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22 Jul

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Publié par cestdurlevelo  - Catégories :  #BRA, #Brevet des Randonneurs Alpins, #Col de la Croix de Fer, #Col du Télégraphe, #Col du Mollard, #Col du Galibier, #Dodecaudax

225kms en 11h56, D+ 4653m, coef 2,06

19km/h roulés

Météo: chaleur et soleil

Après ma participation au Brevet des Randonneurs de l'Oisans (BRO) l'année dernière avec Toinou, nous sommes de nouveau sur une année "impaire" et c'est donc le BRA, le vrai gros Brevet des Randonneurs Alpins, qui a lieu ce week end... je vais me frotter à pas moins de 4 gros cols alpins ce dimanche: la Croix de Fer, le Mollard, le Télégraphe, et le Galibier !

Je retrouve toute la troupe peu avant 3h du matin à Vizille, après moins de 2h de sommeil. David, Cisou, Franco, Valex, Thomas, Alain et Florian. Plus loin, je rencontrerai aussi Thierry, que j'avais déjà rencontré sur le BRM200 même si j'avoue ne plus en avoir le souvenir.

Une fois la plaque de cadre et le carton à faire tamponner aux points de passages récupérés, nous faisons vite fait vérifier les éclairages du vélo et nous préparons sur la ligne de départ, pour un départ groupé derrière un moto de l'organisation. A 3h05, c'est probablement 300 cyclos qui s'élancent pour une longue journée de vélo.

Il va faire nuit noire encore une paire d'heures, et les sensations de nuit me plaisent toujours autant ! Et je me répète sans cesse que cette longue route qui remonte la vallée en direction de Rochetaillée est tellement moche, ennuyeuse, et en plus, souvent fréquentée par un gros trafic routier, que c'est vraiment une bonne initiative de faire ça au calme, tôt le matin, et sans rien voir autour de soi, dans le noir. Les sections de faux plat montant (et il y en a beaucoup) semblent plus faciles ainsi. Nous partons à Rochetaillée via Séchilienne, Livet et Gavet.

Je discute un bon moment avec Franco et Thomas, puis Florian. Ca file bon train, sans forcer, mais à l'occasion d'une accélération de mes compagnons je préfère ne pas forcer et gérer absolument le moindre gramme de forces que j'ai aujourd'hui, je reste donc derrière. Je vais suivre un petit groupe avant que ceux-ci ne lèvent le pied, intercalé quelques minutes je reviens sur un petit groupe formé de cyclos de Voiron (Isère) dont le rythme me convient à merveille. Je reste dans les roues et reviens ainsi sur Thomas et Franco. Florian revient sur nous - puis de fil en aiguille nous nous retrouvons tous groupés en tournant à gauche à Rochetaillée, direction la première difficulté du jour, le col de la Croix de Fer.

Avant le départ... de gauche à droite: Thomas, Florian, Alain (?), David... et Jean Philippe qui fait ce BRM également

Avant le départ... de gauche à droite: Thomas, Florian, Alain (?), David... et Jean Philippe qui fait ce BRM également

Après avoir traversé Allemont, nous grimpons le barrage du Verney, suivons la retenue d'eau. Après une dernière mini bosse, nous voilà pour de bon sur les premières rampes de l'ascension. Je sais, pour avoir grimpé ce col en aller-retour en 2011 (lire ici) que cette longue rampe jusqu'au Rivier d'Allemont, est très exigeante. Je vais donc y aller à mon rythme.

Après avoir discuté 5min avec David, celui-ci me souhaite bonne chance, met le clignotant à gauche et place une accélération dont il a le secret... j'apprendrai qu'il aura mis 10 minutes au reste du groupe sur cette ascension ! Soit probablement plus d'une demi heure par rapport à moi !

Je suis avec Franco, Thomas et Florian. Les sensations sont bonnes, la grimpette dans le noir c'est le top. Je double les uns, me fait doubler par les autres... Puis doucement mais surement, les grimpeurs prennent possession des lieux et je me fais décrocher par le groupe. Aucun souci, on connait tous les parcours et je sais très bien qu'ils m'attendront plus haut !

A ce stade de la sortie, les sensations sont encore bonnes, mais j'avoue que la montée sur le Rivier d'Allemont m'a parue plus longue que dans mes souvenirs. Le groupe est ici sur la gauche de la route. Je remplis un bidon et nous repartons - à ce propos aujourd'hui je sais qu'il faudra faire TRES attention de bien s'hydrater, j'ai donc commencé à beaucoup boire dès le début.

