8 juillet 2012 - Doublé dans la Vanoise (Mont Cenis + Iseran)
87,8kms en 4h43, D+ 2171m, coef 2,46
Météo: soleil, fraicheur relative
Le point culminant de la journée - et col le plus haut que j'aie jamais franchi
Une sortie courte en distance aujourd’hui, mais bien grimpante. En termes de parcours c’est très simple : nous allons partir de Lanslebourg et emprunter la D1006 jusqu’au col du Mont Cenis, puis retourner sur nos pas. Et ensuite, toujours depuis Lanslebourg, monter au col de l’Iseran via la D902 et revenir sur nos pas de nouveau. Une sortie qui logistiquement ressemble très fort à ma sortie Petit Saint Bernard + Cormet de Roselend à l’automne dernier.
Voila de quoi ça à l'air sur le papier
Nous allons commencer par affronter les pentes du col du Mont Cenis. 10km de montée avec des pourcentages abordables en dehors d’un court passage qui dépasse 10%. Nous partons en discutant, tranquillement. Je ne veux pas partir trop vite car je suis dans le genre ‘diesel’, et partir directement sur une montée sans avoir eu le temps de me chauffer, je trouve ça difficile (comme ça avait été le cas au BRO 2012 il y a deux semaines, d’ailleurs).
David a déjà effectué ce parcours, quasiment à l’identique il me semble (il y a quelques années), du coup je peux me fier à lui pour affronter ces pentes, gérer mon effort, etc. Ceci ne nous empêche pas, Franco & moi, de le charrier lorsqu’il me dit qu’il y a des parties ‘plates’ et que les kilomètres qui suivent se révèlent être au-delà de 8% :)
Je suis accompagné des deux compères ‘purs grimpeurs’ David & Franco. J'avais deja roulé avec eux relativement récemment: avec David dans le Vercors et avec Franco au Grand Colombier. Nous étant donné rendez vous à Lanslebourg en voiture à 8h30, nous sommes tous là vers 8h10… accueillis par une grosse pluie et un ciel très chargé. Heureusement, les prévisions météo vont se révéler justes puisqu’à 8h20 il arrête de pleuvoir et lorsque nous nous mettons en route à 8h25 des bouts de ciel bleu apparaissent déjà !
Coup d'oeil en arrière en montant vers le Mont Cenis - la vallée en direction de l'Iseran que nous ferons plus tard
La route est encore mouillée de la pluie qui vient de s’arrêter, et comme en plus nous sommes dans la forêt, il fait frais. C’est agréable et ça change de la canicule de ma dernière sortie en date. Au bout de 5kms (soit la moitié de cette première ascension) Franco dit qu’on est ‘presque’ arrivés… il est marrant lui. C’est à peu près à ce moment là, ou quelques centaines de mètres après, que le passage à 9, puis 10% fait la différence entre mes compères et moi. Je leur laisse quelques mètres d’avance et continue à mon rythme. Peu à peu ils s’éloignent devant moi jusqu’à avoir probablement 200-300m d’avance. Mais je maintiens mon rythme (cardiaque, notamment, autour de 165BPM, ce qui sur ces pourcentages se traduit par du 9km/h environ). Puis après un dernier lacet suivi d’une longue ligne droite, la route émerge de la forêt. On aperçoit Lanslebourg en contrebas, et je suis impressionné que l’ont ait déjà gravi tout ça !
Maintenant nous traversons un alpage, passons à côté d’une petite chapelle, puis d’une ferme qui vend du fromage de chèvre. Une borne kilométrique m’indique que je suis dans le dernier kilomètre. J’ai aperçu mes deux équipiers loin au devant de moi, mais ils disparaissent à la faveur du dernier virage… que je mettrai peut être deux minutes à atteindre. Arrivée au col du Mont Cenis (altitude 2081m). Voila pour moi le 6è franchissement d’un col au-dessus de 2000m d’altitude ! Le dernier en date, c’était le Petit Saint Bernard.
Le col du Mont Cenis et son auberge...
Le temps de manger un morceau et de mettre un coupe vent pour la descente (et d’essuyer les gentilles moqueries de Franco et David sur ma prononciation de ‘Suze’ plutôt que ‘Suza’, la ville italienne de l’autre côté du col où ils avaient songé un instant redescendre… désolé les gars je ne parle pas italien !) et nous pouvons retomber du même côté, direction Lanslebourg.
Je fais une descente prudente surtout au début, car la route est mouillée et en plus le revêtement est bosselé par endroits. Puis sur la seconde moitié je me laisse glisser un peu plus rapidement, sur des parties plus rectilignes et donc peu dangereuses.
De retour à Lanslebourg après une première belle ascension
Une fois le regroupement effectué en bas à Lanslebourg, nous quittons les coupe-vent puis reprenons la route. Nous quittons donc la D1006 et empruntons la D902 : 33kms à parcourir, principalement en montée, depuis ici jusqu’au col de l’Iseran, notre ‘plat du jour’.
Voila la théorie... maintenant, testons la pratique !
