4 mai 2013 - BRM 400kms, la nuit à vélo
417kms en 18h26, D+ 4242m, coef 1
3h de pauses cumulées à ajouter aux 18h26
Météo: douceur et soleil le samedi, brumes et froid le dimanche
Quand on part avec ceux là, on sait que ça va rouler costaud. Franco de dos à gauche, David de profil à droite. Les autres, je les verrai (beaucoup) moins !
Voila un raid au long cours auquel je n'aurai jamais cru participer il y a encore peu ! D'ailleurs hier soir en annonçant ma décision d'y prendre part à Franco par email, je lui dit:
- 'Il y a 20% de chances que je me morde les doigts demain à cette heure-ci,
- Il y a 80% de chances que ce soit du pur bonheur,
- Il y a 100% de chances que je rentre complètement carbo, mais
- Il y a aussi 100% de chances que je rentre content'.
Le BRM200 de mars, c'était prévu, et dans mes cordes. Le BRM300 était l'un des 3 gros objectifs de ma saison 2013, et j'ai été au bout de mes forces (mentales et physiques) pour le plier à la mi-mars, dans des conditions de grand froid.
Ce BRM400, il est encore un niveau au-dessus:
- Bon c'est une lapalissade, mais il fait 100 bornes de plus que le 300. Quand je pense à l'état dans lequel j'étais en mars sur les dernières bornes de la voie verte au moment de revenir à Grenoble... ça fait peur.
- Toujours en autonomie complète, ce BRM me pousse à partir avec un gros sac à dos. Il est bien arrimé au dos et confortable, mais il pèse facilement 7-8kgs (dont 2kgs de bouffe... oui oui vous lisez bien, 2kgs)... une manière différente de partir à vélo !
- Mais surtout, la vraie grosse différence, c'est qu'on part à 15h et qu'on passe la nuit à vélo ! Complètement fou, stupide... il n'y a pas de superlatifs en trop. Mais c'est aussi une idée superbe dans le but de repousser mes limites, une occasion en or pour rouler avec une partie des 20 courageux qui s'élancent sur ce parcours concocté par Jean Philippe Battu.
La veille du départ, il ne me reste plus qu'à remplir le sac. Beaucoup m'ont demandé ce que je fichais avec un si gros sac à dos (de montagne)... et ils ont raison. Mais bon, de la bouffe pour 24h d'autonomie, le GPS, les piles de rechange pour les éclairages AV/AR, de quoi se changer pour la nuit (froide !), se protéger de la pluie attendue, etc... non, je ne regrette rien !
Première partie: de Grenoble à Bellegarde sur Valserine, fraicheur physique sous le soleil (km130)
Allez hop c'est parti depuis Grenoble via la voie verte que nous quittons rapidement pour entrer dans Voreppe. D'ici, il faut déjà se coltiner la montée du col de la Placette. Nous devons être 25 au départ, mais rapidement des groupes se forment. Les costauds partent devant, puis derrière ça s'étalonne doucement selon les envies et le niveau de chacun. Pour rigoler, dès que je vois Yann, Thomas et David partir 50m devant le peloton encore groupé à ce moment là, je dis à Franco qu'il faut qu'on les rattrape pour faire la photo avant de leur dire au revoir... on sait qu'on ne les reverra plus d'ici l'arrivée ! Petite accélération sur 2 minutes pour revenir dans le sillage de Thomas et David - Yann, lui il en met un gros coup pour s'arrêter plus loin prendre la photo des uns et des autres à leur passage... résultat y'aura pas de photo !
Dans la section de l'ascension où les pourcentages se corsent, qui c'est qu'j'vois pas arriver dans l'autre sens... Vincent (du Team Mont Ventoux... oui oui, lui même en personne) ! Cool. Il fait demi tour et revient à ma hauteur pour finir l'ascension avec Franco et moi.
Pas besoin de pause au sommet, les bidons sont encore bien pleins... on bascule sur St Joseph de Rivière, puis Saint Laurent du Pont. Nous sommes rattrapés par un groupe de deux participants qui mettent un bon coup de relais... 'faut pas les lâcher' me dit David, alors on prend les roues, puis chacun y va de son relais. Ca roule costaud... parfois jusqu'à 45km/h !
