28 mai 2012 - Une belle chat-loperie
93,28kms en 6h13, D+ 2109m, coef 2,26
Météo: chaleur, soleil tapant
Rendez vous donné avec Brigitte et Jérome à 8h30 à Aix les Bains en ce lundi ferié. Je pars donc de chez moi autour de 7h10... une journée pleine de chat-loperies commence ici - je me rends compte en chargeant la voiture que la roue arrière du MBK est fortement voilée... aie. A cette vue, j'ai peur de devoir annuler... les vélocistes seront tous fermés car jour ferié... je ne pourrai donc pas me faire dévoiler la roue 'en direct'.
Je me suis engagé auprès de Brigitte & Jérome, et levé pour levé, je me décide d'y aller quand même... on verra bien comment ça se passe ! Après avoir retrouvé mes compères du jour devant leur camping sur l'esplanade du lac du Bourget dans Aix, nous partons en direction du nord, en longeant le lac sur son côté est.
La seconde chat-loperie, c'est encore moi qui en suis responsable ! J'avais concocté un petit parcours 'vallonné' nous faisant passer par trois petits cols savoyards (dans l'ordre: le col de la Chambotte, le col de Cessens et le col du Sapenay) malheureusement il semblerait que j'aie mal préparé le coup. En effet, au moment où il faut que nous tournions à droite pour monter vers le premier... c'est un chemin non bitumé qui se trouve devant nous ! Résultat, "l'enfilade" des trois cols nous passe sous le nez, et nous devons continuer le long du lac sans pouvoir grimper.
Nous allons donc nous décider à poursuivre notre tour du lac du Bourget. La D991 nous emmène plein nord vers Chindrieux. Nous passons à proximité du village et quittons la D991 pour emprunter la D57 à gauche vers l'ouest. Plus loin c'est la D921 qui nous dirige jusqu'à Chanaz.
Arrivés là, nous prenons la D18 sur notre gauche, et suivons un fleuve. La route est moins fréquentée, calme, et plate. C'est pour moi l'occasion de manger une banane en roulant... je veux m'assurer de garder des forces en prévision des difficultés à venir...
Maintenant sur la D914 nous traversons Conjux. C'est ici que débute la montée un peu sèche dont j'avais parlé ici... j'y étais passé lors de mon parcours St Genis-l'Albenc en mars. A St Pierre de Curtille, nous allons prendre à gauche pour suivre la D914. La montée est forte, aux alentours de 10% par moments. Mais elle est courte. Un replat plus loin, et la montée reprend. Nous nous trouvons sur une route très calme, où nous ne verrons que de rares voitures. Il y a par contre beaucoup de cyclistes, mais ils semblent tous faire le tour du lac dans le sens des aiguilles d'une montre, contrairement à nous...
Cette montée n'est plus aussi méchante qu'au début. Chacun de nous trois monte à son rythme. C'est ici que je réalise pour la première fois de la journée qu'il fait CHAUD !
Nous voila arrivés à un belvédère au niveau de Grumau. C'est l'occasion de faire une courte pause.
Juste en dessous de nous, nous pouvons observer l'Abbaye de Hautecombe - visiblement seule une route en impasse permet de s'y rendre. Elel est donc au bord du lac et s'offre à la vue dee tous, mais reste assez isolée !
Après une dernière montée, la route va redescendre et rejoindre la descente qui mène du col du Mont du Chat au Bourget du Lac. Ici, il y a encore plus de cyclistes ! Des VTT, des vélos de route, des jeunes et des vieux, des hommes, des femmes, des torse nus et des bien trop habillés transpirant sous leurs maillots à manches longues... bref à la fois tout le monde et n'importe qui fait ce tour du lac apparemment !
Petite pause en pleine descente avant de retomber au niveau du lac. Direction le sud, on aperçoit au premier plan le Bourget du Lac, et au fond le massif de la Chartreuse. Nous entrons maintenant au Bourget. C'est l'occasion d'une petite pause pour se restaurer....
... car la vraie Chat-loperie de la journée se dresse devant nous... comme vous l'aurez deviné, il s'agit de la grimpée vers le Belvédère du Chat ou Mont du Chat. Une montée réputée pour ses pourcentages difficiles (voir profil ci-dessous).
Voila un petit panneau placé à la base de cette montée exigeante... de quoi en faire fuire plus d'un ! Et également de quoi en faire revenir d'autres... se chronométrer sur une telle montée... y'a vraiment des fous !
