29 juin 2012 - Mont Ventoux puis canicule
231kms en 11h40, D+ 3952m, coef 1,71
Météo: soleil, canicule
Le point culminant du jour...
Voila une vraie sortie vélo comme on les aime ! Une sortie 'avec superlatifs' que je considère peut être comme la plus belle sortie vélo de ma vie.
Retour en arrière...
Arrivée au camping municipal de Vinsobres (Drôme) tard en soirée le jeudi 28 juin. J'y rejoins Brigitte, et nous nous levons de bon pied vendredi 29 à 4h. A 4h45, Gil (dit l'Ange Blanc') nous rejoint et à 5h ("o'clock") nous sommes en selle.
Il fait encore noir, mais il fait déjà très doux... pas loin de 20°. Je ne prendrai donc pas les jambières, et n'aurai pas besoin de mettre le coupe vent, même au début. C'est la seconde fois de ma vie seulement que je roule de nuit, mais les éclairages de chacun, combinés à la pleine lune et aux gilets jaunes de sécurité, font que l'ont se sent très bien.
Nous nous sommes mis d'accord pour une belle boucle sur et autour du Mont Ventoux, le célèbre 'Géant de Provence' ou 'Mont Chauve'. L'une de ces montées cyclistes qui me font rêver depuis longtemps mais, comme celle-ci est éloignée de l'Ain/Isère, je ne pensais pas pouvoir m'y frotter dès 2012. Gil étant du coin, il va pouvoir nous faire emprunter de jolies routes. Sa présence avec nous représente aussi l'avantage d'avoir une fiabilité à toute épreuve sur le parcours, et également d'avoir des informations complémentaires, une sortie de guide touristique à vélo quoi. Du vrai cyclotourisme comme on l'aime.
Nous allons nous orienter dans un premier temps vers le sud, en direction de Malaucène. Passage par des petites routes, dont la D538 via Mirabel les Baronnies, puis la D46 via Puyméras, Faucon et Entrechaux. Nous passons sans le savoir au niveau du Pas du Loup (altitude 285m). Il fait encore trop sombre, et avant de retomber entre des collines par une chouette descente fraiche, nous n'apercevrons que la silhouette du Ventoux, qui sommeille encore tout là haut. La veille, en arrivant en voiture, je l'avais déjà deviné au loin...
Le jour se lève à peine, alors que nous passons au-dessus de la rivière qui était monté lors des innondations de Vaison la Romaine en 1992...
Nous voila déjà à Malaucène. C’est ici que commence le plat de résistance du jour : environ 21km de montée à 7.2% de moyenne, avec des passages max à 12%. Bref, une ascension dont l’exigence réside plus dans la longueur qu’autre chose. Car si le Ventoux est si connu, cela est en bonne partie du à la météo capricieuse qui peut rendre son ascension difficile, lui qui est si exposé aux éléments (vent, et soleil car pas d’arbres pour s’en abriter). Mais comme il est encore très tôt et qu’il fait bon, la montée devrait bien se passer.
A l'abordage!!!... mais prudamment... car c'est long quand même !
Hé ben c'est parti alors !
La belle équipée du jour...
Gil & moi laissons Brigitte derrière nous à l’occasion d’une courte pause de cette dernière. Je m’attendais à la voir revenir sur nous rapidement, malheureusement comme nous sommes deux, il est plus facile de garder un rythme constant et nous ne la reverrons qu’en haut. Je me serai retourné tout au long de la montée mais ne l’aurai aperçue qu’à deux reprises derrière nous, à la faveur de longues lignes droites.
La montée se passe très bien. C’est la grande discussion avec Gil qui me parle de sa région, du Ventoux (et notamment du fait que la route est fermée l’hiver alors qu’il n’y a plus que très rarement de la neige là haut), qu’il y a une station de sports d’hiver là haut (Mont Serein), et qu’il y a quelques décennies, c’est sur le Mont Chauve qu’étaient placés les missiles nucléaires français pour protéger le territoire d’une possible offensive de l’URSS. Voila de quoi s’occuper pendant les 2h12 que cette ascension nous prendra.
Monter par Malaucène est probablement la seconde pente, sur trois possibles pour y grimper, dans l’ordre de difficulté. Contrairement au versant par Bédoin, la pente est irrégulière. Mais si je ne me trompe pas, nous avons, par Malaucène, des pourcentages par moments plus pentus, mais également quelques courts replats. Tout ça en partant légèrement plus bas en altitude que par Bédoin.