Nous sortons maintenant du Rivier d'Allemont et je sais qu'ici interviennent les deux portions les plus difficiles de ce col... mais avant tout, on se laisse glisser au creux de la vallée de l'Eau d'Olle... courte descente, mais si pentue qu'elle nous fait probablement perdre 100m d'altitude !

Puis c'est parti... maintenant, gros mur à 11%. Je monte doucement, à mon rythme. Un coup assis, un coup debout. Je double, on me double. Un petit mot à droite ou à gauche en croisant d'autres cyclos... on sera tous mangés à la même sauce aujourd'hui ! J'ai laissé partir le groupe devant, étant reparti avec Florian et Alain quelques secondes derrière le reste de la troupe. Ces deux là me doublent bientôt, et voilà... désormais je serai en solo jusqu'au sommet !

Doucement le ciel s'éclaire... mais c'est trop encaissé ici pour vraiment voir la moindre clarté... l'appareil photo 'augmente' la luminosité réelle

Doucement le ciel s'éclaire... mais c'est trop encaissé ici pour vraiment voir la moindre clarté... l'appareil photo 'augmente' la luminosité réelle

Après le premier long mur, mini redescente pour retomber sur le versant opposé de la vallée, et y reprendre rapidement du pourcentage... 12% sur une belle et longue section ici. L'effort est forcément intense, même si je suis en gestion permanente pour ne pas me mettre en sur-régime.

La portion entre la route en encorbellement et la base du barrage de Grand Maison est, de nouveau, plus longue que dans mes souvenirs. Le coup de pédale commence à ralentir, et mon compteur me confirme que ma cadence de pédalage est en baisse... pourtant je suis déjà tout à gauche, en 30x28 !

Puis voilà, doucement le barrage se dévoile à nos yeux. Et derrière, le sommet des montagnes est bien éclairé... la luminosité augmente vraiment

En approche du barrage, entre les derniers lacets... mais il reste encore plus de 10 bornes d'ascension depuis ici, alors mollo...

En approche du barrage, entre les derniers lacets... mais il reste encore plus de 10 bornes d'ascension depuis ici, alors mollo...

Ca y est, enfin je suis au niveau du barrage. J'adore cet endroit... ce n'est que ma deuxième fois ici... j'adore, car c'est superbe, et en plus, ça promet un replat et même une descente avant d'aller en finir avec ce satané col. Bref, je vais pouvoir respirer un peu.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins
21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Ça y est, ça redescend. Je mange une seconde compote (depuis le début de la sortie), puis commence à m'affairer sur cette remontée, qui nous fera passer juste en-dessous du col du Glandon (mais sans y passer), avant de bifurquer en direction du col de la Croix de Fer, pour 3 derniers kilomètres moins exigeants.

Je me fais doubler par de nombreux cyclos. Et ceux que je reprends se comptent sur les doigts de la main ! Ça commence à me soûler un peu, j'avoue. Je m'impatiente... c'est un mauvais signe ça... je ne suis pas dans une bonne journée.

Mais alors... pas du tout bonne journée ! Alors que la pente reprend du pourcentage, je rame un peu. Je ne me rappelle plus de ma vitesse sur le moment, mais niveau sensations... c'est un zéro pointé.

Allez, encore 3,5kms jusqu'au sommet

Allez, encore 3,5kms jusqu'au sommet

Et les cyclos continuent de me doubler... à ce moment là, je me fais la réflexion que, d'accord, je n'avais pas la force de suivre le reste de la troupe, mais que ça me ferait du bien de pouvoir rouler avec eux en ce moment... je me sens un peu seul là !

Avec un peu de vent de face et personne pour m'en abriter, je fais les 8 derniers kilomètres absolument seul au monde. Et dans la tête, j'ai déjà complètement lâché. A 500m du sommet, le groupe de Voiron me double... je m'accroche, c'est plus sympa en groupe... et en arrivant là haut je pose le vélo par terre... 7h15, soit environ 4h10 depuis le départ.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Petit coup de tampon sur la carte pour prouver mon passage au sommet, et je file m'asseoir et reprendre mon souffle à l'écart de la foule, massée autour du ravito. J'ai un peu envie de vomir, je suis vraiment pas dans mon assiette. Et moi qui ne pensais pas avoir à trop taper dans les réserves avant le Galibier... ben c'est raté !

A ce propos... le Galibier... je l'ai descendu en voiture la semaine dernière, ce qui m'a servi (en avais-je besoin, franchement?!!) à me rappeler à quel point cette ascension sera longue et difficile... résultat des courses, alors que je grimpe la Croix de Fer, j'ai déjà la tête dans le Galibier... ce qui va à l'encontre de tous les bons préceptes du cyclo-randonneur... décidément aujourd'hui les choses ne se mettent pas en place comme prévu !

