13 décembre 2018 - Une histoire de bornes
Petit lexique du parfait cyliste: 'BORNER'
Kezako? Pourquoi faire?
Ce jeudi après-midi, j'étais à bicyclette, à faire la tournée non pas des bars, mais des routes campagnardes du coin, à écluser non pas des bières, mais des petites côtes tirées de derrière les fagots. 91km par météo grisâtre - je me suis fait avoir par le beau soleil du matin, mais en fait j'ai quasi tout fait par météo grise... typique pays de Gex quoi.
Rien à raconter sur cette sortie. Absolument rien. Tout pareil mardi quand j'ai fait un peu plus de 60 bornes.
Mais justement c'est au retour de cette boucle au-delà de Divonne les Bains en sens inverse de certaines de mes routes 'retour' du vélotaf, que je fais une courte pause à côté de la piste cyclable qui longe la deux-voies reliant St Genis Pouilly à Collonges. Ici on est juste sur la frontière France-Suisse, et tous les 100m il y a une borne pour symboliser la ligne.
Je m'arrête donc sans trop réfléchir à 15m de cette borne où un petit vautour est posé... le temps que je m'approche, il s'est envolé bien sur. Je veux prendre une photo de la borne, avec en tête un petit 'sujet' pour le blog, et donc l'occasion d'illustrer ça ici... sauf que je n'ai plus de batterie sur le téléphone. Bon bah pas de photo.
Mais ça me fait réfléchir tout ça... la borne et le sujet de 'borner' à vélo. Un mot que je n'utilise pas souvent, mais qu'on retrouve beaucoup dans le milieu cycliste. Borner, c'est faire du vélo, faire de la distance, s’entraîner. Pour moi ça a une connotation négative, ça fait un peu 'rouler pour rouler'. Sans but. Et pourtant, ceux qui bornent, ils en ont des objectifs ! C'est justement pour se préparer à ces objectifs sportifs qu'ils bornent. Ils s’entraînent. Ils roulent. Ils pédalent. Ils suent. Je devrais 'elles et ils', hein bien entendu !! J'en connais des femmes qui font du vélo, et mieux que moi !
Mais revenons à notre sujet. Les bornes. Plein de choses me viennent en tête à leur sujet. On 'fait des bornes', on fait de la distance à vélo quoi. "T'as fait combien de bornes ce week-end?". Mais pourquoi on pédale? Qu'est-ce qu'on chasse comme ça ? A un moment ou pas mal de choses changent autour de moi, et moi avec, je me demande un peu ce que je fous ici, par -1° à faire du vélo, dans la grisaille ? Je n'y trouve pas de plaisir en ce moment. Alors je me 'maintiens' en forme. C'est toujours ça de pris. C'est bon pour la santé, je m'aère les neurones comme j'aime à le dire. Mais surtout comme un pote sportif me dit sur whatsapp à mon retour à la maison, 'on le fait parce qu'on est comme ça, on monte sur le vélo et on roule'. On a attrapé le virus du vélo et ça devient machinal. On le fait un peu comme on respire. Et ça fait quand même globalement du bien.
Une autre réflexion qui me taraude en ce moment, pourquoi toujours repousser ainsi le nombre de bornes qu'on va franchir, dépasser ? Faire de la distance, pourquoi faire ? Ces 'bornes' dont on parle, ce sont bien des marqueurs de distance, des indicateurs de lieux. A chaque fois qu'on fait un kilomètre, on franchit une 'borne'. On peut la saluer, la remarquer, ou pas d'ailleurs. Je me rappelle encore de mon tout premier parcours de 200km, un tour du lac Léman où au bout de 70km je me sentais vraiment épuisé ! Et depuis m'est venue l'envie de repousser ces limites, de compter plus de 'bornes'. Le mois suivant, je faisais mon premier Brevet des Randonneurs Mondiaux (BRM) en mars 2012, là encore 200km, mais avec quelques bosses. Je m'en rappelle comme l'un des parcours où j'ai terminé le plus 'cramé'... j'étais vraiment pas bien à la fin ! Mais la compagnie d'une belle bande de copains et leur partage d'envie, d'expérience, m'a donné envie d'y revenir et donc de repousser les bornes, les distances.
Un an plus tard, je me lançais sur ce BRM 300km, fini main dans la main avec Franco & Robert du club de Tullins (Isère), dans des conditions dantesques de froid et de gros vent.
Et pourtant.. malgré la difficulté... on y revient à ces BRM ! La même année en 2013, je me lance sur un BRM 400km... là on montre vraiment d'un cran en difficulté, car il s'agit aussi de passer une nuit entière à vélo ! Mais les bornes passèrent, les kilomètres défilèrent, mes forces disparurent... mais je finis par atteindre mon graal en milieu de matinée le 'lendemain matin' du départ... dans un trio magique avec Franco & David.
De 2014 à 2017, je referais bien de la longue distance, sans toutefois vraiment pousser plus loin les 'bornes'. Les parcours de 200km deviennent plus réguliers. En 2014 je fais un 400. En 2015 je fais un 300 et un 400. En 2016 je franchis encore une grosse étape avec un 400km en montagne, mené tambour battant et avec une nette impression de progrès.
En 2017 et 2018, je me mets au BRM 300km organisés depuis la banlieue de Mulhouse par le Cyclo-Club Kingersheim. Puis en juin 2018, l'envie devient trop forte, je m'inscris au BRM 1000km 'Trirhena' en montagnes suisses, allemandes et françaises.
Voila comment on se met à la longue distance, en deux mots !
De la parfaite inutilité de faire du vélo
Donc voila, on fait du vélo, on 'borne', on franchis de plus en plus de bornes, on repousse ses propres bornes... et on avance. Sans vraiment savoir où on va.
Et vous... vous les voyez comment les bornes à vélo ?
Je profite de ces pensées désordonnées pour souhaiter à tous de bonnes fêtes de fin d'année ! See you in 2019.