La longue ligne droite avant d’atteindre Mont Serein n’est pas aussi difficile que prévue (et d’ailleurs ma fréquence cardiaque, rarement au dessus de 157BPM, me parait basse !), et ce n’est pas le mouton égaré que nous croiserons sur la route qui y changera grand-chose. Nous passons devant le chalet Liotard, d’où nous apercevons, pour la première fois, le sommet du Ventoux, au loin… cherchez sur la photo !
Le Chalet Liotard en question...
Par contre, les quelques kilomètres suivants seront plus difficiles. La discussion est suspendue un moment. Nous passons au dessus d’une piste de ski de descente, puis à la faveur d’un tournant sur la droite, le spectacle est au rendez vous. Devant nous, le relais du sommet, blanc et rouge… si connu… si attendu. Puis la rocaille. Et le vent qui se lève. Un panorama incroyable sur notre gauche. Maintenant on ne se sent plus pédaler… on flotte. Du vrai vélo plaisir…
Vue plongeante sur le Mont Serein
Le sommet à portée de vue, il nous reste une série de 3 lacets parcourus sur le crane dégarni de ce géant chauve. A la faveur du dernier lacet, qui nous fait tourner à droite, on se prend un coup de vent dans le nez. Il faut donc lutter contre cet élément qui heureusement ne nous aura pas gêné plus bas. Mais ce n’est pas fatiguant, pas au paradis du cyclotouriste ! Nous prenons à droite la route qui mène jusqu’au pied du relais. Pied à terre. Reprise du souffle. On est surpris, la montée était longue, mais pas si difficile. Quel pied !
Ambiance particulière là-haut... Gil: un ange (blanc) au paradis?...
Nous avions vu Brigitte au lacet d’en dessous juste avant, nous allons donc retourner en arrière pour la retrouver à 500m du sommet. Nous finissons ensemble, et après s’être abrités d’un vent assez incroyable là haut (qui aura même fait tomber mon vélo pourtant bien calé contre un poteau), prenons la pause pour la photo officielle.
Une banane plus loin, nous entamons la descente. Non sans s’arrêter rapidement au niveau du col des Tempêtes (altitude 1829m). Puis au niveau des stèles à la mémoire d’illustres cyclistes décédés sur les pentes de ce mont. Le vent est moins terrible à partir de là, et la descente, bien que prudente, s’effectue en toute sécurité.
Au niveau du célèbre chalet Reynard (connu pour être le début d’un terrible final vers le Ventoux, avec des pourcentages difficiles, si l’on monte par Bédoin ou Sault), nous remplissons les bidons. Nous commençons enfin à croiser quelques cyclistes… nous sommes partis tellement tôt que nous avons eu le Ventoux « rien que pour nous » pendant deux heures :)
Au niveau du chalet Reynard, nous quittons la D974 au profit de la D164 pour emprunter cette route à travers la forêt, direction Sault. Nous sommes ici en descente sur ce qui est la ‘montée’ la plus facile vers le Ventoux. Effectivement, à descendre, on se dit que c’est certes très très long, mais pas trop pentu. Par contre, ici la route est de mauvaise qualité et les ressauts de la route font mal aux articulations.
Peu avant Sault, la route ‘replate’ un court moment, et en sortant de la forêt, les collines avoisinantes s’offrent de nouveau à nos yeux. Tout cela est rehaussé par le violet qui couvre les champs du coin : la lavande ‘rehausse’ la qualité des paysages. Superbe encore.
Avant Sault, nous devons reprendre un petit raidard : après probablement plus de 25kms de descente c’est l’occasion de ‘tester’ les jambes. C’est souvent dans la première montée suivant une longue première montée de la journée que l’on a mal aux jambes… aujourd’hui ça va encore très bien. A Sault, nous tournons à gauche en épingle sur la D942 direction Montbrun les Bains. La route est plate et ça fait du bien de pouvoir mouliner un peu en avançant enfin à un bon rythme après tant de bornes passées en montée.
Voila le côté Sault du Ventoux, que l'on vient de descendre. Le géant nous lorgne encore du coin de l'oeil...
Peu avant Aurel, j’avais repéré un petit col rapide par lequel on pouvait passer via un itinéraire alternatif à la route principale. Bien que Gil ne connaisse pas, le groupe accepte de prendre le ‘risque’… pourtant la dernière fois que j’ai proposé un tracé à Brigitte, je m’étais planté (Aix les Bains) ! Nous quittons donc la route principale en tournant à gauche juste avant d’entrer dans Aurel. La route monte en faux plat puis descend à travers champs. Plus loin nous prenons à droite et arrivons au panneau du collet Blanc (altitude 765m), pour un arrêt photo rapide. La route descend très fort ici après le col, mais nous ne savons pas s’il faut prendre à droite ou à gauche. Une petite erreur de ma part nous fera descendre à droite, arriver à un chemin en pierre, donc faire demi-tour, pour reprendre l’autre route depuis le col. Nous rejoignons finalement la route principale à la sortie du village, pour traverser de petites gorges.
