14 avril 2013 - Collection de lacs jurassiens
274kms en 11h45, D+ 4082m, coef 1,49
Météo: soleil, douceur printanière
Avis à la population, nous avons droit à un avant goût de printemps ce week end (ou d'été ?). Mi-avril... il est temps ! J'enfouche le Scott à 6h du matin (il fait encore nuit) pour une journée magique sur le vélo.
Avec des objectifs aussi variés que plaisants:
- Enfin rencontrer Didier avec qui je suis en lien 'web' depuis des mois, mais que je n'ai encore jamais rencontré (lui aussi membre du Club des Cent Cols... mais avec une paire de cols d'avance sur moi !),
- Retourner à Chapelle Mijoux dans le Doubs, lieu de vacances et de souvenirs d'enfance (plus de 15 ans après),
- Faire une petite chasse aux cols avec théoriquement 4 nouveaux franchissements sur la journée,
- 'Collectionner' les lacs du Jura en longeant successivement celui de Joux, le lac Saint-Point, de nouveau le lac de Joux puis celui des Rousses. J'espère aussi secrètement de jolis points de vue sur le lac Léman et éventuel celui de Neuchâtel à environ mi-parcours,
- 'Faire mon dodecaudax' du mois d'avril (= un parcours de plus de 200 bornes 12 mois consécutifs),
- Et, pour finir, en termes sportifs, ce parcours exigeant et long a pour but de me tester sérieusement pour envisager une participation au BRM400 de Grenoble début mai... encore complètement théorique à ce stade.
Lever de soleil magique à Vesancy
Les premières bornes, je les connais par coeur... c'est pas folichon: St Genis Pouilly, Gex (via Naz Dessus), Divonne les Bains. J'entre en Suisse - à partir d'ici c'est moins habituel pour moi.
Passage par Chéserex, Gingins (d'où part la "célèbre" montée à la Barillette... que je n'ai toujours pas découverte !) puis Trelex - c'est ici que je considère commencer la longue approche du col du Marchairuz, où j'étais deja passé au printemps dernier. Cliquer sur l'image ci-dessous pour une visualisation dynamique de cette ascension.
Le jour se lève doucement, alors que je traverse doucement les villages qui se succèdent: Genolier, Bassins, Le Vaud, Marchissy, Longirod, où la pente prend un peu de degré (mais ça reste facile), puis St George. C'est ici que nous avons prévu de nous rencontrer avec Didier, une rencontre qui aurait pu (et du !) se faire il y a deja plusieurs mois. Comme il a un peu de retard j'en profite pour faire une pause et prendre quelques photos...
Le voilà !
Après deux minutes de discussion, nous voila partis pour une équipée de plus de 150 bornes ensemble, avant que chacun ne rentre à son domicile respectif... Ca commence par la fin de la montée du col du Marchairuz (que l'on a deja bien entamée, respectivement, lui depuis Lausanne et moi depuis Trelex). Les portions les plus pentues commencent exactement à la sortie de St George. Didier lève un peu le pied pour rester à mon niveau, et on discute un peu... La vue sur le bassin lémanique est superbe, gros soleil, ciel bleu... et de fil en aiguille, nous voilà en haut - point culminant de la journée, deja !
C'est mon second passage ici - et je sais donc que la descente serpente, est raide, très irrégulière (et Didier ajoute à raison que la chaussée est mauvaise en plus !)... prudence donc. Je remets la veste pour la descente, où il fait bien frais.
Arrivée sur le Brassus et la vallée de Joux - le lac est caché par les arbres à droite de la photo. Arrivés au coeur de la vallée, nous nous orientons au nord du lac pour le longer sur quelques bornes. Didier me fait découvrir la petite route de Le Rocheray, qui longe le lac - ça ressemblerait presque à une belle piste cyclable tellement c'est étroit et beau. Quel pied ! Un petit raidard de 150m nous fait traverser la ligne de chemin de fer Le Brassus - Le Pont - Vallorbe, et rapidement nous pouvons basculer sur la route 7, celle que je connaissais deja.
Un petit coup d'oeil au lac...
... puis après la bosse, nous retrouvons la route principale !
Plus loin, avant le patelin 'Le Lieu' (là où j'avais été chercher le "faux" col des Vyfourches la dernière fois... "faux" col car il ne monte absolument pas !) nous allons prendre un raccourci sur notre gauche. Mais avant tout, c'est la pause... l'occasion de manger un bout car ici commence l'ascension du col de Landoz-Neuve.
Ici commence pour nous une belle boucle de 120 kilomètres; géographiquement, on se trouve à peu près au bout du lac de Joux, et nous y reviendrons plus tard dans notre périple; 'Le Pont' sera d'ailleurs l'endroit où je quitterai Didier pour rentrer a la casa.