A ce moment là je me pose même la question d'abandonner et de faire demi-tour. Mais je sais très bien que si je fais ça, je vais m'en vouloir, passer une journée pourrie à la maison à ressasser tout ça. Et puis ce premier BRA, je l'avais coché sur le calendrier en décembre dernier ! Alors pas question d'abandonner. Les copains sont là pour me remonter le moral, me pousser à manger, boire, reprendre du sucre...

Ouf... je peux respirer un peu

Ouf... je peux respirer un peu

Avec 24h de recul sur ma journée de BRA, je pense avoir été en fringale sur ce col. Celà n'empêche que ma difficulté dans les cols de la journée viendra principalement de mon manque de forme, lié à deux semaines de boulot à l'étranger (= trop de bouffe et pas une minute d'exercice) suivies d'une semaine grippé. Mais un élément en particulier me revient en tête, et me fait penser que j'étais en hypoglycémie: tout ce que j'ai pu avaler au sommet, en termes de solide, c'est des pâtes de fruits = du sucre. Au nombre de 6 !

On va maintenant 'descendre vers le soleil'

On va maintenant 'descendre vers le soleil'

Voilà probablement 20 minutes que je suis arrivé... autrement dit, les premiers du groupes sont certainement ici depuis 45 minutes ou plus... il est temps de repartir.

Je ne lésine pas sur l'équipement... bonnet sous le casque, gants longs, et deux k-ways l'un sur l'autre. Et à écouter comme les autres se sont caillés en descente, j'ai bien fait ! Effectivement il fait vraiment froid... mais bon nous sommes à plus de 2000m d'altitude.

Les 14km de descente sont avalés à bonne vitesse, en étant prudents, car la chaussée n'est pas en bon état ici. Puis nous prenons à droite sur la D80 sur ce petit pont qui signale le début de la seconde ascension du jour... vers le col du Mollard... 6 bornes de montée.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Valex a vu dans quel état je suis... il va m'attendre un peu dans cette montée. Les grimpeurs partent devant, et je monte accompagné de Thierry et Valex. Thierry m'indique être à court de forme également... et qu'on ferait bien de rouler ensemble vu notre état respectif. Nickel !

Les premières bornes sont avalées facilement (à rythme faible, bien sur) mais les 3 dernières sont plus exigeantes... assez irrégulières et parfois pentues. Je profite du paysage et me change les idées en discutant avec Florian et Thierry. Au-dessus de nos têtes, les aiguilles d'Arves.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins
21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Nous sommes maintenant au col du Mollard, soit à 1638m d'altitude. Le soleil commence à chauffer un peu... mais il nous faut maintenant retomber dans la vallée de la Maurienne, où il fera une vraie canicule ! Ce, via la route que j'avais empruntée l'été dernier avec David, mais en sens inverse.

Après une courte pause au Mollard, où je remplis ma gourde et m'asperge un peu d'eau, nous retombons sur Albiez le Vieux, puis Albiez-Montrond. Ici commence la longue descente qui comporte plus de 40 lacets serrés. Autant j'avais adoré en montée, autant là c'est vraiment pas super marrant... toujours freiner, ralentir, tourner... j'ai les doigts engourdis !

Et en plus, comble de la malchance, à la fin de cette descente pourrie, incident encore plus pourri: je reviens avec Franco sur le reste du groupe, arrêté sur les hauteurs de Villargondrans; Thierry a cassé son dérailleur arrière. Aie aie aie.

Atelier mécanique sur le bord de la route...

Atelier mécanique sur le bord de la route...

Zut. Ça soûle vraiment. La pause durera peut être 25 minutes, mais les mécanos du groupe, en la personne de Valex et Thomas, réussiront à enlever le dérailleurs, raccourcir la chaîne, et faire passer le vélo de Thierry en single-speed, pour qu'il puisse au moins rallier le ravito de St Michel de Maurienne, où il cherchera à se faire ramener sur Vizille.

Une fois cette opération de fortune terminée, nous reprenons la route tous ensemble. Il ne reste que peu de descente, mais une fois dans Villargondrans, c'est une sacrée remontée, 1km à 11% qui nous attend. Je ne m'attendais pas à ça et je repasse en fond de groupe. Résultat des courses, je ferai toute la vallée, peut être 8kms de faux plat jusqu'à St Michel de Maurienne, en solo.


Arrivé là bas, je retrouve tout le monde autour du ravito. Je fais attention à ne pas trop manger, et à plutôt privilégier les morceaux d'orange et autres aliments sucrés, plutôt que les morceaux de pizza qui me faisaient pourtant de l'oeil. Avant de repartir, je croise une copine, Edith, que je n'avais plus revue depuis un bail. Je sais qu'elle est partie 1h après nous, mais lui indique que vu mon état physique aujourd'hui, elle me reprendra dans le Galibier.

