15 avril 2013 - Décrassage à la Barillette
79,4kms en 4h et des brouettes (malheureuse moyenne de 18,6km/h... lire la suite pour comprendre)
D+ 1629m, coef 2
Météo: soleil voilé
Après la sortie exigeante d'hier, j'ai le temps, et envie, de tourner les jambes pour évacuer les courbatures. Avec le beau soleil et les températures d'été que nous avons eu depuis 2-3 jours, la neige du Jura fond à vue d'oeil... ce qui me rappelle qu'il y a une montée très exigeante dans le coin, que j'ai délaissée jusqu'à présent, puisque la route n'y est pas débarassée de son manteau blanc: la route de la Barillette.
Voilà quoi ça ressemble depuis en bas; il s'agit d'une longue ascension à pas moins de 8% de moyenne !
Je dois un grand merci à Antoinette de m'avoir mentionné, et dégoté des informations super utiles sur cette ascension... jusqu'à ce que ce fou de Yann se lance sur 5 ascensions successives en une journée il y a quelques mois et j'ai donc eu accès à quelques détails et photos sur son blog). Bon - je vais vous décevoir; moi je ne veux me trainer là haut qu'une fois ! Il faut dire que cette ascension, c'est du très costaud !
Je pars en milieu d'après midi dans le but de profiter comme hier d'une belle lumière orangée sur le Mont Blanc de "l'autre côté" de la vallée/du Léman. Sauf que (la météo se fout vraiment de ma gueule ces derniers temps) 15-20min après mon départ, le soleil franc qui trônait depuis le début de la journée va être fortement voilé par des nuages sombres.
Passage habituel par Crozet et Naz Dessus pour rejoindre Gex, puis Vesancy et descente par chemins détournés à Divonne les Bains. A Crassier j'entre en Suisse, et tourne illico à gauche en m'orientant vers la montagne. Ca monte illico, et assez fort... 6% dans les premières rampes avant de traverser La Rippe. Ca se calme un moment, avec un peu de plat à travers champs avant de recommencer en montée à travers les bois.
Arrivé au niveau d'un parking sur cette route forestière très étroite et clairement abandonnée par tout trafic automobile, je tombe sur un petit groupe de marcheurs à qui je demande si je suis bien sur la route de la Barillette... ils ne sont pas sûrs. Les prochains que je croise, un père et sa fille, sont en tongs à proximité de maisons; ce sont donc des locaux ! Ils m'expliquent qu'à cette période de l'année, la neige recouvre encore largement la route et que je ne pourrai faire que 3-4kms avant d'être bloqué au niveau où la fraiseuse n'a pas encore fait son travail. Zut. Je ne m'attendais pas à ça après les chaleurs récentes ! Mais cette rencontre a tout de même l'intérêt de me confirmer l'orientation à suivre pour aller là haut... je vais tenter le coup et irai jusqu'à ce que l'état de la route m'oblige à faire demi tour ! Ca fera toujours un peu de dénivelé parcouru, dans le but de décrasser.
Ce n'est pas ça qui va m'arrêter ! Un mur de neige... éventuellement, oui !
Ca monte aussi fort qu'on pouvait l'attendre. On est dans le 9% régulièrement, avec de très longs passages usants à 10%, rectilignes en plus, pour que le moral dérouille autant que les jambes. Surtout, éviter l'intérieur des virages et autres épingles... ça monte suffisamment comme ça deja ! La photo suivante montre une pente de 12%; probablement 15% à la corde (c'est à titre d'exemple puisque cette section de route se pratique en descente seulement: il y a une route pour monter et une autre pour descendre; elle se rejoignent par moments).
Croyez-moi, ça monte encore BIEN PLUS FORT que la photo ne le laisse supposer !
La route doit être à l'ombre l'été: un gros plus pour les jours de forte chaleur. En cette saison, les feuilles sont toutes au sol bien sur, donc on peut régulièrement voir le Léman en contrebas, à travers les arbres. C'est saisissant, car on est encore plus proche du lac que depuis la Faucille. On le surplombe en quelque sorte.
Des feuilles se coincent dans mon frein arrière à 3 reprises... à chaque fois, je préfère m'arrêter pour les enlever plutôt que de tenter un geste d'équilibriste et devenir manchot en essayant de les retirer en avançant. Il n'y a bien sur personne ici... je ne croiserai pas une seule personne, voiture, cycliste ou même animal pendant 1h30 en comptant la montée et un gros bout de descente... je ne verrai qu'un VTTiste qui monte tout doux, au niveau de la barrière fermée, en redescendant.
Il y a de petits éboulement mineurs qui gênent mon évolution sur la route par moments... rien de méchant, mais je souhaite être prudent. En même temps, à 8km/h sur des pentes à 9%, ou à 7km/h sur du 10% ou plus, je ne risque pas grand chose ! Je suis en mode décrassage et ça se sent: je n'avance pas, je n'ai rien dans les jambes et le coeur et le soufflent refusent de faire leur boulot... je 'tire' donc sur le 30x28 (si si !!! si j'avais eu des dents en plus à l'arrière je les aurai probablement utilisées !). A titre de comparaison, cette montée ressemble un peu au Mont du Chat, à la montée de Chalais ou à l'Alpe d'Huez... bref, c'est du costaud !
Sur la photo du dessus, je prends peur une seconde; je suis sur la chaussée et le petit monticule de neige, haut de 80cm quand même, m'empêche de récupérer la montée à droite. Du moins je dois descendre du vélo pour le contourner... tout ça pour dire que la neige fait son apparition ! Mais je peux repartir... pour le moment.
