27 mai 2020 - Valromey, Chautagne, Albanais

176km en 7h52, D+ 4008m, coef 2,27

Météo: douceur, vent tournant parfois gênant

Je continuer à profiter du déconfinement progressif lié à la baisse en intensité de l'épidémie de coronavirus, en posant une journée de congé, entièrement dédiée à... aller pédaler. Un mercredi, c'est rare... c'est en semaine, donc ça sera en solo.

J'avais en idée d'aller faire le Pas de la Biche et enchainer sur le Grand Colombier, par un versant différent d'il y a deux semaines. Mais pour faire 'mieux sur la carte' et aussi varier les plaisirs, je repense au col de Colliard, que je n'ai grimpé qu'une fois à ce jour, par son versant intéressant. Puis j'envisage le Mont Clergeon et son col du même nom, un col que je n'ai encore jamais grimpé à ce jour ! Ce qui ferait une belle boucle et pas loin de 4000m de dénivelé, voilà une belle idée.

Je pars à 9h pétantes, après avoir préparé les enfants. Je descends sur Bellegarde, remonte sur Chatillon en Michaille et pars sur la route de Nantua. Celle-ci est très passante, notamment ce matin, alors je décide de grimper au Poizat, en direction du col de Bérentin. Je sais qu'une route descend de là-haut sur les Neyrolles, d'où débutera l'ascension vers le col de Colliard.

Impeccable, ça colle bien, alors go.

Cette montée vers le Poizat, je la connais par coeur... c'est mon col préféré pour aller sur le plateau de Retord. Elle a tout ce qu'il faut: la pente forte au départ, puis plus roulante par la suite; la route qui serpente dans les bois, la sortie sur le plateau. Par contre la chaussée n'est pas très bonne, et il y a toujours du vent sur le haut. Je grimpe très doux, pour garder de l'énergie pour la suite. Et avant d'avoir pu dire ouf, je suis au Poizat, où je me laisse glisser, vent dans le dos, sur les Neyrolles. Une fois passé à l'ombre, il fait assez froid.

Puis dès le bas, même pas besoin d'aller jusque dans le centre du village des Neyrolles, ça repart immédiatement à gauche, sans même 1 mètre de plat. Go !

Cette grimpée m'attire beaucoup, elle est dans les bois, sur une route très calme. A vrai dire, il n'y aura pas de traffic du tout puisqu'elle est... fermée. Argh, un panneau dès le bas indique que ça ne passe pas. Bon, je vais tenter le coup quand même, théoriquement en vélo on peut toujours se faufiler. Quelques kilomètres de grimpée à lacets, une pente pas trop méchante, et une vue imprenable sur Nantua et son lac, par moments seulement, car sinon c'est une route vraiment isolée dans les bois. Plus haut, voilà une barrière en travers de la route.

A partir d'ici, théoriquement je ne devrais pas poursuivre... bon, je prends le 'risque' de me faire taper sur les doigts si je croise quelqu'un. Je repense à notre épopée avec Brigitte sur la route de la Charmette, où un mec de l'ONF nous avait engueulés sans pédagogie aucune... bref.

Et de fait, l'état de la chaussée se dégrade rapidement. Des cailloux, des graviers, des pommes de pin. Des trous dans le bitume un peu plus loin. Si la route est fermée c'est parce que le passage sur le haut, sur environ 1km, est un coin à éboulements, et de fait il y a pas mal de grosses pierres sur le côté amont/gauche de la chaussée. Mais quel pied, cette grimpée 'seul au monde' !

Une montée fermée au trafic... 'pour de bonnes raisons'

Juste en dessous du passage à flanc de falaise sur la gauche... 5 mecs de la DDE habillés en orange. Argh. Voyons voir comment ça se passe... très vite en tête je me dis qu'il ne faut pas m'arrêter sinon ça risque de s'engager dans une négociation et ils me demanderont de faire demi-tour... mais je ne peux pas exactement les ignorer non plus... alors je les salue en ralentissant et demande si 'ça passe'... l'un d'eux répond 'c'est interdit normalement'... l'autre est très pédagogue... il me dit que c'est un peu limite... je lui répond 'donc il ne faut pas trainer quoi?', il dit oui... et hop le tour est joué !

Pfiou, c'était limite. Merci à eux pour leur ouverture d'esprit...

A quelques encablures du col...

Ce dernier kilomètre d'ascension est vraiment génial... falaises sur ma gauche en montant, la route est de nouveau propre... la vue se dégage sur la droite (la route est écroulée en partie, mais ça fait plusieurs années)... virage à gauche, et voilà le sommet, et le panneau du col: col de Colliard (altitude 979m).