Nous venons de quitter le Vaucluse : nous revoilà dans en Drôme provençale. Nous apercevons, à l’entrée de Montbrun les Bains, le Ventoux et son relais, sur notre gauche, coincé entre deux collines au premier plan. Nous entrons à Montbrun où nous ferons une pause pour manger à une table à l’ombre. Un superbe village perché sur une petite colline, avec ce qui semble être une ‘vieille ville’… joli !
Arrivée à Montbrun...
J’en profite pour me mettre de l’eau sur la tête, et remettre de la crème solaire. En remontant en selle, nous nous rendons compte à quel point la chaleur vient d’arriver. Il n’est encore que midi ou quelque, mais la chaleur s’installe pour de bon ! Je ne compterai pas le nombre d’arrêts à des ‘points d’eau’ sur la journée, mais clairement ce sera au delà des 10-12 !
En passant par Reilhanette, nous prenons la D72 puis la D41 plein ouest. Le vent est avec nous, dans le dos, et nous pousse sur ce faux plat montant. Nous jouons à cache-cache avec le Ventoux, et d’ici on voit à quel point nous sommes montés haut tout à l’heure… il parait réellement lointain ! Les jambes tournent extrêmement bien et je commence ici à songer à prendre la ‘boucle supplémentaire’ à laquelle je songe pour rallonger un peu le parcours plus tard dans l’après midi. Le groupe fonctionne toujours aussi bien, nous semblons avoir un rythme très proche et les discussions vont bon train. Nous n’oublions cependant pas de nous arrêter pour la photo traditionnelle au niveau du col des Aires (altitude 634m).
La route replate, redescend, remonte et nous voila déjà au niveau du col de Fontaube (altitude 635m), avec déjà 100kms dans les pattes. Nous rentrons de nouveau dans la Drôme au niveau de ce col, Drôme que nous avions quittée pour quelques kilomètres peu après Montbrun.
La descente qui s’offre à nous est à la fois rapide et technique. On se fait plaisir. Après avoir enchainé de nombreux courts lacets, la route devient plus droite, en arrivant à Eygaliers (D72). Plus loin nous récupérons la plus fréquentée D5 et entrons dans Buis les Baronnies pour une nouvelle courte pause rafraichissements à la fontaine du village.
Plus loin nous traversons de courtes gorges via la D546, puis tournons à gauche vers le col d’Ey via la D108. Il fait extrêmement chaud, le compteur indique bien au-delà des 40°. Mais la montée n’est pas trop méchante et les jambes sont bonnes. Je monte à mon rythme, aux alentours de 10km/h, et suis bientôt rejoint par Gil, avec qui je termine cette montée.
Dernière ligne droite, après les deux derniers lacets en contrebas...
En haut (col d’Ey, altitude 718m), nous nous abritons à l’ombre (ça tape fort !) pour reprendre notre souffle, nous alimenter et boire un coup. Brigitte ne se fait pas attendre et cette pause au sommet est l’occasion de discuter encore un peu. Puis nous redescendons sur la D108 jusqu’à Saine Jalle où un lavoir avec fontaine nous attend. Je me verse quelques bidons sur la tête et sur le casque pour faire redescendre la température.
C’est ici que je quitte cette belle équipée. Brigitte & Gil vont rentrer via le col de la Croix Rouge via un itinéraire assez direct, mais moi j’ai envie de poursuivre l’aventure un peu plus loin. Les jours de congés comme ça sont assez rares pour moi, je veux donc mettre le temps qu’il me reste à profit (il n’est même pas 14h30, de mémoire, quand nous nous quittons… l’intérêt d’avoir démarré si tôt !).
Gil qui connaît le coin comme sa poche, me met sur la bonne route (D568) et c’est ici que je leur dit au revoir. Me voila parti pour une belle dernière boucle en solo. La route monte illico, en direction du col du Soubeyran. Il fait chaud et il n’y a pas un espace d’ombre. Je monte doucement mais rapidement je vois que je suis en surchauffe – et la fréquence cardiaque est au-delà des 175BPM ! J’essaie de ralentir mais le cœur ne redescend que trop peu. Comme quoi il est difficile de réguler sa vitesse seul… alors qu’en groupe ça se fait presque naturellement.
