20 décembre 2018 - 72è étape du dodecaudax
204km en 8h04, D+ 2538m, coef 1.24
Météo: froid, vent, grisaille (avec des éclaircies), pluie sur la fin
Sixième année que je m'amuse à ce défi du dodecaudax,qui consiste à faire un parcours de 200km chacun des mois de l'année... ça fait donc le 72ème parcours en 72 mois.
J'avoue, celui-ci je suis allé le chercher loin. Pas tellement sur le vélo, mais dans la tête. Je n'avais juste aucune envie de monter en selle pour faire du long. Pas en ce moment. En plus la météo est loin d'être bonne ces jours ci, beaucoup de pluie et de vent.
Mais c'est justement un des intérêt du défi... être 'forcé' à faire du long toute l'année, pour garder un semblant de forme et d'habitude, à défaut d'avoir la gniaque.
Peut être que cette demi-éclaircie sur le Jura derrière la maison au moment où je sors du garage est un bon présage ?
Allez hop en selle... sur le Canyon CF9.0 à défaut d'utiliser le Scott qui est pourtant ici pour les mauvaises conditions de route: celui-ci a la roue arrière bien voilée, et je n'ai pas eu le temps de régler ce problème. Il est 8h36 au départ, je file via Collonges jusqu'au fort l'Ecluse puis la route en toboggans et la descente sur Bellegarde. D'ici je grimpe à Châtillon en Michaille. Les routes sont toutes mouillées, voir plus, et il fait bien gris... bof au niveau du 'plaisir' de faire du vélo dans ces conditions. Allez, laissons ces mauvaises pensées derrière soi en retombant sur St Germain de Joux.
Une fois n'est pas coutume (je crois que ce n'est que la 2ème fois), je vais rester sur la 'grosse' route jusqu'à Nantua. Et de fait il y a pas mal de trafic, heureusement principalement dans le sens inverse de circulation. Il commence à pleuvoir... ah bah voilà une belle sortie hivernale... je suis servi.
Courte pause après Nantua pour un échange de SMS, une barre de céréales avalée, et une petite photo du lac aux eaux grisâtres...
A partir d'ici, je n'ai absolument aucune idée du parcours qui suivra... je n'ai pas réussi à me décider, et j'ai mon GPS qui n'a plus la fonction 'carte', je suis donc 100% au feeling, un coup à droite, un coup à gauche, avec comme seule certitude, l'envie de pédaler 200 "bornes".
Au début je pensais aller grimper le col de la Lèbe, que je n'ai jamais franchi par son versant nord, et puis voyant le trafic important sur la route y menant, je vais au pif sur la route à sa droite, qui m'emmène complètement autre part. Je commence par suivre le tracé de l'itinéraire touristique 'route des Sapins', puis reconnaissant un peu les lieux, je finis par emprunter la route menant vers le sud du Revermont, où j'étais passé en 2016. Dans la longue montée de Peyriat, je reviens sur un tracteur qui roule tout doucement... et qui charie du fumier. Ahem merci les odeurs, alors je finis par le doubler et retombe de l'autre côté, sur Cerdon, non sans avoir franchi le col de Ceignes (sous le pont de l'autoroute !), et la belle descente sur la D11, en passant à côté de la cascade de la Cula. Les falaises sont belles malgré la grisaille, ça vaudra le coup de repasser ici une fois en montée !
Laissant les nombreuses caves à vin derrière moi, ainsi que les belles vieilles vignes sur le versant sud de ce petit vallon resserré, je file sur Poncin, puis Neuville - les kilomètres suivants (lignes droites vers le sud, puis le sud-est), ne sont pas sans me rappeler mon tout premier BRM 400... nous étions passés ici au petit matin après ma toute première nuit à vélo !
Il y a enfin un peu de soleil ici... ça fait du bien... mais ça ne durera que deux petites heures.
Les panneaux routiers indiquent maintenant régulièrement Ambérieu en Bugey, ce qui me repousse clairement (je sais que la traversée est difficile à vélo). Du coup je cherche à tout prix à me réorienter... c'est à Jujurieux que je trouve chaussure à mon pied, avec un panneau indiquant la direction de Hauteville Lompnes à gauche. Ni une, ni deux, je prends cette route-là. Car Hauteville est au moins une 'direction' qui me dit quelque chose. Désormais j'ai en tête de faire la boucle par Hauteville, Belley, et Culoz, pour ensuite remonter plein nord jusqu'à la maison.