C'est comme ça qu'on arrive à Les Echelles, pour commencer bientôt la montée qui nous fera passer la bosse qui sépare le plateau de Chartreuse avec le lac d'Aiguebelette. Dans cette montée, ça revient sur nous et je fais bientôt la rencontre de Florian et Alain, tous les deux potes 'longue distance' de Cricri, que je reconnais pour avoir vu des photos sur son blog. Là, je paie dejà mes efforts 'inutiles' dans la Placette, alors illico je prends une barre de céréales (il faut dire que j'ai pris mon repas à 11h, j'avais plus de 2h de route pour venir à Grenoble).. pas le droit à l'erreur sur un BRM400 alors je vais me goinfrer tout du long, en bonne et due forme.
Vincent et Franco posent le rythme... ça discute sévère pendant que moi je récupère un peu de mes efforts inutiles de la Placette :)
Belle descente vers le lac, on atterrit en bas sur la route au-dessus de La Bridoire. On dit au-revoir (et à l'année prochaine) à Vincent qui nous laisse ici. On a rejoint Aboju ici (Patrick), un autre cyclotouriste super sympa au long cours qui a déjà des années d'expé de belles randos derrière lui !
Le lac d'Aiguebelette est sur notre droite, ça file vite - puis déjà nous voilà à Novalaise. Ca monte un petit coup, puis derrière je me retrouve avec Franco pour un long faux-plat descendant où on file à pleine allure sans forcer l'effort, un vrai bonheur ! Et ça dure en plus... j'étais deja passé ici, mais dans le sens contraire, il y a plusieurs mois. Ca file vite jusqu'à Yenne, où on traverse le fleuve sur ce chouette petit pont bleu avant de grimper sur la colline d'en face. Là aussi, je n'ai effectué cette section que dans l'autre sens.
Une dernière petite bosse après le pont, avant d'arriver à Massignieu de Rives pour le premier contrôle
A ce moment de la sortie, les jambes sont bonnes, on commence à s'éloigner pour de bon de Grenoble (on a quitté l'Isère depuis un moment) et on s'extasie devant les paysages et... la météo !!! On nous avait annoncé des nuages, des averses, de la pluie ! J'avais été jusqu'à mettre mes affaires dans un sac poubelle à l'intérieur du sac, pensant qu'on serait détrempés... mais que nenni, même la chaussée est sèche ! Quel pied. Et quel bol !
Arrivés à Massignieu de Rives, on retrouve Florian, Alain, Patrick et Pascal le 'grimpeur' infatigable au centre du village en train de remplir leurs cartons respectifs pour prouver leur passage à ce checkpoint. On les laisse repartir en se demandant si David est juste derrière nous ou un peu plus loin. Honnêtement à ce stade, je suis surpris qu'il ne soit pas parti devant avec les costauds. En même temps, on sait très bien qu'il maîtrise ce type de longue distance à la perfection, donc on finira bien par le voir revenir sur nous.
Je repars donc avec Franco. D'abord tout doux en retombant sur le lac du Lit au Roi. Puis une fois sur la D992, je sais que c'est plat, que c'est large, que ça roule bien... et forcément nous voilà partis sur une série de bons relais à 35km/h. On avance bien et franchement ça fait plaisir. Alors bien sur, sur une telle distance c'est risqué, il ne faut pas se cramer trop vite... mais on a aussi envie de se faire plaisir pendant qu'on peut... car je sais très bien que dans 100, 200kms, on ne pourra tout simplement plus faire ce genre d'accélérations, même en relais.
Chacun met son coup de collier, seulement avant d'entrer dans Culoz, j'ai les jambes qui brûlent alors je reste derrière Franco. Et puis je me rends compte que c'est pas que les jambes, le coeur lui aussi semble avoir du mal à retomber dans les tours... à l'oeil bien sur car je n'ai pas mis ma ceinture cardio. On laisse Culoz sur notre gauche et là, Franco part devant. Je continue à rouler à mon rythme en essayant de retrouver un rythme qui me convienne... si ça prend un moment c'est pas grave, mais je ne peux tout simplement pas me permettre de continuer comme ça longtemps, sinon c'est l'abandon assuré.
