18 mai 2015 - Séjour alpin (2) - Boucle Cayolle/Champs/Allos
122.6km en 6h42, D+ 3225m, coef 2.63
Météo: soleil, chaleur
Je suis venu chercher les murs de neige sur les bords des routes des cols de haute altitude... mais que nenni ! J'avais pas prévu qu'étant tant dans le sud, la neige a dejà complètement fondu.
Une superbe boucle, mais exigeante, et sous un soleil de plomb.
Seconde étape de ma semaine alpine. Aujourd'hui, je me frotte à la célébrissime boucle des cols de la Cayolle, des Champs, et d'Allos. On m'en a dejà un peu parlé de cette boucle - 122km pour +3200m de dénivelé, ça parle, forcément. Ma peur n'est pas tellement de ne pas réussir à aller au bout, mais de voir comment je réagis à l'effort suite à ma boucle pas très longue, mais grimpante, d'hier à la Mure. On verra bien !
Ma seule erreur de la journée, être parti pour faire la boucle dans le sens des aiguilles d'une montre. Je sais que l'un des deux versants du col des Champs a une route bien défoncée ; mieux vaut monter par là, plutôt que descendre dessus. Mauvaise pioche, mes souvenirs de discussions à ce sujet sont faux, il aurait fallu commencer par Allos pour grimper au col des Champs par Colmars. Si vous lisez ces quelques lignes et envisagez d'aller pédaler là bas, surtout tournez dans le sens Allos-Champs-Cayolle.
Une bonne nuit de sommeil, et un bon petit dej' costaud à l’hôtel - voilà de quoi s'apprêter à cette journée en haute montagne. Je suis prêt pour la seconde étape : go. Tout d'abord, il s'agit de sortir de Barcelonnette.
Je suis surpris par la chaleur ! Il n'est que 9h10, et il fait déjà très doux... pas besoin des manchettes.
Tous les cols sont ouverts !
Peut être 3 kilomètres de plat plus loin, après avoir traversé la rivière Ubaye à la sortie du village, voici la séparation des chemins ; à droite Allos, à gauche la Cayolle. Pour moi, ça sera à gauche. Je sais que je reviendrais par le côté gauche en fin de journée, avec trois nouveaux franchissements de cols à +2000m d'altitude dans la besace... et probablement des jambes cramées ! D'ici, le col est indiqué à plus de 30km... ça fait mal à la caboche de lire ça sur les panneaux, alors j'essaie de faire abstraction... chose que je ne savais pas, il y a en fait de longues portions en faux plat, ça roule très bien.
Première partie: Barcelonnette-col de la Cayolle-St Martin d'Entraunes
Rapidement, la route passe à l'ombre: traversée des gorges creusées par le torrent du Bachelard, que je vais longer un bon moment. Il fait très frais, c'est agréable !
La route traverse 2-3 fois le torrent, à chaque fois je profite de vues magnifiques sur les eaux gris-turquoise qui forment un vacarme en contrebas. Je pense aussi à lever la tête ; les falaises de part et d'autres de ce ravin sont belles... on se sait dans les Alpes, on se sait en haute montagne... le paysage est torturé, rocailleux... magnifique.
Plus loin, la route émerge de ces gorges par le versant est. La route s'enveloppe à flanc de montagne en tournant progressivement à gauche, et paf, d'un seul coup me revoilà en plein soleil. C'est toujours aussi roulant. En fait, globalement, j'aurais été surpris de voir à quel point plus de la moitié de ce col est roulant... on ne s'attend pas forcément à ça en altitude...
Je ralentis en voyant une équipe de la DDE balayer quelques gravats de la route ; ils m'ont vu et me laissent passer... un petit 'merci' en passant, et je poursuis mon effort. A l'image d'hier, je ne roule pas trop trop fort, le but est de m'économiser pour ne pas me cramer trop vite.
Les sections jusqu'au petit village de Fours Saint Laurent sont assez irrégulières ; de bons faux plat super roulants où on peut aisément passer le second plateau s'alternent avec des mini murs à 9-10% qui me font ralentir considérablement. Mais les lieux sont tellement beaux, pour l'instant je n'ai aucun souci à simplement rouler comme le cœur m'en dit.
Forêts de mélèzes...
Quelques rapides lacets à la sortie du hameau de Bayasse, la route s'oriente un moment à droite avant de reprendre plein axe, direction le fond de la vallée. Les panneaux décomptant les kilomètres restant avant le sommet défilent doucement. Plus j'avance, plus je prends de l'altitude, et plus les paysages sont somptueux.
Je suis surpris de voir que les torrents alentours n'ont plus beaucoup d'eau. Alors OK, nous sommes en alpages et les petits ruisseaux n'ont pas encore pu faire les grandes rivières à cette altitude... mais quand même. Mais comme je le disais justement... il n'y a plus trop de neige, même les hauts sommets n'ont pas tant de neige que ça.
