Trirhéna 2018 - Conclusions
Et voilà... après avoir planifié, m'être entrainé, avec 'vécu' Trirhéna pendant plusieurs mois...je l'ai fait. J'ai pédalé 1007km à bicyclette, comme j'aime le dire. Un truc de fou !
Au delà des semaines de préparation, des heures de réflexion sur mon plan de route, sur la confection des sacs que l'organisation aura déposés aux checkpoints pour moi... je retiens surtout le fait que pendant 3 jours, je n'ai FAIT que du vélo.
C'est rare dans la vie d'avoir des moments, des journées ou semaines, où on ne pense / vit / respire que pour une chose ! Là, c'était le cas. Sur ces 59h de pédalage, auxquelles s'ajoutent trois nuits de 2h de sommeil et de très nombreuses pauses, je n'ai fait que pédaler, manger, boire, dormir. That's all.
3 jours après l'arrivée, j'avais encore des courbatures aux cuisses (et du mal à descendre les escaliers !). 4 jours après, je n'avais aucun souci particulier, mais la descente d'escalier m'était encore difficile, et douloureuse. Ca, ça va mieux.
Ce qui subsiste encore très largement, ce sont les fourmillements dans les doigts de la main gauche (canal carpien). Et tous mes doigts de pieds sont ankylosés également, ce qui est fortement désagréable et légèrement handicapant.
Mes deux sorties à vélo (l'une décrite ici et l'autre, du simple vélotaf ce 28.08.2018) ont été une souffrance. J'ai aussi encore cette impression d'avoir besoin de dormir bien plus que de normale.
Le Trirhena en quelques chiffres:
- - 68 participants, dont 4 femmes au départ
- - 40 finishers, les 4 femmes au départ sont allées jusqu'au bout !
- - Pour ma pomme: 1007km, 18 040m de dénivelé positif, 29 nouveaux cols franchis.
Conclusions:
Les éléments principaux qui m'ont permis de réussir:
- - Mentalement, ne jamais regarder le parcours de trop près. Chaque matin, en dehors du premier jour où je savais vouloir pédaler jusqu'à à peu près le col du Passwang (lire ici), ce qui voulait dire de faire environ 300km, je partais sans réfléchir du tout au kilométrage à effectuer. Je n'ai rien découpé en 'sections mentalement faisables' de 10 ou 20km. J'ai simplement pédalé. Pour me garder l'esprit hors de la projection 'il reste encore X km à parcourir', j'avais des avantages. Comme par exemple le fait de naviguer au GPS dans des régions que je ne connaissais pas. Ou encore le besoin de constamment garder un oeil sur le niveau d'eau des bidons, etc. Et croiser les participants, se faire doubler, doubler, rire, se vanner; m'a beaucoup aidé aussi ! Et... les paysages bien sur ! Ils aident à oublier la douleur.
- - Une logistique aux petits oignons. Avoir 3 bag drops aux ravitaillements des Genevez, de Chatenois et de Plainfaing voulait dire toujours avoir ce dont j'avais besoin sous la main. J'avais des batteries externes pour recharger le GPS ou le téléphone où j'en avais besoin. J'avais les batteries de rechanges pour l'éclairage AV quand j'en avais besoin. Et de la bouffe. Sans parler du fait que grâce à cette ingénieuse organisation du CCK, j'ai pu rouler relativement 'léger' le premier jour... c'est non négligeable !
- - J'ai fait une très bonne préparation physique: à savoir que sans être un cycliste rapide, je suis arrivé au départ dans la meilleure forme de ma vie. Tout ça sans trop rogner sur la vie familiale et le boulot en amont de la course lors de la préparation, grâce à BEAUCOUP de vélotaf. J'ai aussi fait ZERO sport dans les 10 jours précédant le départ, ce qui m'a bien servi. A noter aussi qu'en modifiant UNIQUEMENT mes petits déjeuner sur les 3 mois passés, j'ai perdu environ 3.5kgs, ce qui est aussi un gros avantage.
Les meilleurs moments:
- - Le départ ! La pression qui s'en va, les discussions avec les copains, et la réalisation que "ça y est, j'y suis !!!".
