. Nickel. Ça avance tout seul, en faux-plat montant.
En dehors d'une voiture qui m'a doublé à mi-ascension, d'un couple de marcheurs avant de tourner à droite, et d'un marcheur solitaire, ici à proximité d'une grande, vieille, bâtisse en pierres, je n'aurais vu personne en 1h.
OVERDOSE de photos magiques !
Pas mal, non ???
Vidéo embarquée
Je ne pensais pas que la combe était si rectiligne ! Ni qu'elle était si longue. Ce moment au paradis jurassien durera un bon petit moment; des sections très roulantes, intercalées entre une ou deux petites remontées douces, et peu longues.
Je ne suis pas surpris que cette zone soit réputée comme glaciale... même aujourd'hui, où il fait froid mais pas glacial 'en bas' à 500-600m d'altitude, ici au-delà des 1200m il fait TRES froid. Malgré l'effort. C'est dire ! Au ressenti, je pense qu'il fait 3- petits degrés.
Encore un petit bout de remontée douce, et c'est une loooongue descente en faux-plat qui m'attend. Que c'est beau. Un endroit si calme, si reculé. On peut aisément imaginer que pas plus d'une dizaine de voitures seront passées ici de toute la journée. Grand max.
Je perds le fil... tout se ressemble là-haut ! Des arbres, des prairies, du vent, du froid, et un grand calme. Bientôt, dernier mini coup de cul et voilà que la jonction est effectuée avec la route reliant le Brassus avec le col du Marchairuz.
Petit aparté: les lunettes aux verres 'jaunes' achetées pour la modique somme de 4.99€ dans une enseigne connue m'ont emballé !!!
Style = 0. Mais niveau augmentation de luminosité et vue des détails de la route en zones sombres, c'est vraiment un beau 10/10 ! Toute la journée, j'ai profité de ce magnifique filtre, mieux qu'Instagram, pour admirer les teintes des arbres, et ne rien rater des obstacles sur la chaussée. Au top. Ca sera un gros allié pour les BRM400 et autres sorties nocturnes en 2015 ! Merci à la Team GS pour leurs conseils il y a environ un an
La jonction se fait juste en-dessous du dernier lacet avant le col ; il doit rester un maximum de 1,5km avant d'arriver là-haut. D'abord un bout pentu avant le lacet à droite, puis la longue ligne droite qui m'emmène au panneau du col. Non sans avoir observé sur ma gauche avant le lacet les sommets enneigés; la neige doit être à environ 1600m.
Je quitte le coupe-vent sans manches, et le remplace par la veste thermique. Le buff remonté sur le nez version 'bandit' et hop, c'est parti dans la descente. Je vais filer jusqu'au village de BIère (sans passer devant les casernes militaires), où se trouve la fin de la vraie descente; mais il y a encore pas mal de différence entre l'altitude de Bière et celle du lac Léman en contrebas; je vais maintenant osciller un peu à mi-altitude pendant une petite dizaine de bornes.
A Bière, je tourne à gauche. Encore un bout de descente, avant de replater. Je retrouve une route qui m'avait beaucoup plu, direction Apples, à l'occasion de mon premier raid solo cette saison, pour mon dodecaudax de février 2014.
A droite à Apples, puis à gauche au centre de Bussy-Chardonney, au coeur des vignes, dont les feuilles sont teintées de jaune et de rouge. Juste après; encore à droite. J'essaie de me rapprocher du superbe château de Vufflens, mais la route ne m'y mène pas facilement ! Zut, je passe trop au nord, et la route descend sur Morges. Au sommet de Morges, petit aller-retour sur un chemin vicinal avant d'arriver au bout; ça devient un chemin de cailloux, impossible pour moi d'aller plus loin. Demi-tour, et je finis ma descente sur Morges.
A Morges, je tourne au gros rond-point à droite et ça remonte illico. Encore un coup à droite et ça part sur la montée de Chigny. J'ai trop chaud avec ma veste thermique, il faudra la retirer plus loin !
Puis enfin, voilà le château de Vufflens. Grosse pensée pour Antoinette à cette occasion, nous avions roulé ensemble en 2012 devant ce même château. Je me paume un peu dans le village juste derrière, rajoutant une mini boucle pour rien, avant d'enfin retrouver le parcours cyclo n°63 (ou est-ce 73 ?... la mémoire me fait défaut !) direction Rolle. Rolle, indiquée à... 15km.
Et c'est là que le vent me met un gros coup dans le nez. Pouah que ça souffle fort. Immédiatement, je réalise que ce vent, je vais me le coltiner jusqu'à la maison, puisque St Genis Pouilly (où j'habite) se situe à l’extrémité ouest de mon parcours. Pouah que ça va être long.... compter 55km à lutter contre cet ennemi invisible, qui va m'en faire baver comme rarement.
Denens, Lavigny, encore une bosse d'1km à grimper, j'ai mal aux guibolles et j'avance que dalle. Dur dur, dans la tête. Puis voilà une courte descente avant la remontée sur Aubonne ! Un coin joli, mais la montée me pique les jambes. Au sommet, le village; je fais une courte pause à proximité des halles, pour remplir un bidon d'eau à la fontaine du coin. Puis c'est reparti.
Arrivée à Aubonne
C'est dans les 40min à venir que j'aurais le plus de mal à lutter contre le vent. Même en descente à travers les vignes, il faut sans arrêt remettre des dents derrière pour mouliner encore un peu plus. C'est insupportable, ce vent est en train de me mettre le moral dans les chaussettes. Et puis voilà qu'il se met à pleuvoir en plus... grrrr...
Courte pause à proximité de Féchy pour manger une compote et retirer la veste thermique. Puis je retombe sur Rolle via Perroy. Me voilà au bout du lac, encore environ 40 bornes avant la maison. C'est parti... va falloir s'accrocher.
Hallucinant, je n'arrive pas à rester sur le gros plateau... je me surprends presque, de temps en temps, en réalisant que même si je suis sur du plat, sur des sections où je roule d'habitude à 30km/h voir plus... et qu'aujourd'hui j'ère sur le plateau de 34 !!! Argh... que c'est dur.
Après Prangins, voici Nyon !
Allez, faut s'accrocher ! Mais les jambes n'ont plus rien... je me suis grillé à force de lutter contre ce traître ennemi. Vers Versoix, j'ai l'impression que le vent retombe un peu en intensité. Ou alors en suis-je mieux abrité, par les maisons, la pente sur la droite ?
Et voila Genève... enfin. Je tourne à droite pour grimper le mur de Chambésy.
Puis comme souvent, je file via l'aéroport sur Ferney Voltaire, où je retrouve le sol français. Illico à gauche, et de nouveau... ce foutu vent. Argh... j'en peux plus ! Passage vers Prevessin Moens, puis la dernière montée jusqu'au feu, pas loin du rond point qui marque l'entrée de St Genis... ouffffff c'est fini.