Je franchis un petit vallon très étroit qui suit le ruisseau de Marlieux, un joli coin humide et au calme... le GPS n'arrive plus à capter ma position, c'est dire à quel point c'est encaissé. Lorsque je ressors de ce vallon, le faux-plat montant se transforme en vraie montée. J'ouvre la veste thermique, j'ai trop chaud ! En quelques minutes l'effort devient intense, les lunettes se couvrent de buée, je suis en surchauffe et j'ai l'impression de surchauffer. J'entre-ouvre légèrement le maillot sous la veste... puis finis par faire une pause photo (la bonne excuse pour respirer un moment).
L'arrivée à Hautville sera loin d'être aisée... j'en ai un peu bavé en montée. Quelques traces de neige au niveau du col de la Berche, avant le replat et les courtes montées/descentes avant Hauteville. C'est la grisaille qui m'attend déjà la haut.
Réalisant que pour retomber directement sur la route que je visais 'en vallée' aux portes de Virieu le Grand, il me faudrait passer le col de la Rochette (franchi cette automne). Or, c'est une belle montée exigeante, et je n'en ai ni l'envie, ni les jambes aujourd'hui. Donc par défaut, je retombe sur la direction d'Ambérieu en Bugey sur ma droite et emprunte la longue descente dans les gorges de l'Albarine, non sans remarquer du coin de l'oeil les cascades bien en eau sur ma gauche ! Je commence dejà à flipper en me disant que je vais me retrouver sur la grosse route dégueulasse en faux-plat menant jusqu'à Ambérieu, et que je pars pour un gros 240km plutôt que le petit 200km facile que je visais en début de journée...
... heureusement à Tenay, je découvre la route à gauche qui suit enfin la direction de Culoz ! Youpi !
Banco, je file à gauche et retrouve une belle route dégueulasse où les camions me frôlent... le bonheur des routes roulantes (à vélo mais aussi en véhicule). Hmmm.... il me tarde de retrouver des routes plus calmes.
A partir du lieu-dit les Hopitaux, je longe non plus seulement la ligne de TGV, mais aussi le petit cours d'eau le Furans. C'est en descente que j'atteins la route de Virieu le Grand, yes, ça c'est fait.
Petite pause après Virieu au niveau d'un cimetière pour chercher de l'eau... rien... ni à l'extérieur, ni à l'intérieur. Bon bah ça sent la déshydratation à plein nez tout ça.
Allez, me voilà sur un itinéraire connu, je peux donc commencer à décompter les bornes qu'il me reste à parcourir, pour estimer à la louche si le parcours le plus court jusqu'à la maison me permettra ou non de passer les 200km au compteur.
Plus j'avance, plus j'en doute. Tant pis, je ferais un petit détour autour de la maison s'il le faut.
La route de Culoz est bien roulante, je laisse enfin le mal aux jambes et la fatigue derrière moi, je retrouve un second souffle. Surtout après Culoz en fait... le soleil se couche deja à moitié et la grisaille est bientôt remplacée par une pluie fine. Rien de méchant, c'est 2-3 gouttes, ça commence, ça s'arrête, ça recommence... et avant d'avoir pu dire ouf, je suis à Seyssel...
Avant pour moi Seyssel c'était mentalement loin de la maison. Désormais, connaissant mieux les lieux, et ayant progressé à vélo, je sais que ce n'est pas si loin. J'hésite à faire un arrêt boulangerie (je n'ai rien mangé à midi de consistant... rien que des barres de céréales, chocolatées, ou pâte d'amande). Puis finalement je poursuis mon chemin.
Après Seyssel, ça roule bien, mais la pluie devient plus régulière... le vélo est dans un sale état.
Montée à Chessenaz, où je trouve mes WC publics préférés sur terre: ouverts toute l'année, avec de l'eau potable à coup sur ! Quelques photos de ce village où je passe de plus en plus souvent...
Je profite de cette pause pour mettre en route l'éclairage avant et changer l'éclairage arrière qui a dejà 'tourné' un bon moment...
De là, il me reste à finir cette ascension au-delà de Clarafond, puis retomber sur Arcine, le gorges de Fort l'Ecluse, et Vulbens.
Petite boucle par Valleiry, Chancy en Suisse, la remontée sur Pougny. Il est 17h et je me doutais qu'Amandine me doublerait ici en voiture, elle doit aller chercher les enfants et je suis sur sa route du taf vers la maison... ça ne rate pas, une Peugeot 2008 noire au look 'connu' me double et tourne sur le parking à la sortie du village :)
Quelques minutes de discussion puis chacun repart - il ne me reste guère que 4km de montée douce par à-coups pour atteindre Collonges et Ecorans.
... et voilà qui termine cette sixième année de 'dodec'. Je suis bien crevé. Pas cramé, mais quand même j'ai laissé des plumes en route. Comme quoi, 'un 200' ça se mérite toujours...