6 mai 2017 - Vosges mystiques (BRM 300 CCK)
304km en 13h59 (+ 1h16 de pauses), D+ 5602m, coef 1,84h
Météo: pluvieux, brouillard(eux), humidité maximale
En ce qui me concerne, voilà le plus gros défi vélo de ma saison 2017. Un bon gros parcours de 300km , c'est du jamais vu pour moi. A titre de comparaison, l'an dernier j'avais fait un parcours de 419km pour presque 6300m de dénivelé positif, ça faisait un coef 1.5. Autrement dit, sur le parcours du jour au départ de Mulhouse, ça va grimper beaucoup plus fort, sans trop de passages roulants pour récupérer... et c'est bien là la difficulté pour moi qui suis globalement plus à l'aise à rouler qu'à grimper, avec mes 86kgs sur la balance.
Tout commence le vendredi soir. Départ du boulot avec le matos dans le coffre. Trajet de Genève à Mulhouse en passant par Yverdon, Berne et Bâle, avec moult bouchons. Je dépose les affaires à l'hotel et file passer une soirée sympa au resto avec tout un groupe de participants.
Samedi matin, lever aux aurores, pour aller prendre le petit déjeuner et récupérer mon carton d'inscription auprès des organisateurs du Cyclo-Club Kingersheim. C'est aussi et surtout l'occasion d'enfin rencontrer Bridou et consorts, que je connais par réseaux sociaux interposés depuis plusieurs années. Un accueil aux petits oignons en prévision d'une journée ardue sur les pentes vosgiennes. Et ce cake aux fruits maison... Miam !
Photos piquées à Aurore Behe, Pascal Bride et Christine Laurent-Aubriot
A 7h, départ des participants aux parcours de 300km (un parcours de 200km est également prévu, mais ceux qui l'emprunteront auront un départ dédié plus tard dans la matinée). Le défi du jour est assez simple: se farcir le parcours 'long' le plus pentu de ma vie, et tout ça sans trop trainer car de la pluie est annoncée dès l'après-midi. Et, rouler quelques heures en fin d'aprem sous la pluie, ça se fait, mais rouler dans la nuit noire sous une pluie drue, c'est autre chose... comme je m'en étais rendu compte sur un BRM 400 il y a quelques années.
Le peloton roule tranquillou sur des pistes cyclables et petites routes campagnardes sous la régulation de Pascal Bride, l'organisateur-compositeur de cette journée 3 étoiles. Moi je traine au fond du groupe avec Yann. Le calme avant la tempête... les départs de longues randonnées sont toujours un moment particulier, et j'apprécie beaucoup pouvoir discuter avant de nombreuses heures seul.
A Wuenheim, quelques premières petites gouttes de pluie commencent à tomber. Bah voilà, je pense qu'on a compris qu'on allait passer des heures et des heures dans l'humidité !
N'empêche que l'ambiance est bonne, les uns discutent avec les autres; et Pascal laisse le groupe partir, chacun son rythme.
C'est la première longue montée, vers le col Amic. Précédée par un petit coup de cul bien du terroir, qui fait dire à un participant à côté de moi à ce moment qu'ici, quand ça grimpe, ça fait pas semblant.
La route pénètre dans la forêt, et c'est parti pour une ascension bien roulante, mais réellement assez longue... probablement la plus longue de la journée, d'ailleurs, en termes de kilomètres. Ca sent la mousse, la forêt, et les sourires des participants donnent un peps énorme. Je double Patricia, que j'avais 'ratée' lors du BRM 300 il y a un mois. Et je roule en-deça du rythme de Yann, qui part aux-devants.
Un coup devant, un coup derrière, on arrivera finalement 'groupir' avec Yann. Col Amic (altitude 828m), premier col du jour. Pas besoin de pause au sommet; on file dans la descente. Une descente où on prend rapidement de la vitesse ; je laisse donc Dominique, fraichement rencontré, pour rattraper les 3 lascars devant qui font la descente assez rapidement.
Arrivé en bas, c'est Yann qui trace le chemin, je n'ai qu'à le suivre sur les petites bifurcations, qui nous emmènent sans faute sur une petite voie fléchée pour les vélos. C'est mignon tout plein, et surtout, à l'écart des voitures.
La montée de Geishouse ne se fait pas attendre, ceci dit. Elle est en deux parties: d'abord dans la forêt, où Yann repart un coup devant, et où je m'accroche un peu à "l'autre" Dominique (lui, je le croiserais souvent en fin d'aprem !), et Alain, cyclo belge avec qui je partagerais un bon bout de route aussi. La seconde partie est plus aérienne, et plus coriace, aussi. Ca grimpe de manière irrégulière, et je finis tout seul au sommet. Tiens tiens, Pascal est au sommet, comme prévu, pour ce premier 'contrôle' sur la carte de BRM, au Geishouse Höh (altitude 763m). On a droit à la petite photo individuelle qui va bien, et je lui souhaite une bonne journée, lui qui a tant de logistique à gérer, alors que je m'enfourne dans la descente immédiatement. Technique, cette descente ! Et pentue, sur la fin ! Je double Yann qui s'est arrêté manger un coup. Quelques rayons de soleil nous accueillent à Saint Amarin, et nous roulons de pair.