Traversée de l'Arc, et début immédiat des hostilités

Traversée de l'Arc, et début immédiat des hostilités

Et voilà... il fait très chaud, je suis largement entamé physiquement, et je me présente sur le palier du Télégraphe. Pas besoin de frapper à la porte, je connais le chemin.

12kms de montée avec de longs passages à 9% m'attendent désormais. Heureusement, Valex va m'attendre dès le début de la montée. Je laisse filer le groupe et monte à ma main. Il fait très chaud... je fais attention à éviter le coup de chaud; toutes les 5min je prends un bidon pour boire une gorgée et m'asperger la tête.

Le col du Télégraphe.... au fond à droite !

Le col du Télégraphe.... au fond à droite !

Je m'accroche comme je peux. Suite à une pause de sa part, Alain va me donner un bon coup de fouet en posant la bonne question au bon moment, lorsqu'il nous redouble:

"- Alors, comment vont les jambes maintenant ?

- C'est dur !

- Et comment va le mental ?"

Et là, je réalise que ça va un peu mieux ! Je m'accroche à ce détail... j'y crois à nouveau, je vais faire la limace jusqu'en haut et plier l'affaire tant bien que mal.

L'ascension du Télégraphe sera la dernière de la journée où j'aurai l'impression de doubler le moindre cyclo. Oh, pas beaucoup du tout ! Mais disons que ça m'aide à réaliser que je ne suis pas le seul à souffrir.

Valex gère son affaire tranquille... il est facile lui ! Mais il a la gentillesse de soutenir la discussion pour deux, notamment lorsque j'ai tout juste assez de souffle pour murmurer un demi mot.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins
21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Puis mètre par mètre, je vais me traîner jusqu'en haut... arrêt minute à la fontaine du col du Télégraphe, puis on retombe sur Valloire.

Surpriiiiiiiise le ravito de Valloire n'est pas à Valloire même, mais juste après le 'mur' qui ressort de Valloire sur les Verneys ! Dans un premier temps, je maudis cette décision car j'ai besoin d'une pause... puis rapidement, je comprends qu'au contraire c'est une super idée... comme ça on repart après ce mur et non pas juste à son pied !

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Le ravito est surchargé de bouffe et autres boissons fraîches... l'intendance est aux petits oignons pour nous ! Je m'asperge d'eau fraîche, fait tamponner le carton 'BRA', et m'attable à côté des copains qu'on vient de rattraper pour déguster mon plateau repas (qu'eux ont déjà fini !). J'enlève mes chaussures pour décontracter mes doigts de pied... j'étais à deux doigts de la crampe il y a quelques minutes, comme ça avait été le cas à l'occasion de l'Ardéchoise... bizarre... je dois être trop crispé des pieds !

Un coup de crème solaire plus loin, histoire de donner l'occasion à mes compagnons de se foutre de moi (mais moi au moins je n'aurai pas de coup de soleil ! ah !) et on reprend la route. La, j'arrête de gamberger, je sais qu'on s'attaque au roi du roi des cols, le dessert de la journée (équivalent à un bon double banana split vu la difficulté), le col du Galibier.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

On commence par la première de ce que je décrirai comme 5 portions menant au Galibier, avec dans l'ordre:

  • Les quelques lacets autour de l'aérodrôme,
  • L'interminable section rectiligne à flanc de montagne,
  • Le virage à droite de Plan Lachat jusqu'aux Granges du Galibier,
  • Les 3kms à forts pourcentages depuis le monument Marco Pantani jusqu'au tunnel du Galibier, et
  • La délivrance du dernier kilomètre en lacets.

Une dernière fois aujourd'hui, je vois le groupe partir devant dès les premiers mètres à 2%, sans pouvoir lutter... ma bouée de secours et coach personnel est ici devant moi, en la personne de Valex.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Cette longue 'seconde' portion est en fait celle qui me fait le plus peur avant l'avant-dernière (celle qui mène au tunnel). Car je la sais interminable, exposée au vent (peu de vent aujourd'hui, à part un petit air frais qui permet de ne pas surchauffer de trop... enfin, façon de parler !) et sans le moindre centimètre carré d'ombre. Et niveau pente, ça reste du 7-8% la plupart du temps. Je m'accroche, je peste. Valex joue son rôle... il m'attend m'encourage. Et me ressort toutes les conneries qu'on connait par cœur et qui n'aident absolument pas... mais qui au fond aident vraiment !

"- Je suis cassé, j'ai plus rien dans le ventre...

