9 aout 2020 - Colle delle Finestre, un sommet au fond du trou

94km en 5h05, D+ 2379m, coef 2.53

Météo: soleil, chaleur

Bon voilà, j'ai joué, et j'ai "perdu" !

Seconde grosse sortie de suite, après ma virée en VTT hier. Et je confirme, reprise après avoir vu ma jambe gauche immobilisée 8-9 jours, et courbatures, ne font pas bon ménage avec cette boucle gravel. Je vais aller chercher le colle delle Finestre par son versant nord, celui si connu, si populaire, qui a vu sa côte de popularité parmi les cyclistes exploser après le passage du Giro 2018 et l'attaque historique de Froome sur ce col mi-bitume, mi-piste caillouteuse.

Je commence par grimper le col de Sestriere. A froid comme ça, c'est pas facile... en plus sur le gravel qui n'avance forcément pas aussi bien que le vélo route sur ce bitume. Encore que. En fait je crois que je suis surtout à court de forme ! Compter 8.5km d'ascension, assez irrégulière en fait. C'est globalement 'roulant' (où ça devrait l'être... si j'avais la caisse), mais il y a aussi de bons gros à-coups dans la pente par moments. Pas triste de basculer de l'autre côté, pour aborder avec grande prudence la longue descente sur Cesana.

Le Mont Chaberton

C'est la première fois que je chevauche ce Grail/gravel depuis ma chute il y a une grosse quinzaine de jours, alors j'y vais tout doux. Pas franchement rassuré en descente, je dois dire. En plus il y a pas mal de motos qui me doublent, et ça m'empêchera de prendre une photo décente du Mont Chaberton, qui surplombe la zone, avec ses batteries de canons de la seconde guerre, pile au sommet, facilement identifiables depuis la vallée.

La suite, c'est une longue descente vent de face en direction de Susa. C'est une route très passante, et ça n'avance pas assez vite à mon gout ! Je note aussi que j'ai déjà mal au derrière, bizarre ça. Bref; je pédale mollement pour rallier déjà Oulx. Ensuite il y a un peu de plat, puis une petite bosse avec deux lacets. S'ensuite une descente rapide sur Chiomonte. Un peu de plat, quelques faux-plats descendants et montants, puis voilà une énorme descente très pentue, qui m'amène à Susa.

D'ici, il y a 19km d'ascension jusqu'au colle delle Finestre. C'est assez marquant de constater la différence entre 'en bas' et 'en haut'. Déjà, en bas il fait terriblement lourd, avec 32° au mercure. J'ai évité la canicule actuelle depuis une petite semaine qu'on est au-delà des 1600m d'altitude en vacances, alors ça fait mal. En haut, il fera globalement bon... ça sera acceptable. Ensuite, la seconde différence c'est cette impression d'un énorme trafic automobile (motos, camping cars, etc) en bas, dans une ville étouffante à tout points de vue, et le calme et le chant des marmottes au sommet !

N'empêche que pour atteindre le sommet, il faut compter sur une pente ne descendant jamais en dessous de 8.5%, ça situe un peu la bête. Pourcentage moyen: 9.5% !!! Ah ouais. Bon ben en fait je ne sais pas si ce n'est pas l'un des 3 cols les plus durs que je n'ai jamais fait tiens ! Et tout ça avec des jambes en compote avant même de l'aborder.

Et cet abordage en question sera un lent naufrage... je vais couler bien profondément pour atteindre ce sommet au fond du trou. Le début de l'ascension, déjà. Grosses sections à 10% sous un cagnard pas possible pour atteindre Meana di Susa, et s'en extirper. Heureusement, la route va passer à l'ombre ; une ombre salvatrice, qui va être présente sur une grosse moitié de l'ascension globale.

Ensuite, voilà la très longue série de courts lacets, dont pas moins de 23 d'entre eux, particulièrement resserrés. Pas aussi resserrés qu'à Montvernier, mais quand même.

La pente est forte. Ici, elle est régulière. A deux reprises, j'hésite déjà à faire une pause. Je finirais par en faire une courte sur le haut de ces lacets, pour prendre en photo cette route qui zig-zague; mais mon rythme n'est pas fameux. Pas fameux du tout, et je n'en mène pas large en pensant à tout ce qu'il reste à gravir au-dessus de moi !

A la sortie de ces petits lacets, un long lacet part sur la gauche. Le panorama se découvre un peu, on découvre les montagnes au loin à travers les arbres. Mais la pente est terrible ici, et c'est là que je coule une bielle.

