1er aout 2017 - 4 monts savoyards sur 5
279km en 14h11, D+ 6270m, coef 2.24
- - 14h11 roulées: 19.8 km/h
- - 1h20 de pauses cumulées: temps total 15h23
Météo: soleil, canicule
Suite à des soucis sur la caméra, le rendu des vidéos n'est pas bon. A voir si j'arrive à en tirer quelque chose plus tard...
Après l'épisode 'casse mécanique' de samedi, j'ai eu la déception de ne pas pouvoir aller au bout de cette randonnée des 5 monts savoyards. J'ai aussi eu la réalisation rapidement, que je pouvais retenter le coup ce 1er aout. Jour de fête nationale suisse, jour ferié pour moi donc. Après vérification, le mulet (Specialized aluminium) est en état. Un seul souci, les porte bidons se désolidarisent du cadre, les rivets sont en train de se faire la malle. En soi, c'est pas un gros souci, seulement ça fait beaucoup de bruit. Alors au petits maux les petits remèdes: je mets du scotch pour amortir les chocs et donc limiter le bruit de gling-gling. Et le tour est joué (temporairement, bien sur !).
Un souci, pas de moindre importance, c'est qu'après ma séance de muscu à vélo de samedi, et malgré 2h de VTT dimanche pour digérer tout ça, j'ai encore des courbatures, alors que je m'élance pour l'un des parcours les plus exigeants de ma vie. Sur le papier, 292km et 6700m de dénivelé. Mais j'ai aussi conscience que le Mont Salève, le dernier de ces 5 monts savoyards, ne m'attire pas autant, je l'ai dejà grimpé moult fois, et aussi cette saison. Alors je pense le zapper.
Réveil à 3h du matin. Départ à 3h50, avec un peu d'avance sur le timing d'il y a trois jours.
Les 105 premiers kilomètres de cette balade montagnarde vont être exactement les même que samedi, je ne vais donc pas trop m'attarder à les décrire. Bellegarde, remontée sur Billiat dans la nuit noire. Je me réhabitue au Specialized, position légèrement plus allongée que sur le Scott, mais également le groupe compact. Pour les fortes pentes, j'ai un 34*30 sur le mulet contre 30*28 sur le Scott... ça se vaut.
Replat puis descente irrégulière et bossellée sur Anglefort, où je fais la pause. J'enlève coupe-vent sans manches et manchettes, et c'est parti pour l'ascension du premier mont: le Grand Colombier. 15.7km à 8.5% de moyenne.
Je garde un oeil sur la chaussée pour me délecter des inscriptions à la peinture restante du Tour de France récent... mais l'effort est très sérieux ! Il y a 3 jours je ne pouvais utiliser mon plus petit développement, et malgré ça l'effort me parait plus difficile aujourd'hui ! Est-ce du aux efforts d'il y a 3 jours ? Probablement, à voir comme le cardio refuse de monter au-delà des 78% FMAX... c'est bien bas ! Qu'elle est longue cette ascension...
Intersection avec la route de Culoz, je prends à droite pour poursuivre. Longue partie rectiligne, un peu 'droit dans la pente', je m'étonne de ne pas voir plus de lumière, le soleil met longtemps à émerger de derrière la chaine des Alpes. Je sais que j'ai un peu d'avance sur l'autre jour, mais... est-ce aussi du à la longueur des journées qui se réduit graduellement ?
Replat de la Sapette, tournant à droite. Je respire. Le soleil sort enfin et ses rayons orangés jouent à cache-cache dans la forêt. Première barrière canadienne, long virage gauche-droite, et voici le court replat avant les derniers kilomètres.
6h58, je suis au sommet du Grand Colombier. Verdict, 1'43 de plus que la semaine dernière pour me hisser là haut.
Photo rapide, manchettes, coupe-vent, et je m'élance dans la descente. Je prends moins de photos que l'autre jour, je suis dejà passé, y'a rien de bien nouveau. Mais ce coin est quand même assez magique !
Je fais une descente sans pause, plus rapide, et donc me retrouve bientôt à Virieu le Petit, Chavornay, et Talisieu, de retour sur le plancher des vaches.
Je poursuis avec la douce remontée sur Ceyzérieu, pause pour remplir les bidons. Je bois beaucoup, en prévision de l'après midi annoncée caniculaire, et repars.