- Ta gueule (ça je le rajoute parce que c'est du Valex dans le texte !) et regarde plutôt tout ce que tu as grimpé déjà !

- Ouais mais ça empêche pas qu'il nous reste 700m de dénivelé à encaisser.

- Non, plus exactement, il nous reste 100m de dénivelé à grimper. A 7 reprises.

- Mais qu'est-ce que je fous là, sérieux ?!

- Tu en prends plein les yeux, tu respires et tu pédales".

Bref, ça vous donne une impression du contenu de la discussion.

Alors je pédale.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Puis arrive Plan Lachat. Et une pause salvatrice, que j'avais annoncée à l'avance à Valex. Histoire de faire retomber un minimum les pulsations cardiaques. J'ai besoin de m'accroupir un moment pour relâcher les cuisses et le dos. On discute 5 minutes, et on repart. Au ralenti, bien sur.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins
21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Les pentes à 10% font aussi mal que prévu. Par contre, les replats à 7-8% ne sont pas suffisamment plats pour me permettre de respirer. C'est vraiment dur le vélo. Sérieux, j'ai l'impression de dire ça à chaque article en ce moment... mais bon sur un parcours de 225kms j'aurai fait 190kms au mental, que voulez-vous...

J'essaie de profiter du paysage... Plan Lachat, ce sont les virages les plus connus du Galibier... ceux où Nibali a écrasé le Giro (tour d'Italie) il y a quelques mois, entouré de murs de neige... mais je suis surtout concentré, je respire (j'hyperventile), je pédale (je saccade) et je jure (j'hurle à la mort sur mon compagnon de grupetto).

Bizarre, c'est toujours le même mec devant moi !?
Bizarre, c'est toujours le même mec devant moi !?

Bizarre, c'est toujours le même mec devant moi !?

Et puis forcément il fallait bien qu'on finisse par y arriver, voilà les granges du Galibier et la fromagerie de Beaufort. L'occasion de faire une nouvelle pause. Ce coup-ci, je ne refuse pas le gel sucré que me propose Valex. Et qui me fera effectivement bénéficier d'un petit coup de fouet... même si ça se voit pas forcément de l'extérieur !

Cisou nous double au cours de notre pause. Il mouline, imperturbable, le sourire aux lèvres.

Une dernière fois, on reprend le pédalage. Tout doux. Et là, chose sublime, on reprend quelques cyclos ! Oh... pas beaucoup... peut être 4-5... en se faisant doubler par au moins 4 fois ça. Mais de nouveau, c'est une piqûre de rappel qu'on est tous logés à la même enseigne aujourd'hui... je ne suis pas le seul à galérer.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Et voilà, le sommet est en vue. Encore haut, tout là bas. Puis il se rapproche. Et finalement, l'avant dernière section, je l'ai dans la tête et ça passe. Edith me reprend ici... elle a la caisse ! Je ne cherche pas à m'accrocher, c'est pas la peine ! Un petit mot sympa en passant et je la reverrai au sommet pour se taper dans la main.

Sur le toit du monde...
Sur le toit du monde...

Sur le toit du monde...

Nondidjou, mais on est presque arrivés ! On tourne à gauche devant le tunnel... encore un kilomètre ! Un kilomètre pentu, certes, mais plutôt que de m'en impressionner comme la plupart des cyclos éparpillés (et entendus au sommet), moi je m'en accomode. Ca ne veut pas dire que je le passe 'mieux' que les autres, simplement que mon cerveau l'a intégré et accepté, alors je pédale sans réfléchir.

Encore une épingle, et voilà la ligne finale. Presque la ligne d'arrivée, puisque j'ai depuis bien longtemps renoncé au 'SUPER' BRA qui nous ferait encore remonter à Auris en Oisans / La Garde... et qu'il ne reste donc que de la descente et du plat... sur les 80 bornes à venir !

Le compteur indique un petit 14km/h de moyenne depuis le début de la sortie... c'est bien maigre comme stat... mais je n'aurai en aucun cas pu faire mieux aujourd'hui !

Sommet du Galibier, sommet du BRA, sommet de satisfaction et de soulagement...
Sommet du Galibier, sommet du BRA, sommet de satisfaction et de soulagement...

Sommet du Galibier, sommet du BRA, sommet de satisfaction et de soulagement...

Pour 80 bornes de descente... c'est par là ! (photo prise assis, est-il besoin de préciser ?)

Pour 80 bornes de descente... c'est par là ! (photo prise assis, est-il besoin de préciser ?)