Je vais suivre la direction de Brenaz, donc prends à gauche immédiatement. Encore un bout de montée en pente douce, vers le col de Belleroche. Cette section est délicieuse; fraicheur, odeur des bois, soleil à travers les feuillages, et pente tranquille... le son des cloches de vaches en contrebas comme bande son.

Ensuite c'est une longue portion en faux-plats descendants, parfois dans la forêt avec odeur d'ail des ours, parfois au milieu de champs teintés du rouge des coquelicots en fleur.

Je retrouve ensuite des coins que je connais mieux; à proximité du Petit Abergement, puis Haut Valromey, Songieu, Brénaz. Je pensais débuter l'ascension du Grand Colombier ici, mais non... la route redescend de 2-3km, et c'est à Lochieu que je prends à gauche.. paf droit dans la pente et c'est parti ! Je crois que ce n'est que la seconde fois que je grimpe par ici à vrai dire. Compter 11km de montée... les pourcentages difficiles sont principalement dans les deux premiers tiers.

D'abord dans un champ, un lacet à gauche, un à droite, puis la pente prend en difficulté à l'occasion de l'entrée dans les bois. A partir d'ici, je suis sur des petits développements, avec le 34x32 lorsque la pente est vraiment trop dure, et je mouline tranquillement. Je ne grimpe pas bien vite, mais l'effort est maitrisé et ne fait pas trop mal. C'est un peu le thème du jour en fait... je vois que j'arrive à encaisser du dénivelé sans trop soufrir, et ça c'est chouette... merci Zwift !

Ascension du géant de l'Ain

Plus haut, le panorama se dévoile un peu sur la droite, avec une zone moins boisée. J'ai dejà pris pas mal d'altitude, mais le dernier bout qui mène au col de la Selle (je crois qu'il s'appelle comme ça), à l'embranchement avec la route de Virieu le Petit, est ardu.

Par contre, la récompense une fois arrivé là, c'est un bon petit replat qui fait du bien au cardio, ainsi qu'un panorama pas dégueu. Puis ça repart dans les bois... long retour à plat le long de la montagne, avant de repartir sur le versant opposé, avec un gradient plus exigeant.

Bientôt le sommet...

Encore un virage à gauche, puis lentement j'émerge des bois et atteins les alpages. Plus de barrière canadienne ici, comme je l'avais vu en sens inverse il y a deux semaines. Passage à proximité de l'auberge, avant-dernier lacet, sur la droite, puis la looooongue ligne droite qui mène au dernier lacet. J'étais frigorifié ici sous une pluie fine et 4° il y a deux semaines, mais c'est sous un ciel bleu resplendissant que j'arrive au sommet du Grand Colombier (altitude 1500m) aujourd'hui ! Je ne fais pas de pause au sommet, il y a pas mal de randonneurs et de familles qui pique-niquent, ça ne m'incite pas à la pause... alors j'enquille avec la redescente sur Culoz. Je croise quelques cyclistes et cyclo-randonneurs en sens inverse, qui grimpent pas le versant "historique", le plus connu, depuis Culoz. Mais la palme va à un vélo couché avec un espèce de toit, qui ressemble bien à un panneau photovoltaïque !

Descente panoramique sur Culoz

Cette descente est chaotique par moments, la chaussée étant pas mal déformée. Mais après le replat qui fait suite à l'embranchement sur la route d'Anglefort, c'est quand même ces petits lacets resserrés qui sont l'endroit le plus sympa de toute cette route... et la route qui semble plonger dans le lac du Bourget ! Ouah.

Je termine cette descente technique en longeant les vignes, traverse Culoz et pars direction la Chautagne. J'avais prévu d'aller découvrir le Mont Clergeon, et les jambes tiennent encore la route, alors on y va !

On s'y trouve rapidement en fait, car la section entre les deux monts (Colombier et Clergeon) est plate, et toute droite... on couvre plus rapidement la distance comme ça ! Les lois de la physique sont, temporairement, avec moi. Avant que les pentes du Mont Clergeon ne me rappellent que trainer 86kgs de viande en montée, ça n'est pas tâche facile.

Mont Clergeon

Je m'arrête à une fontaine faire le plein des bidons dans le village juste au-dessus de la plaine. Puis plus haut, je rattrape un facteur qui discute avec un voisin... les deux m'encouragent comme si c'était le tour de France qui passait, ce qui n'est pas sans me faire sourire... quelques kilomètres plus haut, j'aurais de bons coups de klaxons appuyés d'encouragement par cette même voiture jaune dont le facteur de conducteur doit être fan de la petite reine !