La pause a fait du bien - je monte bien mieux (même si j'ai conscience que la pente n'est pas méchante du tout, de ce côté). Ce col, dont Antoinette m'avait parlé en bien, il y a plus d'un an deja, me plait beaucoup ! Nous roulons en discutant, preuve que le rythme est raisonnable aussi... mais sur du long cours comme aujourd'hui, il ne faut pas taper trop vite dans les réserves ! Nous franchissons ici la frontière; nous revoilà en France.
Voila pour moi le premier 'nouveau' col de la journée: le col de Landoz-Neuve (altitude 1260m); nous pouvons maintenant enquiller la superbe descente à travers forêt, jusqu'à la 'Sibérie française' (zone réputée comme étant la plus froide de France): la vallée où se situe Mouthe. Ca roule vite, ça roule bien, et l'état de la chaussée est en plus très bon... contrairement à ce que j'attendais, ces routes de moyenne montagne sont en très bon état pour la plupart !
Nous voilà à Mouthe. Courte pause pour chercher à remplir les bidons d'eau - sans succès. Tant pis - nous partons sur l'ascension du second col de la journée.
La température monte doucement, mais surement. Nous commençons à croiser de nombreux cyclistes... je pense qu'il est juste de dire que la saison a officiellement débuté aujourd'hui !
Les jambes sont bonnes, c'est une bonne nouvelle. la D45, D46, D46e2 puis D55 nous font tracer plein nord - Didier connait un peu les lieux et semble maitriser l'itinéraire, je n'ai qu'à suivre ! Et c'est tant mieux car ma trace GPS ne veut pas trop s'afficher. A travers bois, la fin de la montée s'effectue sur une route 'enfin' en mauvais état... mais ça reste complètement praticable. Puis plus vite que je ne le pensais, nous voila deja au col du Lancier (altitude 1075m); mon premier col franchi dans le département du Doubs !
La descente est courte. Nous devons maintenant faire face au vent, qui se lève doucement. Il nous appuie sur l'épaule gauche pendant un moment, sur des sections de route plus exposées, plus plates (vallonnées) et surtout, bien plus rectilignes - ce depuis que notre orientation va vers le nord-est (section Mignovillard-Bonnevaux-La Rivière Drugeon). Nous essayons de passer un peu chacun son tour devant, sans que ce soient vraiment des relais appuyés... histoire de chacun faire sa part de boulot quand même. Nous entrons à nouveau dans le Jura.
"L'entonnoir" ou lac de Bouverans - où il faut fermer la bouche sans quoi les moucherons se font avaler par centaines !
Nous quittons la Rivière Drugeon, et son église 'typique de la région', qui date du Moyen Age.
Nous ne ratons pas la D248 qui nous emmène vers notre prochaine ascension. Nous montons sur un bon rythme, bien que le vent continue à nous gêner... nous sommes pourtant à travers bois ! Grrrr... ça devient énervant. Mais la montée n'est pas trop longue; nous sortons les sandwiches au niveau de la pancarte du col de la République (altitude 1010m).
En bas de la descente de l'autre côté de ce col, nous nous trouvons sur un plateau de moyenne altitude... où nous sommes PARFAITEMENT exposés au vent ! J'essaie de relancer un peu l'allure dans les nombreuses bosses qui nous font face, mais les forces commencent à manquer. D'ici une dizaine de kilomètres, je vais inéluctablement avoir vidé mes forces 'vives', et rentrer en mode 'gros diesel'... et il faudra bien se rentrer en l'état !
Sur le plateau en dessous du col de la République...
A Oye-et-Pallet, nous prenons la D437 qui nous emmène à l'extrêmité nord du lac de Saint Point... nous entrons ici dans une zone qui me "dit quelque chose" puisque j'y ai passé des vacances étant petit.
Le lac de Saint Point
Nous prenons ensuite la D44 en tournant sec à gauche ; nous remontons, en quittant le bord du lac de Saint Point. Ici, je renonce à suivre le rythme de Didier - il lui reste encore quelques forces pour rouler comme il faut, moi je suis en mode diesel pour de bon. Il m'attend en bas de la descente après cette remontée, pour prendre la N57/E23 ('route europénne'). Avec un vent de face, je reste devant un petit moment en guettant la route SI ATTENDUE, qui remonte dans l'autre sens à notre gauche. La voila !
Dans le hameau juste au-dessus, Chapelle Mijoux, j'ai passé quelques vacances d'été et autres fêtes de famille... section 'souvenirs' que je grimpe avec des images plein la tête ! C'est d'ailleurs ici que j'ai commencé à faire du vélo dans un sens... à nous chronométrer et faire la course entre frères dans la montée, et en aller-retours sur la route forestière d'au-dessus !
