11 avril 2017 - Séjour Languedoc 4: "Mais bouffe, bordel"
"Mais bouffe bordel. Du sucré, du salé, du gras, du Coca... , faut te faire des journées à 8-9000 kcal mon pote". Un message que Lionel me laisse sur Strava à la fin de ma journée - où j'évoque le manque de jambes, l'épuisement qui fait son travail de sape.
Mais pourtant, je fais que ça, bouffer ! Ou plutôt: bouffer, pédaler, dormir.
Mais c'est vrai que je suis vidé. Quatrième journée de suite à +100km / 2000m de dénivelé positif... la fatigue est là et ne repartira pas tant que je n'aurais pas fait de pause. Mais bon. Je suis venu ici pédaler, pas pour me la couler douce !
Retour en arrière sur cette 4ème journée...
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Relive '11/04/2017 Séjour Languedoc n°4 - du vent et du froid'
View my 115km ride 11/04/2017 Séjour Languedoc n°4 - du vent et du froid
Un peu à l'image d'hier, je vais avoir une grosse grimpée à me coltiner, puis ensuite, étant sur un plateau, j'aurais une multitude de courtes ascensions, mais jamais rien de trop méchant. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai tracé ce parcours comme ça. Etant fatigué avant même de partir, j'imagine bien qu'une fois en haut de la longue ascension (aujourd'hui, il s'agira du col de Fontfroide, 11,8km d'ascension), j'aurais déjà laissé un paquet de plumes.
Mais pour commencer, avant tout: court aller-retour depuis Mons la Triballe, où je suis garé ce mardi, pour aller chercher un petit col égaré en aller-retour. Pour ça, traverser la rivière Orb sur un beau pont suspendu bleu, prendre la première route à gauche après le pont. Traverser un court hameau d'une 10aine de maisons, en passant par une petite rue étroite de pas plus de 2m, franchir le passage non bitumé de 20m en faisant gaffe aux pneus, grimper le raidard en bitume sur environ 1km, et c'est dans la poche: col des Parties (altitude 216m).
Retour sur Mons. Je m'étais prévu un autre-aller retour depuis ici, pour aller chercher deux cols sur un grimpée pentue, mais vu l'état des jambes, je choisis de me la garder pour la fin de sortie. Si je suis trop cuit, j'escamoterais cette dernière bosse.
Du coup, 5-6km de faux plat montant avec un MONSTRE vent de face, et c'est parti pour le plat principal du jour.
Sur le papier, ce col n'est pas très difficile. Mais vu le vent de nord-ouest qui souffle par bourrasques, c'est mission impossible. Pour faire court: je vais en baver comme jamais cette saison, rien que pour atteindre le col du Poirier (altitude 602m), à mi-hauteur.
Le franchissement de ce col me fait passer de l'autre côté de la montagne, et là, je suis totalement exposé au vent. Un long lacet me fait me rendre compte la difficulté rencontrée: je navigue à 8-9km/h face au vent. Vent dans le dos, sur un lacet 'optimisé', je suis à 17km/h ! Youhou.
Le souci des lacets, c'est qu'après avoir fait un coup dans un sens, il faut ensuite se re-coltiner le vent de face, dans l'autre. Dur dur.
Les derniers kilomètres du col de Fontfroide (altitude 972m), je les passe aggripé en haut de mon cintre, à lutter contre un vent totalement déboussolant, qui tourne, qui ressoufle, qui bourrasque, qui tempête. Et il ne fait qu'un petit 10° au sommet, soit probablement 6-8° au ressenti.
Les éoliennes au sommet tournent à plein régime, et moi je m'abrite dans un petit refuge en pierre, au sommet, pour ne pas trop cailler, le temps de mettre un coupe-vent sans manches. C'est tout ce que j'ai pris avec moi aujourd'hui... ni un buff sur la tête, ni des manchettes... et pourtant, il va bientôt faire 8° au compteur (donc 6° au ressenti), et ce pendant un long moment, puisque j'évolue désormais sur un haut-plateau, et que je vais donc rester en altitude, et sans abri face au vent. Le doute s'installe très largement dans ma tête... avec des jambes hors d'usage et un mauvais habillement, que vais-je donc pouvoir faire ?
La réponse ? Pédaler. Pas le choix !
Après quelques kilomètres avec le vent de 3/4 sur l'épaule gauche et un sacré froid de canard, voici Cambon
Virage à gauche, vent de 3/4 droite. J'en peux plus de ce satané vent ! J'ai même besoin d'externaliser ma colère en criant un bon coup. Après ça va mieux. Hop, le col de Rieugrand (altitude 935m) est franchi.
