5 aout 2019 - Vercors: tunnel du Mortier, Herbouilly, Mont Noir
140km en 6h16, D+ 2907m, coef 2.07
Météo: soleil, douceur relative... chaleur sur la fin
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C'est drôle le vélo... je me plains souvent de ne plus avoir trop le temps ni d'occasions de découvrir de nouvelles routes... et que j'en ai un peu marre des mes routes archi vues et revues dans le pays de Gex... et des parcours vélotaf qui se ressemblent tous.
Et pourtant, après 4 belles sorties en Italie, à Serre Chevalier, et dans l'Oisans, je suis tellement heureux de retrouver certaines de mes routes favorites dans le Vercors ! Bon il faut dire que j'ai choisi avec minutie... bien que mon choix de parcours ait été fait en improvisation en bonne partie. Peut être que c'est aussi ça qui a rendu cette sortie excitante ?
Parti 'à la fraiche' depuis l'Albenc, je n'ai qu'une idée en tête: aller voir, et franchir, le tunnel du Mortier. Ce tunnel du Mortier a toute une histoire, aussi bien publique que privée, si je peux dire...
En termes 'publics', c'est un tunnel qui avait été créé avec la route pour rallier la vallée iséroise aux stations du Vercors (notamment Autrans) à l'occasion des JO de 1968.
En termes 'perso' ou 'privés', c'est une route qui me rappelle des souvenirs incroyables... surtout lors de ma première montée là-haut... j'étais encore lyçéen, et j'ignorais qu'il y avait un éboulement, qui avait emporté la route et qu'il était donc impossible de passer... j'avais appris ça en cours de montée seulement, lorsqu'un 'ancien' à vélo m'avait doublé et qu'on avait fini l'ascension ensemble... mais il m'avait offert de le suivre, et m'avait fait découvrir ce sentier scabreux, en contrebas de l'éboulement sur la route, où il fallait porter le vélo... gare à la glissade avec les cales de chaussures, car ça aurait été dangereux vu la pente et les cailloux.
Mais j'étais retourné une seconde fois là bas seul. Puis en 2011 avec Tom, une sortie de pur plaisir vraiment, e super souvenirs à deux... et ce coin du Vercors que j'avais surnommé "passage secret" semble intéresser, piquer la curiosité, puisque c'est encore à ce jour l'article de mon blog qui est le plus lu ! Ca avait été mon tour de montrer à Tom le sentier sous l'éboulement, qui avait succédé à l'ébahissement devant le calme et la grandeur des falaises surplombantes, puis s'était effacé avec la découverte de l'entrée du tunnel, son anonymat total, ses tags aux peintures bariolées sur les murs... l'impression de piquer à la montagne un de ses endroits secrets...
Plus récemment, j'avais tenté avec Brigitte d'aller là-haut, mais nous avions du faire demi tour après le franchissement de l'éboulement, car de trop gros engins des travailleurs du bois bouchaient complètement le passage, ça aurait été dangereux de tenter en contrebas.
Donc, de retour à mes moutons... c'est par la voie verte que je rallie Saint Quentin sur Isère depuis Saint Gervais. Arrivé au pied, c'est, une belle et longue montée qui m'attend... environ 20km et 1150m de dénivelé positif, c'est du sérieux. Du très sérieux même. Une ascension classée 'hors catégorie'.
J'ai eu une journée de récup depuis mes derniers efforts, avec un passage au resto en famille, je dois donc pouvoir de nouveau bien pédaler... c'est ce que je me dis alors qu'un 'vieux' me double à vélo à 2km de Montaud. Je me dis que décidemment, je ne grimpe pas très bien cette saison... avant de m'amuser de voir qu'il donne des coups d'oeil en arrière très régulièrement, clairement il cherche à me décramponner... je laisse faire, je ne peux pas rouler plus vite de toutes façons. Puis je vois qu'il tourne à gauche rapidement pour redescendre sur Veurey... p'tit joueur... moi je n'en suis qu'à la moitié de mon ascension.
Montaud traversé, il faut rejoindre les Coingts.
J'essaie de ne pas trop penser à l'éventualité d'un tunnel fermé... il est vrai qu'il a été fermé d'une grille il y a deux ou trois ans. Mais je me dis que puisqu'une piste remplace (ou plutôt 'couvre') désormais l'éboulement qui avait emporté la route, ça devrait le faire. Alors je ne m'inquiète pas trop du panneau qui indique encore 'route d'Autrans fermée'.
Puis voici le petit parking où les randonneurs et VTTistes se garent généralement... la chaussée se dégrade très rapidement, avec de gros trous et des cailloux partout... la route entre dans la forêt, serpente un peu, tourne à gauche, et perd globalement du pourcentage, même si ça monte encore.
Après le tournant marquant l'emplacement du col de Montaud, ça regrimpe un peu... puis le paysage se dévoile, avec de grosses roches à fleur de route sur ma droite. C'est le vide à gauche... quelques pierres ici et là... l'air d'envol des parapentes, puis... voilà l'endroit où un monticule de terre et de gros rochers barraient la route... ils ont été dégagés... voilà aussi l'endroit de l'éboulement... désormais, une belle piste de cailloux le remplace.
Je vais pousser le vélo histoire de ne pas risquer la crevaison, mais concrètement il est possible de passer ici à vélo, que ça soit VTT, gravel ou route... même s'il faut de bons pneus.
Un dernier petit coup de montée, et un replat... une barrière de béton renforce la route contre les éboulements de la montagne sur la droite... voilà qui annonce l'embouchure du tunnel à 100m !