Dès le début, Franco part 10-15 mètres devant… il doit avoir des fourmis dans les jambes. Moi je sais que cette montée sera difficile, je préfère donc ne pas griller de cartouches sur le plat, et reste donc à mouliner doucement derrière.
Nous traversons, de nouveau ensemble, Lanslevillard où nous doublons un groupe de trois cyclos habillés en ‘équipe’, en blanc. Dès les premières pentes, méchantes (10% pendant un bon passage) à la sortie de Lanslevillard, Franco & David me lâchent, et je me fais doubler par cette triplette en blanc, qui s’intercale entre Franco+David et moi.
A ce moment, ma fréquence cardiaque est bien au-delà des 175BPM, je suis donc dans ma tranche ‘d’effort intense’. Il faut que je calme ça et donc je ralentis encore un peu plus le rythme… qui était dejà relativement bas ! Devant moi, les ‘blancs’ ont du doubler Franco & David car je ne les vois plus… et Franco & David ont du également baisser de rythme car ils ne sont pas si loin de moi. Il faut également dire que les pentes sont moins fortes à l’approche du col de la Madeleine, et c’est donc un profil qui m’est plus favorable, moi qui ne suis pas vraiment ‘grimpeur’.
Je vois le panneau du col à 300m, me dresse sur les pédales, j’accélère un peu. Mes collègues n’auront pas à m’attendre très longtemps au sommet – je passe sans m’arrêter au niveau de ce second col du jour, le seul qui ne sera pas au-dessus de 2000m (col de la Madeleine, altitude 1752m).
Maintenant que nous sommes de nouveau réunis, nous roulons rapidement en descente puis sur du faux plat. J’ai l’impression que le panorama change ici… ça fait à nouveau (comme au Mont Cenis) ambiance plus ‘alpine’. Il y a moins de végétation, il y a beaucoup de roches, et bien sur, comme toute vallée alpine qui se respecte, un joli torrent aux eaux turquoises qui coule au fond.
Après être passé de l’autre côté de cette petite rivière sur un pont, la route remonte fort (8% ?) pendant 200m. Puis replate – nous avons devant nous un superbe plateau, avec simplement un gite d’étape au milieu (à Bessans), tout ça sur une seule route très rectiligne qui le traverse de part en part. Pas si loin devant nous, le trio en blanc semble avoir levé le pied.
Nous nous enfonçons doucement dans ce plateau, et très clairement, on voit au fond à gauche l’endroit où la fin du plateau signifiera pour nous le début de la seconde partie de l’ascension vers le col de l’Iseran. A la faveur de cette longue ligne droite nous revenons sur le trio en blanc, qui ne roule vraiment pas vite sur le plat. Mais nous restons sagement derrière eux, ceci jusqu’à Bonneval sur Arc.
Bonneval et la première rampe de la suite de la montée, qui part au-dessus en diagonale vers la gauche
Nous ferons une courte pause pour y remplir les bidons à côté d’une petite échoppe devant laquelle un four fait rôtir des poulets… les odeurs nous donneraient presque envie d’acheter un poulet rôti et de le mettre dans le sac pour le déguster en haut !
D’ici nous voyons très clairement les deux premières rampes de cette partie finale de l’ascension du col. Le costaud, ça commence ici ! Bien évidemment, le trio blanc est parti devant sans faire de pause… seuls Franco & David rattraperons l’un d’eux… moi je ne les reverrai plus ! De retour en selle, nous franchissons les barrières mises en travers de la route : aujourd’hui est organisé l’évènement ‘un jour, un col’ : le Conseil Général de la Maurienne ferme la route du col au trafic autre que cycliste et nous serons donc au calme. Nous affrontons donc cette première rampe groupés.
Bonne route à vous deux... on se voit en haut !
La pente est d’au moins 8% sur les premiers kilomètres. Au niveau du premier lacet qui tourne à droite, je suis déjà 40m derrière Franco & David. Comme prévu, je ferai cette montée à mon rythme, seul. Il faut dire que ces deux là sont de vrais bons grimpeurs.
Maintenant il va falloir lutter... seul
Je les vois s’éloigner devant doucement, tout en profitant du paysage sublime dans lequel on évolue. Je me fais doubler par 4-5 cyclos sur la seconde rampe, dont un qui me double tout doucement. Nos rythmes étant très proches (il est plus rapide que moi quand même), je vais le garder en point de mire presque jusqu’au bout de la montée… même s’il continuera à s’éloigner doucement, mètre par mètre, sur la totalité de l’ascension.
Après ces trois kilomètres difficiles, vient un ‘replat’ de deux kilomètres à 4-5% de moyenne. Devant moi s’étale le superbe parc régional de la Vanoise, et ses massifs enneigés à leur sommet. Je suis déjà au-dessus des 2000m d’altitude et pourtant il me reste de la route !
Une portion quasi plate qui fait du bien aux jambes, au coeur, et au souffle
La route serpente en fond de vallée mais rapidement, elle traverse un gros torrent et après un court lacet, remonte fort sur la gauche. J’ai déjà du mal à distinguer Franco & David devant moi. Ils me font un signe, un peu plus haut, alors qu’ils viennent de passer un lacet, et qu’ils se situent du coup juste au dessus de moi.
