22 mars 2015 - Jura dantesque
134.7km en 5h55, D+ 2902m, coef 2.15
Météo: conditions de folie...
Le week end dernier, c'était le déclic; les routes de moyenne montagne sont dégagées en grande partie, on peut de nouveau prévoir des boucles dans le Jura. Et puis zut quoi, c'est le printemps, en plus. Alors zou, je ressors ma boucle de mars, toujours en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre. Départ matinal pour rentrer assez tôt, et avoir le temps d'aller voter, et de passer une fin d'aprem tranquillou en famille. Je me suis tracé un p'tit parcours tiré de derrière les fagots, pour passer par mes coins favoris, Giron, la Pesse, et Septmoncel.
En fin de semaine, Yann m'indique qu'on pourrait faire un bout ensemble... alors go, on a chacun prévu une boucle de 120 bornes, avec au moins 45km en commun. Le RDV aura lieu au km55 environ, pour tous les deux.
Si vous tombez sur Météo France dans la rue, mettez lui des baffes de ma part. Ils avaient annoncé soleil, pas de vent, douceur dans l'après-midi. J'aurais à peu près exactement l'opposé: hallucinant !
Ça commence par un gros vent tourbillonnant, dès la sortie de la cave alors que j'enfourche le Specialized. Zut, j'ai horreur du vent. Mais bon... on va en profiter, car il a une tendance d'est, donc pour le moment je l'ai principalement dans le dos. Je longe tout le Jura, direction Bellegarde, non sans passer par quelques 'coups de cul' à St Jean de Gonville et Péron. Plus loin, passage à Farges et Collonges... où nous cherchons actuellement un terrain à construire. Puis ça redescend sous le fort l'Ecluse, avant de remonter via Longeray et Léaz. Pause au pied de la côte de Confort/Metral; tout juste 27km en 1h de pédalage. C'est parti sur de bonnes bases. Comme souvent, j'enlève la veste thermique et la met dans le sac, puis c'est parti sur cette côte assez sérieuse, qui débute par un mur à 16-17%.
Puis l'environnement change de tout au tout en quelques minutes. Sur ma droite (direction le bassin genevois et la maison) c'est très gris, des nuages qui pourraient se transformer en pluie. Sur ma gauche, le Jura: ciel dégagé et bleu. Mais le plus gros changement à noter ici... c'est le vent. Un vent à vous foutre par terre, littéralement. Il faut être super prudent, et surtout... rouler tout à gauche... même sur les portions en faux plat à 2-3%, je bloque à 7km/h, avec le cardio qui s'affole... que c'est usant. Heureusement, c'est une toute petite route; je ne croiserais pas une seule âme qui vive en 18'27 de montée.... très, très loin de mes meilleurs temps sur cette côte. Le vent est purement hallucinant, notamment sur le haut; Il faut agripper le guidon, tenter de tenir à peu près la droite de la chaussée, mais je fais de gros écarts.
La descente sera prudente... elle aussi, ralentie par le vent... mais globalement, ça va. Puis en remontant vers Confort, de nouveau, je dois lutter à 10km/h sur des portions qui doivent passer au moins deux fois plus vite. C'est dur mentalement.
J'entends le portable sonner dans mon sac à dos, mais je n'ai pas le courage de m'arrêter à ce moment là... un instant, je me dis que ça doit être Yann qui m'annonce qu'avec ce vent, il fait demi-tour pour se remettre au chaud...?
Puis voilà la descente vers le pont qui enjambe la Valserine, au fond de ce grand canyon... et la remontée sur Montanges ; ici, le vent n'est pas si mauvais.
Après Montanges, c'est théoriquement bien roulant... le vent semble un peu se calmer... en tout cas, c'est rien par rapport à en bas. Puis j'approche de Champfromier; au rond-point, je distingue Yann qui m'attend, en arrivant. Il est redescendu de cette belle côte, alors que nous devions nous attendre à Giron, de l'autre côté.
C'est tant mieux, on 'gagne' du temps à deux ; c'est parti dans cette montée, juste inférieure à 6km. Un coin absolument magnifique, et très calme. On discute, mais ça grimpe bien quand même. Evidemment, Yann tient une super forme... moi par moments j'ai plus de mal à parler, avec le cardio à 87% !
Au sommet, voilà le petit tunnel, et ça retombe ensuite directement sur Giron, après environ 2 bornes. J'ai remis les gants depuis la montée, c'est que ça pince !
Mini pause à Giron, Yann mange un bout, puis on repart... non pas direction la Pesse, car la route est fermée (zut, j'adooooore ce coin... mais bon, là c'est une piste de ski de fond, en fait !!!) mais direction Belleydoux. Brrrr que ça caille dans la descente. Puis on remonte de l'autre côté du vallon, et voilà Belleydoux. Plus loin, on prend un peu de vent de face, mais... rien par rapport à tout à l'heure. OUF. Bizarre, mais dans le Haut Jura, le vent n'a vraiment rien à voir. Et c'est tant mieux.
Long faux plat montant jusqu'au Désertin, où nous tournons sec à droite. Encore un très long bout de montée, en pleine forêt (encore largement enneigée) nous attend. Les jambes commencent à fatiguer légèrement, mais notre rythme commun me convient à merveille. On a le temps de bien discuter, c'est très sympa tout ça... et ça avance à rythme correct. Mais il fait aussi bien froid, la température a chuté. 2° au compteur, un peu de vent de côté, et le ciel se charge de nuages blancs.
Dommage, Météo France s'est définitivement trompé sur cette journée qui se devait être au grand bleu.