Cette photo en dit deja long ! Indiqué en rouge... le point d'arrivée...
Une vraie montée difficile ce Mont du Chat-loperie. Quand j'essaie de penser aux autres montées difficiles et pentues que j'ai faites (et elles ne sont pas si nombreuses !) je pense entre autre aux suivantes:
- Le col du Coq en Chartreuse (par St Hugues): la route y est de moins bonne qualité que le Mont du Chat, mais les pourcentages y sont globalement bien plus accessibles,
- Le col de la Charmette (par St Egrève): la montée est plus courte que le Mont du Chat et les pourcentages inférieurs. De plus, il y a un ou deux replats pour y reprendre son souffle, ce qui n'est pas le cas du Mont du Chat !
- La montée au monastère de Chalais au dessus de St Egrève - difficile de comparer cette difficulté au Mont du Chat. Chalais présente des pourcentages bien supérieurs au Mont du Chat... mais sur une montée de moins de 7kms (contre 14,5kms sur le Mont du Chat). J'avais beaucoup énormément souffert à Chalais, mais l'effort est différent, beaucoup plus violent, mais plus court aussi.
- La montée de l'Alpe d'Huez par Bourg d'Oisans comporte des pourcentages globalement inférieurs - bien que la longueur soit la même que le Mont du Chat, je considère donc l'Alpe d'Huez plus facile. Ce d'autant plus que chaque lacet à l'Alpe d'Huez est un replat qui permet éventuellement de reprendre son souffle.
- La montée du col du Sabot est globalement la difficulté qui se rapproche le plus du Mont du Chat parmi les ascensions que j'ai faites. En termes de kilométrage, c'est à peu près la même chose (le Sabot est un peu plus long) et en termes de difficulté ça se ressemble un peu. A savoir que la pente est forte et régulière. Le Sabot présente une pente à 8.9% de moyenne, contre 9.5% pour le Mont du Chat (côté le Bourget). Mais le Sabot laisse quand même un ou deux courts replats alors que le Mont du Chat n'en laisse que très très peu. Globalement, l'effort est donc à peu près le même. Une seule petite différence à noter cependant: le col du Sabot se situe à plus de 2000m alors que le Mont du Chat culmine à 1500m... les questions de difficultés liées à l'altitude peuvent donc entrer en jeu au Sabot - pas au Mont du Chat !
Après avoir fait les deux premiers kilomètres ensemble, je vais partir seul devant... Jérome souhaite monter plus doucement à son rythme, et Brigitte va l'accompagner. Je prends donc les devants, et essaie de trouver un rythme de croisière, autour de 7.5km/h. La chaleur se fait doublement sentir sur une une pente si exigeante... il fait très certainement plus de 27° et je transpire beaucoup. Il faut donc veiller à beaucoup boire et s'alimenter... ce qui n'est pas toujours aisé sur des pentes à 10% tout en roulant !
Les bornes kilométriques placées à l'attention des cyclistes le long de la route rendent la montée plus ludique. Elles rappellent à tout le monde que oui, effectivement, c'est une montée costaud. Elles permettent de se raisonner ("c'est tout à fait normal que je ne roule qu'à 7km/h au vu de ces pourcentages" me suis-je répété inlassablement au cours de cette montée). Et puis elles permettent de contribuer à la gestion de l'effort: savoir qu'un nouveau kilomètre à 10% de moyenne se dresse devant soi, ça pousse à en garder encore un peu sous la pédale... pour 'arriver en haut vivant' !
Sous le soleil écrasant, je commence à souffrir. Mais c'est une sorte de souffrance que j'arrive à canaliser, à gérer, aujourd'hui. Le genre d'effort difficile, constant, mais que je commence à maitriser, bien qu'à un rythme très lent, depuis maintenant que je sais que 'cestdurlevelo' ! Le coeur tourne maintenant à un rythme de 163 BPM, je sais donc que je ne suis pas au dela de mon rythme de croisière et que je pourrai pédaler comme ça encore un moment s'il le faut. La vitesse, elle, a baissé. Je ne tourne plus que rarement au-delà de 7km/h, et fait souvent des passages à 6.8 ou 6.5 km/h.
Les virages s'enchainent tout doucement. Cette montée ne propose que de rares lacets, entrecoupés de très longues liges droites qui ondulent le long de la montagne.
