22 octobre 2018 - Finalement, l'automne
200km en 9h07, D+ 4008m, coef 2
Météo: soleil, fraicheur, gros vent de nord
Ces derniers temps, je n'ai vraiment pas beaucoup eu l'occasion de rouler. Quand je roule, c'est sur des courtes distances. 3 week ends travaillés sur les 4 week ends passés - ça m'a fait passer illico en mode hiver. A savoir, baisse de l'envie et surtout baisse de l'état de forme !
Mais comme souvent, c'est le défi du dodecaudax qui va me mettre un coup de pied aux fesses pour me motiver à sortir sur longue distance, sur cette journée de RTT. Une fois les enfants déposés chez la nounou / à l'école, je repasse à la maison, prépare les affaires et file.
L'air est 'vivifiant', c'est le moins qu'on puisse dire, avec 3° au mercure. Après les semaines de beau temps et de douceur phénoménale qu'on a eu récemment, c'est dur à supporter... je suis parti en corsaire et avec 3 couches en haut mais pas la veste thermique, c'est un peu limite !
Je pars sur la route de Bellegarde, mais dévie à droite pour grimper la côte de Métral. Redescente sur Lancrans, prudence avec les gravillons répartis en plaques sur la route. Remontée sur Montanges, puis j'enchaine sur Montanges et Champfromier.
Arrivé là, c'est la montée vers la Peisse en 2 parties qui m'attend. Un coin découvert il y a 4 ans, et où j'essaie de passer au moins une fois chaque année... c'est calme, beau... incroyable. La première section de montée me mène au petit tunnel, sur la route bordée de feuilles mortes couleur rouille, et sous les falaises environnantes. Le soleil brille, c'est le pied. Pour le moment, les jambes tournent correctement.
La seconde section jusqu'à la Peisse est encore plus magique, et 'intimiste'... on ne croise jamais personne là-haut. D'abord la descente jusqu'à Giron, puis la remontée d'abord sèche jusqu'à la grande croix blanche, et ensuite la montée qui s'adoucit, et les quelques petits toboggans qui mènent jusqu'aux gites hivernaux, avec les aboiements de chiens de traîneaux qui attendent les premières chutes de neige.
Une fois au sommet, je tourne à gauche pour aller chercher le col de sur la Semine. Dejà le point culminant de la journée, et pourtant j'ai encore BEAUCOUP de dénivelé positif à grimper avant d'atteindre la maison !
A gauche au Désertin pour rejoindre Belleydoux, une fois n'est pas coutume, en descente.
La route remonte ensuite pour se porter à proximité du lac Genin, au-dessus d'Oyonnax.
Contrairement à cette sortie de 2015 où je m'étais trompé de parcours en allant chercher le Golet Brandeu, cette fois ci je guette la route à gauche, qui retombe sec sur le côté de la route. Un petit bout de descente, puis hésitation à un carrefour en patte d'oie. Je m'arrête, et scrute le GPS.
Pas de doute, il faut partir en montée sur la droite, sur cette 'route forestière du Chemin de la Guerre' qui pourrait aussi bien être en cailloux tellement elle est étroite et anonyme, perdue dans la forêt, serpentant comme bon lui semble, coincée entre arbres et falaises. Un coin magique qui m'amène de fait à franchir de fichu Golet Brandeu (altitude 880m), avant de retomber sur Oyonnax sur une longue descente agrippé aux freins, sur une chaussée en assez piteux état.
Prendre à gauche dès l'arrivée sur la route en contrebas à Oyonnax - celle-ci remonte au bout d'1km et c'est reparti sur une belle côte jusqu'à Apremont. Ici, je coule une bielle. J'ai encore le maillot respirant ML, un maillot court, un maillot hiver ML, plus un buff autour du cou et un autre sur la tête. Je fais tomber la moitié de tout ça à Apremont, après une montée où j'aurais vraiment du piocher, de par cet effet 'cocotte minute'. Après ça ira mieux.
La descente sur Nantua est superbe, d'abord exposée au soleil qui me chauffe enfin un peu, puis tournante, variée, bien que caillante, pour atteindre Nantua, coincée entre falaises et eaux bleues du lac. Magnifique, ça vaut un arrêt photo.
