1er octobre 2016 - CLM Paladru (tempête sur la route / sous le casque)
Voici la cuvée 2016 de l'un des grands moments de la saison... pour moi, chaque année désormais, je viens me mettre le cardio au bord des lèvres et les jambes en charpie à tourner autour du lac de Paladru à plus de 40km/h, à l'occasion du fameux contre la montre, organisé par la Tronche Vélo Sport (TVS).
Alors le RDV est pris... pour se sortir les tripes et tout donner sur le vélo. Pour moi, ça dure entre 20 et 22 minutes... sauf que cette année, le parcours est raccourci de 350m environ.
"La course à l'armement"... car il y a vraiment du très très lourd à Paladru chaque année. Du matos de fou, et des sportifs de très haut calibre. De quoi bien s'arracher la gueule comme il faut, quoi.
Maël de Liberty Bikes à Gex m'a prêté un magnifique Cervelo P2 pour l'occasion, avec roue lenticulaire et roue à batons devant. Ça promet des sensations maximales sur ces 13.6km à bouffer à fond. Contrairement à il y a deux ans, j'ai eu le temps de le prendre en main, et je me sens à l'aise dessus.
1- La préparation
Dans 'contre la montre', il y a 'montre'. Alors la montre, parlons-en.
C'est bien mon seul ennemi aujourd'hui, je viens pour m'accrocher et faire au mieux. Mais ayant participé à cette course en 2014 et 2015, j'ai mes propres chronos de référence, ceux que j'aimerais améliorer aujourd'hui:
- En 2014, sur un vélo de contre-la-montre gentiment prêté par Liberty Bikes à Gex, j'avais fait 20'25.
- En 2015, sur mon Scott équipé de prolongateurs, mais dans des conditions difficiles (pluie, route mouillée), j'avais fait 20'52.
En se basant sur ces chiffres, et un parcours légèrement raccourci, mon objectif est de:
- Faire moins des 20'52 de l'an dernier, c'est le minimum ! L'équivalent à vitesse constante sur parcours réduit, c'est 20min25s. Moins de ce temps-là et je serais content. Je n'oublie aussi pas que si en 2015 nous avions eu le désavantage d'une mauvaise météo, j'avais fait un entrainement particulièrement intensif, notamment sur le home-trainer, dans le mois précédant le jour J.
- Améliorer mes 20'25 de 2014, et je serais comblé. Objectif, passer sous la barre des 19min55s, équivalentes.
Alors voilà, le contexte est posé. Vous me direz, ça fait beaucoup de parlotte pour pédaler seulement 20 minutes ! Mais un événement comme ça, si on veut le vivre à fond, il faut aussi le préparer à fond. Car croyez-moi, pour se retrouver à un niveau d'effort absolument maximal après seulement 2 minutes de course et se demander comment diable on va bien pouvoir aller jusqu'au bout, il ne faut quand même pas y arriver la fleur au fusil.
Et je n'arrive donc PAS la fleur au fusil. Ma préparation, depuis le 6 septembre, a consisté en:
- 3 séances de home-trainer,
- Une sortie longue mais avec un segment de 23 minutes à fond (la montée du col de Saxel, à lire ici).
- Un chrono à la Barillette, où j'explose mon record perso de plus de 2min30 sur +50min d'effort maximal.
- 4 sorties de prise en main du Cervelo P2, dont 3 avec de courts segments de 4-5 min d'effort passés à fond, en mode 'course'.
- ...malheureusement, une gastro, qui vient me mettre à plat à 10j du départ.
- Un dernier chrono sur une ascension de nuit à la Combe Blanche, où là encore j'améliore un PB de 2014 de plus de 2min sur 46min d'effort.
Tous les voyants sont au vert.
2- L'avant course
Comme l'an dernier, j'ai décidé de me rendre sur place en voiture, pour avoir le coffre à disposition, très utile notamment pour avoir de l'eau et bouffe quand je veux avant la course, y laisser le superflu pendant la course, et des affaires de rechange pour après.