Après une belle et longue section rectiligne, la route va de nouveau tournicoter un peu... je ne suis plus qu'à 4km du graal ! Et voici les premières marmottes de la journée qui détalent devant moi. Et voici aussi le premier cyclo de la journée, qui descend... je n'en aurais finalement pas vu tant que ça... ce n'est pas encore la haute saison.
Enfin un tout petit peu de neige tassée ici et là sur les bords de la route... l'arrivée au col me parait un peu plus pentue, peut être est-ce l'altitude qui me joue des tours ?! Toujours est-il que je suis content et pas peu fier d'arriver au col de la Cayolle (altitude 2327m), où se trouvent trois cyclos allemands - échange de bons procédés en prenant les photos pour les autres... et hop, un k-way, les manchettes dessous, un buff sur la tête j'entame cette longue descente de 30 pitons
La descente côté sud est aussi sublime que la montée côté nord. Les lacets s’enchaînent, les passages en route avec parapets et vide sont au rendez-vous, ainsi que les chutes d'eau, torrents en fond de vallée et autre ponts enjambant les eaux qui s'écoulent. Le top du top.
A Estenc, je remplis un bidon d'eau : il va falloir vraiment faire attention à l'hydratation aujourd'hui vu les chaleurs attendues.
La route longe les sources de la rivière Var. Après Entraunes, la pente s'adoucit très largement... puis voilà St Martin d'Entraunes... où j'espérais trouver une boulangerie, mais que nenni.
Alors tant pis, je fais simplement une courte pause pour enlever les épaisseurs, et m'élancer sur la seconde ascension du jour.
Deuxième partie: St Martin d'Entraunes-col des Champs-Colmars
Pas de panneaux indicateurs de la distance me restant à rouler avant le sommet... ça me déçoit, mais faut bien faire avec (ou plutôt, sans). Il fait chaud, il est midi passé (de mémoire) et je continue à bien boire.
Les nuages gris sombres qui s’amoncellent dans le ciel devant moi et sur ma droite me font un peu peur... j'aimerais éviter de me prendre un orage sur le coin de la figure à une telle altitude !
Les panneaux routiers indiquent le col des Champs à droite sur la D278 - ce n'est pas ce que j'avais sur le GPS, mais je décide de prendre cet itinéraire là quand même. Je ne serais pas déçu, pas vu UNE SEULE voiture sur cette longue portion.
Les jambes commencent à fatiguer... "déjà", je me dis... ouais mais voilà, la haute montagne ça ne pardonne pas ! Ce n'est pas une Barillette express ni une Baudichonne qui permettent de partir comme ça, fleur au fusil :)
Je transpire à grosses gouttes... la sueur me pique les yeux. J'ai l'impression de vraiment ramer... et puis non, ce n'est pas qu'une impression. Un petit coup de descente au niveau de la chapelle Saint Jean donne du répit au cardio quelques secondes... mais après ça repart direct dans la pente. Le répit était de courte durée !
Je lutte vraiment, j'ai chaud, je sue tout ce que je peux... un petit filet d'air frais va me faire du bien alors que la route replate en arrivant à la station de ski de Val Pelens. La route tourne à gauche et descend un mini-coup. Que ça fait du bien ! Puis la pente repart, d'abord en lacets, puis de manière plus rectilgine. Je m'accorde un mini pause SMS/photo/bouffe... erhm, sauf que le téléphone ne capte aucun signal ici
Plus j'avance, plus la route s'élève dans les alpages... des champs, des champs... qui expliquent le nom du col. Les 4 derniers kilomètres sont exigeants, je rame, mentalement et physiquement, mais je poursuis l'effort en observant ça et là quelques marmottes qui fuient l'objectif de ma caméra.
Puis enfin un replat... je me sais presque arrivé... 300m de descente, et, au creux de ce petit intervalle dans la pente, voici le col des Champs (altitude 2093m).
Je mets quelques couches pour la descente, répond à un SMS de l'ami Franco qui me demande d'en prendre plein les mirettes (ça, c'est en bonne voie !), puis je m'engouffre dans la descente... qui commence par une dernière courte montée.
Comme expliqué en introduction, c'est donc ici que je me rends compte que la qualité du bitume côté Colmars est vraiment 'limite' pour descendre. Tant pis, ça sera une descente lente et prudente, agrippé aux freins, en faisant attention à chaque centimètre carré où je pose les roues.
Le début de la descente est très rocailleux, avec beaucoup de vide sur ma droite - il y un petit côté 'Casse Déserte' à ces lieux... puis la suite c'est une très longue série de lacets tortueux à travers une belle forêt de mélèzes. L'arrivée sur Colmars se fait avec une vue magnifique sur les ouvrages Vauban.