De nouveau j'ai du mal à bien manger. Pour compenser, je m'applique à beaucoup boire et prendre du sucre (coca, sirop). On discute un peu, mais si j'aimerai traîner un peu ici, je sais aussi que mes potes les 'grimpeurs ailés' ont du m'attendre pas loin d'une heure pour certains, alors j'abuse pas. Une fois habillés et prêts, on s'engage dans une belle descente.

La pression retombe. Enfin, pas la pression... simplement, ça y est c'est fait, c'est bouclé, j'ai presque fini de souffrir. J'ai donc envie de me faire plaisir... on fait une belle descente en compagnie de Thomas, et je m'arrête au Lautaret remplir mes bidons d'eau fraîche (attention à la déshydratation au moment où on ne l'attend pas !) puis une fois regroupés, on repart direction La Grave / La Meije.

21 juillet 2013 - Brevet des Randonneurs Alpins

Petite pause technique après la Grave, le groupe me redouble. Zut, j'ai mal choisi mon endroit pour me retrouver seul derrière, une fois de plus: il y a du vent de face et ça semble rouler devant !

Heureusement, je me fais reprendre par un groupe de cyclos de Gières (région grenobloise) qui roule à tombeau ouvert. Cisou est ici aussi. Je reste sagement dans les roues, et plus loin le reste du groupe s'est arrêté. Nous sommes à proximité du barrage du Chambon. A partir d'ici, Thomas et Valex semblent décider à rouler fort, en mode relais.

C'est déjà un peu plus un profil qui me correspond... la souplesse et les fortes pentes ne me réussissent pas autant, on va dire ! Donc j'essaie de mettre un coup de relais à l'occasion. La réaction de Valex et Thomas, avec qui on est partis devant, me fait mourir de rire 'non non Baptiste pas question que tu mettes un relais'... heho ça fait depuis le début de la journée que je galère et que je sue... j'ai envie de jouer maintenant, vous z'allez pas m'en empêcher quand même ?!

Sur le barrage du Chambon

Sur le barrage du Chambon

Arrivée au dernier ravito, à Bourg d'Oisans, on se rafraîchit. Je me jette sur les bouts d'oranges pré-découpées, et me met la tête sous l'eau glacée. Il fait une chaleur terrible en vallée. Puis on repart. Une toute et dernière fois.

Et là, les relais ne redescendront plus en dessous des 30-35km/h. En faux plat descendant, ils monteront même au-dessus de 50km/h. Et j'arrive à mettre mon coup devant, c'est chouette. J'ai l'impression d'enfin m'amuser, d'enfin arriver à profiter à 200% du moment. C'est un comble sur une journée dans de si beaux panoramas de profiter encore plus du moment où l'on traverse cette longue vallée dégueulasse (soyons honnêtes !)... mais c'est la réalité.

Dur de coller aux roues à 50km/h ! Passage devant la tête de Louis Croix V Baton, avec un maillot TMV porté par un Franco en grande forme après sa traversée des Alpes !

Dur de coller aux roues à 50km/h ! Passage devant la tête de Louis Croix V Baton, avec un maillot TMV porté par un Franco en grande forme après sa traversée des Alpes !

Passage par Rochetaillée, Livet et Gavet, Séchilienne. On reprend un grand nombre de cyclos seuls ou en groupe. On en récupère un au vol qui restera avec nous jusqu'au bout. Le rythme est régulier même si j'arrive à 'planter' un ou deux relais en passant du mauvais côté !

Et voilà Vizille. C'est le sprint final avec Valex, Franco et Thomas sur la longue avenue qui mène au point de départ... et d'arrivée. Depuis le Galibier, la moyenne roulée est remontée de 14 à 19kmh. C'est dejà mieux.

Conclusions:

  • Je dois commencer par un énorme MERCI à Valex, qui m'a vraiment supporté, dans tous les sens du terme, depuis le Mollard jusqu'à l'arrivée. Il m'a quasi bordé dans mon lit, le soir.
  • Superbe journée, parcours de taré, groupe de costauds. Bravo à tous !
  • Merci au club Cyclotouriste Grenoblois, l'organisation était parfaite... rien à redire.
  • Lire le récit de Thomas ici.
  • Et enfin, je dois finir par dire ce qui me surprend moi même... mais pour être honnête, je n'ai pas complètement apprécié cette journée. Vu mon manque de forme, le parcours était bien trop difficile pour que je puisse réellement en profiter. Je suis bien sur super fier et satisfait d'en être venu à bout, mais sur le moment c'était simplement trop difficile, douloureux, interminable. Une courte discussion avec Vincent avant de publier cet article me fait réaliser qu'au-delà du 'manque d'entrainement', j'ai surtout été trop "à fond" depuis un mois (2 semaines de boulot ultra intense à l'autre bout du monde, une longue semaine grippé, puis une semaine de boulot très stressante qui m'a vraiment vidé... puis le BRA juste derrière !). Je vais donc remettre la charrette derrière les bœufs. Stop à la longue distance et aux parcours trop difficiles... je veux refaire du vélo simple... la petite sortie qui va bien, à la fraîche après le boulot, les parcours vallonnés plutôt que les montées asphyxiantes... Privilégier la régularité à la difficulté.
On partait sur du très très lourd aujourd'hui !