Je vais donc aller rouler pour me chauffer, de manière progressive, et peu à peu l'intensité va monter très sérieusement... non sans avoir été chercher mon dossard auparavant, bien entendu.
Le seul point de stress réel lié au matos, c'est que je n'ai pas réussi à regonfler la roue lenticulaire, dont la valve ne dépasse pas assez pour y cliper la tête de mes différentes pompes. Vincent est présent sur place pour m'aider à me dépatouiller. Y'a plus qu'à partir m'échauffer.
Deux tours de lac dans le sens de la course, en montant à rythme assez soutenu, mais régulier. Les cuisses sont chaudes. Un petit détour par la bosse de Montferrat, et je me prends une averse. Argh, le départ des premiers est dans quelques minutes, pas de bol.
L'averse se poursuit. je termine mon second tour de lac, et retrouve Nico à Paladru. On discute un moment alors que je termine mon échauffement plus 'spécifique' du cardio sur le home trainer, sous une pluie de plus en plus soutenue. Cardio aux alentours du 88-90% pendant 20 minutes. Je suis complètement détrempé, mais je ne 'sens' plus rien. J'ai pas chaud, j'ai pas froid... la machine elle, est parfaitement prête. A 15min de mon départ, comme prévu je stoppe l'effort sur le home trainer et range tout dans la voiture. Nico m'accompagne au départ pour m'encourager et aller peaufiner son warm-up.
3- La course
4ème participation à cette course, 3ème année consécutive... je commence à connaitre les dernières minutes, la montée sous pression, l'impression de se mettre face à un défi aussi bien mental que physique, mais surtout, si différent de tout ce que je fais le reste de la saison, où je privilégie les longues distances et la montagne... là c'est court et 'méchant dans la tête'.
Bête et méchant, finalement, c'est la meilleure définition que je puisse y trouver en m'approchant du sas, et en regardant d'un oeil distrait le dossard précédent prendre son envol.
Puisque c'est bête et méchant, à mon tour de le devenir, bête et méchant, pendant 20 minutes ! Le cerveau est mis sur 'off', il n'y a plus qu'à faire ce que je sais faire, faire ce que je peux, et oublier tout ce qui est autour.
3-2-1-GO
Comme il y a deux ans, je pars sur un petit développement en tombant rapidement les dents, avec beaucoup de souplesse. Grosse vélocité dès le départ, le cardio grimpe donc immédiatement. Les encouragements de Nico lorsque je me suis élancé m'ont donné encore plus de gniaque. Le faux-plat montant du départ est nouveau, et voici l'embranchement sur la route en tournant à gauche... mains sur le guidon pour bien négocier la courbe serrée, attention de ne pas glisser sur les peintures de la route avec cette chaussée détrempée. Puis hop, de retour sur les prolongateurs et grosse vélocité pour me relancer. Je n'ai pas de compteur sous les yeux (d'ailleurs j'ai même oublié de l'enclencher avant mon départ, dommage), mais je sais que je suis dans les hauteurs de mes capacités cardiaques.
Vélocité plutôt que puissance, j'ai vraiment décidé que cette année, la course se 'gagnait' sur le retour du lac, très roulant, et pas à l'aller très bossellé, qui m'avait fait exploser l'an dernier.
Le premier long faux-plat qui se termine en montée est difficile... mais tout passe sur la plaque de 53. Un peu juste sur le haut, mais j'ai deja le dossard précédent 20m devant moi. Je relance comme il faut dès le sommet de cette côte, et conserve un bonne inertie pour relancer sur le faux plat montant suivant. C'est dans les 30 derniers mètres de ce faux plat que je bouffe le dossard 30, parti 30s avant moi.
Je suis tout à droite sur la descente qui mène au dernier faux-plat montant avant le juge de paix de cette boucle, la grimpée du Bois d'Amour.
