16 mars 2013 - BRM 300 Vivarais, Ardèche et Drôme
317kms en 13h43, D+ 3247m, coef 1
Météo: températures glaciales, soleil, vent de sud important.
Voila enfin ce 16 mars, si attendu. Après le tour du Léman et le BRM200, il s'agit de mon troisième 'objectif' de l'année. Mais surtout, le plus beau - et bien sur, le plus difficile. Pour la troisième fois de l'année, c'est le Scott qui est de sortie !
La grande question qui me taraude depuis 2 semaines est de savoir avec qui je bien pouvoir faire ce parcours. Car si sur 100 ou 200 bornes les différences de niveau deviennent bien apparentes, sur 300 il est clair que les meilleurs me mettront plusieurs heures dans la vue ! Il faut dire que le parcours le plus long que j'aie jamais parcouru à vélo sur une journée est de 234kms jusqu'à ce jour.
Arrivé sur place, je retrouve l'organisateur Jean Philippe Battu, ainsi que quelques copains cyclos: Franco, David, Yann, Valex, Robert. Tom, rencontré via les blogs et sur le BRM 200, est là aussi. Nous voila donc place de Sfax à Grenoble - je suis pas très frais (physiquement) car il est tôt (et je n'ai dormi qu'une demi-heure pour cause de concert terminé à 1h du mat' !) mais - en termes de températures - ça caille vraiment ! La météo annoncée, glacial le matin et le soir, froid en journée. Nous devrions avoir du soleil, et un bon vent de sud qui va peut être nous embêter du côté de l'Ardèche, mais aussi probablement nous aider à remonter au retour, le long du Vercors.
Le groupe s'élance à 4h15. Drôle d'ambiance, le vélo de nuit ça reste spécial ! J'en ai deja fait notamment lors de mes plus difficiles sorties de la saison passée (voir notamment ici et là), mais c'est toujours quelque chose d'à-part. Chaque vélo a l'éclairage avant et arrière, ainsi qu'un gilet bien visible, jaune pour les uns, orange pour les autres...
Les 34-35 premiers kilomètres, on commence à les connaitre: la voie verte sur la digue de l'Isère. Beaucoup rechignent à ce passage car il est monotone, toujours plat, toujours droit. Mais moi, même si je reconnais parfois avoir du mal, notamment en fin de sortie lorsque je suis cramé, je continue à penser que c'est un lieu parfait pour se chauffer, et partir doucement. Ce, d'autant plus de nuit car niveau sécurité, ça reste le top. Par -1°, autant dire que ça discute pas beaucoup. Je me retrouve en queue de peloton comme à mon habitude, mais à l'occasion de mini pauses des uns et des autres, j'arrive à la sortie de la voie verte à St Gervais avec le groupe de devant. La température a chuté de -1° à Grenoble à -5° désormais. Le mercure chutera même à -7° dans la vallée de la Galaure dans une grosse heure... avec le vent, autrement dit, le ressenti est probablement inférieur à -10°. En mars. A vélo. Pourquoi on est là deja ?!
Regroupement à St Gervais où Valex rameute tout le monde... Yann & David, eux, ne se sont pas arrêtés. On repart doucement, grimpons à Vinay puis partons à Varacieux, puis à proximité du col de la Feta de Chambaran, comme au cours du BRM 200. La température devient plus acceptable grâce à l'effort. Je grimpe à ma main, au coeur d'un groupe d'une petite dizaine d'unités, puis termine les deux dernières bornes légèrement en retrait. Pas de signe de Valex en haut; Robert, Franco et moi décidons de l'attendre en bas de la descente à Roybon.
Lever du jour sur la route de la Feta...
Celle-ci est terrible, à cause du froid. En bas, nous nous arrêtons 5 minutes et j'essaie de me dégeler les doigts grâce aux chauferettes que Franco vient de me donner... ça aide un peu mais j'en mène pas large quand même. Toujours pas de Valex, on n'est même plus surs s'il est devant ou derrière... on l'attendra au premier contrôle, à Hauterives. Petite partie de relais avec Robert et Franco, pour descendre en faux plat à plus de 35km/h. Le soleil pointe le bout de son nez.