Bon, c'est pas tout ça mais je crève la dalle, moi ! Je n'avais pas emporté de sandwiches, seulement des trucs sucrés... et n'ayant pas pu me ravitailler de l'autre côté du col des Champs, ici à Colmars se présente ma dernière chance. Et, gros coup de bol, cette petite auberge en contrebas de la cité Vauban, est ouverte et accueille les cyclistes. Je retrouve les 3 cyclo-randonneurs bâlois rencontrés à l'hotel hier soir et au petit dej ce matin ; eux montaient le col d'Allos, moi je les récupère ici avant qu'ils ne poursuivent leur route... on discutera quelques minutes après que je me sois assis juste à leurs côtés. Suite à ma description (positive) du col des Champs, ils décident de bifurquer et de le grimper plutôt que de poursuivre plein sud dans la vallée.
Pendant que l'on discute, l'aubergiste me sert très rapidement une belle platrée de pâtes carbonara. En quelques minutes, j'ai tout torché. J'ajoute un petit café, tout ça pour un prix vraiment dérisoire, et je remplis les bidons avant de repartir pour la dernière ascension du jour.
Troisième partie: Colmars-col d'Allos-Barcelonnette
Il fait étouffant: 32° au compteur. Je pense qu'il surestime un peu la chaleur, mais quand même, ça donne une idée de la chaleur. Je m'attends à une ascension difficile à tous points de vue: physiquement, mais aussi mentalement, ce d'autant plus que les bâlois m'ont indiqué qu'ils étaient très déçus de ce col, qu'ils n'ont pas trouvé particulièrement beau. Zut.
La bonne surprise au début c'est non seulement que sur les 22.5km affichés sur le bord de la route, il y en a quelques uns de vraiment faciles, roulants... quasiment du plat... mais aussi qu'avec ça, j'ai un bon bout de vent dans le dos... ça aide ! Rouler à 25km/h sur du 2% c'est pas tous les jours, encore moins après déjà plus de 2000m de dénivelé !
En réalité, c'est surtout à partir du village d'Allos que ça commence à effectivement grimper.
Cette montée va être terriblement rectiligne, et le vent devient tourbillonnant, ce qui n'est pas fait pour m'aider. J'essaie de positiver en me disant qu'au moins il me rafraîchit un peu.
Pause à la sortie d'Allos, trafic alterné pour cause de réfection de la chaussée au niveau d'un pont. Puis je repars tout doucement, bientôt tout à gauche, ou presque. En mode gestion.
Les petits villages défilent tout doucement: la Baumelle, le Sarret, la Foux. Puis enfin, voici la Foux d'Allos, grosse station de ski alpin. Avec ses immeubles, grands parkings et autres remontées mécaniques... c'est vrai qu'après avoir gouté au calme et à la verdure du col des Champs, ici, ça n'a rien à voir. Mais peu importe, il faut que j'aille au sommet pour basculer sur Barcelonnette... je décompte les kilomètres qui me séparent du sommet, car je sais qu'en haut, c'est comme si c'était fini.
Les 6 derniers kilomètres sont bien plus difficiles ; il fait chaud (heureusement il y a encore un brin de vent), mais surtout ça grimpe bien plus... compter 7% de moyenne, ou un peu plus. Ce qui fait pentu, en fin de circuit.
Les petits lacets franchis, après être passé sous le parcours de luge d'été, puis ce sont maintenant de longs lacets qu'il me faut affronter. Je suis dans le dur. Les marmottes détalent à droite et à gauche... enfin, j'arrive à en saisir une en vidéo (voir résumé vidéo de l'étape en bas de l'article), ce qui me fait sourire... je m'arroche comme un beau diable. A 2km du sommet je suis à deux doigts de m'arrêter pour reprendre mon souffle... mais je parviens à pousser jusqu'au sommet, pour enfin m'affaler dans l'herbe pour reprendre mon souffle.
Col d'Allos (altitude 2244m) ; C'EST FAIT !
Depuis ici, il ne me reste plus qu'à me laisser glisser 30km et des poussières en contrebas jusqu'à Barcelonnette, dans la vallée de l'Ubaye. Ce versant est absolument superbe, comparé au versant que j'ai grimpé. J'en profite pour faire quelques pauses photos.
Plus bas, on voit clairement la petite route de la Cayolle qui serpente tout en bas, au creux des gorges. J'étais là-bas il y a quelques heures !
En tout cas, ce côté d'Allos est très rocailleux, il y a de longues et belles portions à flanc de falaise.
Il fait très chaud en bas, je fais une dernière courte pause à quelques bornes de Barcelonnette pour enlever mes épaisseurs, dont je n'ai plus besoin. Je laisse la montée vers la station de Pra Loup sur ma gauche et finis la descente: Barcelonnette, fin des opérations.
Conclusions:
- Trois nouveaux cols à +2000m d'altitude,
- Une grosse journée de chaleur à pédaler et transpirer, la nuit ne sera pas de bon repos, le corps a été mis à mal aujourd'hui !
- Franchissement de la barre des 4000km pédalés en 2015 à l'occasion de cette ballade.
- Des craquements sur le pédalier qui me soûlent, va falloir régler ça rapidement si je veux pouvoir continuer ma semaine sportive !
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