M'y voilà dejà. A l'échauffement, elle me paraissait bien plus longue et pentue que dans mes souvenirs. Je tombe les dents une par une en restant sur la plaque. Plutôt en moulinant qu'en force... à part sur les derniers 20m où je pioche un peu. Mais arrivé en haut, très certainement autour de mes 98% du cardio, j'arrive à relancer immédiatement, sans perdre de temps.
Rapide jubilation à ce moment là: c'est là où j'avais perdu la bataille contre moi même l'an dernier, là je suis resté assis et groupé jusqu'en haut de la côte, mains sur les prolongateurs. Zou dans la descente, je ne prends que 5s sans pédaler pour récupérer en franchissant le virage du bas à très haute vitesse. Une voiture est devant et ralentit en arrivant au rond-point de l'entrée de Charavines... je suis obligé de mettre un petit coup de frein, heureusement elle tourne à gauche et je ne perd donc pas trop de vitesse. J'ai pensé à retomber dans les braquets en bas de la descente, je peux donc remettre la moulinette en route dès ce faux-plat montant de la rue marchande. En haut, virage à 90° sur la droite, partiellement en aveugle, mais les lieux sont parfaitement sécurisés par l'organisation... je fais un bel intérieur/extérieur, remets tout de suite du braquet, et regagne de l'inertie rapidement à coup de très gros braquet.
Dès que j'ai retrouvé ma vitesse de croisière, je remets une dent pour retrouver la souplesse nécessaire pour bien poursuivre ma route. La montée du rond-point du Pin, pas facile car longue, se profile. Je me sens bien, et je commence à voir 50m devant moi le dossard 29, parti 1min avant moi. Pourtant dans l'attitude, il a l'air costaud, avec vélo typé CLM et roue lenticulaire... pas un clown quoi. Là, je me dis que je suis bien dans le coup et qu'il faut finir à fond les ballons.
Restent la seule longue portion de plat du parcours, juste le long du lac, puis les 3 dernières petites bosses qui nous ramènent à Paladru.
Sur le long faux-plat, je met du braquet et m'applique à garder une belle trajectoire pour ne pas perdre de temps sur les vagues formées par les légers virages de la route. Sur le premier faux-plat montant, le plus facile et rapide des 3, je parviens à retrouver cette impression découverte avec le Vélogessien lors d'une accélération maximale il y a un mois et demi, c'est à dire un court passage de 20 secondes en super vélocité. Le braquet est très raisonnable mais je me vois revenir à belle vitesse sur le participant précédent, et le double sans hésiter, en me décalant sur sa gauche.
Arrivé en haut, je relance encore, c'est bien. Je suis dans les clous.
Second faux-plat, en deux parties... surtout, ne pas exploser en haut. J'en garde peu sous la pédale, mais parviens à garder une fluidité correcte, pour relancer dès le haut.
Un dernier faux plat, là c'est tout en apnée jusqu'à la ligne d'arrivée. Il pleut toujours aussi fort, mais je ne ressens plus rien d'autre que la douleur des jambes et le vide mental de l'effort maximal. La pancarte de Paladru franchie, il ne me reste plus que la dernière ligne droite, qui grimpe un peu... comme sur le home trainer, je mets de la vélocité plus que de la force, et finis comme je peux.... c'est fait !
4- L'après course et les conclusions...
D'abord... reprendre mon souffle. Dès que je suis arrêté, je pose la tête sur le cintre.
Première réaction... purée... je l'ai fait, et bien fait. Je suis content de mes sensations. Et contrairement à l'an passé, je me suis senti tout le temps dans le rythme. Et conséquence directe, cette impression d'avoir donné le maximum mais sans subir la course... et donc en souffrant légèrement moins.