Un petit coup de lait concentré sucré, puis nous reprenons Alain & Dominique. Ce quatuor, on va le retenir un bon moment, de manière décousue, sur les heures à venir. La piste cyclable le long du chemin de fer est une bonne occasion de faire plus ample connaissance avec Alain, émérite cyclo au long cours, qui a des acronymes tels que PBP, LEL et autres diagonales au compteur !
Le col d'Oderen (altitude 884m) nous attend, maintenant. Yann part devant, moi j'essaie de tenir un rythme efficace, notamment en passant devant la chapelle St Nicolas Dans la partie finale, Dominique et Alain repassent devant, et je raccrocherais le wagon dans la descente. Merci à Christine pour la photo au panneau !
Descente longue et rapide ensuite ; à Cornimont nous sommes 5 puisqu'un pote de Dominique se joint à la partie sur cette montée. Je ne l'avais pas 'vu' si tôt sur le parcours, mais c'est bien et bien le col de Lauvy (altitude 893m), l'un des deux gros morceaux du parcours. Plus par ses pentes, réellement terribles, que par sa longueur, qui reste raisonnable.
Yann, Alain, Dominique et son pote ayant décidé de faire la pause, je fais la montée en solo. Ca me va aussi bien, de toutes façons je suis en effort 'maximum', agrippé comme je peux au guidon, appuyant comme un beau diable sur les pédales. J'ai pris la photo 'grimace', pour me rappeler de ce que c'est, de se vider physiquement sur une telle côte !
Après deux épingles au-delà des 18% selon moi, la route va enfin se calmer. Elle entre de nouveau dans les bois et replate (à 7%) pour finir au niveau du col.
Je me laisse glisser dans la descente sans savoir que la montée du col des Hayes (887m) suit immédiatement après. Un re-petit-coup de cul et m'y voilà. Yann m'a repris dans la montée, et on note la réponse 'secrète' sur le carton du BRM ensemble une fois basculés de l'autre côté.
Belle descente rapide sur Vagney, mais il fait quand même bien frais ! Un tout petit peu de plat me permet de dégourdir les jambes, ce qui me parait important pour essayer de digérer les difficultés musculaires passées, et donc de préparer celles qui viennent. A commencer par la montée sur le Haut du Tot, l'une des trois grimpées les plus dures du jour selon moi.
De par son irrégularité ! L'irrégularité des pentes c'est probablement ce qui me fait le plus mal à vélo, et là, je suis servi. Mais je profite quand même (seul, Yann est bien sur parti devant, quant à Dominique & Alain ils sont derrière depuis un moment), surtout que les paysages sont plutôt sympathiques.
Pause aux WC publics derrière l'église. SURTOUT, c'est l'occasion de remplir les bidons d'eau, dont le niveau était bien bas. Yann fait une pause plus courte que moi, car après avoir rempli les bidons, il repart, alors que moi je retourne faire la pause technique et j'enlève mon maillot à manches longues. Je repars probablement 5min après lui, peu de chances que je le revoie de si tôt.
La descente qui suit est belle, mais glissante, sur une route parfois mousseuse, parfois caillouteuse - souvent mouillée !
Je prends un premier coup au mental en arrivant au Tholy, en bas. Il pleut, c'est une route un peu passante (camions, voitures), j'ai un peu froid, et je me sens sur un rythme 'moyen'... sachant qu'avec environ 114km au compteur, je n'ai fait guère plus qu'un tiers du parcours.
La montée de la Croix Delon, via le col du Pertuis (altitude 772m), va me faire du bien, me relancer sur une petite route tranquille, et même si la pluie ne se calme pas vraiment, je me sens mieux. Finalement, je préfère à ce moment grimper que faire du plat sur une route passante ! Surtout que je reprends Yann, ça fait toujours du bien de voir une tête connue. On fera la pause ensemble après le sommet pour mettre le k-way, c'est qu'il pleut pour de bon, maintenant.
A Granges sur Vologne, on joue au chat et à la souris. Un coup il est devant, un coup c'est moi. J'hésite à faire la pause en voyant une boulangerie ouverte, mais décide de poursuivre sans pause pour le moment.
