11 aout 2020 - (VTT) Colle del Sommeiller

52km en 4h05, D+1724m, coef 3.28

Météo: soleil, douceur, ciel chargé et pluie légère à la descente

Pour la première fois aujourd'hui, je monte à 3000m d'altitude à vélo !

Le colle del Sommeiller, un col finalement relativement méconnu dans les milieux cyclistes... finalement, il est plus connu par les amateurs de 4*4 et de moto cross-country. Méconnu probablement en raison du facteur suivant: il ne s'atteint qu'en aller-retour, puisqu'il mène au pied d'un glacier (ou des restes d'un glacier... réchauffement climatique oblige). Il n'y a rien de l'autre côté, il ne se fait donc que par son versant de Bardonnecchia, petite ville située à l'embouchure italienne du tunnel du Fréjus.

Ce col est un monstre ! Compter 26.5km de grimpée depuis Bardonnechia: les 6 premiers sont sur une petite route en bitume, le reste est sur une piste terreuse, caillouteuse sur le haut. Par 'piste' de montagne, j'entends bien qu'à aucun moment cette route ne se transforme en sentier. D'ailleurs, les 4*4 et motos y montent, jusqu'au bout. C'était une surprise pour moi d'en croiser quelques unes jusqu'au sommet, mais ça montre aussi à quel point cette ascension est 'sportive' (elle est longue, grimpe très irrégulièrement, et fort par moments, et l'altitude joue contre l'organisme forcément), mais absolument pas 'technique'. A noter également que j'ai croisé quelques vélo 'gravel'. Mais peu. Et à ce sujet, je déconseillerais fortement tout lecteur de tenter cette montée en gravel. Oui, ça passe. Mais en termes de confort, et surtout à la descente, c'est beaucoup souple et logique, à mon sens, de faire cet itinéraire en VTT cross country. Pas besoin d'un tout suspendu là-dessus, c'est clair.

Départ à la fraiche de Bardonnecchia. La météo annonce des orages légers en début d'après midi, alors je me doute que je terminerais sous l'eau. La question est de savoir si je vais réussir à grimper jusqu'en haut avant un orage potentiel. Car un orage en haute altitude comme ça peut comporter une part de risque. Je ne prendrais pas le moindre risque, c'est certain, et au besoin je ferais donc demi-tour avant le sommet (cequi serait décevant bien sur...). Je vais donc effectuer ces 26km de montée, en environ 2h50, SANS PAUSE. Cet aspect va ajouter à la difficulté... sur les 7-8 derniers kilomètres grimpants, le corps aura du mal à faire avancer la machine...

Quelques lacets resserrés, la route bitumée grimpe à droite du vallon qui se resserre. Route très étroite, ça ne croise pas en voiture. Passages assez irréguliers, puis la pente prend une courbe plus régulière à l'approche de Rochemolles. Petit village lôvé sous les falaises, à gauche de la route... ici, le bitume laisse la place à la terre. Les orages de la veille ont laissé une piste partiellement humide, ce qui évite le dégagement de poussière au passage des quelques 4*4 et motos qui vont me doubler. C'est pas plus mal comme ça...

Quelques lacets, la piste atteint un premier plateau. Passage plus pentu et replat, suivi d'un espèce de faux plat descendant à l'approche du petit barrage de Rochemolles. Je respire, bois un coup en roulant, et la piste repart sur un très long arc de cercle sur la droite, suivant les courbes de la montagne. Un peu plus de pente ici, avec la piste qui traverse deux petits écoulements d'eau en travers.

Un double lacet et encore une partie plus rectiligne qui part dans la même continuation, jusqu'à atteindre le niveau d'une combe, avec deux petits lacs, traversés par le torrent de Rochemolles, et une superbe cascade en toile de fond. Un endroit magnifique, un vrai spot à pique nique !!! La carte postale typique, mais bientôt l'effort physique va reprendre et je profite de tout ça en souffrant pas mal aussi !

La route passe à côté de la cascade, les marmottes sifflent à mon passage. Je suis dejà à plus de 2200m d'altitude, et pourtant je dois en être à la moitié, guère plus !

Devant moi, au fond de la vallée, un 'mur' de lacets, très réguliers, assez pentus. Du 8% de moyenne sur les kilomètres à venir, pour franchir un très gros palier géographique, et un des passages les plus ardus de ce col. Je me fais doubler par un VTTiste 'électrisé', et double un couple de 'cent-colistes' avec qui je discute en roulant 1 minute... puis je poursuis ma route sur cette piste qui grimpe fort.

Un vrai 'palier' arrivé à la fin de ce mur, OUF. Cette fois, c'est une douce inclinaison vers la gauche... je cherche le col des yeux... mais il est encore bien trop tôt... impossible de l'apercevoir d'ici. Le ciel se charge de quelques nuages... pas encore trop gris pour le moment... je m'accroche.

Franchissement du 'vallon du fond'... ça grimpe à nouveau un peu plus fort, mais derrière ce talus, ça redescend un coup, et de nouveau belle ligne droite plate, avant d'atteindre la fin de ce vallon... ça repart sur la gauche, sur ce qui est pour moi le passage le plus dur de toute l'ascension. En soi il n'est pas plus dur que le 'mur' à 8% mentionné auparavant, mais arrivé ici, l'altitude joue contre l'organisme, et j'ai accumulé pas mal de fatigue.... sans pause... je serre les dents. La piste se joue de moi, en plus ! Elle propose 20 mètres de BITUME !!! (défoncé, certes... mais quand même), avant de se transformer en piste de plus en plus caillouteuse, de moins en moins roulante. Il faut commencer à mieux 'viser' entre les cailloux.

8 lacets s'enchainent, à faible rythme en ce qui me concerne... mais la vue est magnifique. Quelques rayons de soleil entre les nuages, pour admirer le panorama qui se déroule en-dessous de moi ! Les lacets prennent fin à environ 2800m d'altitude, à proximité immédiate du Lago Patare... la neige fait son apparition. Et quelques plus gros rochers, chariés ici par des siècles de neige et d'éboulis.

La piste change de versant, traverse un petit ruisseau, sur la gauche. Désormais, il ne reste plus que de la rocaille, ici pour moi ça ne passerait pas en gravel justement. Les lacets finaux sont à environ 7% (ce qui sur piste défoncée, et en altitude, n'est pas facile... j'insiste !), et ENFIN... le Sommeiller est là, à quelques encablures !

Le col franchi, j'admire le lac Sommeiller, posé à quelques encablures de la frontière française. Mais c'est bien en Italie que je suis, et que je vois pour la première fois '3000m' sur l'altimètre de mon GPS ! Quelques photos, je mets mon k-way pour la descente, discute avec un 'graveliste' italien... avant de refaire l'itinéraire inverse, sous heureusement pas trop de pluie (seulement sur la moitié de la descente), à tout petit rythme.