La ville de Nantua elle-même est carrément moche, je ne m'y attarde que pour un arrêt photo au bord du lac, puis par un petit détour dans les rues vides de la ville à la recherche (perdue) d'une boulangerie ouverte.
Que nenni, il est 13h20, tout est fermé. Tant pis, je me limiterais à mes barres de céréales. Je prends la route de Bellegarde jusqu'aux Neyrolles, où m'attend une belle montée, vers le col du Colliard. Je ne suis passé à ce col qu'une fois, et en descente en 2015 (lire ici). La chaussée est en mauvais état, la grimpée est assez longue, et très isolée, plusieurs facteurs qui font un beau cahier des charges pour une grimpée plaisante.
... et plaisante, elle l'est ! Les jambes reviennent doucement, du moins en termes de 'facilité' et confort, car en termes de performance, faudra repasser ahahah
L'effort est intense, mais je privilégie la vélocité au détriment de la force, pour m'épargner trop de douleur, et ça semble payer, puisque j'arrive au sommet pas trop entamé, et capable de poursuivre mon bonhomme de chemin ! Je profite également des couleurs automnales... cette saison est clairement ma saison préférée, c'est tellement beau en forêt. Du vert, du orange, du rouge... les odeurs de mousse et de bois coupé... kiff total !
Un petit coup de vent de face, et un GROS coup de vent de dos, voilà qui résume ma traversée du plateau de Retord de nord en sud. Le vent de nord me pousse à vitesse grand V plein sud.
Brénod, le Pontet, Champdor, Hauteville Lompnes... ça file allègrement au-dessus des 35km/h et ce sans trop d'effort... voilà qui me permet de récupérer, mais je sens quand même la fatigue s'installer. Faudra bien faire avec, surtout que j'ai dévié de mon parcours 'mental'. Ah oui car je n'ai rien rentré dans le GPS, pas eu le temps pour ça. Alors j'avais une idée assez précise de ce que je voulais faire sur la première moitié, et j'ai réussi à ne pas en dévier, malgré les hésitations du côté du lac Genin. Mais là j'ai bien dévié sur l'ouest. En partie volontairement à vrai dire. J'avais sinon tracé un parcours qui me faisait ensuite grimper au Grand Colombier, chose que mes jambes ne pourront pas raisonnablement réussir cet après-midi au vu de ma très moyenne forme. Donc le but est de boucler un peu sur les plateaux pour ensuite refranchir le col de Richemond, m'évitant ainsi trop de 'grosse' route plate mais ennuyeuse, du côté de Culoz et Seyssel. Car oui, il me faut quand même franchir les 200km pour réussir ce défi du dodecaudax.
Toujours pas de fontaine d'eau à Hauteville-Lompnes, je poursuis avec des bidons quasiment vides. Argh. C'est vraiment parfois dur de s'approvisionner à vélo 'hors saison'. Je m'amuse (et m'interroge...) du nombre d'hopitaux, de maisons de santé et de retraite à Hauteville. Pourquoi tant ici ? Y a-t-il une source miraculeuse ou quelque chose du genre ?!
La montée suivante c'est celle du col de la Rochette. Ce col là aussi, je ne l'ai grimpé qu'une fois et par son versant opposé. Mais alors là j'ai carrément des souvenirs de malade... j'avais pédalé SUR la neige. C'était en 2012 avec mon vieux MBK... ça ne faisait pas longtemps que j'habitais dans la région, et je m'étais lancé sur ce défi en plein hiver et m'était retrouvé sur des routes parfois recouvertes en partie de neige. Hallucinant que je ne sois pas tombé ! Bon, je suis plus raisonnable désormais, j'essaie d'éviter les aventures de ce type-là !
Ce qui me fait le plus halluciner, arrivé au col de la Rochette après avoir laissé la station de ski nordique de la Praille à ma gauche, c'est qu'on est en octobre, qu'il n'y a pas le moindre soupçon de neige, et que je CAILLE à fond ! Je faisais comment à l'époque pour aller pédaler dans la neige sans mourir de froid ?...