Dans la roue de Franco en arrivant à Culoz - le Grand Colombier à notre gauche, on l'a deja grimpé ensemble.. et c'est pas impossible qu'on remette le couvert cet été d'ailleurs
2-3 bornes plus loin, Franco se rend compte qu'il m'a décroché pour de bon (je ne le vois même plus devant, car la route tourne un peu !), et fait la pause technique. Je le double sans m'arrêter et il aura la gentillesse de prendre mon rythme une fois qu'il m'aura rattrapé.
A ce stade du BRM, je ne fais pas le malin. Tout juste 100 bornes dans notre escarcelle et je me sens déjà cuit. Du coup on se met d'accord pour faire une pause à Anglefort. Une pause de 10 minutes pour remplir les bidons d'eau et boire un coca qui me remettra d'aplomb... pause à laquelle on ajoute 5min en voyant David revenir sur nous, le temps que tout le monde soir prêt à repartir à trois.
Le 'Team Scott' (lire ici) est reformé ! Et il le restera jusqu'au bout du BRM... yessss !
Nous empruntons la D992 puis la D991, cette superbe route en faux plat montant... que je n'ai jamais prise qu'en descente, dans l'autre sens. Elle est très calme, peu de trafic automobile, et le panorama sur notre droite est superbe: coucher de soleil sur les montagnes avoisinantes. La fraîcheur tombe, aussi ! Doucement, mais surement. Perso, j'en profite bien, étant habillé depuis le début en corsaire et avec maillot de corps respirant à manches longues + maillot court en haut.
La route tournicote bien, c'est agréable... pas le temps de s'ennuyer. Niveau rythme on roule en mode diesel... Franco est souvent devant, David & moi derrière... mais on discute un peu, on profite du moment... c'est le pied. Et puis moi je me dis aussi qu'on approche de Bellegarde, où on fera une 'vraie' pause pour manger avant de partir pour la montée de nuit.
Chanay, Injoux Génissiat, puis Billiat - voilà cette longue section derrière nous, on peut maintenant tranquillement redescendre sur Bellegarde sur Valserine, après avoir entre-aperçu un Mont Blanc orangé au loin vers l'est.
Nous trouvons une fontaine à Bellegarde où faire notre pause. Le temps de manger deux petits sandwiches pour moi, et Florian & Alain reviennent sur nous et nous rejoignent pour la pause; nous les avions doublés peu avant Billiat, l'un d'eux avait crevé et était en train de réparer au bord de la route.
Seconde partie: brume, froid et noir complet sur la traversée du Jura (km 270)
Nous sommes maintenant tous équipés pour la nuit. J'ai sorti le maillot jaune de sécurité, et les éclairages seront bientôt allumés. Nous laissons Alain & Florian terminer leur pause. J'ai le plein d'eau et le sac plein de bouffe, je me sens prêt à affronter la nuit !
Ca monte fort à Lancrans au début, mais je le savais alors je ne m’affole pas. Cette montée, c'est le gros morceau de ce BRM... 30 bornes de montée; mais en réalité il y a aussi quelques bons replats et même deux petites descentes au milieu.
David & Franco discutent beaucoup derrière moi. Moi je préfère rester silencieux, je suis dans ma bulle. C'est peut être aussi ma manière de profiter du moment.
Pendant un petit quart d'heure, les jambes sont super, la pause à Bellegarde paie. Puis doucement, la lassitude physique revient et je repasse en mode diesel. Mais le rythme auquel on montera cette longue ascension me convient à merveille. On passe chacun un coup devant, un coup derrière... David reste un bon moment derrière nous... il nous fait profiter de son super éclairage méga puissant, c'est un confort en plus pour rouler. C'est sur que de rouler à trois, c'est plus sécurisant, c'est moins fatigant. Mais il faut quand même faire attention aux trous et autres cailloux sur la route; j'avais prévenu mes copains d'équipée que cette section de route n'était pas très bonne... en fait ce sont surtout les gros cailloux parsemés sur la route qui nous gênent. Et puis quelques beaux petits trous aussi !
En passant à Chézery-Forens, une bande de jeunes en soirée avec les décibels nous invite à 'faire le ravito et boire un coup avec eux'... hmm non merci on a encore de la route à bouffer.
