17 mai 2016 - Vous avez dit Chapelle Mijoux ?
232km en 8h26, D+ 2389m, coef 1.02
Météo: frais (14° de moyenne sur la journée), nuageux le matin, soleil qui se découvre dans l'après midi... j'ai quand même fini avec de sacrés coups de soleil !
Chapelle Mijoux... ça ne vous dit probablement rien !
Moi, si ! C'est un hameau situé à proximité de Pontarlier et la Cluse et Mijoux, dans le Doubs.
"So what ?", me direz-vous ?
He bien, étant gamin, j'y ai passé plusieurs vacances d'été, dans une vieille ferme qu'avait ma famille côté paternel. Trois frères, des vélos, une route forestière en cul-de-sac... il n'en fallait pas plus pour lancer des chronométrages à tout-va... et dans un sens, c'est ici que se trouvent mes débuts cyclistes.
Aujourd'hui, j'ai simplement pour objectif de retourner pédaler sur ces 2km séparant la route nationale en contrebas du hameau jusqu'à la 'clairière' au sommet, marquant la fin du bitume.
A vrai dire, j'étais déjà passé à Chapelle Mijoux au départ de mon lieu de résidence actuel il y a deux ans, avec Didier. Mais étant sur un long raid, et avec Didier, je n'avais pas voulu que l'on perde de temps, nous n'avions pas été pénétrer dans la forêt pour aller chercher la petite clairière du sommet. Aujourd'hui, si !
Départ tardif, je n'ai pas la motivation ce matin... il faut vraiment que je me botte le cul pour sortir. Et j'ai bien fait, car une fois dehors, quelle belle balade...
Pour commencer, rallier Gex, et grimper au col de la Faucille.
Ascension de la Faucille... je n'avais plus mis de photos de la Faucille sur le blog depuis un moment !
Un peu plus de 41min pour grimper depuis Gex, c'est plus de 5min qu'une montée au chrono... mais ça pose de bonnes bases pour la suite de mes péripéties.
7° au sommet, ça caille vraiment... je suis surpris ! Mais je mets ça sur le dos du vent de nord-est, qui doit m'embêter sur la première moitié du parcours, mais qui devrait ensuite m'aider à rentrer à la maison sur le retour.
La section Faucille-Tabagnoz-les Rousses est très roulante, ça file au-delà des 32km/h, impeccable... je mets un peu de moulinette pour me réchauffer... j'ai les mains ankylosées par le froid. Je rattrape un cyclo tout de rouge vêtu, qui prend ma roue mais ne mettra même pas un petit coup devant... tant pis.
Comme la semaine dernière, je vais remonter le lac des Rousses jusqu'au Bois d'Amont en passant par le versant touristique du lac, c'est bien plus sympa que l'autre côté, non seulement situé sur une route passante, mais en plus c'est une longue ligne droite dégueulasse et parsemée de bosses rendant la progression fatigante.
Laissant le Bois d'Amont, j'entre en Suisse à la frontière du Brassus, et y rattrape le cyclo rouge, qui a du prendre la route toute droite, et donc plus rapide, jusqu'au Bois d'Amont. Je prends à gauche, pour aborder le versant nord du lac de Joux.
Bloqué par le train dans le raidard qui se hisse jusqu'aux portes du village 'Le Lieu', je reprends mon chemin et arrive bientôt à la route du col de Landoz-Neuve. Ou plutôt, la partie raide qui coupe à travers la colline sur une route forestière, pour ensuite rejoindre la route principale menant au col. 5° au mercure à cet endroit là... brrr. Mais j'adore ce coin, alors je profite à fond.
Surtout qu'en récupérant les derniers kilomètres du col de Landoz Neuve, je (re)découvre que de ce côté, c'est très roulant... et pas si long ! Alors que de l'autre... c'est une autre paire de manches ! Descente bien longue sur Mouthe, après m'être débattu avec mon coupe-vent sans manches, qui refusait de se fermer.
Pause boulangerie à Mouthe: une quiche, deux pains aux raisins. Je mets ces derniers dans le sac, et la quiche en main, je repars pour la dévorer en roulant... 'à la Tom', le spécialiste du no-pauses.
Je suis un peu gêné par le vent sur la section roulante qui suit, mais ça pourrait être pire. Je délaisse la route du lac de Remoray sur ma gauche, non sans me rappeler le beau raid jurassien avec Benny l'an dernier. Moi, c'est le lac de Saint-Point que je guette surtout. Le vent m'y cueille par surprise, le coquin, alors je laisse le rythme doucement retomber dans les tours... il faut dire que je n'ai pas chôme depuis le sommet de la Faucille, ce matin !
Après Malbuisson et sous Montperreux, je tourne à droite sur la courte bosse que je commence à connaitre, pour y être déjà passé deux fois à vélo. Elle retombe sur la nationale N57, mentionnée en début d'article. Je tourne à droite, fais environ 2km sur ce gros axe routier, pour ensuite prendre à gauche... me voici sur les 'lieux du crime', sur les traces de nos courses vélo d'enfance... en contrebas de Chapelle Mijoux !