Et voilà - la photo va maintenant faire le tour de la famille !
Cette route que j'ai proposée à Didier nous sert aussi de raccourci pour rallier le village des Fourgs, sans passer par Cluse et Mijoux. Mais raccourci en montagne = plus de pente ! Nous passons assea rapidement de 8% à 10%, puis 12% sur une section exigeante... où je passe en 30*28 pour la première fois de la journée.
A court de souffle et de force dans les jambes, je termine la montée un bon 100m derrière Didier. Nous retrouvons notre vieil ennemi le vent en entrant dans les Fourgs.
Entrée dans les Fourgs...
Sortie des Fourgs avec un vent énervant. C'est le bon moment de détourner mon attention du guidon... en prenant des photos et mangeant un morceau tout en roulant
Ca descend ensuite un petit bout, le temps de rentrer de nouveau en Suisse par la D6. Pas de bol, la fontaine d'eau potable du premier patelin suisse dans lequel on entre, l'Auberson, ne fonctionne pas. Un habitant sympa qui a vu notre manège nous propose gentiment de nous remplir les gourdes. Il fait lui même du vélo... la communauté des cyclos fonctionne à merveille ;)
Puis la route descend très fort sur une ou deux bornes... avant de donner cette impression que le col des Etroits, dont la route repart sur le versant opposé (voir photo ci-dessous) part dans les 20% de pente !!
Ca ne se voit peut être pas sur cette photo, mais l'impression faisait peur ! Car il n'y a aucun replat entre la descente d'Auberson et la remontée vers le col. En fait, c'est du 5% qui nous est proposé dans la remontée.
Nous passons à proximité de plusieurs bunkers... je ne savais pas qu'il y en avait ici - peut être l'extrêmité sud de la ligne Maginot ?! Puis, beaucoup plus rapidement que prévu, nous voila deja au col des Etroits (altitude 1152m). Il faut dire que nous l'avons monté sur son versant facile ! Il y a quelques vieux blocs de béton alignés, remparts anti-char, au niveau du col... une zone pleine d'histoire ce col. Puis c'est ensuite parti pour la belle descente jusqu'à Vuiteboeuf via Sainte Croix.
La ville d'Yverdon, tout en bas !
La descente est fabuleuse; rapide, chaussée en bon état, ça tourne et c'est technique. Je me fais une belle frayeur à 40km/h ici; en voulant éviter une ornière sur la route, me voilà deja dans le bas-côté herbeux de la route... heureusement les réflexes et la chance sont là, et je m'en sors sans souci... 5m de cyclo-cross dont je me serai bien passé !
Superbe vue sur le lac de Neuchâtel en descendant...
La descente se termine par des longs lacets jusqu'à Vuiteboeuf, avalés à plus de 60km/h. En bas, le temps de remonter sur une petite bosse hors du village, et on peut apercevoir la fin de la superbe descente qu'on vient de faire.
Ici commence une longue section exigeante. Exigeante moralement car le vent nous gêne encore un peu, et puis ça monte et descend sans arrêt. La vue sur les Alpes, sur notre gauche permet cependant de me changer les idées ! Nous passons par Baulmes, l'Abergement, Lignerolles, et Ballaigues.
Nous suivons maintenant la direction de Vallorbe, d'où débutera le gros morceau de la journée. Auparavant il y a encore de longues sections montantes, ainsi qu'un enchainement 'raccourci' de passages à 10% !
Ici - ça monte beaucoup plus qu'on pourrait le croire !
Nous trouvons à remplir les bidons, puis continuons notre ascension vers Vallorbe... une ascension, puis une redescente courte mais pentue sur une piste cyclable pour entrer dans Vallorbe.
Ici commence donc le plat principal de la journée; pas du tout la montée la plus difficile, mais surtout, une montée exigeante, sous un cagnard qui nous fait chauffer le ciboulot, à une étape avancée de la journée où on a deja pas mal bouffé de bornes et de D+... le col du Mont d'Orzeires (lire la description de ce col sur le site de Didier: ici).
J'étais deja grimpé là haut, mais en A/R depuis l'autre côté... une broutille quoi ! Là on parle d'environ 6kms dont la première moitié dégueulasse sur une route type 'autoroute', à se faire doubler par camions et motos par dizaines, le tout par 25° au moins, sur une pente régulièrement au-dessus des 10% ! Il faut mouliner... alors on mouline. Je bois aussi beaucoup et m'asperge un peu la tête d'eau fraiche. Puis de fil en aiguille, la route tourne sur la gauche et arrête d'affronter la pente directement en face. Ca va mieux aussi parce qu'on passe à l'ombre !