Traversée du tunnel, éclairé... bon ça confirme ce que je pensais; les photos pendant la nuit faut oublier :)
Cette fois-ci c'est le grand silence... chacun reste dans ses pensées. Perso ça me convient mieux comme ça.. j'ai du mal à tenir la discussion en roulant (et puis ça monte, n'oubliez pas !) tout en me concentrant sur la route et l'obscurité qui nous entoure.
Franco et David ont froid... moi ça va mais lorsque Franco demande la pause, bien sur on s'arrête... normal de s'adapter TOUJOURS à ceux qui ont froid, ceux qui vont moins vite (ça sera moi demain matin !), ceux qui veulent faire la pause... c'est comme ça qu'on arrive au bout !
Du coup je me décide moi aussi à mettre les surchaussures, le bonnet, les gants longs et même la veste thermique. Il fait 6°. En passant à Lelex, un SMS de Yann m'indique que Thomas et lui ont environ 50min d'avance; ils sont à Lajoux.
Cette pause aura finalement été faite JUSTE avant d'entrer dans Mijoux. Du coup on essaie de limiter l'arrêt (second 'contrôle') à Mijoux. Réponse rapide à la question 'mystère' qui prouve qu'on est bien passé ici, et on se lance sur les 4kms de montée jusqu'à Lajoux. Franco part devant, je reste derrière avec David.... et doit admettre qu'après tant de kilomètres de montée, même pas si difficiles, je suis dans le dur. Le rythme est donc tout doux, je me mets sur le 30x28 pour mouliner au mieux.
Nous voilà à Lajoux... j'ai perdu David dans la descente; il a eu un souci d'éclairage et a du s'arrêter un moment. Ouf, j'ai eu peur, pensant un instant à la chûte, car je le croyais dans ma roue en arrivant à Lajoux.
Lajoux = point culminant de la journée. Il fait 2° et il y a beaucoup de brume. Ca caille; pas facile de repartir dans ces conditions.
A partir d'ici on a une longue descente jusqu'à St Claude. On passe d'abord au niveau du grand vélo 'du tour de France' (lire ici) puis ensuite longue descente sur la D436 via Septmoncel. Tous ces lacets me soûlent un peu, on doit rouler tout doucement pour ne pas rater de virages. Les voitures qui viennent dans le sens opposé nous éblouissent complètement avant de nous voir et de passer en phares de croisement... quand ils le font ! En plus les lunettes sont emubées, mais je ne veux pas les enlever, les yeux prennent cher sinon, avec le froid.
On a perdu David dans la descente; à la sortie de St Claude le trio se reforme. C'est tant mieux car ici sur de longs faux plats bien roulant, on roule mieux en roulant serrés. Super portion très agréable, et longue, où l'on sent qu'on "avance". Chaque borne franchie à 25 ou 30km/h, c'est toujours une borne en moins à faire avant Grenoble !
Nous sommes toujours sur la D436 et avons passé la moitié du parcours; 200kms pédalés dejà. Chassal, Molinges, Vaux les Saint Claudes, Dortan, lac du Coiselet... petite pause casse-croute sur le bord de la route, où on laisse Aboju, Alain et Florian filer devant nous, puis on repart.
A Thoirette, regroupement général près de la fontaine du village. J'en profite pour boire un bon coup et m'assurer d'être hydraté... je ne connais que trop bien les ravages que ça peut faire, de ne pas assez boire à vélo (même lorsqu'il fait frais).
Nous sommes donc maintenant 6 à rouler ce concert. Ca discute pas mal mais j'avoue ne pas avoir trop envie de piailler. Est-ce les premiers signes du sommeil? Je n'ai pas l'impression d'avoir sommeil à ce stade, mais j'ai vraiment besoin d'être dans ma bulle. Je suis sur que mes partenaires de route me comprendront.
Aboju à gauche de la fontaine - mon objectif est propre, ce sont les gouttelettes de ce brouillard épais que l'on voit sur la photo
Après Conflans commence la montée de Corveissiat. Elle est beaucoup plus longue que je m'en rappelais, pour l'avoir prise en descente il y a un bon moment (lire ici). Ici, "l'autre" trio nous largue... et nous ne les reverrons qu'à l'arrivée ! Franco part au devant aussi, je prends un peu de retard, j'ai du mal à rester accroché. A un moment donné je mets la roue arrière légèrement dans la terre à droite de la route... rien de méchant du tout, mais je traduis ça par un début de vrai sommeil.