Ces faux plats descendants "qui roulent bien" passent vite car nous roulons bien, pour nous réchauffer (avec peu de succès, il faut le reconnaitre) et nous occuper l'esprit plutôt que de simplement continuer à nous demander ce qu'on fout là ! Puis nous voila au premier contrôle à Hauterives. Petite pause à la boulangerie, au chaud où les cyclos s'entassent comme ils peuvent à l'intérieur - les patrons nous y accueillent très gentiment. Puis nous repartons à 3, après avoir appris que Valex (qui vient de nous faire un nouveau tour à la Valex à l'intérieur de la boulangerie - âmes sensibles s'abstenir) allait attendre son copain malade... les deux termineront en train, bravo aux deux car il en faut du courage et de l'adaptabilité dans ces conditions !
Maintenant que le soleil brille, la température remonte vite. Et bientôt, voila que nous croisons Brigitte, venue à notre rencontre pour nous accompagner sur... bien plus de la moitié du parcours ! Un petit bonjour rapide pour apprendre qu'elle est encore malade et légèrement blessée, mais ça n'effraie pas notre Brigitte nationale pour faire un 'petit 180kms' avec nous :)
Sur la D51, les patelins s'enchainent: Chateauneuf de Galaure, la Motte de Galaure, puis St Uze où nous traversons de jolies petites gorges en descente. Celle-ci se termine à St Vallier, où nous allons traverser le Rhône, et entrer par la même occasion en Ardèche.
Traversée du Rhône, sur le pont à gauche
A Sarras, où commence une longue montée de 30kms jusqu'au point culminant de la journée... une montée irrégulière entrecoupée d'un bout de faux plat montant
Sur la D221, nous entamons une superbe grimpette... on continue à jouer au yoyo en doublant / nous faisant doubler par des participants au BRM venus de Gap, l'Isle d'Abeau, St Alban Leysse, au gré des rythmes et pauses de chacun. La première partie de cette grimpette est vraiment belle, dans des gorges ensoleillées; j'ai vraiment l'impression qu'une fois le Rhône traversé les paysages changent d'un seul coup - l'Ardèche me plait toujours autant !
On se réchauffe bien dans cette montée, je peux même tomber le bonnet et les gants. A l'occasion d'une pause des deux tullinois du groupe, Brigitte et moi faisons un brin de causette en roulant devant. Plus haut, ils nous rattraperont pour finir ensemble à Ardoix.
Petite pause à Ardoix, il faut penser à bien boire surtout maintenant que les bidons ont dégelé ! A Saint Romain d'Ay, nous sommes pour la première fois de la journée réellement gênés par le vent de face ! Ce satané vent de sud annoncé depuis le début de la semaine, des grosses bourrasques qui empêchent qui que ce soit de garder un rythme... on n'a pas fini d'en soufrir. Puis sur la D578a via Satilieu, commence le vrai gros morceau de la journée, la montée à Lalouvesc. J'ouvre la veste thermique et le maillot manches longues aussi. Il fait doux. Après avoir attendu Brigitte un moment, elle m'indique qu'elle ne souhaite pas me ralentir sur mon BRM, donc je la laisse grimper à sa main et vais faire de même à mon rythme. Les deux lascards sont partis devant, pas de souci je sais qu'ils m'attendront au sommet.
A la sortie de Satilieu - j'étais parti ici à gauche avec Brigitte pour monter au col du Marchand par un versant difficile en septembre dernier...
J'avais cru voir que cette montée faisait 8kms, elle en fait 12 en réalité ! Ceci explique ce long effort solitaire... une montée parfaitement dans mes cordes avec aucun passage vraiment méchant, mais elle est dure mentalement car on voit le sommet loin loin au bout de la vallée depuis la base de cette côte. D'ailleurs je reconnaitrai en haut avoir tiré ma première cartouche.
Tiens, Robert, habillé en rouge, est là juste devant moi (dans le bosquet d'arbres à droite de la vieille maison)... m'a-t-il attendu, s'est-il arrêté, ou suis-je simplement juste derrière lui ?! Aucune idée.
Et enfin l'arrivée à Lalouvesc !
Lalouvesc, second point de contrôle de la journée. Longue pause pour manger un premier sandwich et boire un coca avec Franco & Robert. Brigitte nous rejoint un quart d'heure après, et contrairement à ce que je craignais, elle est encore d'attaque pour repartir avec nous malgré une pause courte. Cool.