Lavours, grosse route. Je remets mon feu arrière clignotant pour que les camions me voient bien et s'écartent. Lac du lit au Roi, remontée sur le pont, et grimpée sur Massignieu de Rives. Descente à gauche sur Lucey, où j'enquille à droite. Encore quelques bornes plates jusqu'à Yenne, où je réalise que j'ai dejà mal aux fesses. Bah ? Probablement du au changement de selle / vélo.
A Yenne je prends à gauche, puis à la sortie à droite. Cette courte remontée est le km105, l'endroit où mon levier de vitesse a rendu l'âme l'autre jour. A partir d'ici, c'est le début de la 'vraie' sortie du jour.
A commencer par cette chaloperie de Mont du Chat. Le belvédère du Chat est annoncé à 16km... heureusement il y a deux premiers km à 8% avant d'avoir une courte descente et un ou deux replats.
C'est à partir de Saint Paul que les festivités commencent vraiment, renforcées à grands coups de peinture sur la route: 'Yates you can', 'Pinot', 'merci Voeckler', 'Go go Froome' et plus haut, les deux notes qui me feront le plus sourire 'Ici, abandon de Pinot' avec un gros point de peinture blanche au milieu de la route, et surtout - ames sensibles, s'abstenir... mais que c'est bien trouvé: 'allez Bardet, fais nous bander'.
Je double un premier cyclo, plutôt agé. Un petit signe de la main, chacun lutte contre la pente en soufflant fort. Puis bizarrement, alors que les kilomètres s'égrennent lentement, je réalise que je me sens plutôt pas mal du tout ! L'effort est intense, mais les sensations, bonnes.
Je reviens doucement, mais surement, sur un second cyclo. Je finis par le doubler, mais il s'accrochera quelques kilomètres, lui. On ne peut pas pour autant discuter, l'effort nous prend trop à la gorge. La pente joue contre nous, la gravité aussi. A 4km du sommet, je commence à vraiment avoir du mal, et alterne position assise et danseuse.
La pente est régulière, mais degré par degré, kilomètre après kilomètre, semble devenir toujours plus pentue. Passages à 10%. Puis 11%. Puis 12% ! Argh.
Un gros virage à droite est annonciateur du léger replat à 1km du sommet. Ca y est, on voit la lumière de l'autre côté des arbres = on est au sommet de la montagne ! Encore un virage en épingle à gauche, la route replate, je peux mettre remettre quelques dents à droite... pour arriver au sommet !
Voilà le second des 5 monts savoyards, vaincu pour la troisième fois (fait en 2012 et 2013). Je mange un petit sandwich au sommet avant de retomber sur le Bourget du lac. Descente prudente, il y a quelques cailloux sur la route. Je note en passant le virage 'Richie Porte', où le cyclliste pro a fait une vilaine chute sur le TDF il y a quelques semaines.
Arrivé en bas, il fait chaud, TRES chaud. Et je ne trouve pas d'eau, pour le moment. Les deux bornes fontaines croisées ne sont pas alimentées.
Après quelques tergiversations sur les pistes cyclables, je finis par retrouver mon chemin, longe la route qui passe au bout de la piste de décollage de l'aérodrome du Bourget, et enchaine doucement sur Viviers-du-lac, où je trouve une fontaine d'eau potable. Je me prends une bonne douche à coups de bidons d'eau sur la tête, bois tout mon saoul, et remplis les bidons avant de repartir sur la montée de Mery.
Arrivé là, je prends à gauche sur la D211, tout en faux-plats. Il fait chaud, mais l'eau m'a fait du bien. Mais je n'ai pas assez mangé sur les 2h passées, et la faim se fait même sentir... avec un petit dej pris à 3h ce matin, c'est normal. Alors après 2 petits kilomètres en pente douce sur le début de l'ascension du Mont Revard, je me gare à l'ombre à droite pour faire la pause. Miam-bouche, recharge du GPS sur batterie externe quelques minutes, et je me remets en selle.
A petit rythme !
La fatigue se fait sentir, et surtout l'affichage par bornes kilométriques sur le bord de la route m'a mis un coup au moral: Mont Revard, 17km de montée. Quoiiiii ?! Ouahou c'est long... je suis pas arrivé !