Arrentes de Corcieux, passage du col des Arrentes (altitude 684m). Un col facile, roulant... qui mène sur une belle descente à flancs de côteaux. On est ensemble, et là, franchement, maintenant que la pluie s'est arrêtée, on est BIEN ! Vive le vélo 'longue distance' (pour moi, c'est long 300 pitons !). Ca file à belle vitesse sur une descente très rectiligne dans les bois. Mais Yann met les bouchées doubles et je ne le reverrais qu'à Taintrux, où il nous prend en photo gentiment devant le panneau du village. On est à la mi-parcours, c'est un passage de 'contrôle' sur cr BRM. Je n'ai pas à sortir mon téléphone portable pour prendre de photo, il s'en charge... Yann, t'es un pote ! Surtout qu'il m'encourage à repartir devant, il me reprendra après.
Après la Croix Saint George (col d'Anozel, altitude 450m), courte bosse, on arrive à Saulcy-sur-Meurthe. Au rond-point au centre du village, j'aperçois une boulangerie ouverte. Ni une-ni deux, j'annonce à Yann que je fais la pause. Lui, poursuit son chemin. Ciao l'ami, on se reverra à l'arrivée ! Ma pause me permet de bouffer un peu de salé, de recharger un peu mon GPS avec la batterie externe, et d'enlever le k-way. Je préfère encore être mouillé sous la pluie et sécher lors des montées que de garder la 'bâche', qui finalement me tient mouillé même en descente. Faut que "ça respire" !
Le col de Mandray (altitude 694m) qui suit, c'est le second gros morceau du jour. Sur le papier, car en réalité, ce n'est pas du tout ici que j'ai eu le plus de mal. Mais c'est vrai que le dernier kilomètre est terrible... sur une route au mauvais revêtement, à serpenter au milieu des escargots et limaces. Je ne suis pas mécontent d'arriver au bout, et comme nous l'avait annoncé Pascal, je prends à gauche au sommet "sans réfléchir" (ce sont ses mots !).
Descente jusqu'à la Croix aux Mines, via le col des Chauffours (altitude 630m). A Gemaingoutte, faux-plat montant ; à Wisembach, ça repart en montée. Et LA, je peux dire que c'est le col où j'ai le plus souffert de la journée: le col de Sainte Marie (altitude 772m). Sur le papier c'est probablement le col le moins intéressant, car sur une route un peu plus passante que les autres. Mais aussi et surtout, la route est granuleuse, globalement rectiligne, et parfois assez pentue (8-9%). Qu'est-ce que je souffre ici ! Je monte affreusement lentement. A ce rythme, je ne suis pas arrivé. Dominique me reprend au sommet et repart avant moi ; moi, j'en profite pour remettre le maillot manches longues, avec par-dessus le maillot court. Je prends le 'risque' de ne pas remettre le k-way et bien m'en a pris, car après un début de descente caillante, à Sainte Marie aux Mines, je n'ai plus tellement froid, et je sécherais vite.
Séquence souvenir ici, où nous étions passés ici alors que nous n'étions pas encore parents, il y a quelques années, pour visiter notamment une mine d'argent.
Le col du Haut de Ribeauville me plait beaucoup, ça tourne un peu, les sous-bois sont magnifiques, avec leurs dizaines de teintes de verts. L'humidité est à son comble, et j'ai bien sur les pieds trempés. Mais je n'ai absolument pas froid à grimper. Pire - je prends un malin plaisir à poursuivre mon bout de chemin à rythme pépère. Voici le col du Petit Haut (altitude 610m), avant d'atteindre le col Haut de Ribeauville (altitude 742m) à proprement parler.
La descente, elle, me plait bien moins. J'ai froooooooid comme pas possible, et elle est interminable, en plus ! Les deux passages sur quelques centaines de mètres de pavé donnent du charme à ce coin, mais je n'ai pas la tête à ça. A ce moment là, je n'ai qu'une envie ; retrouver une montée pour me réchauffer !
Ribeauville, je relance dans les quelques montées autour du centre-ville. A rythme tout doux, bien sur car les jambes sont fatiguées. Mais l'envie de me réchauffer est plus forte encore !
C'est ensuite un bout sur la route des vins d'Alsace qui nous attend. Tiens, voilà Dominique, loin devant... je le vois à l'occasion d'une ligne droite avant de faire la pause à Riquewihr, sublime village alsacien, mais malheureusement assailli de hordes de bus et touristes. Les bidons sont remplis, je repars - il ne pleut plus !
Les passages en faux-plat me font un bien fou. Je me refais bien la cerise sur ce passage jusqu'à Kaysersberg et c'est tant mieux, car le parcours est encore loin d'être fini !