Hop, je vais à la voiture, mange un petit truc, mets un sandwich dans la poche et le kway sur les épaules et demi-tour pour aller encourager les participants en les filmant un peu. Je remonte le lac doucement, en faisant des pauses ici et là. Je reconnais Florent, que je ne connais que par son blog qui passe à fond les ballons... peu après c'est Nico, que j'encourage en beuglant tout ce que je peux. Il a une belle attitude en passant, je me dis... surtout pour une première !
Puis je poursuis mon chemin en sens inverse de la course. Je suis absolument congelé, et il pleut toujours aussi fort.
Valex & Alice passent en voiture alors que je suis au rond-point du Pin. Je leur donne RDV tout à l'heure au départ.
Je me poste sur le faux-plat précédant la montée du bois d'Amour pour voir passer Vincent, sur son magnifique BH. Je lui hurle tous les encouragements qui me passent par la tête (mais il m'avouera ne même pas m'avoir reconnu sur le bord de route, étant à fond dans l'effort !), puis termine mon tour anti-horaire.
Retrouvant Valex & Alice au départ, on discute un moment. Je vais aussi chercher mon nom sur les résultats provisoires, affichés à l'entrée de la salle des fêtes. Ouahou, 19'47 (40.93km/h de moyenne) ! Je suis quelques secondes de mieux que mon chrono 'équivalent' (vu le parcours légèrement raccourci) d'il y a deux ans. Super content !
Maintenant je claque des dents. Je me suis changé, sauf le bas, j'ai oublié de prendre un short de rechange. Brrrrr. Alice & Valex partent dans les tous derniers vers 15h30, je les accompagne en voiture au départ, et récupère leurs k-ways respectifs pour qu'ils puissent les garder jusqu'à leur départ, sans en être encombrés pendant leur course.
Je fais avec eux la 'photo de la peur' dans le sas de départ... sauf que hum... ils ne me semblent pas avoir peur, ni la moindre pression honnêtement ! Valex fait la course avec son fidèle Richat Vire-en-Queue, la peluche-totem qu'il emmène partout avec lui depuis deux ans. Un bon déconneur ce Valex ce qui a le don de faire marrer les organisateurs au départ (j'ai entendu une remarque en pointant du doigt le chat, du genre 'et lui il reste avec toi?' (sur le porte bagage)... mort de rire).
Demi-tour en voiture, je me poste à 3km de l'arrivée pour voir passer les derniers concurrents. 15min plus tard, voici Valex et Alice presque ensemble. Je les suivrais en voiture jusqu'à l'arrivée, derrière la voiture balais qui clôt officiellement la course.
Et voilà, c'est terminé. Je suis très content de mon entrainement pré-compétition. Je suis convaincu d'avoir fait un TRES bon échauffement (et j'ai envie de dire, c'est là qu'on réussit ou qu'on rate sa course). Et ma course est à la hauteur de mes espérances.
Comme les années passées, je me suis amusé à estimer ce que vaut ma 40è place sur 200 au classement scratch pour les vélos homologués UCI.
Le classement des différentes catégories UFOLEP est un bon comparatif pour ça:
- UFOLEP 1: 10 devant moi / 4 derrière
- UFOLEP 2: 2 devant / 9 derrière
- UFOLEP 3: 3 devant / 30 derrière
- UFOLEP 4: 0 devant / 18 derrière.
... ce bref comparatif me donne la belle impression d'avoir encore légèrement progressé cette année, aussi bien au niveau du temps qu'au niveau du classement (qui est forcément impacté largement par cette météo abominable !).
La saison 2016 est officiellement terminée... je vais poursuivre, et cet hiver également, mais en roue-libre et en relâchant l'entrainement très largement. Notre emménagement est à venir aussi, ce qui va me laisser moins de temps pour le vélo, et de bouger de 15km de là où on habite depuis qu'on est dans la région va aussi vouloir dire que je devrais adapter mes routes d'entrainement. Je serais, notamment, plus loin de la Barillette, Combe Blanche... Faucille.