Ici, je perds le fil de l'histoire... nous sommes au cœur de la nuit, je suis fatigué, et surtout, nous sommes en pleine campagne et ne traversons aucun village pendant un moment. Ca monte, ça descend, ça tourne. A un moment donné nous franchissons le col de France, que j'avais déjà passé mais par une autre route.
Avant dernier contrôle à Jasseron... nous nous arrêtons en pleine nuit et sommes incapables de trouver la réponse à la question mystère... grrr... je m'impatiente un peu... pourquoi poser une question si difficile.... bref, je réalise que je suis un peu de mauvais poil, donc bien claqué ! C'en est la preuve :)
Tossiat, Saint Martin du Mont, Neuville sur Ain après être passés sous l'autoroute... le jour se lève doucement ! Mais que cette nuit m'a paru interminable... La température est remontée depuis un moment, puisque nous sommes redescendus en altitude.
Je sors mon arme fatale, une petite gourde caféine guarana pour lutter contre les effets du sommeil.. je la gardais sous le coude sachant que le petit matin serait probablement plus difficile que la nuit elle même. Ca me donne un petit coup de fouet, c'est toujours ça de pris.
En arrivant vers Saint Jean le Vieux (un énorme sanglier traverse la route devant nous !!... ou est-ce notre cerveau qui nous joue un tour ?), je réalise à quel point je suis cuit. On roule à 19km/h sur une longue ligne droite, on rame et pourtant je ne peux pas aller plus vite ! La pause s'impose... en tombant sur une boulangerie qui vient d'ouvrir (il est à peine 6h), on peut se reposer... deux bons pains aux raisins me requinquent, assis sur les marches devant la boulangerie.
Maintenant il va falloir bouffer de la ligne droite et du plat... traversée d'Ambronay, puis contournement d'Ambérieu en Bugey. Je déteste ce coin, il n'est tout simplement pas possible de contourner ou traverser cette ville sans passer par de gros axes qui donnent l'impression de rouler sur une autoroute à vélo (j'en avais déjà fait l'expérience l'été dernier; lire ici). En plus, David prend un long relais, puis Franco... moi je reste au fond et j'ai du mal à coller aux roues !
Troisième partie: lever du jour en longeant le Bugey, redescente corsée vers Grenoble (km 270 à 417)
Nous allons maintenant longer le massif du Bugey à son sud, sur tout le long. Ça promet de la ligne droite jusqu'à plus faim. A partir d'ici, je ne serai plus trop capable de passer devant pour un relais. Ni même de tenir les roues à vrai dire. Mais je sais que je peux compter sur mes collègues pour m'attendre si je traîne trop.
Lagnieu, Saint Sorlin en Bugey, Sault Brénaz, Serrières de Briord... mes jambes et mon arrière-train ne répondent plus :( Et pourtant il en reste des bornes à couvrir... 110 environ ! Heureusement je reçois des SMS de Brigitte & Cricri qui m'encouragent... ça me redonne la gniaque... je m'accroche... de toutes façons je savais qu'un 400 ça se joue à 80% dans la tête.
La route remonte un bon coup à St Benoît. Le Golet du Tilleul est passé depuis un moment (je l'avais deja franchi; ici), et moi qui croyais connaître les lieux, je suis déçu; je pensais arriver bientôt à St Genix sur Guiers mais on ne semble pas y arriver... m'enfin mais c'est pas possible que ce soit si loin ! Je suis cuit... en fond de groupe je ferme ma g... mais j'ai envie d'hurler "m'enfin ils veulent pas nous mettre au moins un panneau indiquant la distance jusqu'à St Genix ?!"...
Bon, pas le choix faut continuer à pédaler; puis de fil en aiguille nous voilà enfin à St Genix. Pause café... ça fait du bien. A partir d'ici je suis de nouveau sur des terres parfaitement connues (pour y être passé à deux reprises en janvier/février avec Vincent), l'effort me semble plus facile à gérer.
Après la pause, ça va mieux; je peux même parfois me porter devant les deux autres lascards, avant la montée sur le Pont de Beauvoisin... que je passe ce coup-ci encore sans casser de rayon (la malédiction est finie !).
