26 aout 2016 - Sa Majesté le Grand Saint Bernard
110km en 5h59, D+ 3387m, coef 3.08
Météo: soleil, frais le matin, caniculaire le midi
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Relive '26/08/2016 Cols de Champex, Grand St Bernard, des Planches'
View my 110km ride 26/08/2016 Cols de Champex, Grand St Bernard, des Planches
Levé à 4h, sauté dans la voiture avec le vélo dans le coffre, je suis à pied d'oeuvre, garé à Martigny en Suisse, pour aller taper dans certaines des difficiles côtes alentours.
Une vraie chasse aux cols, trois nouveaux cols pour moi, ils sont tous difficiles: le col de Champex, au-dessus de Champex-Lac, mais abordé par le versant nord, assez méconnu. Ensuite, le plat principal du jour, le col du Grand Saint Bernard, qui marque la frontière entre Suisse et Italie. Puis demi-tour au sommet, et je finirais par le difficile col des Planches, juste au-dessus de Martigny, pour enfin retomber directement sur la ville.
Go.
Il fait bien frais alors que je m'élance à 6h30, tant mieux, c'était le but de partir tôt. Il ne faut aussi pas trop que je tarde, il faut que je récupère le fiston à la crèche à 17h, et j'aurais encore 1h30 de voiture à faire pour rentrer, sans compter la douche avant d'aller le chercher.
Mais j'ai pris très large, et c'est décidé, je commence cool. Enfin, 'cool', façon de parler dans ce col de Champex qui grimpe fort dès le début. Je vous fait grâce des 15min de grosse route très fréquentée que j'ai du faire pour atteindre les Valettes, où débute la grimpée à proprement parler.
La montée se fait presque totalement en forêt. Les lacets s’enchaînent, c'est sacrément pentu, et je me prends une belle suée malgré la fraîcheur ambiante. A ce propos, j'adoooore ces conditions: la montagne s'éveille à peine, le soleil touche les sommets environnants avant de descendre dans les vallées, et étant au nord, je ferais la totalité de l'ascension à l'ombre.
Les lacets sont presque tous pentus, souvent entre 10 et 12%. Je ne prends pas à la corde pour m'épargner l'effort, n'empêche que j'ai du mal. Les jambes répondent normalement, c'est plutôt le moteur qui semble fatigué... il faut dire que j'ai roulé tout les jours depuis dimanche dernier... et comme lors de mon séjour dans les Cévennes, je re-découvre à quel point j'ai du mal à enchaîner d'un jour au lendemain !
Après ce long enchainement de lacets plus ou moins resserrés, c'est une longue portion rectiligne qui m'attend. Le pourcentage me parait globalement moins méchant, mais je suis déjà bien claqué. Poursuivons donc sur ce petit rythme. Puis enfin, après un dernier raidard de 30m, la route s'élargit, et voici le col de Champex (altitude 1498m).
Une courte descente et voici le lac, ainsi que les nombreux hôtels de standings - je retourne à la civilisation en altitude, après avoir grimpé seul au monde pendant un bon bout ! Plusieurs bannières 'UTMB' sont présentent, apparemment c'est un peu le royaume du trail ici.
La descente me fait quitter le côté obscur ; le soleil se joint à moi pour cette chute verticale de 590m jusqu'à Orcières, tout en lacets. Magnifique.
Trois vallées semblent partir d'Orcières. L'une, sur ma gauche, est clairement celle que je redescendrais après mon aller-retour au col du Grand Saint Bernard. Les deux autres, à droite, je ne les reconnais pas, je ne peux donc pas savoir laquelle m'emmènera sur le toit du monde, à presque 2500m d'altitude. On verra bien !
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Pause remplissage de bidons à Orcières, et c'est parti.
25km d'ascension, 1570m de dénivelé à bouffer d'un seul coup. Une ascension juste énorme, qu'on peut comparer à une ascension de la Croix de Fer par le Glandon, juste 40m de dénivelé en moins et 1km en plus. Juste: wow.
Je reprends un cyclo chargé de deux grosses sacoches montées sur son vélo, il mouline tout petit, mais il avance bien ! Je serais d'ailleurs bluffé de le revoir lors de ma redescente, à seulement peut être 4km du sommet... un sacré grimpeur vu le poids embarqué !