... et le voilà qui se dévoile à mes yeux... un lieu que j'aime vraiment beaucoup... et qui est (aujourd'hui du moins) accessible et non barré !
Je fais une courte pause pour prendre des photos qui me feront de beaux souvenirs visuels... avant d'allumer la lampe frontale prise 'au cas ou' dans la poche de mon maillot... et je traverse ce lieu... tout en pénombre, en fraicheur et en échos. Une expérience sensorielle en elle-même.
Ce sont les tags au murs de Michael Jackson et d'un 'Minion' en bleu et jaune qui jouent le rôle de gardes à la sortie du tunnel. Quelques randonneurs s'apprêtent à commencer leur balade... moi je me laisse retomber sur la roue d'Autrans, admirant d'un oeil plus distrait les remontées mécaniques du domaine skiable, endormies jusqu'à décembre.
La fontaine sur la droite de la route en descendant sur Autrans n'existe plus, tant pis, je remplirais mes bidons plus tard. Je contourne Autrans légèrement, en repensant aux deux sorties 'découverte' à ski de fond avec Toinou & Soso cet hiver, autour de noel...
Puis j'enquille direction Méaudre. D'abord sur la route principale, puis par la petite route plus éloignée, à flanc de collines, que m'avait fait découvrir Franco, en sens inverse, il y a quelques années. Je poursuis la route en descendant les gorges du Méaudret, et à leur sortie, suis la direction de Villard de Lans à gauche. A peine arrivé à Villard, au rond-point tout à droite, direction Bois Barbu... une nouvelle section de route inconnue pour moi.
Ca grimpe un moment et j'accuse le coup. Il fait chaud, aussi. L'aller-retour au col du Liorin (altitude 1226m) me permet de souffler, notamment le retour en descente. C'est pas bien long, peut être 1.5km en tout.
Et très rapidement me voici sur le domaine de ski nordique de Bois Barbu. Je ne vais plus croiser grand monde pendant un moment. Surtout que pour aller chercher le col de Malaterre, au-delà (et au-dessus) de l'auberge de Malaterre, j'emprunte cette toute petite route bitumée, clairement une piste de ski de fond à laquelle il ne manque que la neige. Et c'est long ! Et ça serpente, sans relâche. La montée est irrégulière... comme.. sur les pistes de ski nordique, comme je l'ai découvert à la Vattay dans le Jura cet hiver.
Après un premier embranchement où je prends à gauche, ça monte sévère... mais c'est par une courte portion plate que j'atteint l'Auberge de Malaterre, ouverte et qui sert à manger à quelques familles.
Je pensais avoir atteint ici le col, mais que nenni... il faut continuer sur une portion assez pentue, relativement recitiligne, sur la gauche.
Un beau lacet plus tard, et quelques relances debout sur les pédales pour ne pas perdre trop de rythme... je double un VTTiste et voici le col de Malaterre (altitude 1457m).
La descente va être moins agréable... elle est encombrée par moments de 'restes' et de débris de bardage du bois... ça plus le bitume détérioré et les cailloux... il faut être prudent. De retour sur la route 'principale' en contrebas, je prends à gauche. Petite parenthèse... pour faire remarquer qu'appeler cette route 'principale' est drôle en soi... PERSONNE ne passe même ici. Mais disons que la boucle faite côté Malaterre était vraiment sur une route perdue au sommet de Bois Barbu.
Bientôt me voici à un monument à la gloire et la mémoire de la résistance dans le maquis du Vercors. Nous sommes juste au-dessus de Valchevrière, un village qui avait été brulé par l'armée nazie, mais dont il reste encore aujourd'hui une chapelle et quelques murs de maisons calcinés...
Ce petit replat m'a fait du bien, les derniers kilomètres de montée pour atteindre successivement le col de Chalimont et celui d'Herbouilly me seront beaucoup plus difficiles ! J'ai les pattes lourdes à ce stade. Heureusement l'altitude fait qu'il ne fait pas trop chaud.
J'étais passé à Herbouilly une fois à vélo, mais ne me rappelais plus trop des lieux... c'est beau, c'est calme, c'est vert... et la descente va être très longue, avant de récupérer la route de St Julien en Vercors.
D'ici, 2km de montée avant St Julien. Il fait chaud - normal, j'ai perdu de l'altitude. Je m'asperge d'eau à la fontaine du village, et repars jusqu'au pont de la Goule Noire
Puis voici les 8km de grimpée jusqu'au col de Romyère, depuis la Balme de Rencurel. Avec un petit vent dans le dos sur le haut, ça passe pas si mal.
Pas besoin de pause au sommet, puisque le sommet n'est pas le sommet final... je tourne à gauche pour affronter les 4.8km de grimpée et 348m de D+ pour atteindre le graal... le Mont Noir.
Je connais bien les lieux, mais je pioche pour avancer. Ca grimpe fort, même si des bouts de chaussée refaite à l'occasion du Criterium du Dauphiné il y a deux ans (?) aident un peu à rendre l'aslphalte correcte par moments...
Mais je finirais bien par arriver en haut ! D'ici je peux laisser filer, ça roule tout seul pour franchir successivement le carrefour de la patte d'oie, puis la Patente, le Pas du Pré Coquet, Malleval, et enfin les gorges du Nan ! Vertige assuré.
De retour tout en bas à Cognin... le soleil cogne, justement... et je suffoque sous la chaleur étouffante. Alors je vais rentrer au plus court à l'Albenc, via le pont de Vinay et l'Allègrerie. Voilà qui met fin à cette première semaine de vacances estivales !