Bien que l'effort soit assez violent, pas de raisons de s'affoler. Je sais que je me suis bien alimenté, et que j'ai beaucoup bu. Voila de nouveau le plaisir retrouvé non pas de rouler vite, certes, mais d'être sur que "j'arriverai en haut".
Une voiture me double et les passagers m'applaudissent en criant par la fenêtre... d'un air qui ma parait un peu moqueur. C'est sur qu'au niveau de l'allure, je n'ai pas exactement la prestance d'un Pantani ou d'un Armstrong... mais je ne le prends pas mal. Je suis deja assez content d'avoir le courage de me frotter à une telle difficulté... ça suffit à me satisfaire ! Plus loin ce sont les enfants à l'arrière d'une autre voiture qui me font des signes... pas le temps de retourner le signe de la main, sur des pentes à 11-12% (max enregistré sur cette côte) il ne faut pas trop jouer à l'équilibriste !
Après ce qui m'a paru comme une éternité, je passe les 1350m d'altitude... je sais que je ne suis plus loin ! Un petit coup d'oeil en arrière me confirme cette impression... je distingue le relais du chat à travers les arbres, au-dessus de ma tête.
10 minutes d'effort plus tard, me voila sur ce que je sais être la dernière ligne droite. Puis enfin... à travers les arbres, au bout de la route... le point d'arrivée, sommet culminant de la journée !
Sur cette dernière rampe, les pourcentages sont plus faciles. Puis on se sait quasi-arrivé, alors peu importe ! Je remets une dent ou deux histoire de terminer en danseuse... un exercice que je fais trop peu, et sur lequel il faut donc que je m'entraine !
Me voila sur le toit du monde.
Je continue à être prudent en termes d'alimentation. En attendant Brigitte et Jérome, je vais donc dévorer successivement un sandwich, une banane et une pomme.
Le paradis du cycliste cyclotouriste... s'asseoir en haut et profiter du paysage !
Après un bon quart d'heure d'attente, je reçois un SMS de Brigitte qui m'indique être à deux petits kilomètres du sommet. Je vais donc redescendre pour les rejoindre. Plus bas je tombe effectivement sur Brigitte, qui a laissé Jérome 300m derrière elle. Elle va terminer la montée seule, et j'accompagne Jérome sur la fin de cette difficile ascension. Le rythme est raisonnable mais je n'oublie pas que moi, j'ai eu le temps de me reposer et de m'alimenter !
Arrivés en haut, nous allons faire une petite pause café/repos/récits de vacances cyclopédiques, avant de retourner sur nos pas. La descente est prudente car les mains sont crispées sur les freins.
Je constate avec soulagement que ma roue n'est pas plus voilée maintenant qu'elle ne l'était à mon départ il y a quelques heures. La descente est également l'occasion de faire une ou deux pauses pour prendre des photos du lac et du Bourget en contrebas.
De retour sur le plancher des vaches, au Bourget du Lac... il ne nous reste plus qu'à terminer notre tour du lac en longeant le lac via la petite piste cyclable / voie piétonne...
Nous voila sur l'esplanade du lac, la boucle est bouclée. Il fait chaud (beaucoup plus que là haut, à 1500m d'altitude où nous étions encore il y a une 40 minutes !). J'ai une petite pensée ici... car c'est ici qu'a lieu chaque été le festival 'Musilac', auquel j'étais allé en juillet dernier avec des amis :)
Un petit coup d'oeil de l'autre côté du lac... nous étions tout là haut il y a encore très peu !
Carte (parcours openrunner 1687961):
Profil altimétrique:
Conclusions:
- Passage aujourd'hui de la barre des 30 000m de D+ cumulés sur 2012. Il y a du chemin avant de passer karman ! Il me manque par contre 1,5kms pour passer la barre des 2000kms depuis le début de la saison.
- Le Mont du Chat... voila longtemps qu'on m'en parlait ! Effectivement cette montée est aussi difficile que prévue. Selon Brigitte... elle n'est même pas très loin d'être au niveau de difficulté du Mont Ventoux ! C'est dire...
- Le vélo doit maintenant subir une petite révision... une roue à dévoiler fortement, puis un bon nettoyage à faire ! Quant à la chaine... je continue à penser qu'elle vit ses derniers kilomètres !
- Le récit sur le blog de Brigitte...