Le col de Chamont (altitude 681m) fait suite sur le parcours. J'y double Dominique lors de sa pause à Fréland. Il me fait signe qu'il y a une fontaine ici - mais je poursuis mon effort, ayant déjà les bidons pleins. Les sensations sont bonnes ici, et ce coin est magnifique ! Malgré le froid et la pluie, je suis au paradis. Le sommet du col est sublime, avec les deux petites statues au sommet, auprès desquelles je réponds à la dernière question sur le carton jaune du BRM. Puis je m'engouffre dans la descente. Des lacets, de la pluie, de la pente, tout ce qu'il faut pour une descente "casse-gueule", alors prudence maximale ! En bas, j'ai un bidon qui 'saute' de son emplacement sur mon cadre, pour la seconde fois du jour. C'est énervant de devoir s'arrêter, récupérer le bidon au sol. Mais j'en profite pour manger une énième crème de marrons, et j'installe par la même occasion les éclairages AV et AR sur le vélo, non sans pester du fait que mon sac, trop plein, se renverse partout sur le trottoir. C'est la fatigue qui parle !
Col de Chamont
A Lapoutroie, après ma pause, je repars direct dans la pente. Et là, c'est l'inverse du col précédent: ce col de Bermont (altitude 642m)va me mettre à mal, vraiment à mal. Le brouillard reprend le dessus, et c'est une purée de pois au sommet. Dominique m'y redouble, et je crois que je ne le reverrais plus de la journée.
Grande lassitude physique et mentale à Orbey. Voyant Régis, sur le côté, je me trouve l'excuse d'une pause. Il me parle de son abandon à venir ; il a appelé sa femme qui vient le chercher en voiture, mais continuera de pédaler pour se tenir au chaud.
Plus haut sur cette longue ascension du col de Wettstein, je le verrais en train de charger le vélo dans sa voiture. A ce stade là, j'ai déjà fait le plus dur de la montée, qui était plus dure lorsque j'ai vu 'col de Wettstein, 8km' sur un panneau que dans la réalité ; c'est très roulant, notamment les derniers 4km.
Il pleut encore et toujours, lors de ma descente sur Soultzeren. Une descente certes technique et glissante, mais magnifique aussi, notamment sur le sommet, avec vue "dégagée" (comprendre, moins brumeuse) sur les monts alentours.
Tiens tiens, et puis 888m d'altitude au niveau du col de Wettstein (altitude 882m)... c'est le point culminant du jour !
Courte hésitation à Munster, où je viens de perdre encore un bidon sur les routes pavées du centre. Rapide demi-tour pour retrouver l'itinéraire du BRM, et je pars plein sur vers les premières pentes du col de Firstplan (altitude 722m)... believe it or not, c'est le dernier col du jour !
Alors OK, la fatigue est maximale, j'ai les pieds trempées qui font flic-floc dans les chaussures, mais... cette route perdue, grimpée dans un début de pénombre, est quand même bien sympa. J'ai mal aux cuisses, alors une fois n'est pas coutume, je grimpe la moitié en danseuse. Lorsque je vois le panneau ci-dessous, je suis plus que content !
Weeeeheeee, j'ai envie de crier dans la descente tellement je suis content. Yipee - j'ai fini la grimpette. Il ne me reste plus qu'à descendre tout doux à Soultzmatt, où débutent environ 20km de plat, plein sud, vers l'arrivée à Kingersheim.
Au début, jusqu'à Gundolsheim, je mets les mains en bas du guidon et file à vitesse correcte. Au-delà, je n'ai plus la force, plus l'envie... je suis cramé. La nuit noire est tombée. Je vais me rentrer gentiment, en roulant sur les pistes cyclables, à l'écart de tout risque... PAF. Mauvaise indication à l'entrée d'une piste cyclable où je percute un petit trottoir: crevaison immédiate. Argh... je suis à Pulversheim, à 7km du but !!! Non de non. Bon bah tant pis, pas le choix; je répare comme je peux, à la lumière de mon éclairage avant. Heureusement, j'y arrive sans trop de souci, à part le fait que je renverse à peu près tout mon sac par terre une seconde fois.
Voici Kingersheim ! ENFIN. Lors du virage à droite pour tourner sur la rue du club-house du CCK, Dominique me rattrape ! Je ne l'avais plus vu depuis le col Amic ce matin ! Et voilà... il ne nous reste plus qu'à poser les vélos à l'extérieur, et entrer dans la chaleur du club-house, sous les applaudissements sympas de toute la clique, attablée autour d'un repas gargantuesque. 22h06, fin du BRM.
MIAM que ça fait du bien. Je mange pour 5, je discuterais un bon moment avec les uns et les autres... mais ayant oublié mes affaires à l'hotel ce matin, je ne peux pas profiter des douches. Alors je finis par me rentrer à l'hotel pour me réchauffer et récupérer. Fin d'un week end incroyable à Mulhouse. MERCI AUX ORGANISATEURS !!!
Lire ici le résumé de Brigitte sur son blog.