Les kilomètres s'enchainent doucement, je suis la plupart du temps tout à gauche. Non pas que la pente soit forte, ce n'est jamais plus de 7-8%. Mais c'est tellement long... et j'ai deja 3400m de dénivelé dans les pattes.
Je m'acharne, je m'entête... mais les jambes sont HS, le corps ne répond plus.
C'est aussi la chaleur qui joue son rôle de sape. Cette ascension, dessinée sur la carte, forme un long arc de cercle qui va vers le nord, et se recourbe sur l'est, avant de finir vers le sud, après un loooong virage de 180°. Or, il y a de longues sections jusqu'au sommet de cet arc de cercle qui se trouvent à travers champs, en plein cagnard. Il fait 30°, je suis au coeur de l'effort... attention au coup de chaud !
A la borne 'sommet, 8km', je n'en peux plus, et craque. C'est la pause contrainte, forcée, obligatoire. Je choisis un virage à l'ombre, où l'air frais (un peu) qui descend des bois va m'aider à retomber en température. Le coeur se repose aussi.
Allez, il faut finir le boulot. Je remonte en selle et poursuis mon ascension au ralenti. Ayant mangé un gel et deux barres de céréales lors de ma pause, pour m'assurer d'avoir l'énergie suffisante, les 3 derniers kilomètres avant le sommet ne me paraitront pas aussi insurmontables.
Bientôt, voici le col du Revard, et l'intersection. Je vais faire 1.5km en aller-retour pour aller chercher le sommet à proprement parler, au niveau du belvédère qui surplombe magnifiquement le lac du Bourget, Aix les Bains. En face, le mont du Chat, où j'étais il y a quelques heures !
Monts savoyards: en voilà 3 de fait !
Je fais la pause dans un batiment de la station en dessous du sommet où j'avais vu des WC publics lors de ma montée, ça me permet de remplir mes bidons. Puis je repars sur la Feclaz, et la très longue descente jusqu'à Lescheraines, non sans passer la très courte remontée du col de Plainpalais. où j'étais passé avec Vincent en 2014.
A Lescheraines, je ne trouve rien d'ouvert... la boulangerie est fermée jusqu'à 15h, pourant j'aurais bien acheté de quoi complémenter mes barres énegrétiques... et une boisson fraiche ne serait pas de refus. Tant pis, je continue.
Après Lescheraines, au niveau de l'embranchement à droite vers le col de Lescheaux, passage obligé vers le Semnoz (Crêt de Chatillon), je m'arrête manger une glace chez un chocolatier/glacier. Miam. Rafraichissant, et voilà qui fait un bon apport en sucre ! Je remarque par contre qu'il me manque un bidon ! Aucune idée s'il est tombé en roulant sans que je ne m'en rende compte, ou si je l'ai rempli, mais oublié, au Revard. Tant pis, il faudra faire sans. Voilà qui va encore rendre compliquée ma bataille difficile contre la déshydratation, dans ces conditions caniculaires.
Allez, 7km de montée jusqu'au col de Leschaux, ça doit bien pouvoir se faire ! En plus je connais bien ce versant, je l'ai descendu 2 fois et monté une ou deux fois. Je sais que c'est exposé au soleil, mais que la pente est faible. Go !
Et de fait, la combinaison de la pente faible, de la pause précédente et de la glace mangée font bon ménage. Je roule tout doucement, mais je me sens bien mieux. Arrivé au niveau du col, je fais la pause à 'ma' fontaine. Elle coule toujours et l'eau est super propre. Que ça fait du bien de se verser de l'eau glacée sur la caboche pour faire redescendre la température.
Puis je repars une énième fois. De mémoire, le Semnoz attaqué depuis Leschaux, je comptais 7-8km. ERREUR ! Il y en a 13.5... quasiment le double de ce que mes souvenirs m'indiquaient ! Argh. Je suis à deux pas de faire demi-tour... méga coup de barre mental.
Mais je sais l'intérêt que ça représente, de me forcer à me hisser au-dessus du Semnoz. A ce stade de la journée, je suis tellement cramé que j'ai dejà abandonné l'idée de grimper le Salève. Or, si je peux basculer au-dessus de Semnoz, ça me fait retomber en vallée plus près de la maison. Et puis, j'aurais fait 4 monts sur 5, ce qui pour moi sera un succès en soi.