Il est midi passé, je m'arrête et mange un petit sandwich sans appétit. Je suis trempé de sueur, il fait vraiment trop chaud, et ça ne m'aide pas. Après cette courte pause, je termine le long lacet. Passage sous une falaise, puis la pente perd enfin un peu en pourcentage. Courte échancrure dans la montagne, faut pas la louper celle là, c'est Il Colletto (altitude 1455m).

A quelques encablures d'ici, cette montée déjà très éprouvante va basculer dans quelque chose d'encore différent...

Cette via delle Finestre va passer en mode gravel. Une petite barraque du type abritant une station de pompage d'eau, avec une fontaine qui laisse s'écouler un très fin fil d'eau fraiche. Je me jette dessus pour m'asperger la tête. Je la goutte aussi, elle semble potable... je prends le risque... car je n'ai qu'un bidon d'eau sur mon vélo gravel et la petite poche à eau du camelbag est déjà vide.

Je m'autorise une courte pause à lire un panneau d'information là où le bitume s'efface... puis je remonte en selle et poursuis ma lente progression.

Lente, elle va le devenir encore plus. Car la pente n'a pas faibli, et désormais il faut 'viser' entre les cailloux, sur cette piste terreuse, sablonneuse par moments. Quelques 4x4 et motards me doublent en faisant décoller un rideau de poussière... c'est particulièrement désagréable, et passablement énervant lorsqu'ils ne daignent pas ralentir en me passant, alors que la totalité de cette strada est limitée à 30km/h.

Passage à côté d'une première 'cabane' en dur, peut être un ancien refuge ? Et je poursuis en roulant à rythme bien faiblard. Après un ou deux premiers lacets, la piste m'emmène de manière plus rectiligne 'en direction' du col. Mais j'ai trop chaud, je suffoque et les jambes aussi bien que le moteur (cardio) refusent de faire le moindre effort... alors tout à gauche sur la totalité de cette piste, je roule 'comme je peux' !

Puis ensuite, à un lacet d'écart, une sorte de second refuge puis une petite fermette qui semble aussi servir des coups à boire. Moi, je continue mon chemin de croix. J'ai du mal à profiter de ces panoramas féériques tellement je souffre physiquement.

Je double un trio de cyclos en gravel, qui m'encouragent à mon passage. Je grimace, je souffre. Les jambes font mal... je dois me faire violence pour ne pas faire de pause. Lorsque la piste atteint le 'fond' de la vallée, elle change de versant, passe un peu plus à l'ouest. Et enfin, voilà le col loin au-dessus de ma tête. Allez, il doit rester 3km !

Je souffre trop, je me résous à m'arrêter encore. Je vide mon bidon d'eau d'une traite ; en pariant sur le fait que la borne fontaine aperçue hier au niveau du col fonctionnera ! Puis je reprends mon chemin de croix. Passe à côté d'une de ces vieilles caravanes en piètre état, du type qui reste ici tout l'été, probablement pour abriter un berger, une fois la nuit tombée. Puis ici, un troupeau de vaches. Les lacets franchis sont bien visibles en contrebas. Je me délecte aussi d'approcher les trois derniers petits lacets qui m'emmèneront au niveau du col à proprement parler, chacun avec leur mur de soutènement, tout en pierres.

Cette arrivée me paraîtra bizarrement moins difficile. Mais j'en ai tellement bavé dans ce long col ! Hallucinant. Je discute 2 minutes avec un membre du Club des Cent Cols devant le panneau du col, puis avec les trois cyclos gravel qui viennent d'arriver. Ils sont polonais, et vont comme ça jusqu'à Nice. Pouah.

La fontaine au sommet fonctionne ! Je m'arrose copieusement, bois goulûment, et pars dans la descente, que je ferais à 70% derrière une voiture au conducteur très (trop) prudent. Je mange une banane, histoire de m'assurer de terminer correctement.

Arrivé en bas, je récupère un bon vent de dos. Les jambes tournent mieux sur ce faux plat montant, euh... en fait c'est surtout le vent qui aide. Je suis soulagé de voir rapidement le village 'La Rua' arriver. On y était allés en balade depuis Pragelato, ça signifie donc que je suis presque arrivé !

De retour au centre de vacances, je me dis que j'ai quand même fait une sacrée virée... ces efforts certes trop difficiles aujourd'hui, j'ai été un peu ambitieux, me refont une belle base d'entrainement... affaire à suivre !

En attendant, en écrivant cet article à J+1, une question me taraude... ce Finestre... n'était-ce pas l'ascension la plus difficile que j'ai jamais faite ?!