On ne roule plus aussi serrés maintenant... chacun va à son rythme, on est espacés de 100, 200, 300m... puis arrivent les gorges de Chaille que je grimpe en danseuse presque entièrement (ça fait du bien au dos... et aux fesses - et ce n'est plus aussi déséquilibrant qu'il y a une quinzaine d'heures, maintenant le sac a été bien vidé de sa bouffe et donc il est plus léger !). Je reviens doucement sur David, puis on double Franco qui nous prend en photo au passage, nous redouble plus loin. Dans la descente vers les Echelles j'ai du mal à revenir sur le groupe. Un feu de la circulation nous fait nous retrouver à trois. Puis je passe en tête un court moment sur la route de St Laurent du Pont, je ne sens plus rien de toutes façons !
Arrêt-minute à St Joseph de Rivière pour remplir un bidon une dernière fois.. ça sent l'écurie pour de bon là ! Mais je repars un peu après Franco, tandis que David continue seul devant... je ne les reverrai qu'au sommet du col de la Placette ! Et pour cause. Je vais EX-PLO-SER dans la dernière montée de ce parcours. Je suis en 30x28, à un moment donné je me vois à 8km/h sur du... 2% ! Y'a plus rien dans les chaussettes, la chaudière a fondu pour de bon.
Je sais que les deux autres m'attendront au sommet, alors je prends mon mal en patience. Mais là c'est vraiment une explosion digne de mon état dans la montée d'Attignat-Oncin sur la fin du BRM200 de 2011 ! Sauf qu'aujourd'hui, j'ai presque 390km derrière moi, me dis-je pour me rassurer. Ca me fait presque marrer quand je vois ce cyclo me doubler comme une balle puis stagner à 100m au loin devant moi... je me dis que lui, n'a certainement pas tant de bornes dans la musette, donc ok il pouvait bien me doubler à fond sans répondre à mon 'bonjour' :)
Puis c'est la délivrance... en arrivant au col de la Placette, où nous étions passés il y a peut être 19 heures de ça, je sais que l'affaire est pliée ! Franco & David m'applaudissent là haut, alors qu'eux ont du m'attendre au moins 10 minutes... mais je sais qu'il n'y a aucune moquerie sous entendue, ils savent que je suis allé piocher au fond du fond de mes forces ces dernières heures. Et puis bon, je suis plus lent qu'eux, mais j'ai couvert le même parcours :)
La descente sur Voreppe est vite avalée, puis nous retrouvons la piste cyclable le long de l'Isère. Encore une petite quinzaine de bornes peut être et ce sera FINI. Je réponds à un bon nombre de SMS de Brigitte et de Cricri, qui me poussent, m'encouragent et me félicitent. Je n'ai pas le droit de lâcher et puis comme me l'indique Brigitte, de toutes façons j'ai fait 400 bornes donc je peux bien encore pousser sur une quinzaine de bornes ! Et c'est vrai qu'on n'est plus à ça près !
On accélère un coup avec Franco juste pour rigoler... de toutes façons c'est fini donc le reste du jus qu'on a dans les pattes, autant l'utiliser. Enfin, j'en ai plus du tout, mais alors plus du tout... mais en longue distance finalement comme c'est au mental que ça se joue, on peut bien pousser sur les derniers kilomètres ! Puis nous passons sous le pont d'Oxford et remontons dessus. C'est la fin de 'nos' Champs Elyzées... nous sommes arrivés. Une fois la place de Sfax atteinte, on pose le vélo contre la barrière. Moi je m'étale par terre ça tire tellement fort dans les jambes... quelle douleur.
Mais quel bonheur aussi. On vient de terminer une sortie vraiment incroyable... je n'aurai jamais crû être capable de faire un truc comme ça.
Carte / Parcours openrunner 2176307:
Profil altimétrique:
Conclusions:
- Ici, les liens vers les articles de Franco, David, Aboju, Tom et Florian.
- Il s'agit de la sortie vélo la plus longue de ma vie... mais aussi celle avec le plus de dénivelé positif cumulé !
- Encore une fois: merci à David & Franco pour leur aide et leurs encouragements... j'ai beaucoup appris de vous pour le coup ! Et apprécié votre compagnie, est-il besoin de préciser ?! Et merci à ceux qui envoient des SMS et vous poussent sur fbook... ils se reconnaîtront !