On partait sur du très très lourd aujourd'hui !

Parcours:

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K
hello Baptiste, c'est en cherchant pour quelqu'un des infos BRA que je tombe sur ton super article, une belle leçon de vie , super Valex et les autres ça motive, ça me rappelle tous mes BRA depuis 1995 et mes débuts en montagne, à cette époque j'en rajoutait un peu en allant au Glandon (même en 2007 avec mon collègue de club 100cols) maintenant depuis 2012 surtout j'ai bien ralenti.<br /> Maintenant que tu te connais mieux ça doit mieux aller.<br /> J'ai fait enfin un Cinglé du Ventoux avec le maillot TMV en mode grans tourisme plus de 2h30 par montée car je n'avais pas encore 1000km.
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C
Ah oui, ce BRA est vraiment magnifique... la haute montagne et les grands espaces... mais sans oublier une sacré difficulté quand même. Oui, ayant progressé depuis cette année là, je pense que j'arriverais à mieux le finir. N'empêche que.. ça reste un souvenir difficile ! Et oui, heureusement que Valex m'avait attendu et aidé mentalement :)<br /> Bravon pour ton cinglé du Ventoux... quelle que soit la vitesse d'ascension, le but est d'aller au bout ! Respect.
J
Salut Baptiste,<br /> Tout d'abord un grand bravo pour ce BRA effectué dans la douleur et la souffrance après les dernières semaines intenses que tu a passées. Tu as tenu jusqu'au bout et c'est vrai qu'une fois parti, difficile d'abandonner et de rentrer à la maison comme si de rien n'était !<br /> Mais comme tu le dis si bien à la fin de ton superbe article, lorsqu'on l'on est déjà fatigué par le boulot, par une grippe ou autre, mieux vaut ne pas cumuler de fatigue supplémentaire sur un gros parcours car sinon on risque l'implosion. Il faut rester rester raisonnable et tu as raison de revenir sur des parcours plus courts si tu es fatigué actuellement.<br /> Moi actuellement, avec tout le boulot à la maison (haies à tailler,...) je me contente de peu ;-) je n'ai pas grimpé un seul grand col cet été, mais que veux-tu, on peut pas tout faire !<br /> Quoi qu'il en soit encore BRAVO BRAVO pour ce BRA, et à bientôt j'espère !<br /> JC
Répondre
C
Moi j'ai GALERE sur ce BRA, c'était un truc de fou. Je n'ai peut être jamais tant souffert à vélo (c'est soit le BRA soit le BRM400 qui l'emporte niveau souffrance !). Mais les paysages, l'aventure, reste incroyable.
H
Ah ce BRA, que de bons souvenirs. C'était une première pour moi en Maurienne mais quel baptême !!!<br /> <br /> On est parti beaucoup plus tard que vous, c'est dommage. On a du arriver au sommet de la Croix de fer vers les 9 heures du mat, de mémoire. On a mis 2 heures pour la grimper. Quel régal....<br /> <br /> J'adore ces brevets de montagne. Normalement, cette année, c'est les Aravis, les Vosges et le Massif Central si tout se passe comme prévu.
J
bravo alors pour le dodecaudax, ce serait dommage de le laisser tomber si près du but !<br /> A+<br /> JC
C
oui oui pour le dodecaudax - encore 4*200 sur sept, oct, nov et dec, et c'est réussi! On verra bien. Au pire si je peux pas... je peux pas. Ce n'est pa sl'objectif qui me tenait le plus à coeur honnêtement.<br /> Ahah vive les joies du jardinage hein?!!!
J
Merci Baptiste, pour mes haies, j'en ai au moins pour 4 week-ends acharnés ;-)<br /> J'ai vu ton article sur ton tour du Léman, 245 bornes quand même, respect! Tu es toujours dans les clous du dodecaudax ???<br /> A+<br /> JC
B
je tente de laisser un commentaire bien que n'ayant pas accès à mon ordi ! très intéressant ton article, tu montres bien la difficulté de ces gros objectifs à date fixe, qui contrairement aux défis personnels n'arrivent pas toujours au bon moment. On s'impose alors des exigences, on est déçu par soi-meme (et ce n'est pas forcément justifié), la performance est quand même la ... mais pas le plaisir. Souviens toi quand même que ce n'est qu'un parmi d'autres : tu caracolais le lendemain des cingles du ventoux et tu étais frais comme un gardon à la fin de l'ardéchoise. Bref, une belle petite série de tours faciles et vallonnés, une cure de rallyes du dimanche où tu vas doubler du monde ;-) , s'impose. Si tu veux tu peux venir m'exploser dans un col, je suis consentante !!!!!!! bonnes balades !et encore bravo pour ce BRA !