3 kilomètres plus haut, je suis en nage. L’eau des bidons est déjà chaude, et je m’en verse régulièrement sur la tête, dans le cou… et dans le gosier bien sur. Arrivé au niveau du village le Poët Sigillat, je m’arrête à une fontaine que je crois que Gil m’avait mentionnée. Je ne fais pas le fier… il fait chaud, ça tape très fort et les jambes montrent des signes de faiblesse…
Je repars doucement et cette pause se révèle très bénéfique. La route replate puis propose sur 1km une alternance de courts raidards et de plat. Ce qui n’est pas idéal, je dois dire ! Plus loin je rejoins la D182 qui propose un panorama superbe sur ma droite. La montée est ici plus régulière, le revêtement est de meilleure qualité également.
... à l'approche du col !
Mais cette montée est, globalement, beaucoup plus longue que je ne le croyais. Après deux petits lacets, me voila enfin arrivé au col de Soubeyrand (altitude 990m). Je ne m’arrête que quelques secondes, le temps de prendre une photo, puis entame une superbe descente technique qui serpente le long de la montagne et est entrecoupée de plusieurs lacets. Du vrai bonheur à descendre… mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’à monter par ce côté, ça doit être coton.
Après le patelin ‘La Combe’, je rejoins la ‘route de Gap’, la parfois très fréquentée D94, où je tourne à droite. Ces quelques kilomètres de plat pourraient faire du bien aux jambes, malheureusement un petit vent tourbillonnant m’ennuie un peu. Je m’arrête de nouveau pour ‘prendre une douche à la fontaine’, remplir les bidons d’eau fraiche, et je repars. Je traverse Verclause où je tourne à gauche pour embrancher sur la D994.
Passage à Verclause... à l'approche de mon dernier col aujourd'hui !
La route remonte un peu et juste avant le village de Rosans, je tourne à gauche. De nouveau, je suis contraint à une pause dans ce village pour me refroidir la tête. Pour la première fois de la journée, je ressens le besoin de m’étirer. C’est probablement une bonne idée… mais surtout, c’est un révélateur de mon état de fatigue avancée : j’ai plus de 160kms dans les jambes à ce stade de la sortie. Cette fois ci je prends mon temps et m’arrête peut être 10 minutes. Je profite aussi de cette pause pour sortir mon joker : le paquet de ‘turron’ que j’entame voracement pour refaire le plein de sucre. Le reste sera dévoré d’ici l’arrivée.
Le dernier col aujourd'hui sera dans
le 05 - à ce jour les seuls cols que j'ai deja franchis dans ce département sont tous les deux au-dessus de 2000m d'altitude: le Lautaret et le Galibier !
A ce propos, une petite parenthèse rapide à propos de calories dépensées à vélo. Si l’on considère qu’un homme de taille/poids moyen doit ingurgiter l’équivalent de 2500 calories par jour (hors sport bien sur, sur une journée normal)… il faut mentionner que mon compteur avait évalué que j’avais dépensé 6000 calories sur mon triplé au Mont Noir ! En ce vendredi sur et autour du Ventoux, il m’indiquera que j’aurai dépensé bien au-delà des 8400 calories. Comme quoi il faut manger à vélo ! Non ?
... sur la place du village à
Rosans...
Il ne me reste plus que le pousse-café aujourd’hui : le col de Pommerol-Fromagère. La D25 qui m’y mène s’enfonce doucement dans une petite vallée très aride. Les jambes ne répondent plus trop, je ne suis pas loin de « l’agonie vélocipédique » que connaissent aussi bien les cyclos du dimanche que les tous meilleurs. Je n’ai tout simplement plus grand-chose dans les chaussettes, et si à mi-ascension je m’arrête deux minutes sur le bord de la route, c’est aussi preuve que la tête ne suit plus non plus. Ce qui m’embête également c’est que je dois modifier quelques plans familiaux car je vais rentrer beaucoup plus tard que prévu à la maison. Cela sera l’occasion de faire des courtes pauses SMS/téléphone pour gérer tout ça sur les kilomètres qui restent.
Je remonte en selle et suis soulagé de prendre un peu d’ombre sur un ou deux kilomètres à travers bois. Puis le paysage se dégage sur ma gauche. Je me sais presque arrivé au col. Je termine la montée au mental, à un rythme pas loin des 8km/h sur une pente pourtant pas si difficile. Lorsque la route tourne légèrement à gauche j’aperçois le panneau du col de Pommerol Fromagère (altitude 1072m), c’est la délivrance. En haut je ne m’arrête que peu... il me reste de la route, et je pourrai toujours me relaxer les jambes dans la descente.
Les derniers virages... passés "au mental" !