Nous laissons Lalouvesc derrière nous; maintenant direction Lamastre via Nozières.
Cette D236, la 'route des crêtes' est clairement la plus belle section de la journée. La vue est splendide, et en plus ça roule bien, soit en descente soit en faux plat descendant. Seulement, le vent de face ou de côté nous gâche un peu le plaisir. Tant pis. Avant de commencer la vraie descente, nous franchissons le col du Faux (altitude 1021m), que je n'avais encore jamais passé à ce jour.
En descendant sur cette belle route, nous rejoignons Jean Philippe, avec qui nous roulons quelques minutes, tout en profitant de ce panorama réellement exceptionnel.
De gauche à droite: Brigitte, Robert et Jean Philippe
Le vent continue son travail de sape, mais le moral et les jambes vont bien ! C'est en petit grupetto que nous parvenons au col du Buisson, où JP nous prend en photo.
Ca remonte un petit coup après le Buisson, puis c'est en descente que nous franchissons le Tracol (altitude 917m), le second 'nouveau' franchissement de la journée pour moi. Courte pause à Nozières pour remplir les gourdes à la fontaine du village. Puis ensuite ça descend longtemps jusqu'à Lamastre, notre point de mi-parcours aujourd'hui (mais la difficulté est elle deja derrière nous !). Petite hésitation dans Lamastre quant à la direction à suivre - nous laissons JP derrière nous et ne le reverrons malheureusement plus de la journée.
Ici commence la dernière grosse montée de la journée: a priori, 8kms cette fois ! Mais je ne m'attendais plus à une si longue montée à ce stade du parcours, je ne l'avais pas vraiment visualisée. Tant pis, je monte à mon rythme. Les jambes répondent encore bien, simplement je continue à rouler en dessous de mon rythme naturel pour ne pas exploser, si loin du finish.
En sortant des bois, le vent redouble de force - plein nez. Mais le sommet est presque en vue !
Courte pause photo pour célébrer le troisième 'nouveau' col franchi de la journée; le dernier aussi - col de Montreynaud (altitude 757m). Robert et Franco m'attendent au sommet, et nous n'aurons pas à attendre Brigitte bien longtemps - nous pouvons maintenant descendre jusqu'à Vernoux en Vivarais, où se trouve le troisième contrôle du jour.
La descente sur Vernoux en Vivarais est prudente, car le vent souffle par bourrasques et il faut bien aggriper le guidon pour ne pas trop se faire pousser sur les côtés de la chaussée.
Arrivée à Vernoux !
Entrée dans Vernoux en forme de pied-de-nez, car après une longue descente ralentie par le vent, c'est une montée courte mais pentue qui nous y accueille. Petit coup de tampon sur la carte de suivi du BRM et nous repartons. La D14 remonte un coup pour nous emmener au col de la Justice.
En voyant une nouvelle fois Franco, puis Robert, prendre les devant, je sens que je commence à fatiguer... difficile de leur coller aux basques ! Ensuite, c'est la superbe D232 que j'avais adorée en novembre 2011 qui nous emmène au col de la Croix St André en faux plat montant.
Belle et très longue descente jusqu'à St Georges les Bains via le col de Rotisson. Nous semblons être les seuls à descendre par là, alors que nous croisons une bonne cinquantaine de cyclos qui montent; avec vent dans le dos pour eux !
Bientôt de retour dans la vallée du Rhône !
De retour sur le plancher des vaches, nous prenons un bon coup de vent sur "l'épaule droite"; nous roulons sur de plus grosses routes jusqu'à Etoile sur Rhône. D'abord traverser le Rhône, puis franchir en montée le centre de ce village, où un conducteur sympa nous réoriente après que nous nous soyons un peu égarés.
Nous sommes ici à proximité de chez la Renarde - elle nous met sur la bonne route vers Beaumont les Valence. Nous ne sommes donc plus que trois en traversant Chabeuil. Mes deux compagnons mettent un gros coup d'accélérateur et nous doublons définitivement le groupe des cyclos avec qui nous avons fait du yoyo toute la journée. J'ai beaucoup de mal à suivre et finis par craquer... je suis largué. Mais les gars l'ont vu, et à partir de maintenant, auront la gentillesse de faire un train que j'arrive à suivre; je ne prendrai plus un seul relais de la journée.