La route me semble bien trop passante au début... il y a même 2-3 autocars qui m'auront doublé. Ceux-ci emmènent les touristes non pas jusqu'au tunnel et à Aoste, mais bien jusqu'au col, au sommet... probablement pour visiter le musée et l'ancien hospice.
Revenons-en à nos moutons. Je continue de grimper à mon rythme. Je suis encore à l'ombre et il fait encore très bon pour pédaler. La vallée est tout en longueur, la route vise droit vers l'embouchure tout là-haut.
Après Liddes, un premier paravalanche, long de peut être 1km. Il est clairement indiqué interdit aux vélos à la montée... et je suis heureux de découvrir qu'une route sur la droite est indiquée... elle longe le tunnel, laissé aux voitures fonceuses, pour nous permettre de pédaler en toute sérénité à l'extérieur. J'imagine que c'est simplement une section sauvegardée de l'ancienne route, avant que le tunnel n'existe ?
Après Bourg Saint Pierre, la route entre dans un tunnel / paravalanche. Presque toujours plutôt une 'tranchée couverte' à savoir qu'on voit le jour et le panorama sur la droite. Seulement 500m de tunnel à proprement parler. Il est éclairé, n'empêche: si vous partez faire ce versant du col du Grand Saint Bernard, je ne peux que vous recommander chaudement de prendre un éclairage arrière. J'avais prévu le coup, heureusement. Sans, ça serait réellement dangereux. Les quelques cyclos italiens qui me lancent un 'ciao' sympa en redescendant à mon encontre ont même pris l'éclairage avant. C'est dire.
La grosse surprise du jour, c'est que ce paravalanche / tunnel va durer... 6km ! Hallucinant ! Comme je dis souvent, 'les suisses, ils mettent toujours les moyens'. Alors, il y a les avantages et les inconvénients. Bien sur, ça sécurise cette route qui est appelée à durer encore longtemps, et à supporter un trafic automobile important. Ça donne de l'ombre, un vrai avantage les jours d'énorme chaleur. Ça permet même d'être protégé de la pluie un jour de mauvais temps.
Mais bien sur, il y a aussi des inconvénients... on ne voit que peu le paysage, c'est très décevant de ce point de vue là.... Or, moi je viens en montagne pour voir la montagne, goûter la montagne, me frotter à sa difficulté et à ses beautés. Là, j'en suis partiellement privé, c'est frustrant. Surtout que viennent d’apparaître le barrage puis la retenue d'eau des Toules. Eaux turquoises 'coincées' entre les deux monts parallèles. Magique.
N'empêche. Tout n'est pas négatif. Il fait frais, très très frais, j'ai la chair de poule malgré l'effort. Top ça, ça permet au moteur de fonctionner correctement. Puis bientôt, voici la fin de la galerie. Tout droit, vous filez dans le tunnel du Grand Saint Bernard pour rallier l'Italie. Interdit aux vélos, bien entendu. A droite, vous sortez illico de la galerie, pour vous coltiner les 6 derniers kilomètres d'ascension jusqu'au col.
Miam et remiam.
Patrick m'avait dit dimanche dernier qu'il faudrait que je lui dise ce que je pensais des 6 derniers kilomètres de ce col... je ne savais pas trop comment prendre sa question, mais depuis, je la comprends ! Au delà du tunnel, c'est 538m de dénivelé pour 5.4km... oui oui, ça grimpe très très fort, avec des passages à 10%, face à la pente, à une altitude qui met la respiration et tout le système cardio vraiment à mal. Je suis à l'arrêt complet. Et ce n'est pas de reprendre ce cyclo allemand chargé d'une belle sacoche lui aussi, qui va me faire croire que je suis Marco Pantani ! Au début, les installations et bâtiments liés au tunnel et à l'exploitation ou traitement de minerais ne donnent pas vraiment de cachet aux lieux....
...mais rapidement, on tourne derrière la montagne et PAN les yeux !
Effort maximal, souffrance intense, et pourtant, bonheur absolu. Mais je suis vraiment au bout du bout là, vidé. Les poumons me brûlent, j'ai réellement cette sensation que l'altitude joue contre moi... pourtant je n'avais ressenti ça ni au Galibier, ni à l'Izoard récemment.
Le décompte des derniers kilomètres est fait par des panneaux au bord de la route. J'en ai vu 3, entre les grosses gouttes de sueur qui tombent du casque. Il faut vraiment serrer les dents pour arriver là haut.