C'est une mini-route complètement perdue, et pourtant le bitume est plutôt bon ! Descente très technique, avec beaucoup de virage, un petit étang en sous-bois, une ferme... mais pas âme qui vive. Je réalise que je n'ai vu personne depuis un moment ! Et c'est ainsi que j'atteins les bords du lac de Laouzas, dont je vais maintenant faire le tour.
Il fait gris depuis plus d'une heure, mais ici, si le vent est toujours très présent, le soleil tente de percer. Yes.
Les quelques kilomètres quasi plats, en dehors d'une relance ou deux pour attaquer des courtes remontées, me font du bien. L'occasion de roulotter tranquillement et de me détendre les cuisses, qui ont eu beaucoup de mal jusqu'à présent ce matin.
A Goutimpère, après avoir fait 80% du tour du lac, je fais un court aller-retour pour aller chercher le col d'Al Brugas (altitude 845m). Malgré le vent qui me refroidit, je décide d'y manger le sandwich tiré du sac. Puis demi-tour, je redescends au niveau du lac, et franchis le barrage qui délimite le bout du lac.
Encore une courte remontée, et d'un coup, virage de 90° à droite sur une mini route. Peut être une erreur de tracé que j'ai laissé sur l'itinéraire entré dans le GPS ? En tout cas, un petit raccourci sympa pour récupérer la route principale 1km plus haut.
Le col de Frajure (altitude 957m) est atteint en quelques minutes seulement, et heureusement car je suis vraiment au ralenti ! La descente sur Fraisse sur Agout est plutôt sympa, dans une forêt de pins notamment.
Une montée, encore une ! Punaise mais ça finira jamais ! Deux courts lacets très pentus pour commencer, qui mettent les jambes au supplice. Je n'arrive plus à emmener de gros braquets, j'ai les jambes trop frêles. Mais je n'arrive pas à bien enrouler et mouliner non plus, le moteur est à sec.
J'arrive tant bien que mal au col de Tribe (altitude 864m). J'y mange une barre chocolatée, pour refaire du sucre. Et je continue mon bonhomme de chemin, encore et toujours contre le vent.
Une fois en haut, voici encore un haut-plateau. Perdu, magique. J'adore ces étendues 'désolées', avec rien d'autre que la nature... et le vent. Bon, le vent, je commence enfin à l'avoir dans le dos ! Et il était temps.
Le col de l'Ayrole (altitude 961m) est l'anti-chambre du col de la Bane (altitude 1003m), qui est le point culminant de mon parcours. Et il annonce des sections beaucoup plus faciles. D'abord roulantes dans un vent de 3/4 dos, jusqu'aux abords du lac de Vezoles, dont je passe à proximité, mais que je ne verrais pas, puis le col de Cabaretou, où j'étais passé avant hier. D'ici... desceeeeeeeeente !
Contrairement à avant hier, je bifurque à gauche sur la ma-gni-fique D87, qui retombe sur Riols. Un petit bijou de descente, longue, tournante, au bon revêtement. Isolée, panoramique... elle a tout ce qu'il faut ! Je me dis même que j'aurais du plutôt monter ici que par Fontfroide, et donc inverser le sens de ma boucle. Mais peu importe. Super moment de repos en selle. Mais prudence quand même. Franchissement du col de Bouissou à l'occasion de cette descente (altitude 571m).
Une fois à Riol, je n'ai qu'à me laisser pousser par le vent sur la vaguement descendante D908 en fond de vallée. Ca avance tout seul, et ça me ramène à bon port... sauf qu'il me reste un, voir deux aller-retours à ajouter pour aller chercher encore 3 cols.
A commencer par le col du Bouis (altitude 347m). Compter environ 2km de montée peu pentue au-dessus d'Olargues. Une petite collation au soleil en haut. Et demi-tour pour retomber sur Olargues et rallier Mons.
A Mons, je me décide de faire l'aller-retour ultime, que je sais plus long et pentu, pour aller chercher respectivement le col de Cazagat (altitude 485m), situé au niveau d'un petit parking pour randonneurs, et surtout, de l'ultime col de la Gardiole (altitude 587m), atteint en serrant les dents. Mais alors attention. Pour atteindre ces deux cols, il faut s'accrocher. Passages à 15% maximum, de très longs passages à 10-11%. Et une piste en béton, très accidentée, entre le premier et le second de ces cols. Soit environ 1km. Je me suis arraché, j'ai tout donné, et je suis arrivé au sommet cuit. Cramé. Mais content !
Car après, c'est descente à la voiture et retour pour un repos bien mérité ! Je ne sais pas encore si j'aurais le courage de rouler demain, mais... quelle aventure aujourd'hui ! Sur un petit parcours, y'a moyen de se vider totalement, la preuve !