Le parcours est très légèrement vallonné le long du Vercors, que nous remontons sur sa limite ouest. Le rythme oscille entre 28 et 35km/h, une belle vitesse finalement grâce au fort vent dans le dos, et doucement je me refais la cerise derrière mes compères aux "gros cuissots".
Nous franchissons successivement Charpey, Barbières, Rochefort-Samson, où commence une belle descente grisante jusqu'à Hostun. Puis ensuite c'est la Baume d'Hostun et enfin St Nazaire en Royans, dernier contrôle du jour. Je sors le dernier sandwich et m'enfile une barre de céréales en plus - on n'est jamais trop prudent. Les gourdes remplies auprès de la boulangerie du village, nous pouvons repartir en laissant derrière nous le groupe de cyclos qui arrive juste à l'instant. Un petit SMS de Brigitte, rentrée chez elle, m'informe que le groupe de Benny et David a plus de 2h d'avance sur nous ! Autrement dit, ils arrivent en ce moment même... wow.
Je craignais beaucoup la portion de départementale entre St Nazaire et St Gervais, mais grâce à mes deux compères, ça ne se passe pas si mal. J'ai du mal à rester collé aux roues, mais essaie au moins de garder les mains en bas du guidon pour profiter de leur aspiration. Que dire de plus... ça se joue plus dans la tête que dans les cuisses, c'est clair ! Je remets mon gilet jaune et allume successivement le phare arrière, puis le phare avant. La nuit tombe sur nous.
St Gervais ! Il fait nuit noire. Nous traversons le pont qui enjambe l'Isère, et embranchons sur la voie verte; dans 34kms, nous serons à bon port ! J'avais imaginé cette remontée de la piste cyclable comme mes "petits champs Elysées", en forme de célébration de ce beau BRM bouclé. Il n'en sera rien. Car dans la tête, ça ne suit plus. Résultat, sur le vélo, ça ne suit plus non plus. Trop usé, et moralement fatigué de devoir sans arrêt produire un effort debout sur les pédales pour coller aux tullinois qui eux continuent à enquiller comme si de rien n'était. Cette remontée sera un long chemin, interminable, mais on y parviendra. A quelques bornes de l'arrivée, nous franchissons le bec de l'Echaillon, deja croisé il y a une quinzaine d'heures environ, et en plongeant vers le sud-est jusqu'à Grenoble, nous devons ENCORE affronter le vent de face... je vais le bouffer ç'ui là. Ou alors c'est lui qui me bouffe les guibolles plutôt. Puis tout arrive au ralenti ensuite; pont d'Oxford, remontée de cette satanée avenue en travaux, place de Sfax, pied à terre, tape dans la main de mes deux compères qui m'ont ramené au bercail en un seul morceau, sourires. Signature de la carte du BRM, assis à même le sol - on la glisse dans la boite aux lettres laissée par JP à cet effet. C'est fait. Quelle ballade. Quelle journée !
Après presque 40h sans dormir, il est temps que je me rentre maintenant
Il a fait trop froid aujourd'hui; le stylo refuse d'écrire notre heure d'arrivée: 20h40.
Carte (parcours openrunner 2300220):
Profil altimétrique:
Conclusions:
- Deja, j'ai simplement envie de dire FELICITATIONS à tout ceux qui ont entrepris ce truc de dingue dans des conditions de dingue. Et dire que ce n'est que le début des BRM... il reste le 400 et le 600 pour ceux qui veulent (= peuvent !). Pour moi, je crois que c'est un point final ceci dit.
- Merci à ceux qui m'ont accompagné, ceux qui m'ont attendu, et celui qui m'a même refilé ses chauferettes ! J'ai eu droit à un accompagnement 3 étoiles ce samedi
- Je franchis la barre des 2000kms et également celle des 20000m de D+ parcourus depuis le début de la saison. Très largement en avance sur mes stats 2012.
- Mal au genou gauche, encore 24h après. Va falloir essayer de trouver une solution... ou est-ce encore et toujours ce petit bobo de début de saison qui est sensé disparaitre ?!
- Accéder à d'autres points de vue sur cette belle journée: blogs de Yann, Valex, Franco, David, Brigitte, Tom.