Après une jolie section de sous bois au coeur d'une pinède, je ressors de l'ombre et profite d'un brin de soleil, qui daigne ressortir pour me réchauffer... car il faut dire que j'approche des 1200m d'altitude, et qu'avec les courants d'air frais, j'apprécierai quelques degrés de plus, moi qui suis en court pour la première fois de l'année !
Au détour d'un virage, l'inclinaison de la pente repasse dans du moins difficile. Je retombe une dent ou deux - pas plus... j'ai pas les jambes pour ! Ca serpente un peu ici, c'est agréable ces changements de direction. Je cherche du regard au dessus de moi pour me repérer par rapport à l'antenne du sommet... mais impossible de la voir ! Rageant. J'ai passé les 1400m d'altitude... je sais pour presque sur que je pourrai aller jusqu'en haut !
Je vais d'abord aller taper au sommet à proprement parler, à droite, avant de faire un A/R au pied du téléphérique Skyguide en redescendant...
La route prend encore un chouilla de degré. Mais je m'en fiche... je rame complet, mais je me fais plaisir, et je décrasse... les jambes, les poumons... la tête ! Bref, que du bonheur jusqu'en haut.
Les murs de neige deviennent sérieux !
Et m'y voilà enfin ! Je n'ai aucune idée de mon temps de montée... et c'est probablement mieux comme ça !
Comme attendu, le panorama sur le lac Léman et les Alpes derrière est incroyable. Il faut monter là haut pour y croire ! Et encore, la lumière est loin d'être idéale.
Le radar Skyguide au milieu de ce panneau... disparu !
Je laisse le centre d'antennes Swisscom derrière moi pour retomber sur le petit carrefour, et prends à droite (à gauche sur la photo) pour aller jusqu'à la base du petit téléphérique Skyguide... on m'a expliqué que le staff ne bosse à ce radar que lorsque l'état de la route le permet... logique vu les conditions ! Et arrivé là haut il faut encore qu'ils prennent un petit téléphérique 'benne' pour grimper au sommet dans la boule blanche !
Et voilà !
Très artisanal ce petit téléphérique ! La benne a été décrochée cet hiver... sans quoi j'aurai mis le vélo dedans pour aller faire un tour au sommet
Il ne me reste plus qu'à redescendre. Il fait froid, environ 11° alors que je commence à descendre. En bas je n'aurai plus qu'à surmonter la petite bosse de Divonne les Bains avant de rentrer à St Genis Pouilly via Gex... c'est ce que je crois à ce moment là du moins.
Ici, après moult hésitations, n'ayant ni pelle à neige, ni chien de traineau, j'ai du me résoudre à prendre le sens interdit à gauche !
Je fais une descente prudente, sans les lunettes pour bien voir la chaussée et les cailloux/feuilles/humidité qui la recouvrent par endroits. Me voilà bientôt en bas !
Seulement... tout va être un peu gâché en cette fin de sortie. Je prends une pierre, je crève de l'arrière... il faut dire que mon pneu était deja bien usé. Je change le pneu, et la chambre à air. Et je regonfle. Sauf que je peux pas... la pompe ne fonctionne plus !!! Aie aie aie... je suis sur une route paumée: en 10min le temps de changer le pneu et la chambre à air, je n'ai vu passer qu'une voiture. Je me résoud à pousser le vélo. Une dame à cheval m'indique que je suis à 25min à pied de La Rippe. C'est pas gagné. En réalité, je croise un cycliste 10min plus tard... je l'arrête pour lui demander s'il a une pompe... oui, c'est sauvé ! A peine le temps de lui prendre la pompe tendue et celui-ci m'indique 'je suis en train de m'entrainer, alors fais vite vraiment'. J'ai là un mélange de reconnaissance qu'il me prête sa pompe et de dégout... sérieusement... c'est ça l'entraide entre cyclos ?... de mettre la pression sur un mec en galère totale sans pompe paumé dans la montagne ?! Ben bravo.
Seulement, sa pompe ne me permet pas de bien gonfler le pneu... je repars avec l'équivalent de 3 bar, pas plus... je reste en danseuse 90% du temps pour mettre le plus possible de mon poids sur la roue avant. Je roule doucement aussi, jamais au-dessus des 20km/h.
Le retour sera une galère totale... Crassier, puis la longue montée de Divonne. La route de Gex, la traversée et la ressortie 'au plus droit' sur une route extrêmement fréquentée à cet horaire. Et là, je recrève. Pas de quoi réparer bien sur. Personne n'est à la maison... je décide de rouler sur la jante les derniers 6kms.
Je roule à 10km/h, ça n'avance pas... je suis vert. Enervé de ma malchance, de ma mauvaise préparation matos, de savoir que j'abime le matos à m'y prendre comme ça. Un petit SMS de Brigitte me remonte le moral. Les mains brulent d'être en danseuse trop longtemps. Je fais un bruit de casserolle avec le vélo. Enfin bon, ce qui compte c'est d'arriver à bon port en un morceau, et c'est finalement le cas, après avoir essuyé 3 gouttes de pluie.
Conclusions:
- Drôle de fin pour une si belle sortie ! Sentiments partagés bien sur. Mais la Barillette, j'irai de nouveau m'y mesurer lorsque le matos sera de nouveau d'aplomb, que la route sera officiellement ouverte... et surtout, un jour où j'ai les jambes et les watts. Ce qui n'était pas le cas aujourd'hui, c'est clair !
- Après réparation: deux pneus changés, une nouvelle chambre à air à l'arrière... la jante arrière n'est pas spécialement plus voilée qu'avant (légère voilure 'contrôlée' on va dire) et les rayons sont tous ok... OUF