La route finit par entrer dans la forêt. Le bitume a beaucoup d'aspérités, mais c'est quand même ici que c'est le plus intéressant... des lacets réguliers à droite, à gauche, qui donnent vraiment le sentiment d'avancer. Je ne roule pas vite, et après un essai très temporaire, je renonce à accélérer... je n'ai pas les jambes pour. C'est à cet endroit précis que je formalise cette réflexion intérieure... qu'aujourd'hui je ne roule pas vite, mais que je ne lutte pas plus que ça pour avancer. Tempo 'ultra distance', en soi... sur un parcours exigeant, mais de moins de 200km... je ne sais pas trop si je dois en être content ou pas.

Sur le haut de cette ascension, je finis par atteindre un petit parking sur la gauche avec une maison juste de l'autre côté de la chaussée... mais ce n'est pas encore le sommet. Reste à traverser un champ, laisser derrière moi une espèce de barrière végétale séparatrice de deux champs, et enfin, atteindre le panneau: col du Clergeon (altitude m).

Ouah, pas facile ce col quand même. Mais c'était la dernière vraie difficulté du jour, maintenant il ne me reste plus qu'à franchir les plus petites collines me séparant de la maison, à travers l'albanais. Ces barrières de collines, je les estime à 3: une jusqu'à Clermont, une après Frangy, et la dernière remontée à Collonges depuis le Rhône. Tout ça, plutôt en ordre décroissant de difficulté.

Mais avant tout ça, il me faut retrouver le plancher des vaches depuis le sommet du Mont Clergeon. Et c'est là dejà une belle surprise, quand je vois qu'après une très courte redescente, la route repart en faux plat montant sur peut être 2km ! Bah j'étais prêt pour aller en roue libre, moi !!

Mais voila la vraie descente qui commence, et alors là, je ne vais pas être déçu. Dejà, un bon morceau dans les sous bois. Mais ensuite, encore mieux, une section tournante, très rapide, avec un panorama qui se dégage sur ma gauche, c'est juste magnifique. Ce col là, il faudra que je vienne le refaire par cet autre versant.

Arrivé en bas, je suis temporairement la direction de Rumilly, avant de filer à l'oeil en drection des gorges du Fier. C'est à leur embouchure que je prends à droite, puis à gauche, pour amorcer ma montée sur Clermont. Celle-ci je la connais un peu, j'étais passé 2-3 fois (mais toujours en hiver) par ces routes avoisinantes.

Je re-découvre ça avec plaisir, une belle montée changeante, tournante, alternant ombre et champs, et bouts de villages isolés. A Crempigny Bonneguete, je me croirais presque au sommet. Pause sur la jolie petite place du village, un vrai village campagnard et fermier comme on les aime, avec la fontaine au centre de la place. Mais le filet d'eau qui s'en échappe est chaud (dans un premier temps) et très fin... alors je patiente, avant de repartir sur Clermont. Un derniier bout à travers champs à lorgner du coin de l'oeil les nombreux tracteurs qui semblent s'être donné RDV pour ranger le foin, coupé en champs la veille, en longues lignes droites, prêtes à être ensuite avalées et transformées en bottes de foin.

Clermont ! Son église, son chateau... sa descente ! Sur le carrefour de la Croix Rouge où je me rappelle être passé sur la fin de très longues sorties solo, ou avec Yann, en mode dodecaudax ou autre.

Puis la descente sur la grosse route de Farges, où je me retrouve avant d'avoir eu le temps de l'envisager.

De là, trois itinéraires principaux pour me rentrer. Je choisis celui qui me parait le plus facile, celui par le mur de la mort, j'ai nommé le raidard de Musièges. Car une fois arrivé à son sommet, je n'aurais plus que des bribes de montées faciles.

Ce mur, j'y vais doucement, tout à gauche, debout sur les pédales vu la pente. Je n'étais plus passé ici depuis que j'y avais emmené Brigitte, il me semble... ça fait un an et demi, donc ! Mais ça passe bien. Je retrouve du vent de face sur le haut et sur les bosses qui suivent, après le Malplat, et Savigny.

Descente sur Vulbens, puis à gauche sur la route du Rhône. J'entre de nouveau dans l'Ain au pont Carnot... me reste à remonter à Collonges. Ca sera fait à petit rythme, mais j'y arriverais. Quelques détours dans Collonges et Ecorans histoire de passer la barre des 4000m de dénivelé positif à la journée... et je suis bon pour une bonne douche fraiche et un gros repas ce soir !

Comments

[Bernard]

Quel plaisir de te lire, tu écris aussi bien que tu roules ! Très belle sortie !

[cestdurlevelo]

Merci ! Et tant mieux si ça te plait... Bonne route à toi !