La section nationale - Chapelle Mijoux grimpe assez correctement, j'y vais tout doux. Mais depuis le hameau jusqu'à la clairière, ce n'est qu'un faux-plat montant, gentillet. Pourtant, dans nos têtes d'enfants, c'était un chrono terrible, digne de l'Alpe d'Huez ! Je profite de chaque tour de pédalier, quel pied de revenir ici... je reconnais tout, la cabane d'en bas, les tas de bois qui sont toujours là à droite après 100m de montée... puis les douces courbes que la route forestière, pas plus large que 3m, forme pour se hisser jusqu'à la clairière du sommet: la voici justement.
Je pose le vélo pour profiter du moment, en compagnie de mes deux pains aux raisins, qui ne feront pas long feu. Je remets coupe-vent et manchettes pour la descente... une descente que je ferais prudemment (contrairement à nos descentes chronométrées (si si !) étant gamins). Je m'arrête à hauteur d'un vieux papy qui me dit 'alors, vous n'avez pas pu passer en haut, hein ?'... et lui réponds en gros que je connais bien les lieux et que je savais très bien qu'il s'agissait d'un aller-retour. Ni plus, ni moins. Si, en fait... un peu plus qu'un simple aller-retour... un aller retour mémorable dans mes souvenirs de gamin !
Environ 115km au compteur. J'en suis pile à la moitié du parcours ; reste à rentrer.
Je commence par me hisser jusqu'aux Fourgs, via la petite route bien pentue qui y mène à travers forêt et champs. De retour à la civilisation, je reprends mon rythme de croisière. La bosse des Fourgs ne me parait pas particulièrement longue ni difficile... pas comme dans mes souvenirs de la sortie avec Didier de 2013, où j'avais du souffrir à cet endroit. Puis après un faux plat, c'est en descente qu'on entre à l'Auberson ; de retour en Suisse.
J'hésitais pour la suite des opérations: prendre la col des Etroits comme prévu, ou le col de l'Aiguillon et ses pentes irrégulières et exigeantes ? Je me résous à la première solution, plus facile... aujourd'hui, la distance sera ma vraie difficulté, par le dénivelé.
Courte descente, courte remontée via la route au bunker de la seconde guerre, et me voilà au second sommet du jour, après la Faucille: le col des Etroits, juste au-dessus de la commune de Sainte-Croix. Pas besoin de pause, je ne souhaite pas dérégler la mécanique qui tourne correctement aujourd'hui... bon euh, je remets quand même le coupe vent, la descente jusqu'à Vuiteboeuf est longue !
Les lacets s’enchaînent. Je profite de la belle vue sur le lac de Neuchâtel et la ville d'Yverdon qui le borde, on distingue tout ça à travers les arbres.
A Vuiteboeuf, je suit l'itinéraire direction Orbe, en prenant à droite. A partir d'ici, je vais simplement suivre la trace du GPS à travers les collines du coin... parcours roulant, mais souvent haché par les petites côtes qui, à ce stade de la journée, ne sont plus vraiment prises en puissance mais plutôt en vélocité, pour épargner les cuisses.
Maintenant, parlons du vent. il était sensé souffler du nord-ouest, et donc se profiler idéalement pour moi, qui file pendant plus de 35 dans cette direction, avant de suivre la courbure du lac Léman, de Morges à Genève, et donc de toujours continuer à profiter de son souffle.
Mais que nenni. Le coquin a décidé de jouer avec mes nerfs. Pour le moment, je l'ai de 3/4 face, il doit donc venir du sud / sud-est. Grrr.
Après Orbe, je récupère bientôt l'itinéraire 'direct' de Pompaples-La Sarraz-Gollion-Romanel sur Morges, exactement comme je l'avais fait en février dernier, un jour de GROS vent de dos !
Bon, forcément, chaque faux-plat grimpant est passé moins vite qu'en février, mon allié du moment s'est mué en ennemi aujourd'hui. Mais de fil en aiguille, me voici à Morges. Allez, encore 50km de plat, et je serais à la maison.
Je connais bien cette route, même dans ce sens, donc je peux économiser mes forces, relancer lorsqu'il le faut (ou plutôt, lorsque je le peux !). Je suis forcément un peu gêné par le trafic automobile, mais j'ai vu pire ici. Je souris en me faisant remercier par ce camion, que je laisse passer en m'écartant sur un zèbre peint au sol... il faut dire qu'il attendait coincé derrière moi depuis de longues minutes... merci, merci... chacun est courtois et fait de son mieux pour ne pas se mettre en danger ou se gêner trop longtemps... comme quoi quand on a un cerveau et qu'on s'en sert, on peut très bien cohabiter sur la route !
A bon entendeur...
Allez, voici Rolle. Je fais le calcul: encore peut être 15min pour rallier Nyon, puis 1h de Nyon pour rentrer à la maison. Je tiens le bon bout. Je souffre, bien sur, je ne fais pas souvent de si longs itinéraires à un tel rythme (27.4 km/h de moyenne sur la journée), mais ça va le faire.
Et là, je pige pas... mais je réalise d'un seul coup que j'ai un bon vent dans le dos. A-t-il tourné ? On s'en fout, je prends !
Nyon, Coppet, Versoix, où je fais la pause pour remplir un bidon une dernière fois. C'est qu'il fait chaud maintenant ! D'ailleurs les coups de soleil commencent à se faire sentir.
La bosse de Chambésy, aussi courte que pentue, est passée en douceur. Reste à longer l'aéroport de Genève, repasser en France à Ferney-Voltaire, et remonter sur St Genis via Prévessin-Moens.
Voilà une belle balade de terminée, et de bons souvenirs ressassés. Ca a du bon, le vélo !