Alors je m'accroche. Les longs lacets le long des murs de roche, sur le bitume brulant (et parfois fondu) sont longs. Et chauds ! Je crame. Le rythme s'en ressent forcément ! Je m'applique à manger une barre de céréales en roulant, il me faudra encore du carburant pour aller au bout.
Les quelques kilomètres en forêt commencent par un replat, qui permet de respirer. La météo vient de changer du tout au tout ! Un orage gronde au loin, le ciel est au gris sombre. La température a chuté de 32° à 21° en l'espace de 20 minutes !
Quelques gouttes de pluie commencent même à tomber. J'espère ne pas être en train de foncer dans le mur (et dans l'orage) car je sais que les 2 derniers kilomètres sont exposés, et si le tonnerre et la foudre se rapprochent, je serais forcé de faire demi-tour, par prudence.
Heureusement, ça ne sera pas le cas.
Les 3 dernières bornes sont un tel supplice qu'arrivé au sommet (et point culminant de la journée !), je décroche mon téléphone et appelle Amandine pour lui demander de s'arrêter à Annecy, elle qui rentre aujourd'hui à la maison par l'autoroute. Pour qu'elle puisse me récupérer sur le chemin. Je suis trop cuit pour rentrer.
Mais le téléphone sonne et elle ne répond pas. Tant pis, je serais contraint de rentrer par mes moyens !
Je fais la descente sous la pluie, direction Annecy. Ca roule très vite, il y a beaucoup de pente. Et c'est TRES long !
Arrivé à Annecy, c'est la fournaise. Il fait chaud ET humide. C'est juste insupportable. Je prends mon mal en patience, ignore les coups de klaxon d'un automobiliste impatient qui n'aime pas me voir sur cette route trop fréquentée par le trafic auto, faute de pistes cyclables bien indiquées (j'ai toujours trouvé qu'Annecy était particulièrement mal fait en termes de pistes cyclables, hormis celle autour du lac). Me voilà paumé dans la grande zone commerciale du grand Epagny. Argh, je tourne en rond. Je m'oriente visuellement, il faut que je passe à gauche de la Mandallaz (un petit mont).
Et ENFIN, je trouve la direction Bellegarde/Frangy.
Il y a énormément de trafic auto, c'est super désagréable. Mais au moins, j'avance dans la bonne direction, et me rapproche de la maison ! Pause boulangerie à Sillingy. Je mange deux viennoiseries, et fais remplir mon bidon d'eau. Mon GPS débloque, il semble avoir rendu l'ame après un second rechargement sur batterie externe.
Je reprends mon chemin vers Frangy. D'entre toutes les possibilités de route que je connais pour franchir la colline sur ma droite et basculer sur Vulbens/Valleiry (par la Croix Biche, par Contamine Sarzin, par Marlioz, par Musièges, par Frangy, ou par Chessenaz et Clarafond), celle qui me parait la plus abordable aujourd'hui, c'est celle de la grosse route par Frangy et le Malpas. Je sais qu'il y a beaucoup de pente au début, mais au moins le dénivelé se passe en une seule fois.
Alors j'y vais, assez doucement. Et finalement, après un passage d'un vrai 'convoi' de voitures qui se suivent, il n'y a plus trop de trafic. Je fais quasiment toute la montée en danseuse, c'est la forme d'effort qui m'est le moins insupportable à ce stade de la journée.
Avant le Malpas, je décide d'ajouter la bosse de Chaumont. Ca ajoute un peu de dénivelé, mais je sais qu'il y a une fontaine d'eau potable au sommet, et vu que mon bidon est vide, ça vaut tout l'or du monde !
Je lutte jusqu'au sommet, et re-douche sur le casque en haut. Ca va mieux après avoir encore bu un bidon entier. La bosse de Savigny passera sans aucun souci. Descente sur Vulbens: il ne me reste plus qu'à me laisser glisser jusqu'au pont Carnot et à affronter la dernière remontée sur Collonges et Ecorans. Je la fais doucement, mais sans trop de difficulté.
Qu'il aura fait chaud cet après-midi... c'était juste insupportable. Je suis encore trempé de transpiration, poisseux à souhait, alors que je pose le vélo contre le mur de la maison.
Mais content d'avoir réussi ce défi XXL pour moi ! 273km sur un coef qui fait tourner la tête...