Encore quelques derniers lacets, et j'ai mon graal ! Le col du Grand Saint Bernard (altitude 2469m), un col au nom enchanteur, et au sommet enchanteur. L'hospice et le petit lac en contrebas donnent vraiment du charme à ce lieu atypique. J'en prends plein les yeux, et continue d'avidement remplir la boite à souvenirs !
C'est aussi mon 30ème col franchi au-dessus de la limite des 2000m d'altitude, ce qui me permet de franchir la barre des 600 cols auprès du Club des Cent Cols, dont je suis membre. Pas une simple anecdote pour moi qui aime collectionner ces challenges. J'avais franchi mon 100ème col au Petit Saint Bernard en 2011, je passe les 600 en 2016 auprès de son grand frère le Grand Saint Bernard !
Je retombe de 750m du côté italien, derrière le poste frontière, pour profiter du paysage sur ce versant, qui a l'air encore plus aérien, et beaucoup plus naturel et perdu que le versant suisse. Que c'est beau. Ca mérite bien un petit sandwich au sauciflard tiré du sac. Puis je repars, repasse devant le lac et vais immortaliser le moment devant la grande statue de Saint Bernard.
Allez, cette fois c'est bon, je peux faire demi-tour, repasser sous le pont intégré au bâtiment du musée-hospice, remettre les manchettes pour la descente, et filer 25km plus bas jusqu'à Orsières.
Ça va plus vite dans ce sens là !
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Je n'ai plus une goutte d'eau, mais je n'ai pas non plus envie de m'arrêter ni de faire le détour par le centre d'Orsières. Alors je prends le risque, et poursuis mon chemin. Bientôt, je suis à Sembrancher.
En parlant d'embrancher, il me faut maintenant grimper le col des Planches. J'ai un moment hésité à ne pas y aller, mais je préfère encore ça que de reprendre un bout de grosse route en fond de vallée, avec toutes les voitures qui me frôlent.
Seul détail, je n'ai pas d'eau. Heureusement, un gentil garagiste me dépannera immédiatement. Yessss. Deux bidons d'eau fraîche en plus, ça va le faire. Et heureusement, car cette dernière ascension va se révéler très exigeante aussi !
Le garagiste me lance un 'il ne fait pas trop chaud ?' auquel je répond par la négative... ça va encore. Mouais, ça va encore parce que je n'ai pas vraiment eu à remettre un coup de pédale - façon de parler - depuis le sommet où il faisait bien sur plus frais qu'en vallée. Mais ce dont je ne me suis pas rendu compte, c'est que le mercure a grimpé d'exactement 10° entre les deux !
28° tout en bas, mais le mercure va vite grimper à 35° ! Pas un brin d'air pour me rafraichir le ciboulot, ça cogne sérieusement... et évidemment, le physique va en souffrir. Sensations de pédaler en enfer... je suis à deux doigts de poser le pied à terre...
Poser le pied à terre, un sujet récurrent récemment ! J'ai horreur de m'arrêter en montée, car après il faut repartir, et je mets toujours du temps à trouver un bon rythme qui me convient. Donc une fois que ça tourne, même si ça tourne tout doucement, autant continuer. Alors je me force à continuer.
Route déserte, pas un chat ici ! Je passe sous le jet d'eau qu'un paysan fait tourner dans son champ pour arroser les pâturages (chose étrange, je trouve... mais je l'avais dejà vu dans le col de Champex tôt ce matin)... le jet atteint la route par endroits, alors j'en profite pour me rafraichir... mais sans m'arrêter !
Et de fil en aiguilles, me voilà au col des Planches (altitude 1411m). Un coin parfaitement anonyme, et pourtant absolument magnifique.
Allez, ce coup-ci, j'ai eu ma dose. Je n'ai plus qu'à me laisser glisser jusque Martigny, et le tour est joué. Prudence dans la descente, la chaussée est très mauvaise notamment sur le premier tiers de descente. Et quelle pente !! Ça doit être diablement difficile par ce versant. J'ai pris ce qui me semble être le versant le plus difficile de Champex ce matin, mais les Planches, je l'aurais fait par son côté 'le moins difficile'... et pourtant... pas exactement fastoche.
Terminus. Y'a plus qu'à mettre le vélo dans la voiture, rentrer en France, prendre une douche et aller chercher le loustic. Une sacrée belle journée, bien remplie.