Sur la fin, ça roule bien mieux... je grimpe en danseuse pour soulager le dos et aussi l'arrière train qui fatigue de ces heures de selle ! Nous voilà au sommet, enfin.
La première boucle est bouclée... nous voilà au Pont, à l'extrêmité est du lac de Joux. J'ai la mauvaise surprise de découvrir à nouveau un vent régulier, plein nez, en glissant de ce côté de la vallée. Nous faisons la pause en bas pour se reposer et se dire au-revoir. Je laisse ici mon compagnon d'aujourd'hui, en espérant pouvoir remettre le couvert ensemble à l'occasion !
Tandis que Didier grimpe le col du Mollendruz pour rentrer direct chez lui, moi il me reste du chemin - plus de 70 bornes ! A commencer par 30 bornes TOUT DROIT avec un vent de face usant, épuisant, régulier, qui vous enlève toute force, tout motivation, toute envie de continuer. Je mouline encore bien, je roule disons à 22-25km/h sur des sections où je roulerais à 32-35km/h avec le vent de dos ! Rageant. je longe dans un premier temps le lac de Joux sur la côte opposée à ce matin. Ca ne me semble pas si plat que ça avec un tel vent !
Photo prise derrière moi, pour éviter le contre jour
Je franchis le Brassus, où nous étions descendu il y a des heures de celà, en provenance du col du Marchairuz. mais ce coup-ci, je continue tout droit. A l'entrée du Bois d'Amont, je passe la frontière une dernière fois aujourd'hui ; me voilà en France.
Toujours tout droit ! Impossible de se paumer ici, même si on ne connait pas le coin ! Je traverse Bois d'Amont où je suis passé lors de ma dernière sortie 2012... ici c'est une route en tobbogan... ça monte, ça descend... je m'accroche en regardant le lac des Rousses sur ma droite.
Dernier remplissage des bidons avant d'arriver à la Cure. Je règle un petit souci de cale de pédale, et repars. A la Cure, je sais que m'attend ici la dernière section montante de la journée... exigeante en théorie, facile en pratique. Ca va bien mieux.. j'ai du manger et boire comme il faut aujourd'hui, car au km 220 j'ai encore des forces. Je mouline, je patiente... je profite du paysage.
Arrivée à la Dôle, petit point de vue sur la station météo/radio/trafic aérien de la Barillette... tiens tiens... j'irai juste derrière, bientôt !
Les tremplins de ski de la station de la Dôle
Arrivée à la Dôle
Il fait très froid ici - la température a changé du tout au rien ! Il faut dire que la géographie locale laisse passer les courants d'air (froid). Puis je passe un coup à l'ombre, un coup au soleil. Arrivée à le Tabagnoz... je suis ici sur 'mes terres' ! Je fais tomber les dents une à une, l'euphorie prend le dessus.. et puis il n'y a plus de vent du tout, je roule à 30, 35km/h sans forcer. Le bonheur.
Il me reste encore une vingtaine de mètres à gagner en altitude, sur plusieurs kilomètres, et je serai au col de la Faucille... je suis chez moi je vous dit !
Tiens... il est encore là lui !
Voilà c'est bouclé ! Je remets la veste, les gants et le bonnet pour plus de confort sur ces 12 bornes de descente à l'ombre. Arrivé à Gex, je vois que je peux franchir les 4000m de dénivelé positif à la journée, je vais donc remonter sur Naz Dessus. Ca suffit toujours pas...? Pas de souci, arrivé à Crozet, je prends à droite pour faire la petite (mais grimpante !) boucle qui passe par le parking de la station de ski de Crozet/Mont Jura. Les 4000m sont dans la poche... je peux rentrer maintenant.
Soleil couchant sur le Mont Blanc et le Mont Salève (à droite) - on habite dans une belle région !
(photo prise depuis la route de la station de ski en question)
Carte (parcours openrunner 2384611):
Profil altimétrique:
Conclusions:
- Dans la gradation théorique du niveau de fatigue, je me définis comme "cramé" mais pas "carbo". C'est donc pas si mal !
- Encore 4 nouveaux cols d'engrangés... 271 franchissements en tout à ce jour... les 300 ne sont plus loin ! Mais il me manque encore beaucoup de franchissements de cols à +2000m d'altitude... ça attendra le coeur de l'été !
- Voila mon 5è objectif de la saison d'atteint - celui ci a un goût particulier puisque c'était un objectif 2012 non atteint que j'ai "reversé" sur cette saison 2013 !
- Ce n'est que la seconde fois de ma vie que je franchis le cap des 4000m de D+ à la journée... la dernière fois c'était au cours de l'été 2012 au sommet du Galibier !