- - Le départ du ravitaillement 1 au soir de la première journée. Partir avec du Iron Maiden dans les écouteurs, prêt à en découdre avec la première nuit, la seule où je savais que j'allais dormir 'dehors'. C'était dépasser de nombreuses barrières mentales que je m'étais imposé depuis toujours... et donc très libérateur.
- - Le sandwich poulet au petit dej après une nuit entière passée en extérieur, dans le froid. J'avais une faim de loup...
- - Le contrôle 'secret' au sommet d'un col particulièrement exigeant en forêt noire, lors de la seconde journée. Retrouver des têtes connues, partager des sourires, faire une coupure 'hors du temps, hors du BRM' pour mieux repartir... au top.
- - Repartir du ravitaillement 3 de Plainfaing, la pluie s'étant arrêtée. Ayant laissé la lourde sacoche de selle au ravitaillement, je pouvais aller affronter la dernière nuit. Je suis littéralement parti 'au combat' pour franchir cette dernière nuit et rallier l'arrivée. Le couteau entre les dents, prêt à donner le reste de mes forces, mais tout en me sachant capable de le faire.
- - L'arrivée ! Les larmes, l'incompréhension, presque. J'ai tellement souffert, tellement lutté, avec mes moyens, lors de ce BRM 1000... arriver au petit matin ce samedi 18 août... j'étais hébété et ébahi, tout ça en même temps !
Les moments les plus difficiles:
- - Sortir du sac de couchage au petit matin le jour 2. Tremblant de froid, conscient qu'il ne fallait pas trainer trop longtemps ici. Repartir dans le noir, et le froid, n'ayant "dormi" que deux petites heures, interrompues un grand nombre de fois... c'était dur.
- - Gros coup de chaud à la fin de cette même journée, avant d'atteindre le second ravitaillement à Châtenois. J'aurais encore préféré de gros cols en altitude, plutôt que de me débattre sur de longues lignes droites plates, avec mal aux fesses, et un gros coup de chaud sur le carafon !
- - La grimpée au Champ de Feu le troisième jour, et cette impression que je n'avance vraiment pas. Grosse chaleur, besoin de faire la pause. Cette mamie qui pédale devant moi et que je n'arriverais jamais à reprendre ! Damn it.
- - Le vent et le froid qui me glacent au ravitaillement de Plainfaing. Cette impression que je vais devoir faire la dernière étape de 170km sous la pluie et les orages... je me voyais dejà à craindre la foudre et le tonnerre au sommet du Petit Ballon. Heureusement, après 2h de dodo, je suis reparti sur routes détrempées, mais SANS pluie !
Les pentes qui m'ont le plus fait souffert:
- - Le Mont Chasseral. Chaleur, gros pourcentages, grosse fatigue générale à la fin de la première journée... j'avais dejà laissé BEAUCOUP de forces dans le Mont du Soleil dans la demi-heure précédant cette grimpée.
- - Le Haldenhof et ses pentes acérées ! Un col franchement exigeant, pentu, long... mais magnifique aussi ! Je me rappelerais longtemps de ce premier col allemand que j'aurais franchi !
- - Le Tiergrüble. Ouahou... là encore, j'ai du donner pour arriver au sommet ! Et pourtant il est 100% à l'ombre, ce qui me convient particulièrement bien, à moi qui crains la chaleur ! Le contrôle secret au sommet était une récompense de taille qui m'a aidé à digérer cet effort intense. Un col qui m'aura contraint à mettre le pied au sol !
- - Le Stohren. Les 5 premiers kilomètres sont abominables. Je ne me suis pas si mal débrouillé dans ce col... mais je suis obligé de le mentionner ici vu les pentes à 18% à franchir ! Avec la sacoche.
- - Le Champ de Feu, au-dessus de Rothau et du Strutohof. Là encore... j'ai fait une pause 'récup' à mi-montée. Que ce fût dur !
- - Le col de Bagenelles... un peu 'à part' dans cette liste car franchement pas un col difficile ! Mais voilà... 3 pauses contraintes pour m'y hisser... je n'avais PAS DE FORCES !