Encore des portions casse-pattes, ça monte et ça redescend... et bientôt, voilà le col de sur la Semine (altitude 1150m)... je n'étais passé ici qu'une fois à ce jour. Dejà 2002m de dénivelé cumulé d'engloutis, et c'est pas encore fini.
Plus loin, j'observe sans m'arrêter 3 équipes de chiens de traîneaux... et je souris en pensant à la course de 'mushing' (chien de traineaux) de l'Iditarod, en Alaska, qui est sur le point de se terminer justement... la course la plus réputée au monde... où les participants doivent lutter contre les éléments... le froid... des vents hallucinants... je me dis qu'aujourd'hui dans le Jura on a déjà à se battre contre des éléments difficiles.
Puis voilà la route de Giron à droite, celle d'où on aurait du arriver tout à l'heure... si elle n'avait pas été fermée. Nous voilà à la Pesse... derrière, ça va replater légèrement, et on traverse quelques patés de maison avant de prendre à droite, où nous suivons la D25, qui passe à proximité du lac de l'Embouteilleux. Puis nous franchissons de petites gorges, avant de ressortir face aux éléments... il fait maintenant -2°. Brrrr.... en arrivant aux Moussières, je fais une micro pause pour remettre la veste thermique... avec deux petites couches seulement, je caillais en descente.
Avant d'enquiller un bout de descente jusqu'au superbe point de vue de la Cernaise, d'où on voit Septmoncel, Saint Claude, le chapeau de gendarme, et j'en passe, et des meilleures, avec un panorama fantastique à 180°, je rigole en indiquant à Yann qu'il neige 2-3 flocons...
Le reste de la descente sur la route de Septmoncel est vraiment glaçante, j'ai du mal à me chauffer. Puis on repart en montée illico, direction Septmoncel et Lajoux. Yann va me faire découvrir une petite boucle sous Septmoncel pour éviter la route principale (voir le batiment blanc sur la photo ci-dessus), j'en profite pour remplir un bidon à une fontaine. Puis c'est reparti, le rythme est toujours pas mal du tout, le vent s'est calmé.
La météo nous avait laissé tranquilles quelques temps, mais là... c'est le ciel qui nous tombe sur la tête. La neige recommence à tomber..... et pas qu'un peu, là ça neige vraiment ! Je verrais même plus tard qu'elle tient dans les arbres, et qu'elle recouvre l'herbe d'une très fine pellicule blanche. Tiens, tiens... ça me rappelle une autre session de pédalage avec Yann également... à Septmoncel également..........
...... sous la neige, également (en 2013) ! (lire ici).
Ça roule bien, les sensations sont assez bonnes... mais peu à peu, Yann monte dans les tours... je serre les dents, le cardio grimpe.... jusqu'à 93% de ma FMAX... et là, j'explose. J'indique à Yann que je le récupérerais au sommet... et immédiatement, je lâche le rythme, perd sa roue, et le voit partir au-devant... irrémédiablement. Le trou est fait rapidement, et je terminerais en solo, pendant 5 minutes environ
Au sommet, avant Lajoux, il n'y a plus trace du vélo géant, qui avait été posé pour le passage du Tour de France... par contre, un panneau de col a été installé... un col non répertorié, d'ailleurs. Je récupère Yann peu avant l'intersection avec la route de Prémanon... il m'indique qu'il va couper court... la neige redouble, elle tombe maintenant par gros flocons... -1° au compteur... il file à gauche alors que moi je continue tout droit.
Il me reste à franchir la mini bosse de Lajoux, et la grosse bosse de Mijoux à la Faucille. aie aie aie.
Il neige toujours en retombant sur Mijoux... d'ici; il reste la remontée sur la route de la Faucille... jamais facile, je la trouve toujours dure mentalement... on attend avec impatience que l'épingle qui tourne à droite se dévoile enfin à nos yeux, elle annonce l'approche finale de la route de la Faucille, où la route replate. Mais non de non, ça n'arrive pas !!! Et il continue de neiger, ça tient sur ma veste, maintenant. Incroyable.
J'y aurais jamais cru. Est-ce que je regrette d'être là....? Pas une seconde :)
Je n'avance pas bien vite, là c'est un peu le mental qui flanche, j'ai pas chaud, et surtout, je sais que les 12km de descente de la Faucille à Gex vont être caillants. Sinon, les jambes sont bien usées, mais pas complètement cramées.
Puis ennnnnfin, voilà le lacet à droite. Puis la route de la Faucille... j'ai du mal à remettre du rythme, j'avoue... alors je pédale tranquillou jusqu'au col de la Faucille (altitude 1320m), queje franchis sans faire de pause, je remets simplement les lunettes, qui avaient trop de buée dans la montée, et j'enchaîne sur la descente.
Doucement, la neige se calme... mais à hauteur de 1100m d'altitude, GROS BROUILLARD. Punaise, je les aurais toutes eues, aujourd'hui !
J'ai les pieds trempés, désormais, il pleut. La limite pluie / neige semble se trouver entre 600-700m d'altitude. Puis voilà Gex... j'y arrive transi de froid, je ne sens plus du tout mes doigts de pied, ni mes mains. La neige m'a cinglé le visage pendant la descente, j'en ai plein le dos de tout ça !!! Argh... conditions difficiles :)
De Gex à Cessy, je pédale à très haute fréquence, en emmenant un petit braquet... les muscles refroidis sont durs, donc les contraintes sur les tendons et ligaments sont plus importantes... attention à la blessure. Puis ça permet au sang de circuler.
A Cessy, je prends à droite direction Véraz. Puis avec un brin de vent dans le dos, et la pluie qui se calme, je file à fond, mains en bas du guidon et regard sur la chaussée, pour rentrer à la maison en donnant tout ce qu'il restait dans les chaussettes.