Celle-ci est pentue ! Ce col doit être un vrai enfer sous le cagnard par ce versant. Plus bas la route passe sous la roche à travers de petites gorges, et j’arrive peu après à La Charce. C’est ici que je vais prendre le coup de bambou du siècle. Je me pensais à pas plus de 20 bornes (de plat) de la voiture, mais que nenni ! Le panneau indique Nyon à 43kms ! Et Gil m’avait rappelé qu’il y avait environ 7kms entre Nyons et Vinsobres, où m’attend la voiture. Bref… faites le calcul.
Y’a plus qu’à se rentrer dirons nous… La D61 prise sur ma gauche est en faux plat descendant ou en plat, mais j’ai le vent de face. Sans pédaler, je m’arrête. Ou du moins, je roule à 15-20km/h, ce qui sur ce genre de route donne l’impression « d’être à l’arrêt » ! Pas le choix, il faut donc continuer à tourner les jambes. Preuve de ma grosse lassitude physique – je n’arrête pas de changer de braquet. Ca aussi c’est un signe. Après avoir lutté un moment contre le vent, je traverse la Motte Chalancon, où j’étais passé en novembre dernier au cours d’une belle chasse aux cols en Drôme provençale ! Je m’y arrête pour remplir une avant dernière fois les bidons. A la sortie du village, j’ai droit à une courte remontée… où je choppe des débuts de crampes au mollet gauche. Ca aussi c’est une première pour moi aujourd’hui (d’avoir des crampes à vélo)… mais je m’en serai bien passé ! Je m’étire en mettant la jambe en arrière sur la pédale… pas question de m’arrêter car après, repartir serait un enfer.
Après Rémuzat, je descends les gorges de Saint May (D94). J’ai un vent de face constant qui m’embête en permanence. Pas un vent par bourrasque… quelque chose de régulier, d’usant. Et usé, je suis ! Court arrêt à un feu rouge avant le tunnel qui fait passer le trafic routier par alternance. Passage par Sahune. Il y a des travaux avec des feux de circulation qui m’obligent à mettre le pied à terre et à attendre, à deux reprises en quelques minutes.
La (longue) descente des gorges... avec vent de face !
Au niveau de Les Pilles, je suis pour de bon sorti des gorges. Les panneaux routiers ‘rapprochent’ Nyons de moi peu à peu, kilomètre par kilomètre. Dans un sens, de voir ces distances se raccourcir me fait réaliser que ce n’est pas le bout du monde, cette sortie à vélo. Oui je suis cramé, mais quelle belle sortie ! Et c’est ici que je quitte le 'côté sombre de la force' dans la tête. Tout redevient positif, tout redevient faisable… car j’y suis presque ! Je ne regarde plus trop le compteur, la distance, la vitesse depuis plus d’une heure et demie de toutes façons. Il s’agit simplement de pédaler encore et encore…
A Nyons je sais que l’affaire est quasi pliée. Je profite de la chaleur moindre, et du soleil qui ne tape plus. Je traverse les vignobles environnants, puis patiente que le panneau indiquant Vinsobres veuille bien se présenter à moi.
Le voila justement. Je tourne à droite et remonte quelques dizaines de mètres en dénivelé. Me voila devant le camping tant attendu. Pied au sol. Vélo contre le mur. Gourde sur la tête. Les jambes… je sais plus trop !
Carte (parcours openrunner 1767171) :
Profil altimétrique :
8 nouveaux cols au compteur aujourd'hui, 216 en tout
Conclusions :
- La sortie la plus longue en distance de ma vie. La sortie la plus longue en temps pédalé de ma vie. Avec le plus gros D+ cumulé sur une journée, pas loin des 4000m. Et tout ça avec comme point d’orgue l’un des cols français les plus mythiques. Il n'est cependant pas le col le plus dur que j'aie jamais franchi a priori. Le Sabot me parait plus difficile par exemple. Le Cormet de Roselend, franchi en seconde partie de sortie alpine l’année dernière, m’avait paru assez difficile aussi - c'est probablement le même type de difficulté... Pareil pour le Grand Colombier, probablement. Mais ceci dit, le Ventoux vaut le coup, et reste exigeant car il est vraiment looooooong.
- Une très belle rencontre avec « l’Ange Blanc »… à refaire ! Peut être une sortie en chasse aux cols mais sans le Ventoux. Car 21kms de montée, même si je les ai très bien digérés aujourd’hui, ça entame forcément les jambes.
- Merci à mes partenaires du jour. Rouler en groupe ça n’a pas de prix. Rouler en si bonne compagnie, c’est tout bénef’ ! Voir leurs récits respectifs ici et là.
- 8 nouveaux cols au compteur. Ca paie bien le Vaucluse :)