Bref, l'ascension derrière moi, je retombe sur le versant est. Une fois à Ruffieu, je peux faire l’enchaînement 'toboggan' descente/montée qui m'emmène à Hotonne.
Haut Valromey, voici le pied du col de Richemond.
TOUJOURS pas d'eau, je pars donc avec les bidons vraiment à la limite de vide, dans cette montée de 10km environ. La première section est costaude, ça grimpe bien quand même. Le vent de nord me gène bien, il me tape sur l'épaule gauche et me déséquilibre par moments. C'est la soufflerie !
Puis la route rejoint celle en provenance de Sothonod. Je sais que le plus dur est fait, il doit rester 4km, dont un peu de plat pour me refaire la cerise. Sauf que le vent de nord me freine, argh. Dernier coup de cul de peut être 1.5km, avant la descente qui me mène au dernier mur de 200m, qui m'amène à hauteur du dernier col du jour, le col de Richemond. Un col que j'apprécie bien, très différent mais très intéressant des deux côtés. Et il est à portée de la maison, j'y passe donc de plus en plus souvent, à raison de 3-4 fois par ans généralement.
Descente, pas froide car j'ai remis un coupe vent sans manches, bien efficace ça. Arrivé à Craz, je sais que je ne peux pas garder la direction de Bellegarde, sans quoi je n'aurais pas franchi les 200km à la maison. Il me faut donc trouver des routes pour perdre mes roues quelques kilomètres de plus !
C'est pas un souci, je file plein sud jusqu'à Seyssel, via l'Hopital, Chanay et Corbonoz.
A Seyssel, je franchis le pont enjambant le Rhône et cherche du regard une fontaine. Toujours rien. Ça sera la pause à une petite supérette où j'achète un coca et une petite bouteille d'eau. Ce qui sera suffisant pour tenir jusqu'à mon QG de Chessenaz, où je sais pouvoir trouver les WC publics ouverts normalement toute l'année, avec un robinet d'eau potable.
Allez hop je repars plein nord. Avec un oeil interrogateur en permanence sur le GPS... je suis pas sur que 'ça suffise' pour passer les 200km cette affaire.
Un peu de 'grosse route', pas super agréable avec du trafic, surtout en comparaison avec les routes perdues parcourues toute la journée.
Le vent de face reprend, et de plus belle. Là, ça devient impossible de pédaler correctement. C'est une lutte physique, un corps à corps... que je suis dans l'incapacité de gagner, à la David contre Goliath. Alors je pédale petit, je bloque le cerveau sur 'arriver aux WC de Chessenaz' et de fil en aiguille, à vitesse grand 'E' (comme escargot), m'y voilà bientôt.
Allez, embranchement à droite, et illico à gauche, pour grimper à Chessenaz. Youpi, pause ravito où je peux boire goulûment de l'eau. Je n'avais jusqu'ici bu qu'1l d'eau en... 8h40 d'effort ! Déshydratation assurée, ça explique en partie la difficulté à pédaler aujourd'hui.
Je reprends contre mon ennemi invisible. Il me pousse, me secoue. Me laisse espérer en me donnant un peu de 'mou' avant de me remettre une bonne claque dans le visage. Dans ces conditions, le vélo c'est pas juste difficile, c'est aussi injuste !
A Clarafond, je sais que j'ai fait le plus dur. Reste le dernier bout de montée qui me fait ensuite basculer sur Arcine et le fort l'Ecluse. Toujours un gros vent glacial de face, mais ça va le faire !
Hop, Vulbens, je fais un petit détour pour approcher des 200km. Puis je plonge vers le pont Carnot. L'éclairage arrière clignotant est allumé depuis un moment par sécurité. Pas besoin de l'avant même si à l'approche de la maison ça devient un peu limite. Je l'ai dans le sac, mais je n'aurais pas besoin de l'installer.
Et voilà qui boucle le dodec d'octobre. Je rentre bien cuit, mal aux pattes ! Feuilles mortes et jambes mortes, c'était le thème du jour.
En tout cas j'ai vérifié, l'automne est bel et bien là.