La route est pentue après le prochain lacet à droite. Il y a un faible vent qui permet de garder une température relativement fraiche… car désormais le soleil commence à taper un peu. C’est à ce niveau là que je me ferai doubler une dernière fois dans la montée. Je reprends un par un quelques cyclos et leur lance un petit ‘bonjour’ en passant, mais je ne fais pas le malin : la montée est réellement difficile !
(Très) loin au-dessus de ma tête, je distingue une petite ‘grue’ rouge, et comprends que c’est ici qu’un éboulement a recouvert la route avant-hier. Heureusement, il devait ne s’agir que d’une petite chute de roches car ils ont réussi à tout dégager pour l’organisation de l’évènement aujourd’hui. Mais avant de passer à ce niveau, il va me falloir cravacher encore un moment.
Je franchis enfin le point de l’éboulement, puis un petit tunnel. Ici la route est en parapet, accrochée à la falaise… superbe. En plus, elle monte bien moins fort sur peut être 2kms. Mais à la faveur d’un tournant sur la droite, on entre dans la dernière petite vallée de l’ascension de ce col de l’Iseran.
Après le pont, la route remonte sur le versant gauche de cette vallée et ici les pourcentages sont terribles. Je me situe déjà au-dessus de 2600m d’altitude (en terme
d’oxygénation, il y a plus facile… même si je ne sais pas si j’ai réellement été gêné par ce facteur), mais surtout, la route au-delà des 10% fait très mal. Je suis scotché à la route, jamais
au-dessus des 8km/h et très souvent entre 6,5 et 7,5km/h. L’effort est ici violent… je suis à 94% de ma fréquence max sur un court passage à 11%.
Les remontées mécaniques du domaine skiable de Val d’Isère qui sont placées au creux de cette vallée au-dessus de moi se rapprochent doucement. Trop doucement. Puis enfin, le dernier lacet. La pente est toujours au-dessus de 9%, mais je me sais quasiment arrivé. Loin de moi l’idée d’accélérer pour autant, je continue à mon rythme. La route tourne doucement à droite… et ENFIN, devant moi, se terminent ces 33kms difficiles : le panneau ‘col de l’Iseran, altitude 2770m’ se profile à quelques mètres. Me voici au niveau du col routier (=sur route bitumée) le plus haut d'Europe (col de l'Iseran, altitude 2764m selon le Club des Cents Cols) ! Je passe au sommet après 1h20 d’effort depuis Bonneval, soit environ 8 minutes de plus que Franco et David, qui ont tout grimpé ensemble, et qui sont déjà en train de se restaurer au buffet offert par les organisateurs. Mes jambes sont plus « qu’entamées » et nous renonçons d’un commun accord à redescendre sur Val d’Isère pour grimper l’autre versant de l’Iseran, comme c’était initialement prévu.
Après une bonne pause au sommet, nous nous apprêtons à redescendre. Juste le temps de discuter quelques minutes avec Sophie, avec qui j’étais à la fac il y a 8 ans (!) et qui a grimpé le col par son autre versant, puis avec Cisou et sa femme qui grimpaient du même côté que nous en vélo couché. Puis nous commençons à descendre.
Cette descente est rapide, mais le revêtement pas au top. Du coup il faut être prudent, et je suis beaucoup ‘ballotté’ en selle par les à-coups de la route. Courte pause et regroupement dans le dernier lacet avant Bonneval, là où je m’étais fait ‘larguer’ dans la montée.
Après Bonneval, nous sommes accueillis par un assez gros vent de face. Franco prend les devants et je dois lutter pour recoller à sa roue. Je profite ensuite un peu de sa roue, puis prend un court relais. C’est ici que nous double un duo de cyclos, ainsi que David qui semble décider à s’accrocher à eux. S’ensuivra une douzaine de kilomètres de plat et faux-plat à prendre des relais contre le vent à 30km/h. Perso, je suis à bloc, comme le prouve le résumé de fréquence cardiaque de ma sortie ci dessous (passage au niveau de la Madeleine: 185BPM, mon max étant à... 186BPM !). Mais c’est un exercice agréable et que j’apprécie.
Le groupe explose un peu dans la courte remontée du col de la Madeleine mais nous terminerons tous plus ou moins ensemble à Lanslebourg. Bien que Franco soit motivé pour remonter au Mont Cenis et Petit Mont Cenis (sur conseil de Cisou, rencontré au sommet), perso les cuisses ont suffisamment chauffé et c’est donc la fin pour moi. Résultat, nous terminerons au bar du coin devant un rafraichissement bien agréable... et mérité !
Profil altimétrique :
Conclusions :
- Trois nouveaux cols pour moi, dont deux au-dessus de 2000m d’altitude. Me voilà bien avancé dans ma quête des 200 cols selon les règles du CCC (il me manque encore 3 cols de +2000m d’altitude).
- Un trio gagnant et une super ambiance aujourd’hui… à refaire dès que possible !
- Lire l'article de David sur son blog...