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C
Merci Brigitte, ton message me fait du 'bien' à lire. C'est vrai que ce BRA est un peu une remise en question... bah c'est pas le bout du monde c'est que du vélo bien sur... mais quand je pense aux efforts consentis sur la période déc12-mars13, où je faisais des bornes pour me faire un 'fond', c'est quand même une déception.<br /> Pour m'en remettre j'ai deja fait une sortie bosses + pique nique au sommet avec Amandine. Et ce soir après le taf, 70kms / 1250m D+. Malheureusement une crevaison, et surtout une douleur assez conséquente à l'extérieur du genou droit, qui m'inquiète un peu, m'ont un peu gaché le plaisir. C'est une douleur 'non identifiée', 100% nouvelle pour moi... je n'ai changé aucun réglage sur le vélo / les cales... bizarre. Du coup je remets mon dodecaudax prévu initialement ce 1er aout à peut être ce week end... affaire à suivre ! En tout cas le Jura c'est beauuuuuuu surtout en soirée :)<br /> Profites bien de la Normandie :)
L
Salut Baptiste, sacré bel effort au-delà de soi-même, tu as souffert, râlé presque abandonné mais tu es passé par dessus tout cela grâce à un super moral et une forte volonté. Physiquement on ne peut pas être au top tout le temps aussi sur de telles distances et devant de telles difficultés on paye cash mais tu as sans doute bien analysé ta méforme passagère par 3 semaines sans vélo... encore bravo d'avoir réussi ce superbe brevet.
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C
Salut Gil,<br /> Oui, je suis allé jusqu'au bout, et j'espère que dans quelques mois, c'est ce que je retiendrai en priorité ! Après bon, ça reste une belle expérience et un apprentissage important. Mais désormais, fini les 'objectifs 2013', et place au vélo plus 'simple' ! Pas de prise de tête, on verra bien ce que les semaines à venir m'apportent !
D
Salut Baptiste,<br /> Il m'est impossible de ne pas laisser un commentaire sur cet article, que je me suis plu à relire ce soir... excellent, tout comme ta performance du jour. Dommage que tu n'aies pas pris plus de plaisir pendant cette journée. Ça me rappelle le BRM 400, où j'ai dû lutter dès le départ (physiquement, mentalement) et où j'ai dû attendre le dimanche matin pour retrouver un semblant de bonnes sensations. Suite à ça, j'ai cogité pendant un mois dans &quot;mes balcons&quot;, avant de pouvoir me fixer de nouveaux objectifs. Mais je pense que l'on retire toujours un bénéfice de ce genre de sortie. On engrange de l'expérience, de la confiance. Et c'est vrai que la forme sur le vélo ne dépend pas que de l'entraînement sur le vélo, mais aussi de tout le reste (santé, famille, boulot, ...), qui bien sûr passe avant vélo.<br /> Content de lire aussi que tu as roulé depuis le BRA, et que tu y a pris plaisir :-)<br /> <br /> Concernant ta &quot;fringale&quot; dans le premier col, c'est surprenant... Gaffe à l'abus de pâtes de fruits et autres sucres rapides lorsque tu es proche de l'hypoglycémie, car ça peut avoir l'effet inverse de ce que tu attends. C'est ce que l'on appelle l'hypoglycémie réactionnelle.<br /> <br /> A bientôt !
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C
Salut David, et merci pour ton commentaire qui fait du bien à lire !<br /> Bien noté pour l'hypoglycémie réactionnelle, il faut donc manger et boire mais sans abuser de sucres rapides, c'est ça? Je ne pensais pas, ma réaction naturelle a été de me gaver de sucré. Je ferai gaffe en pensant à ta remarque, la prochaine fois !<br /> Je n'avais pas saisi que tu avais si 'mal' passé le BRM400... ça donne encore une autre dimension à ton exploit !!!<br /> C'est sur que je vois les deux mois à venir plus 'à la cool' après cette déception digérée du BRA difficile. Mais dans mon coin j'ai pas mal de routes à explorer qui, je le sais, me feront voir du pays sans trop abimer la machine !

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Cyclotourisme en Rhône Alpes / Suisse